mouchons la chandelle

vers accueil vers ouvroir-de-pataphysique

Geste des opinions du docteur Lothaire Liogieri

< … les clichés sont l’armure de l’absolu. Le génie n’a point encore été défini : éplucher cette crevette, l’absolu… >
A. Jarry, La Chandelle Verte, Ce que c’est que les ténèbres.
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< Il est bien qu’une littérature jeune se substitue aux clichés du passé ; malheureusement, en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, le neuf devient un nouveau cliché. Il se vulgarise trop vite, parce que, catalogue moderne, il est une mode… et puis, est-on bien sûr que ce présent diffère du passé ? >
A. Jarry, La Chandelle Verte, Compléments, éd. Maurice Saillet


Kaléidoscope
blog / contre blog à plusieurs voix
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Note sur la bêtise selon Flaubert
ouverture : septembre 2006…
Automne 2006
Note sur Raymond Queneau 1
première clef : Hegel
Note sur Raymond Queneau 2
deuxième clef : Pyrrhon
écholalie – dégagement
Raymond Queneau et la ‘pataphysique de l’histoire 3
Paul Valéry et le perroquet
De l’irrationalisme et du détachement
( Georges Palante et le dilettantisme social )


KALEIDOSCOPE blog/contreblog à plusieurs voix

 D’ Aimable :
Sur la contingence de l’histoire…
Exercice…
A supposer que Napoléon Buonaparte, le futur dictateur corse, eût accompagné La Pérouse pour son dernier voyage -voyage auquel il avait postulé- il aurait péri dans les mers du Sud, naufragé lointain éventré sur le corail de Navikoro…
L’histoire du monde en eût été changée.
La décrire…

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Dieu est Dieu, nom de Dieu !
< Esprit, es-tu… las ? > J.T.
Variations…
Théologique : L’Être, c’est l’Esprit.
Herméneutique : L’Esprit est la Lettre.
Humoristique : L’être, c’est … l’esprit…

Nominalisme / Lettrisme : « Dieu » est un mot de quatre lettres.

‘Pataphysique : L’esprit, c’est… la lettre.
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Un mot attribué à Pindare
Sur une vertu théologale…
< L’espérance n’est que le rêve d’un homme qui veille >
Dans le même sens :
< Quittez le long espoir et les vastes pensées >, LA FONT. Fabl. XI, 8
 Pataphysique et ‘pataphysique.
 Thèse pataphysique… c’est-à-dire métaphysique : la ‘pataphysique est la substance du monde.

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Vialatte
Alexandre Vialatte disait :
« Les dictionnaires sont de bien belles choses. Ils contiennent tout. C’est l’univers en pièces détachées.
Dieu lui-même, qu’est-ce, au fond, qu’un Larousse plus complet
».
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De Patadelphe :
Choses, objets, faits
Nous ne vivons pas parmi les choses mais parmi les objets que nous constituons.
Le monde n’est ni donné ni créé ; il est constitué.
-Monde de représentations… Tout est de pensée dans notre expérience : perception, conception, imagination, mémoire, affection, désir, volonté, goût, sentiment…
A l’écart de l’empirisme du sens commun et de la phénoménologie pour lesquels le réel et le sens sont donnés immédiatement, contre l’idéalisme absolu qui confond apparence et chose en soi, il faut reconnaître que toute pensée est anticipation comme Kant l’a montré et Alain l’a exemplifié.
-Ce monde représenté est immédiatement enveloppé d’un voile de significations et de conventions projetées.
Le « réel » en lui-même est neutre. Vide de toute signification.
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Voyage dans le temps : Jeanne, la bergère-qui-gardait-ses-moutons, endormie par magie, se réveille sur le Central déserté de Roland-Garros un après-midi d’automne.
On imagine sa stupéfaction.
Toute perception est reconnaissance…
Un problème : l’apprentissage de la relation de la chose au signe, la maîtrise de son usage.
Problème en partie résolu par Bertrand Russell ( Meaning and Truth ).
Un animal, insensible à tout ce qui excède son univers mental, passe devant une image, indifférent à ce dont l’image est l’image…
Il n’y a pas d’image en soi ou, pour l’exprimer dans le vocabulaire de la linguistique, de signifié en soi.
Quant aux faits ? Il n’y a pas de faits réels. Le fait est d’idée ; l’effet et le point de départ d’une analyse, d’une recherche. Il n’ y a que des faits… attestés. Selon : une perspective et par/pour une force déterminée; des sources… et encore ( problème de l’authenticité ).
La source est au fait ce que la chose en soi est au phénomène.
l‘esprit et le corps
< L’âme est l’idée du corps… > Spinoza, Ethique
En quel sens ?

  1. L’esprit est une fonction du corps, car tout est corps, y compris l’esprit.
  2. Le corps est l’instrument de l’esprit… < Le corps est dans l’esprit > écrit Lagneau.
    Descartes relevait trois mystères : la création, l’incarnation et < l’union de l’âme et du corps >…
    *** De Philopata :
    Disparition d’une cantatrice.
    Décès d’Elisabeth Schwartzkopf… Je me suis donné le bonheur de Richard Strauss et des Vier Letze Lieder dans la version George Szell…
    J’avais eu l’opportunité de l’entendre à Bayreuth, lors d’un récital à la Villa Wahnfried à la fin des années soixante-dix, alors que je revenais d’une visite aux Vierzehnten Heiligen.
    Une autre Allemagne…
    Somptuosité…
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    De Pervenche :
    < Outreau ou… très bas…  Les illusions de Thémis < La justice n’est point si inflexible qu’un peu d’humanité ne puisse se démêler au fond de sa sévérité. Et comme il n’y a rien de si humain que l’erreur, voilà pourquoi il y a des erreurs judiciaires >
    La Chandelle Verte, L’erreur judiciaire.
    *
    Quelques réflexions sur un procès poldave :
    Acharnement médiatique sur un « petit juge » donné en pâture à l’opinion publique pour mieux dissimuler les carences d’une institution et le vice rédhibitoire d’une procédure.
    Que penser en effet d’un système qui confie à de très jeunes gens la charge d’instruire, de poursuivre et de juger leurs semblables alors que pour la plupart d’entre eux ils n’ont à leur entrée en fonction fréquenté que les écoles et l’université ?
    ( Ce qui n’est pas sans rappeler la situation de ces prêtres au sortir du Grand Séminaire affrontant sans expérience aucune de la vie les turpitudes de leurs ouailles qu’ils devaient absoudre en leurs confessionnaux, ces « égouts de l’humanité » selon Léon Bloy. Cf la solitude du Curé de campagne si admirablement restituée par Bernanos… )
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    Pour sauver le système il fallait donc traquer < Le > responsable d’ un dramatique  » fiasco judiciaire » au dire des gazettes… au risque d’un lynchage public.
    Toutefois, indépendamment de la prétendue insuffisance des moyens dont disposerait la Justice, on peut se demander si tout procès, toute instruction ne mène pas nécessairement à… un fiasco…
    -La qualification d’un acte en infraction est un pur geste performatif qui ne traduit que les dégoûts d’un groupe, d’une société à un moment donné de son histoire ; elle révèle son sentiment de la vie, une conception de l’existence dont les tabous et les interdits composent sa vision du sacré dans le domaine de la morale sociale.
    Ce qui hier suscitait la réprobation sera peut-être autorisé demain puis devenu après demain sujet de louange… Les exemples ne manquent pas ; ainsi le retournement de la législation relative à l’avortement; l’homosexualité réprimée avec férocité puis tolérée et enfin légalisée, quand elle n’est pas revendiquée comme une mode…
    -Quant à la détermination de la culpabilité, elle repose sur un postulat de pure métaphysique : que le sujet supposé responsable soit l’ < auteur > -en son âme et conscience – de l’acte reproché par delà les chaînes de causalité déterminantes qui l’ont poussé à commettre l' »infraction ». Et qui ne sont envisagées qu’en tant que circonstances dites « atténuantes ».
    Mais que signifie ce galimatias  » en son âme et conscience « ?
    Pathos métaphorique: qu’est-ce que l’âme, ? qu’est-ce que la conscience ?
    Employer ces concepts, c’est accréditer la métaphysique de la substance-sujet qui nous renvoie à Boèce et à Thomas d’Aquin et qui fonde la spéculation du  » droit naturel ».
    Nous baignons ici dans le spiritualisme -voire l’animisme- entendu comme mode d’intelligibilité des phénomènes.
    L’audience ne repose-t-elle pas sur une illusion censée être partagée par l’ensemble des acteurs de la comédie, illusion transcendantale devenue postulat de la raison juridique, de la raison pratique- au sens de Kant- : la croyance en la pertinence des idées de volonté et de libre-arbitre, ces visages de l’Absolu ?
    S’agit-il d’autre chose que d’une hallucination partagée ?…
    *
    Mais voilà, en Poldavie comme ailleurs, la paix civile exige que le Ministère public fasse comme si l’intéressé était véritablement < l’origine inconditionnée > du délit ou du crime.
    Alors qu’au regard de l’épistémologie et de l’ontologie contemporaines, tout objet, toute entité n’ est que relation et relations de relations…
    Le droit est certes rigoureux ; mais il n’est pas scientifique. Ce n’est qu’un produit de l’imagination humaine.
    Et la philosophie qui l’inspire est une survivance d’un mode obsolète d’intelligibilité des phénomènes.
    A l’instar des maximes et des obligations religieuses.
    C’est pourquoi, aux petites écoles, la préparation des novices ne saurait s’élever de l’enseignement du Code et de la Procédure au problème métaphysique du fondement de l’action et du jugement.
    La critique de la métaphysique du Droit, l’examen de la raison pure, répugne au dogmatisme préréflexif des juristes. Comme elle est absolument étrangère aux politiques et à l’opinion publique.
    La < société > ou ceux qui parlent au nom de cette fiction, travaillée par l’exigence de paix civile, sait trop bien que la démarche critique lui serait fatale. Elle est si éprise de sécurité qu’elle est prête à sacrifier ses libertés aux fonctionnaires du contrôle social qui, pense-t-elle, la protégeront en aval par la répression comme les clercs, prêtres et pédagogues sont censés par leurs prêches et leurs sermons prévenir les transgressions des potentiels « délinquants ».
    Indépendamment du ressentiment des plaignants, de la satisfaction professionnelle du Barreau, de la compétence technique de ceux qui – pendant l’instruction et à l’audience-, ont toute latitude de jouer au chat et à la souris avec des « intéressés » apeurés et ignorants des étapes d’une procédure aussi technique dans son vocabulaire qu’opaque aux non-initiés.
    Car à « une métaphysique de bourreau » ( Nietzsche ) -le postulat de < la liberté du sujet >- répond nécessairement une procédure inquisitoire.
    La charge de la preuve -la preuve de l’innocence s’entend-, incombe de fait au prévenu dès lors que l’instruction jouit des moyens de pression comme la garde à vue, la mise en examen, le détention provisoire pour extorquer l’aveu.
     Un tribunal est ainsi un théâtre, mais un théâtre d’ombres… rien d’autre qu’une mise en scène où se confrontent les figures du naïf qui accrédite les mythes du fondement et de la légitimité du Droit, du fonctionnaire qui a licence de bâtir sa carrière et d’assurer ses promotions en toute bonne conscience sur le formalisme de la Loi, de la victime enfin dont le ressentiment cherche à s’apaiser par la quête du sens, la condamnation et l’ affliction du présumé… coupable, celui qui jouit… « en droit » de la présomption d’innocence…
    Celui qu’on poursuit -écrivait Jarry, La chandelle verte-, au motif d’un acte que < nos moeurs actuels qualifient de coupable >…
    **
    Le Juge et le cochon
    Sur le net…
    Conduire un animal au tribunal n’est pas rare au Moyen Âge, soit qu’il fasse l’objet d’une contestation ou d’un différend, soit qu’il serve de preuve ou d’indice, soit qu’il soit lui-même accusé d’un méfait ou d’un crime.
    Ce dernier cas ne concerne que les animaux jugés « supérieurs », en général le gros bétail, notamment les chevaux, les bovins et les cochons ayant blessé ou tué des hommes, des femmes ou des enfants.
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    De Patadelphe :
    Hegel
     La Phénoménologie de l’esprit, 1807, est la description des figures successives de la conscience < malheureuse > qui composent l’ « Histoire universelle », cette grandiose et intellectuelle solution imaginaire.
    Question à poser à tous les hégéliens, de droite ou de gauche : que serait une hypothétique < conscience heureuse > ?
    Sans doute la réconciliation de soi avec le monde de tous ; de l’Humanité avec Dieu ; la fin de l’Histoire ; le dépassement de la contradiction.
    L’Âge d’or ou encore… le sempiternel ennui.
    Nous n’avons donc le choix qu’entre les expressions existentielles de la contradiction et l’ennui.
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    De Philopata :
    Bacon  L’expérience de l’artiste ( fragment de documentaire télévisé )
     A : -que ressentez-vous quand vous peignez ?
    Bacon :-rien ! je n’éprouve rien… sinon la satisfaction d’avoir résolu un certain nombre de difficultés techniques…
    A :-vous n’éprouvez rien ( sous-entendu : vous êtes un monstre ).
    … comment est-ce possible ?
    *
    Le créateur devrait < ressentir des émotions > quand il crée…
    L ‘imputation d’insensibilité coupable est à l’art ce qu’est l’imputation du défaut de sincérité à la morale.
    Triste… topique.
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    Santé publique ?
    De Patadelphe :
    La santé, concept aussi culturel que scientifique, est un équilibre, instable et précaire.
    Elle est toujours singulière, individualisée. Ce qui est poison pour l’un est parfois condition de l’épanouissement de l’autre.
    Il n’y a pas de < santé publique > cet oxymore républicain ; tout juste une < hygiène > publique.
    Quand elles se confondent, gare ! Leur réunion -nécessairement normative et totalitaire- ne peut être que le fait de :
    < quelques-uns de ces esprits qui font profession de s’immiscer, par intérêt ou par naïveté, dans les affaires d’autrui…>
    La Chandelle Verte, La Morale Murale.

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    De Patadelphe :
    Métaphore : Du sens à l’être
    ( grec, metaphora, transport, transport de sens )
    Figure rhétorique par laquelle on transporte directement sur un objet ou un être la signification propre d’un nom qui lui convient par comparaison ; ex. ce lion ( Achille ) s’élance sur Hector.
    A distinguer de la comparaison : Achille, tel un lion, s’élance sur Hector.
    < Dans la comparaison le héros ressemble au lion ; dans la métaphore le héros est un lion > Bouhours 1765.
    *
    La métaphore est un marqueur ontologique. On passe d’un simple rapprochement logique, de la semblance ( similitude, analogie ) à l’être ( participation à une même nature ).
    Par la métaphore le poète se fait démiurge… il donne l’être.
    **
    De Lucie de la Fère :
     Cruauté de la pataphysique ?
     Perversité et méchanceté selon les uns sont l’objectivité de quelques autres…
    Il n’y a que des jugements de valeur. On ne peut échapper au relativisme et au perspectivisme.
    L’absolu, c’est le relatif.
    Tout est affaire de point de vue. Il n’y a que des points de vue. Il n’y a pas de métalangage fondateur, en surplomb.
    Discipline méthodologique du ‘pataphysicien analytique ( pris à Flaubert ) : garder les yeux secs…
    On voit trouble au travers des larmes.
    Pour bien percevoir, ce qui est le tout de la lucidité, il faut être cruel ou plus exactement : cru.
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    De Bérenger :
    Printemps 2006. C.P.E. ( contre la précarité existentielle )
    Manie/ fesse-station…
    Cortèges… émotion sociale.
    Psychologie du ressentiment contre le réel.
    < Précarité > : concept juridique enté sur le discours de métaphysique. Est dit précaire ce qui est donné sans garantie de permanence.
    Or c’est le réel dans son ensemble qui est à l’épreuve de l’entropie et soumis à la seconde loi de la thermodynamique.
    Lutter contre la précarité est le lot du vivant, de tout ce qui possède vouloir-vivre et conscience. Depuis -sur cette modeste planète- l’apparition des eucaryotes !
    Avec la certitude – au terme de la lutte- d’être vaincu.
    *
    Vouloir abolir la précarité avec des lois !… autant projeter d’éloigner le mauvais temps avec un lance-pierre.
    Cri de la douleur et de la souffrance humaine qui rencontre l’impermanence et la contingence des choses.
    Protestation contre la souffrance…
    *
    Deux pseudo solutions à la précarité professionnelle : flexibilité et travail aidé.
    Deux illusions :
    -La précarité ne serait qu’un accident du réel, une conséquences de la nouvelle division internationale du travail. On la réduit à une catégorie économique ; alors que c’en est une… ontologique !
    Vivre, c’est s’efforcer… de constamment réduire la précarité et l’entropie.
    < Conquérir la néguentropie >, disait Ruyer… L’entreprise aurait pour but de… créer des emplois !
    Singulière et moralisante méprise… Elle a pour finalité de faire du profit ! et avec l’adjuvant de la précarité si nécessaire.
    *
    Une seule solution, radicale et définitive : la stérilité.
    Ne plus reproduire l’espèce car donner la vie -dont par ailleurs l’ < essence > est d’être criminogène- c’est donner la mort, la souffrance et… la précarité.
    *
     Opposition : l’homme tragique, l’homme logique
    Eschyle / Socrate. L’artiste et le philosophe : deux attitudes face à l’existence. Les deux types nietzschéens.
    -rationalisme, logique, conscience, optimisme, enseignement de la vertu.
    lumières, messianisme républicain…
    -acceptation de l’irrationnel et de toutes ses conséquences.
    **
    De Ragnar :
     Le « crime d’indifférence »
    <  Incriminer l’indifférence >… nouvel impératif catégorique clamé sur les ondes par un ex  » Nouveau-Philosophe « !
    Qui en fait un véritable fonds de commerce.
    Parole d’intellectuel-flic.
    Un petit Vychinski des « devoirs de l’homme » parmi bien d’autres…
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    De Patadelphe :
    La répétition
    Ontogénie pataphysique : < Tout ce qui est naît de la répétition > ( Lucrèce, Hume, Dämon Sir )
    Elle « crée » les  » êtres », les « choses » et leurs « relations », les  » identités » et donc les  » différences « , le « semblable »… la croyance et le dogmatisme métaphysique de < la permanence de la substance > ( Kant ).
    Bref tout le cinéma des illusions ontologiques.
    La philosophie occidentale commence au platonisme, cet effort désespéré pour réduire l’impermanence des choses et ramener le multiple à l’Un… l’Idée, la Forme, l’Absolu. ( Parménide contre Héraclite ).
    Les hommes apprécient ce qui les sécurise en leur suggérant la fixité.
    Ils révèrent les solides et ne se lassent pas de fétichiser… les cristaux et les pierres en quoi ils voient une source de puissance magique ; d’où les rites universels de circumambulation.
    Au centre de la Grande Mosquée de La Mecque vers laquelle les Musulmans se tournent pour prier est ainsi scellée la Pierre noire apportée selon le Coran à Abraham par l’ange Gabriel.
    *
    Il ne s’agit pourtant là, disent les physiciens, ces impies, dans la succession phénoménale des états de la matière que de l’effet circonstanciel de simples variations de température et de pression…
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    De Charmante :
     Le problème de la jeunesse : le désoeuvrement…
    A – Que faire de la turbulence juvénile ?
    B – Proposons-lui des camps de travail, des carnavals et des monômes…
    A l’occasion.. une petite saignée…
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     D’Aimable :
    Religion et politique
    D’après Spinoza la religion est un instrument de pouvoir utilisé pour assurer une domination idéologique, institutionnelle et politique.
    Cf la religion… civile.
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    De Patadelphe :
     Esprit critique
    Question à l’usage des politiciens, des clercs, des candidats au Bac : < Faut-il mettre des limites à l’esprit critique ? >
    Et le criticisme ? enchérit le philosophe, l’analyse de l’entendement comme condition possibilité de la connaissance… la mise à jour décisive de la distinction de la chose en soi et du phénomène- des sources transcendantales de la création des fictions : objets, métaphores, images et tropes.

De Jeanne de la Tysse : Sur la bêtise. Notes pour un article…

Bêtise -. Synonymes : stupidité, ânerie, idiotie, imbécillité, ineptie, insanité, niaiserie, sottise, erreur, bévue, maladresse, naïveté, babiole, bagatelle, futilité, frivolité, fadaise…On peut distinguer quatre attitudes existentielles qui semblent nourrir le concept :

  1. inintelligence de quiconque, incapable d’adaptation au problème et à la nouveauté, demeure à jamais enfermé dans le cercle de schémas figés. Cf Jean Piaget et sa Psychologie de l’intelligence.
  2. décision absurde propre à l’incompétence réalisatrice. Cf Christian Morel, Les décisions absurdes
  3. refus de l’information, mécanisme de défense contre un réel ressenti comme insatisfaisant ; paranoïa ; fuite dans la maladie. Cf Clément Rosset, Oeuvres diverses
  4. bovarysme, cette incapacité à trouver son centre en soi-même… On le cherche dans le romanesque, l’idéologie, le jugement d’autrui, le goût d’emprunt. Cf Flaubert…
    *
    A ce propos, lecture différée de La bêtise d’Emma, par Alain de Lattre, José Corti, 1980.
    Hauteur de vue d’un essai particulièrement riche; étude menée sur le double plan littéraire et philosophique. L’auteur est passé par l’école réflexive.
    Le problème de Flaubert : comment vivre dans l’univers de la sottise généralisée sous les deux formes de la niaiserie sincère et de la niaiserie hypocrite ?
    Solution : chercher le point d’appui de l’existence… dans le retrait et la phrase.
    Le < style > est la réponse -esthétique- au problème existentiel ; d’où le culte de l’ Art.
    Ce à quoi fait écho une remarque de Roberto Calasso à propos de Kafka ( K… ).
    A la question < comment ne pas devenir fou ? >, réponse de l’auteur de la Colonie pénitentiaire : par l’écriture…
    Descartes s’était amarré au < cogito > comme point d’appui. Pascal, Malebranche -quant à eux- avaient convoqué < Dieu >.
    A la différence d’Emma qui l’évacue et lui substitue l’univers de ses rêveries, Flaubert absorbe le monde. Bouvard et Pécuchet se font copistes… tâche indéfinie…
    Au bovarysme, cet < ennui romanesque engendrant un recours dramatique à se concevoir autre que l’on est >- à reprendre la définition de Jules de Gaultier- les ‘pataphysiciens, lointains descendants de l’ermite de Croisset, substituent quant à eux les « épiphanies ».
    *
    J’ai pêché dans l’ouvrage d’ Alain de Lattre les citations suivantes tirées de la Correspondance.
    Elles brossent comme une manière de portrait :
    Flaubert…
    L’existence… (…)
  5. Le problème n’est pas de chercher le bonheur mais d’éviter l’ennui. C’est faisable avec de l’entêtement.
  6. Avez-vous quelque fois réfléchi à la sérénité des imbéciles ? … La bêtise est quelque chose d’inébranlable… Elle est de la nature du granit, dure et résistante… Les imbéciles sont si nombreux, ils sont si heureux, ils reviennent si souvent, ils ont si bonne santé !
  7. Peut-être est-ce le coeur qui est impuissant. La déplorable manie de l’analyse m’épuise. Je doute de tout et même de mon doute.
  8. Ma vie entière s’est placée devant moi comme un fantôme.
  9. C’est la lèpre qui me ronge : je m’ennuie de la vie, de moi, des autres, de tout.
  10. Le bonheur, pour les gens de notre race est dans l’idée et pas ailleurs.
  11. Tu peindras le vin, l’amour, les femmes, la gloire, à condition, mon bonhomme, que tu ne seras ni ivrogne, ni amant, ni mari, ni tourlourou. Mêlé à la vie on la voit mal, on en souffre ou on en jouit trop. L’artiste selon moi est une monstruosité -quelque chose de hors nature.
  12. J’ai les yeux secs comme du marbre.
  13. L’égoïsme intellectuel est peut-être l’héroïsme de la pensée.
  14. Il faut se créer en dehors de l’existence visible, commune et générale à tous, une autre existence interne et inaccessible à ce qui rentre dans le domaine du contingent.
  15. Encore une fois dans ma solitude. A force de m’y trouver mal, j’arrive à m’y trouver bien. ; d’ici à longtemps, je ne demande pas autre chose. Qu’est-ce qu’il me faut après tout ? N ‘est-ce pas la liberté et le loisir ?
  16. Dans l’art, la passion ne fait pas les vers, et plus vous serez personnel, plus vous serez faible… Moins on sent une chose, plus on est apte à l’exprimer comme elle est, mais il faut avoir la faculté de se la faire sentir.
  17. Je suis un homme plume. Je sens par elle, à cause d’elle, par rapport à elle et beaucoup plus avec elle.
  18. Rien du dehors ne pénètre jusqu’à moi. Il n’y a d’ours blanc sur son glaçon du pôle qui vive dans un plus profond oubli de la terre. Ma nature m’y porte démesurément et, en second lieu, pour en arriver là, j’y ai mis de l’Art. Je me suis creusé mon trou et j’y reste ayant soin qu’il y fasse toujours la même température.
  19. Rien n’est nécessaire ni utile. Il y a des choses plus ou moins agréables, voilà tout… Nos joies comme nos malheurs ne sont que des illusions d’optique, des effets de lumière et de perspective.
  20. J ai vu de près ce qu’on appelle le bonheur et j’ai retourné sa doublure… C ‘est étrange comme je suis né avec peu de foi au bonheur. J’ai eu tout jeune un pressentiment complet de la vie. C’était comme une odeur de cuisine nauséabonde qui s’échappe par un soupirail. On a pas besoin d’en avoir mangé pour savoir qu’elle est à faire vomir.
  21. Je n’estime profondément que deux hommes : Rabelais et Byron, les deux seuls qui aient écrit dans l’intention de nuire au genre humain et de lui rire à la face… J’en suis maintenant à regarder le monde comme un spectacle et à en rire.
  22. Je dissèque sans cesse, cela m’amuse et quand enfin j’ai découvert la corruption dans quelque chose qu’on croit pur et la gangrène aux beaux endroits, je lève la tête et je ris.
  23. Tu n’auras comme les autres que de l’ennui pendant ta vie, et une tombe après la mort, et la pourriture pour l’éternité.
  24. Si cette série de couillonnades a un sens, c’est bien ; si ça n’en a pas, c’est mieux, car ce qui n’a pas de sens a un sens supérieur a ce qui en a.
    22…. Il m’est doux de penser que je servirai un jour à faire croître les tulipes. Qui sait ? L’arbre au pied duquel on me mettra donnera d’excellents fruits. Je serai peut-être un engrais superbe, un guano supérieur.
  25. Le fonds de ma croyance, c’est de n’en avoir aucune.
  26. A quoi faut-il donc croire ? A rien ! C ‘est le commencement de la sagesse.
  27. Personne plus que moi n’a le sentiment de la misère de la vie. Je ne crois à rien, pas même à moi, ce qui est rare. Je fais de l’art parce que cela m’amuse.
     
    L’art et le style…
     
  28. L’auteur dans son oeuvre doit être comme Dieu dans l’univers, présent partout et visible nulle part.
  29. Je crois que le grand art doit être scientifique et impersonnel. Il faut, par un effort d’esprit, se transporter dans les personnages et non pas les attirer à soi… L’artiste ne doit pas plus apparaître dans son oeuvre que Dieu dans la sienne. Pour moi, c’est une sorte de sacrifice permanent que je fais au bon goût.
  30. Il faut se méfier de tout ce qui ressemble à l’inspiration et qui n’est souvent que du parti-pris et une exaltation factice que l’on s’est donnée volontairement et qui n’est pas venue d’elle-même. D’ailleurs on ne vit pas dans l’inspiration. Pégase marche plus souvent qu’il ne galope. Tout le talent est de savoir lui faire prendre les allures qu’on veut, mais pour cela, ne forçons point ses moyens, comme on dit en équitation.
  31. J’arriverai, j’en ai peur, à ne plus oser écrire une ligne. La passion de la perfection vous fait détester même ce qui en approche.
  32. On arrive au style qu’avec un labeur atroce, avec une opiniâtreté fanatique et dévouée.
  33. Travaille, médite, médite surtout, condense ta pensée, tu sais que les beaux fragments ne font rien. L’unité, l’unité, tout est là.
  34. La forme authentique recueille en elle tout ce qui existait à l’état d’éparpillement confus dans l’expérience immédiate.

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D’Odile :
Castration…
J’ai eu récemment l’occasion de revoir L’Empire des sens , le film du Japonais Nagima Oshima, qui avait suscité tant d’émotion à sa sortie en 1975.
Succession de tableaux dramatisant un thème de Lucrèce : l’impossibilité de faire un avec l’objet aimé…
La leçon est claire : il faut choisir entre l’amitié et l’amour… fou.
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De Bérenger :
Irak/ Liban
L’horreur et l’indéchiffrable… A écouter les éditorialistes et les supposés spécialistes de géopolitique… qui donnent parfois l’impression de s’en délecter, la complexité de la situation sur les divers plans militaire, politique, national, ethnique, confessionnel… est telle qu’on imagine pas pouvoir éclairer -sinon en projetant ses propres préjugés réducteurs ( désirs et valeurs )- un semblable chaos déterministe.
Le réel nous échappe… Mais qui l’admettra ?
Car telle est la force du mythe de l’intelligibilité et la naïveté des justes causes qu’il se trouve toujours des porte-flambeaux de l‘Idée pour se repasser le témoin de cette illusion transcendantale, la Raison, cette brave fille publique.
Combien la littérature est plus apte à suggérer la richesse du monde…
Ainsi de L’immeuble Yakoubian, dont l’adaptation vient de sortir à l’écran, et qui -à la manière de Pot-Bouille pour le Paris du 19° siècle- nous donne une extraordinaire photographie du Caire et de l’Egypte contemporaine par delà les synthèses schématiques d’envoyés spéciaux myopes à force de coller à l’événement ou encore d’éditorialistes trop éloignés des faits.
Quand ils ne les inventent pas…
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Irak encore
Faut-il préférer la dictature au chaos ?
Echec patent des idéologues néo-conservateurs états-uniens et déconfiture navrée de leurs mimes européens…
Mais surtout : misère de l’idéologie libérale / démocratique, de son prosélytisme, de sa politique interventionniste et de l’universalisme métaphysique rationaliste qui prétend la fonder.
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Autre grandiloquente baliverne, celle des théoriciens du droit politique : le contractualisme.
On sait qu’ à la question du < fondement > de la société et de l’autorité politique ils répondent selon le dogme de leur catéchisme par la fiction du < pacte social >
Depuis Hobbes, Locke, les Jurisconsultes, Rousseau…
L’autorité politique dériverait d’une < convention originaire > par quoi les hommes renonceraient à la totalité ou à une partie de leurs droits naturels en échange de la liberté et de la sécurité garantie par la loi…
Contre Aristote pour lequel l’ordre social était un ordre naturel ; contre les partisans du droit divin à la manière de Bossuet.
A l’écart de ces chimères visant à imposer à tout un chacun le dictat de < l’Etat de droit >, d’après le double postulat de la souveraineté politique déposée en tout homme et d’une mythique convention originaire, il faut revenir au fait dans toute sa crudité, soit l’arbitraire du pouvoir dérivé des coutumes, de la force, bref des circonstances historiques.
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Dernière remarque.
Le principe de < subsidiarité >, si vanté par les démocrates post-modernes, nous prépare… le despotisme du local, c’est-à-dire la tyrannie des communautés.
Voilà, on en conviendra, un grand facteur de progrès historique…
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De Philopata :
Itinéraire
Vézelay
En chemin, sur cette  » colline inspirée  » après une halte à Flavigny, ses scouts, ses apprentis théologiens et ses bonbons au jasmin…
Promenade sur un haut lieu de la spiritualité devenu avec le temps un vecteur commercial du… pinot !
Je ne me suis pas présenté à l’autel pour recevoir l’hostie consacrée mais j’ai goûté à l’Irancy, au Coulanges et à l’Epineuil…
L’étymologie ne rapproche-t-elle pas… spiritualité et spiritueux?
Busséol
Château juché sur un a-pic. Intéressant commentaire sur les rivalités ostentatoires et les jardins de donjon au retour des croisades…
Puis les anges musiciens des voussures de la cathédrale Saint-Maurice de Vienne et les mosaïques du musée gallo-romain.
La Bastie d’Urfé
Photographies du Lignon… On cherchera en vain l’écho pastoral des amours contrariées de l’Astrée et de Céladon…
Réminiscence de l’opposition proustienne nom/pays.
La dénivellation entre la fiction littéraire devenue mythe et le caractère prosaïque du réel est ici vertigineuse.
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Arrivé à destination, le ballet des canadairs…
Pris connaissance d’un arrêté un peu raide de Buonaparte, Premier Consul ordonnant aux Préfets de passer par les armes les incendiaires surpris en flagrant délit…
Autre époque, autres usages…
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D’Odile.
< Budapest -. Rupture. Séjour trop court, imprévu et impromptu. Atmosphère unique. Bonheur des Bains à l’incroyable décor Art nouveau… >
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De Philopata :
Culturelles…
Saut de puce à Monte-Carlo.
Exposition < New York- New York > à l’Espace Ravel du Grimaldi Forum.
Rétrospective complète. Sans surprise. Tout y est : l’Expressionnisme abstrait, le Pop-Art, le Minimalisme, l’Art Conceptuel et le Post-Modernisme… Richesse de la section photographie.
Excellente climatisation… j’y ai joui d’un peu de fraîcheur tant la canicule extérieure accablait…
Par association d’idées un souvenir rapporté :
C’était à Philadelphie je crois, dans les années 80. T.., une relation de Bérenger entre dans l’une des salles du musée d’Art moderne et se heurte à une trentaine de jeunes gens en état de « méditation transcendantale » ( sic) devant une toile de Rothko… le « marronasse de Rothko » ainsi que persiflait Bacon qui ne l’appréciait guère, pas loin d’assimiler sa production à une imposture.
 L’artiste avait projeté la couleur sur la toile puis éclairci son plan médiant… au chiffon.
L’assemblée méditait sur < l’Ouvert > ( sic )…
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< L’objet d’art, par définition est le crocodile empaillé >
La Chandelle Verte, Prix Divers.
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Entre le Casino et l’Hôtel de Paris, sous le regard d’une foule de curieux : ostentation des Rolls et des Ferraris des nouveaux riches de l’ex Union soviétique.
Certains amorçaient une course sur la boucle précédant le fameux tunnel emprunté par les bolides du Grand Prix de F1.
A Seillans – Deux heures consacrées à la rétrospective Alfred Desfossez… Conversation avec le peintre. Anecdotes. Considérations sur l’incidence des acteurs du marché sur le destin des jeunes peintres.
A proximité, après la visite habituelle à la Fondation Maeght, escapade à Saint Paul parmi les touristes… On y trouve de tout et comme à Honfleur de quoi satisfaire toutes sortes de curiosité.
A Aix -Promenade dans la ville et le plaisir de Cézanne.
Grosse affluence… difficulté d’accès aux oeuvres. J’ai regretté le calme du fonds de salle du Petit Palais où deux tableaux du maître sont exposées.
Dans un demi brouhaha, un père tâchait d’initier une fillette à la compréhension d’une aquarelle…
Sentiment de stupeur devant tant de richesse. Maîtrise de la composition, subtilité des tons, des transitions, des valeurs… Chaque toile demanderait des heures d’étude et d’analyse.
Le génie comble et aussi… accable.
Univers … carcéral
Au réveil, association d’idées… < Les barreaux de la prison du libre esprit : nature, langage, imaginaire, coutumes, institutions… >
Et dire que chaque matin il faut recommencer à zéro, s’ébrouer, secouer tout ce fatras…
La « philosophie du départ » selon Alexandre et Peillet n’est pas une sinécure…
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De Patadelphe :
Limite de la pédagogie
Colombine : – L’école peut apporter des informations, du savoir, des méthodes, des valeurs ; mais elle ne saurait transmettre l’essentiel…
Pierrot : – ?
Colombine : – Le courage… Excepté par la contrainte le goût de l’effort ne s’enseigne pas.
Arlequin : – Et la paresse ? Si le courage est la fovea de la lanterne pédagogique, la paresse ne serait-elle pas le point aveugle de l’enseignerie ?…
Ere post-postmoderne ?…
Retour en force du kitsch, du glamour, de la romance, du merveilleux; peopolisation de la culture, de l’esthétique et de la politique…
Vulgarité, facilité, ennui…
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De Bérenger :
Georges Perec selon Michel Tournier
L’express, 15.06.2006.
Question : -Georges Perec a écrit un roman, La Disparition, sans jamais employer de mot comportant la lettre < e >.
Ce genre de défi vous amuse-t-il ?
Tournier : -< Je ne vois pas l’intérêt. Perec était un humoriste. Vous savez, si j’y passais suffisamment de temps, je finirais par pouvoir envoyer un petit pois se ficher sur la pointe d’une aiguille, mais à quoi bon ? >
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De Jeanne de La Tysse :
Sur le christianisme
Cette tirade de Marcelle dans le Saint Genest de Rotrou 5. 2. :
O ridicule erreur de vanter la puissance
D’un Dieu qui donne aux siens la mort pour récompense !
D’un imposteur, d’un fourbe et d’un crucifié !
Qui l’a mis au ciel ? Qui l’a déifié ?
Un nombre d’ignorants et de gens inutiles,
De malheureux, la lie et l’opprobre des villes ;
De femmes et d’enfants dont la crédulité
S’est forgée à plaisir une divinité ;
De gens qui, dépourvus de biens de la fortune,
Trouvant dans leur malheur la lumière importune,
Sous le nom de chrétiens font gloire du trépas,
Et du mépris des biens qu’ ils ne possèdent pas,
Perdent l’ambition en perdant l’espérance,
Et souffrent tout du sort avec indifférence !

*
Echo baroque du pamphlet de Celse, Contre les Chrétiens et anticipation de la thèse nietzschéenne développée dans l’Antéchrist.
Thèse très…  » Nouvelle droite » dans la manière du G.R.E.C.E des années Quatre-Vingts…
Le christianisme par son mépris des biens matériels serait le refuge des souffrants et des indigents.
Ses sectateurs jouiraient d’une compensation… spirituelle par l’affirmation insolente d’une thèse morale prétendument supérieure : la valeur transcendante de la pauvreté…
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De Bérenger Second :
Un mot de François Mitterand
< On a toujours beaucoup à perdre à sortir de l’ambiguïté >
Agapes…
Déjeuner pataphysique avec quelques anciens.
Complicité, respiration… Ils ont été étonnés d’apprendre que le Maréchal Drouet, le fameux « Comte d’Erlon », célèbre dans la Cité des sacres qui lui a dédié son corso, avait été un fusilleur de patriotes tyroliens comme j’avais pu le constater à l’occasion de la visite d’une maison des arts et traditions populaires, en Autriche, à Mittersil, me semble-t-il.
J’avais relevé sa signature -il n’était alors que colonel ou général- , au bas d’une liste de proscription et d’un ordre d’exécution.
Un excellent soldat…
C’était un de ces  » braves issus du peuple », selon le légendaire, qui surent cheminer – au feu, il est vrai- pendant les moments troubles de la Révolution, du Directoire, du Consulat, de l’Empire et… de la Restauration.
Les régimes passent, l’opportunisme, la plus solide des vertus politiques, demeure…

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De Patadelphe :
< Transcender l’esprit et dominer le monde… >
Admiration…
< Pour reproduire deux parallèles, il fallait en faire des horizontales, en d’autres termes, les faire coucher ensemble. Il s’est écrié que je prostituais Euclide… >
Almanachs du Père Ubu -1901
Sur le Net :
Le mathématicien russe Grigori Perelman a refusé d’accepter la Médaille Fields, le « Nobel des mathématiques », qui lui a été décernée mardi 22 août à Madrid.
Les personnes comme Grigori Perelman « sont des originaux qui se comportent différemment de la majorité des gens », a expliqué un chercheur de l’Institut de mathématiques de Saint-Pétersbourg, soulignant qu’il ne pouvait dire « où l’originalité finit et où quelque chose d’autre commence ».
Les médailles Fields, nommées d’après leur promoteur, John Charles Fields (1863-1932), et dotées de 9.500 dollars, sont décernées tous les quatre ans à des mathématiciens âgés de moins de 40 ans, à raison de deux à quatre par CIM. La première a été attribuée en 1936 et les lauréats 2002 sont le Français Laurent Lafforgue et l’Américain Vladimir Voevodsky.
Sur chacune des 46 médailles distribuées depuis 70 ans, on peut lire le nom du lauréat sur la tranche ainsi que les inscriptions en latin: « Les mathématiciens du monde entier, ici réunis, octroient cette médaille pour travaux remarquables » et « Transcender l’esprit et dominer le monde ». Le prochain CIM aura lieu en 2010 en Inde, à Hyderabad.
*
L’apprenti sorcier : genèse du fétichisme mathématique
Dans un registre moins grandiloquent, cette remarque de Rozsa Péter, Jeux avec l’infini,Voyage à travers les mathématiques :
< … L’homme, pour sa propre commodité, a créé la suite des nombres naturels, qui permet de compter les objets et de faire un certain nombre d’opérations. Seulement, bien que l’ayant créée, il n’a pas la maîtrise de cette suite : elle possède désormais ses propres règles, qu’il n’avait absolument pas prévues. Tel un apprenti sorcier, il contemple, les yeux éblouis, les djinns qu’il a libérés. Le mathématicien crée, à partir de rien, un univers nouveau. Mais les régularités mystérieuses et inattendues de cet univers < captivent > l’homme, il se transforme en chercheur, il s’adonne à la recherche des secrets de sa création devenue indépendante de lui >
Réflexions :

  1. Contre les pythagoriciens antiques et modernes pour lesquels les nombres deviennent des dieux : les mathématiques sont de l’homme, par l’homme, pour l’homme…
  2. N ‘est-ce pas là le propre de toute oeuvre humaine ?…
    **
    De Ragnar :
    Fin de la politique ?
    Serions-nous au terme d’un cycle, le cycle du politique ?
    Il semble que dans la représentation et les réflexes de nos contemporains le tropisme du libéralisme économique et démocratique soit en passe de s’installer durablement.
    En tant qu’idéologie et psychologie collective.
    Exit la lignée des penseurs réalistes, Machiavel, Hobbes, Carl Schmitt…
    L’Etat de droit a renversé la logique de l’affrontement, celle des rapports de force, de la volonté et de la décision.
    La  » justice  » fixe désormais les normes et les fait appliquer. La discussion et le dialogue supplantent la guerre.
    Et dans la banalisation de la vie, le concept de < situation d’exception > censée < révéler le fond des choses > ( le tragique ) a disparu de la conscience des « leaders » auto-proclamés et des masses contemporaines qui les suivent.
    La < dignité éthique de la guerre > est devenue une obscénité, l’exposition à la lutte suscite la répugnance.
    Peut-être est-ce là une clef pour comprendre la récente déconvenue de l’armée israélienne au Liban… mais veut on encore mourir pour la patrie ?
    Il fut un temps où la guerre relativisait la propriété et la vie, les valeurs bourgeoises, au profit de la liberté.
    Désormais si parfois on « s’engage », c’est pour servir une cause « humanitaire », pour la « morale » quand ce n’est pas dans le but de se donner des émotions, pour s’évader d’une existence ressentie comme insupportable, terne, insipide.
    *
    D’Eutrapel et de Polygame :
    Ratio et Fides…
    Emotion planétaire et enturbannée à l’occasion d’une intervention du pape Benoît à l’université de Ratisbonne.
    Intéressant spectacle… La théologie, sa complexité, ses nuances, sa subtilité, au jugement… des simples et de la rue excitée par le fanatisme et la démagogie…
    *
    Il semble que l’objectif du Vatican, à quadruple détente, ait été :
    -de rappeler aux catholiques l’une des thèses centrales du thomisme, savoir la nécessaire union de la raison et de la foi dans la connaissance du monde, dans la vie morale et l’éclaicissement partiel de la révélation ; d’où indirectement la critique du fidéisme.
    -de critiquer le relativisme scientifique et… en direction des Protestants… le positivisme issu de Kant qui, dans la Critique de la raison pure, sépara nettement Foi et Raison.
    -de réaffirmer les dangers de l’athéisme et de l’agnosticisme.
    -d’opposer enfin le prosélytisme de la raison au prosélytisme de la violence.
    Pour ce faire il fallait réaffirmer que l’union des deux vertus théologales, la raison et la foi, comprises comme dons de la Grâce divine, était partie intégrante du dogme de l’Eglise.
    Et c’est à cette occasion que dans son propos le pape inséra… benoîtement l’extrait contesté d’un livre d’entretien entre un empereur byzantin du 14ème siècle, Manuel Paléologue, et un savant musulman. Cet empereur accusait Mahomet d’avoir semé le mal et l’inhumanité pour avoir prôné la diffusion de son enseignement par les armes :
    « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau. Tu ne trouveras que des choses mauvaises et inhumaines, comme le droit de défendre par l’épée la foi qu’il prêchait« .
    Cette citation fut interprêtée comme un jugement négatif du pape envers l’islam -contestant le rationalisme de l’Islam et de son Prophète et suggérant qu’il ne fallait pas confondre prosélytisme et conquête territoriale…
    *
    On n’entrera pas dans la querelle de savoir si l’ auteur inconnu du Livre des causes et si les philosophes musulmans Al Farabi, Avicenne, Al Ghazali, Averroès… entrent ou non dans la catégorie des < théologiens rationalistes >
    On se permettra toutefois de mettre en doute la lecture récurrente de l’histoire des idées selon la Vatican dont la mise en perspective de la philosophie grecque ( ? ), de l’hellénisme ( ? ) et de la théologie médiévale paraît une… construction schématique, hasardeuse, pour le moins discutable.
    A ce propos, le sagace, mais déjà bien oublié Martin Heidegger, souligna à différentes reprises la méthodologique nécessité d’éviter les anachronismes fâcheux dans l’histoire de la philosophie…
    Comment par exemple intégrer à cette vision Démocrite, Nausiphanès, Gorgias, Antisthène, Hégésias, Epicure, Pyrrhon, Lucrèce ?…
    On ne sache pas que ces philosophes entrent les uns et les autres dans la problématique johannique du… Logos, du Verbe… et de la récupération ultérieure de l’Orphisme et du Phédon de Platon par les Chrétiens…
    On relèvera également l’ambiguïté de l’idée même de < rationalisme > dont l’histoire de la philosophie occidentale nous autorise à dégager plusieurs variantes assez différentes les unes des autres.
    *
    Quant au < prosélytisme de la raison >, il demeure un… prosélytisme, le zèle ardent pour faire des adeptes, c’est-à-dire une indiscrétion et une assez regrettable faute de goût.
    *
    Ajout :
    A propos de la supposée « douceur » du prosélytisme chrétien,
    ces quelques citations puisées à la source, i.e. dans les Evangiles ( TOB ) :
     
  3.  N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur terre. Je ne suis pas venu apporter la paix mais bien le glaive (Mt, 10,34)
  4.  … je suis venu opposer l’homme à son père, la fille à sa mère et la bru à sa belle-mère ; on aura pour ennemis les gens de sa famille (Mt, 10, 35-36)
  5. Pensez-vous que ce soit la paix que je suis venu mettre sur la terre ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division… On se divisera père contre fils et fils contre père, mère contre fille et fille contre mère, belle-mère contre belle fille et belle-fille contre belle-mère (Lc 12, 51-52, Pourquoi Jésus est venu)
  6.  Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’aura rien préparé ou fait selon sa volonté, recevra bien des coups (Lc 12,47, trois paraboles sur la vigilance)
  7.  Quant à mes ennemis, ceux qui n’ont pas voulu que je règne sur eux, amenez-les ici et égorgez-les en ma présence (Lc 19,27, parabole des mines)
  8. Qui n’est pas avec moi est contre moi… (Mt 12,30)
  9.  Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres du dehors ; là seront les pleurs et les grincements de dents (Mt 25,29-50, parabole des talents )
    *
    Ne pas confondre le christianisme originaire et son fonds de rudesse toute orientale avec la douceâtre version postmoderne à l’usage des paroissiens néosulpiciens…
      
    **
    Libéralisme et sociologie
    De Pervenche :
    Entendu :
    -Le libéralisme, c’est le capitalisme pour les pauvres et le socialisme pour les riches…
    *
    -A propos de la psychologie du bourreau : < les plaisirs de la brutalité protégée… >
    **
    Sociologie du trou noir, trou noir de la sociologie
     < Le nègre est peu visible la nuit >
    Almanach du Père Ubu -1901
    *
     Le sociologue français qui -comme tout sociologue- ne prétend rien moins qu’à < la science (!) des représentations collectives > connaîtrait -paraît-il- une phase de doute, de grande perplexité :
    le Français, cet être insaisissable, lui échapperait…
    L’homme de science serait dans l’incapacité de déterminer sa passion dominante du moment !
    Les années soixante furent – selon les scientifiques clichés-, celles du rêve, les années soixante-dix, celles de l’utopie, les années quatre-vingts, de l’avidité, les années quatre-vingt-dix, du désenchantement…
    Les années actuelles seraient celles… du rien !
    La « motivation » ( sic) ne serait plus alimentée par le mythe… pour ne laisser place qu’à une agitation désordonnée et vide de sens… Ainsi la sociologie aurait-elle perdu sa raison d’être : son objet se serait évanoui…

Pleurons, pleurons, crocodiles , mes frères…
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Du retrait à la retraite
De Philopata :
Boutade d’un ami :
-J’ai décidé de laisser à des hommes plus jeunes les choses de ce monde… Il est temps que je songe à mon salut, à mes roses, à ma prostate…
Les Levantins en leur légende
Disent qu’un certain rat, las des soins d’ici-bas,
Dans un fromage de Hollande
Se retira loin du tracas…

La Fontaine, Livre 8, Fable 3.
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De Patadelphe :
Hasard, histoire de la terre, l’extinction de masse du Permien
Pour le ‘pataphysicien, la valeur de la science ne réside que dans la stimulation intellectuelle qu’elle lui procure.
Elle le satisfait par sa capacité problématique, à l’opposé des discours de fermeture, des prisons intellectuelles, des dogmes -et quel que soit le domaine axiologique considéré.
Ainsi les débats relatifs à ce qu’on pense être la plus grande < extinction de masse > de l’histoire bien tourmentée de la terre, la < catastrophe du Permien > où -il y a 250 millions d’années- près de 95% des espèces, semble-t-il, disparurent.
Plusieurs hypothèses s’affrontèrent mettant en jeu :
-l’effet de serre consécutif aux gigantesques émissions attestées de lave émanant des trappes de Sibérie;
-les conséquences dramatiques d’une éventuelle collision d’un astéroïde à l’instar de cette autre catastrophe qui mit fin à la domination des dinosaures à la fin du Crétacé ;
-l’impact du réchauffement des océans, l’émission d’énormes quantités de gaz -méthane et carbone 12- renforçant considérablement l’effet de serre d’origine sibérienne.
*
On pense désormais que la conjugaison des hypothèses 1 et 3 suffit à expliquer le réchauffement de la température de la planète de dix degrés et en conséquence la disparition progressive de la vie sur une durée 80000 ans…
La question semble ainsi être résolue…
Le ‘pataphysicien notera la marque de la contingence et la signature du hasard ( au sens de négation de la finalité ) dans ces cataclysmes, ces traumatismes planétaires où ne sauraient être relevés ni logique ni un quelconque providentiel et religieux « dessein cosmique ».
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De Solange :
La tourneuse de pages
C’est le récit d’une vengeance. L’ambition contrariée d’une petite fille issue d’un milieu populaire qui, toute jeune pianiste, se présente au concours d’entrée au Conservatoire, épreuve décisive à ses yeux.
Elle est alors victime de la désinvolture d’un membre du Jury dont l’attitude ( signer des autographes pendant la prestation de l’enfant ) la trouble, la déconcentre et lui fait perdre ses moyens.
Rentrée chez elle, profondément déçue, elle ferme son piano.
Quelques années plus tard le hasard la met en présence de celle à qui elle attribue la responsabilité de son échec.
Mélanie entre comme stagiaire dans un cabinet d’avocats dont le PDG se trouve être le mari de la concertiste qui a ruiné ses espérances. Il la remarque pour son sens de l’organisation et sa disponibilité. Il lui propose de la recruter à son domicile pour veiller sur son fils.
La jeune femme gagne la confiance de la mère, psychologiquement fragile, qui l’invite à l’accompagner et à tourner les pages de ses partitions en concert. Mélanie accepte et ne cesse de témoigner à la pianiste des marques d’admiration puis d’affection.
Etonnée, reconnaissante, enfin charmée par la jeune fille, la virtuose va jusqu’à s’éprendre d’elle.
Mais le mari, dont on devine qu’il aime moins son épouse qu’il ne l’estime pour l’éclat et le prestige d’un art qui le valorise, surprend une lettre compromettante, déposée à dessein sur son bureau par Mélanie.
Dessillée, la pianiste s’évanouit…
Le film se clôt, dégagé de tout commentaire, de toute considération morale laissant le spectateur muet, interdit par le machiavélisme de la jeune femme.
*
L’oeuvre de Denis Dercourt, par son sujet, n’est pas sans rappeler le Tiré à part de Bernard Rapp ou encore le ton des Diaboliques de Barbey d’Aurèvilly, et notamment Le Bonheur dans le crime.
La psychologie reptilienne, la froide détermination de la tourneuse de pages à la beauté métallique est parfaitement interprétée par Déborah François au jeu très surveillé, à la fois sobre et précis.
Un univers mental sans scrupule, sans pardon, sans remords….
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médecine et sens de la vie
De Bérenger :
N., un de mes amis, dépressif chronique, se présente à une maison de santé.
Depuis quelques temps ses crises d’angoisse, allant jusqu’à des attaques paniques, se précipitent parasitant son existence, empêchant toute vie de relation.
On lui propose de changer son antidépresseur, son anxiolytique, son somnifère…
Sceptique il avise le médecin et -hasardant quelques considérations sur l’absurdité et le vide qu’il perçoit en tous lieux et en toutes circonstances, lucidité qui, à son sentiment, serait à l’origine de sa souffrance- il lui fait part de ses réserves sur la pertinence du diagnostic et le bien fondé d’un traitement purement biochimique.
< Je ne fais pas de philosophie sur le sens de la vie >, s’entend-il répondre abruptement…
*
Malentendu irréductible.
La science des uns serait elle une stratégie de dénégation d’un réel ressenti par d’autres comme indigeste ?…
**
De Patadelphe :
Question d’un correspondant…
< A qui s’adresse la ‘pataphysique analytique ? >
Il est possible de répondre d’une manière indirecte.
Il en serait de l’Ascience comme de la démarche du < doute hyperbolique > selon Descartes…
Discours de la méthode, Deuxième partie :
< La seule résolution de se défaire de toutes les opinions qu’on a reçues auparavant en sa créance n’est pas un exemple que chacun doive suivre ; et le monde n’est quasi composé que de deux sortes d’esprits auxquels il ne convient nullement. A savoir, de ceux qui, se croyant plus habiles qu’ils ne sont, ne se peuvent empêcher de précipiter leurs jugements, ni avoir assez de patience pour conduire par ordre toutes leurs pensées : d’où vient que, s’ils avaient une fois pris la liberté de douter des principes qu’ils ont reçus et de s’écarter du chemin commun, jamais ils ne pourraient tenir le sentier qu’il faut prendre pour aller plus droit, et demeureraient égarés toute leur vie ; puis de ceux qui, ayant assez de raison, ou de modestie, pour juger qu’ils sont moins capables de distinguer le vrai d’avec le faux que quelques autres par lesquels ils peuvent être instruits, doivent bien plutôt se contenter de suivre les opinions de ces autres qu’en chercher eux-mêmes de meilleurs >
Sauf que le ‘pataphysicien a fait son deuil d’un quelconque  » point fixe » que Descartes rencontre, lui, dans le Cogito…
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Pierre Loti politiquement incorrect ?
De Ragnar
< Sur les « massacres d’ Arménie » je crois avoir dit, avec force témoignages et preuves à l’appui, à peu près tout ce qu’il y avait à dire : la réciprocité dans la tuerie, la folle exagération dans les plaintes de ces Arméniens qui, depuis des siècles, grugent si vilainement leurs voisins les Turcs, et qui, inlassables calomniateurs, ne cessent de jouer de leur titre de chrétiens pour ameuter contre la Turquie le fanatisme occidental > Lettre ouverte au ministre des Affaires étrangères français, publié dans L’Oeuvre du 23 janvier 1921
*
Mettre en regard la déclaration ( 29 avril 1915 ) de Henry Morgenthau, l’ ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’ Empire Ottoman :
< I am confident that the whole history of human race contains no such terrible episode as this. The great massacres and persecutions of the past seem almost insignificant when compared to the sufferings of the Armenian race in 1915 >
 
**
Faut-il pénaliser le refus de reconnaissance d’un génocide à venir ?
( potacherie)
De Merdanpot :
Sur une névrose contemporaine…
Pissembock : -Selon la logique de l’OU.GE.PO. franchissons le Rubicon…
Pissedoux : – … passons du réel au potentiel !…
Pissembock : – … non pas ! au possible !…
Pissedoux : – … Pénalisons < le refus de reconnaître le génocide à venir des ‘pataphysiciens > !
Pissembock : – … instruisons, poursuivons, condamnons !…
Pissedoux : – … châtions, fessons et professons !…
Pissembok : – … écrouons, incarcérons, écartelons…
Pissedoux : – … coupons les zoneilles !…
Pissembock : – … décervelons !… tudons !
Pissedoux : -A la trappe les historiens !
Pissembock : -Affectons le soin d'< écrire l’histoire > aux seuls zélus experts parlementaires…
Pissedoux : – … c’est-à-dire à l’Intelligence, à la Science, à la Probité intellectuelle !
Et entonnons le refrain de Priou :
Je repasse mon programme
Je potasse avec ardeur
Et m’présent’, la joi’ dans l’âme,
Devant l’examinateur.

Ubu cocu, Onésime, 4.
 


Sur Raymond Queneau 1
De Bérenger :
lucidité…
 
< … l’existence du soldat Brû qui, comme un dieu et sans nul effort apparent, reste intouchable au beau milieu des catastrophes dont il ne se désintéresse nullement… >
A. Kojève, Les romans de la sagesse, Critique, mai 1952.
*

  1. Le clairvoyant… le clerc voyant.
    Ambition du prophète aveugle et visionnaire : de la glose à la gnose.
    -L’inquiétude de l’intellectuel rationaliste, le progressiste, l’homme de l’Aufklärung, le franc-maçon.
    -Le philosophe hégélien selon Alexandre Kojève et l’existence post-historique dégagée du tragique, du < désir de la reconnaissance > ; la < fin de l’ Histoire > et le point de vue du < Savoir absolu >
    Tout s’est accomplit… < Pour Hegel… la Sagesse n’est rien d’autre que la parfaite satisfaction accompagnée d’une plénitude de la conscience de soi >
    Demeure la calme indifférence prophétique face à la morne répétition événementielle.
    -Et, en prolongeant, l’attitude de certains personnages quenelliens, Pierrot, Zazie, Valentin Brû, l’homme du < dimanche de la vie >
    Voir à ce propos cette remarque de Paul Gayot, Raymond Queneau :
    < Pierrot, Valentin Brû, Zazie, n’en sont plus à quêter la sagesse, ils l’ont, et le savoir. Ils n’en sont plus à transformer le monde, ils l’observent et en jouissent. Ils n’en sont plus à évoluer, ils sont hors de l’Histoire. Pour eux, c’est le dimanche de la vie dont parle Hegel : < le dimanche de la vie où nous nous élèverons au-dessus des travaux de la semaine pour nous consacrer à ce qui est Vrai et le porter à la conscience >
    Finis les travaux et la rédemption, reste < une parfaite insouciance, aussi parfaite que celle d’un derviche, qu’accompagne un profond sentiment de santé et de joie de vivre >. Personnages insouciants car sortis du cauchemar de l’Histoire.
    Plus de solution car plus de problème, plus besoin d’avancer ni de tourner en rond, simplement comme déjà Alfred dans Les derniers jours, à contempler la ronde et à savoir. Et c’est de savoir dont il s’agit
    >
    ( en liaison aux préoccupations de l’Auteur de Bâtons, Chiffres, Lettres, sur le < sens de l’histoire >, l’ < l’histoire modèle >, la < science absolue > envisagée comme un problème de mathématiques pures )
  2. L’existence anhistorique, l’irrationalisme méthodologique ; sa prétention à se dégager de l’ illusion des « ailleurs », de toutes les variétés d’exotisme : l’indifférence frivole du ‘pataphysicien.
    ( en évitant le fâcheux contresens : la < Philosopie du départ > est celle qui, précisément, se départit du fantasme… du < départ >)
    C’est même la seule !
    *
    N.B. Cf la chaîne… Hegel interprété par Kojève transcris par Queneau aux romans annotés… par Kojève, l’un et l’autre décryptés par P. Macherey ( Divagations hégéliennes de Raymond Queneau / Queneau scribe et lecteur de Kojève)… lui-même réinvesti par la ‘pataphysique analytique…
    **
     ‘pataphysique et énigme quenellienne
     
    < Pierrot notre ami, le Poète de Rueil, le Soldat Brû, -sont-ils vraiment des Sages ? Au premier abord la question même peut scandaliser. Qu’y a-t-il de commun, dira-t-on, entre le train-train quotidien de la vie banale de ces < voyous > désoeuvrés et la sagesse profonde et inédite qui sera peut-être un jour la récompense suprême de la vie studieuse des philosophes… >
    Alexandre Kojève, Les romans de la sagesse
    *
    En lisant, en marchant, en trébuchant…
    Un exemple…
    Loin de Rueil – Roman d’apprentissage… ou comment gagner la sagesse en sublimant la banalité par l’évasion mentale et l’identification à des vies imaginaires…
    Narration d’une série d’expériences interrogeant la suffisance ontologique des mondes parallèles…
    S’évade-t-on ? Se dégage-t-on du prosaïsme de la quotidienneté ?
    Le héros, Jacques l’Aumône, oscille du rêve à la réalité. Il veut s’annuler, s’effacer, passer de l’être à un ne pas être.
    < Le but recherché est l’innocence, la fuite hors de l’Histoire à travers une série de réincarnations >, écrit Paul Gayot.
    Le propos ? faire disparaître le désir < vers un complet dénuement spirituel >
    Avatar du thème récurrent de la  » souffrance existentielle « , il y parviendra… par le cinéma.
    « Ontalgie »… nostalgie…
    **
    < C’est en épluchant la laitue qu’on y trouve le trognon >
    Julien Torma, Le Bétrou, cité par Paul Gayot, Raymond Queneau, Classiques du 20° siècle.
     
     A propos de Queneau, perplexité face à une personnalité aussi composite, aussi singulière, aussi polyédrique…
    Un entrelacs de diverses veines…
    La détestation du Surréalisme et de la psychanalyse, l’un et l’autre assimilés à une < contre initiation > ; la fascination de Leibniz, le mépris du hasard, le formaliste oulipien et le goût des procédés ; le réformateur de la langue et l’amoureux du calembour ; l’auditeur de Kojève et la transposition romanesque de certaines des figures de la conscience malheureuse de la Phénoménologie de l’esprit ; la veine populaire et une certaine tendresse pour les humbles ; la tentation de l’action et le flirt avec le marxisme ; la discrète ferveur catholique, la méditation continuée des ouvrages de Guénon…
    Sans oublier le sens de l’amitié ( Prévert ), le souci scrupuleux des fonctions ( le Secrétaire général des Editions Gallimard ), la participation au CNE et… l’adhésion au Collège de ‘pataphysique.
    < Le trognon >… la fascination pour les gnoses, la logique et la systématique ?
    **
    Queneau < plus intime > ou quelques < foutaises > par Sally Mara
    *
    < il ne faut pas mépriser les calembours. Ils harcèlent le pharisaïsme et la prétention>
    Journal, 1939-1940.
  3. L’humour : prends l’humour et tords-lui son cul.
  4. Dieu : Le non-être qui a le mieux réussi à faire parler de lui.
  5. De l’usage des mots : On aime le camembert et l’on ne dit pas à un camembert : je t’aime.
  6. Contribution à l’histoire de la philosophie : Après que Hume eut inventé l’humour, Hegel dégela le concept.
  7. L’humour : L’humour est une tentative pour décaper les grands sentiments de leur connerie.
  8. Méditation : Les idées se sont heurtées à la paroi de mon crâne et je les ai pansées.
  9. Philosophes et putains : L’un permit de les appeler péripatéticiennes et l’autre respectueuses.
  10. Une vie : Né en… – néant.
  11. Rêverie à Koenigsberg : Il se disait : < plus tard… Kant, dira-t-on >
  12. Mourir : Se mettre au vers.
  13. A tous les coups, Socrate est un homme mortel.
  14. Métaphysique 1 : Par modestie, Dieu n’existe pas.
  15. Métaphysique 2 : L’alpha et le bêta de toute chose.
  16. Le consensus universel : l’accord des on.
  17. L’humoriste : le prisonnier du Cocasse.

Du bon usage du kantisme éthique et de l’impératif catégorique
De Charmante :
Frisson…
Quand je m’apprête à faire mon ménage, j’écoute la voix de ma Conscience…
Je < m’interpelle > et je me dis : < il faut parce qu’il faut ! >…
*
Fragrances…
Parfum de femme : Eros-senteur.
*
Le ‘pataphysicien…
Voyant ? Non… Voyou, voyeur !
Pour le < dévoyé >, il n’y a ni Voie, ni Voix.
**
De Pervenche :
Nobel de la paix :
< Vivre dignement de son travail > ou éliminons la pauvreté…
 
Le prix Nobel de la paix 2006 a été donné au banquier bengladais Muhammad Yunus …. chantre de la microéconomie et du microcrédit…
La justification du choix des « Sages » suédois ?
Pour assurer la < paix durable > il faut… < responsabiliser les pauvres > !
*
Perplexités d’une < citoyenne >…

  1. On peut faire confiance au pauvre quand on lui prête de l’argent…
    En effet, d’après les statistiques, le taux de remboursement des microcrédits serait de 98%…
    Le pauvre est fier, il est fiable, il est < digne >, il a le sens de l’honneur… il règle ses agios et paie même ses impôts !
  2. La < lutte contre la misère et l’exclusion > aurait une dimension économique, mais aussi juridique et morale.
    La < solution > résiderait dans la protection assurée par un < code des droits contre l’exclusion >.
    Car, selon un responsable de la Communauté Emmaüs soulignant < l’échec de l’ Etat Providence > dans sa lutte contre le phénomène de la grande pauvreté, il y aurait < des mécanismes qui créent la misère >.
    Objection : il se peut… mais existe-t-il quelque chose comme une < volonté d’exclure > ? Ne serait-ce pas là une bien commode idée culpabilisatrice et accusatrice ?
    De surcroît, la < fraternité > est-elle un comportement qui va de soi ?
  3. Quant au parcours du < chômeur professionnel parasitant les multiples modalités d’aide sociale > ( sic) il est habituellement qualifié par les braves gens d’ < obscénité > …
    Que vaut la critique conventionnelle d’un comportement jugé < asocial > qui s’énonce curieusement dans le langage de la pornographie ?…
  4. Enfin, autres thèmes pourtant décisifs mais jamais explicitement abordés :
    -Quelle est la valeur de ce dont on est exclu et… de ce dont on s’exclut ?
    -Que penser de l’attitude de ceux qui délibérément se mettent… hors jeu ?
    Ainsi la conduite jugée « provocatrice » d’un Léon Bloy ( Le mendiant ingrat ) ou encore cet aveu, incompréhensible au conformisme, de Thomas d’Aquin refusant les pressions de sa noble famille dont le dessein était d’en faire un riche et puissant Abbé bénédictin :
    < la pauvreté m’a épargné les ambitions, les intrigues et les vanités… >
    *
    Dernières remarques.
    Une question de vocabulaire -. < Banque sociale > : oxymore ?
    Le microcrédit, accompagnant les présents en nature, ne serait-il pas quelquefois une stratégie du clientélisme politique ?
    En Equateur le milliardaire présidentiable Alvaro Noboa, < mécène et généreux donateur > semble être un adepte de cette source miraculeuse du… salut social et de la fraternité universelle…
    *
    Je veux que vous prêtiez aux pauvres seulement…
    (……….)
    Oui , conclut la cigale au sourire charmant,
    On dit qu’en cas de non-paiement
    D’une ou l’autre des échéances,
    C ‘est d’eux dont on vend tout le plus facilement.
    Jean Anouilh, Fables, La cigale.
    **
    Henri Salvador : un « Commandeur exquis » de 90 ans…
    D’ Aimable :
    sur le net
    Question : Vous signez la plupart des musiques sur Révérence. L’écriture coule toujours aussi facilement ?
    < Oui, je n’ai aucun problème pour composer. C’est un amusement. J’écris tout le temps et j’ai des tonnes de chansons qui dorment : on me dirait de faire un disque demain, je pourrais. Après, trouver de bons paroliers, c’est de plus en plus difficile. Quand on a bossé avec un crack comme Boris Vian, on est exigeant… Depuis, je considère la chanson française comme une grande dame qu’il faut respecter. Alors quand on l’habille, il faut que ce soit le grand luxe ! Elle est tellement belle qu’elle mérite bien un millier de chansons. Je suis prêt à lui en écrire d’autres tant je trouve ça formidable de pouvoir encore composer des mélodies inédites en 2006 ! >
    **
    Perroquet : Montrez ce sein auquel je saurais boire !
    De Bérénice :
    Note :
    Le < perroquet > est un procédé littéraire humoristique que plusieurs -parmi lesquels Paul Valéry- n’ont point dédaigné.
    On < descend > un perroquet.
  5. Prosélytisme…
    A propos de la < Grande tétée publique > qui a rassemblé à Paris le 22 octobre au quartier des Halles sur le parvis de l’église Sainte-Eustache une centaine de jeunes mamans pour donner le sein en public à leur bambin afin de promouvoir l’allaitement maternel…
    *
    « Il y a beaucoup de préjugés contre l’allaitement maternel ; et surtout dans les milieux professionnels », affirme une coordinatrice de cette manifestation dénommée « La grande tétée » . Et de s’agacer que les publicités montrant des femmes en petite tenue ne choquent personne alors que celles qui allaitent leur bébé -un comportement pourtant « naturel »-, dérangent tant.
    « Dans les années 70, nos mères n’ont pas allaité et les médecins ont suivi en préconisant le biberon », regrette-t-elle.
    Près d’elle, ravi, béat et souriant, un père-de-famille va et vient agitant une pancarte sur laquelle est écrit :
     » le sein, c’est sain ».
    « On nous regarde comme des attractions quand nous donnons le sein en public, remarque une jeune femme. Pourtant, rien n’égale le lait maternel, ça coule de source ; alors pourquoi donner un truc artificiel à la place ? « 
    *
    sein, sain, saint…
    Desnos, Corps et biens, l’ Aumonyme.
    Hommes mangés aux mythes
    il est trop tard pour soupeser vos tares
    aux cinq blancs seins si saints de n’être pas sains
    nous sommes soumis.
    l’appeau . La peau, peau-pierre.
    Aimez-vous la paupière des seins ?
    Ces pots de peau simulent la pierre blanchie par les flots.
    Pour mesurer ces seins Pi/R est inutile.
    Ces pots de lait sont laids, je les abandonne aux faiseurs
    de lais.
    Moi, j’aime l’épaule de la femme
    les pôles de l’affame
    et ses reins froids comme les cailloux du Rhin.
    *
    Aumonymies…
    D’une hérétique :

< Entêtée, l’athée tait la tétée… >

variations :
Erotique : le sein des saints.
Apiphile : l’essaim des seins.
Hygiénique : les sains seins…
Consacré : le saint des seins.
Vertueux : le sain dessein.
Mystique : le saint Dessein !
Interdit : Le Saint des Saints…
**
Sémantique d’Aimable :
Ne dîtes plus :
Programme politique mais… désir d’avenir.
Démagogie mais … proximité.
Despotisme mais… assistance.
Régime policier mais… transparence.
Paternalisme mais… soutien psychologique.
Propagande mais… communication.
Totalitarisme mais… démocratie participative.
etc…


Sur Raymond Queneau 2
Raymond Queneau, Pyrrhon et l’indifférence.
adiaphorie
De Bérenger
Si l’hégélianisme semble fournir une clef à l’usage de la serrure quenellienne, il en est une autre qui paraît encore plus probante :
la sceptique…
Qu’on compare ces textes, les premiers tirés du Dimanche de la vie, le dernier pris aux Sceptiques grecs de Victor Brochard :
Le dimanche de la vie :

  1. < Valentin ne voulait faire de concurrence à personne… … Valentin ne voulait faire de peine à personne… … Valentin ne voulait jeter le trouble nulle part. >
    < A sept heures, on ferme. Valentin enlève la clenche et décarre. Il ne met les volets que vers neuf heures, après le dîner. A sept heures cinq, il entre au café des Amis, rue de Wattignies. Il le préfère à tous les bistrots du quartier à cause du nom. Il ne s’assoie pas, il reste au zinc, il serre des pinces et on lui sert son dubonnet sans qu’il le demande. Il a abandonné le vin blanc gommé pour cette boisson tout aussi saine, mais plus tonique. On cause, il écoute. Il cause un peu aussi pour ne pas avoir l’air distant. On parle de l’Expo 37 qui ne va peut-être pas ouvrir à cause des grèves, mais qui fera marcher le commerce si elle ouvre. On parle de l’Espagne et du Front Popu avec modération. On parle surtout de cyclisme, de foutballe et du perfectionnement de la race chevaline. Valentin hoche la tête, sourit, répète une phrase qu’il a lue dans le journal et qu’on apprécie en général tout particulièrement, ce qui surprend toujours Valentin, puisque les autres le lisent aussi le journal. On parle enfin des menus événements du quartier…
  2. < … Vers le milieu de cet hiver, Valentin entreprit de devenir un saint…
    … Prétextant de son inutilité complète, afin de ne pas se mettre en valeur il s’efforça d’accomplir pour les autres les tâches les plus emmerdantes, telles que le balayage, l’épluchage des patates, le pelletage de la neige, le nettoyage des plats. Le difficile était d’y arriver sans attirer l’attention sur son dévouement. Lorsqu’il parvint à faire la corvée de chiottes quotidiennement sans que Foinard s’en aperçut, il se félicita d’avoir atteint sans tapage un certain degré dans l’abnégation. Ensuite il fallait s’abstenir de se féliciter, ce qui devenait beaucoup plus difficile. Et lorsqu’il découvrit qu’il prenait un vif plaisir à tracer un chemin dans la neige ou à vider les ordures, il estima justement n’y avoir aucun mérite et par conséquent n’avoir même pas fait un pas dans le chemin de la sanctification…
    … Il ne lui restait qu’à tuer le temps et à balayer en lui les images d’un monde que l’histoire allait éponger.

    *
    Les sceptiques grecs :
  3. < Il ( Pyrrhon ) ne se borne pas à dire : < Tout m’est égal>, il met sa théorie en pratique… Seul Pyrrhon n’attend rien, n’espère rien, ne croit en rien ; pourtant il vit comme ceux qui croient et espèrent. Il n’est soutenu par rien et il tient debout… Il n’est ni découragé ni résigné, car non seulement il ne se plaint pas, mais croit n’avoir aucun sujet de plainte. Ce n’est ni un pessimiste ni un égoïste ; il s’estime heureux et veut partager avec autrui le secret du bonheur qu’il croit avoir trouvé. Il n’y a pas d’autre terme pour désigner cet état d’âme, unique peut-être dans l’histoire, que celui-là même dont il s’est servi : c’est un indifférent…
    Chez Pyrrhon le renoncement semble devenir aisé, presque naturel : il ne fait aucun effort pour se singulariser, et s’il a dû lutter contre lui-même ( car on nous assure qu’il était d’abord d’un naturel vif et emporté ), sa victoire semble définitive. Il vit comme tout le monde, sans dédaigner les plus humbles travaux ; il a renoncé à toutes les prétentions, même à celle de la science, surtout à celle-là. Il ne se donne pas pour un sage supérieur aux autres hommes et ne croit pas l’être ; il n’a pas même l’orgueil de sa vertu…
    … Ce n’est qu’après avoir fait en quelque sorte le tour des doctrines philosophiques comme il avait fait le tour du monde, qu’il s’est reposé dans l’indifférence et l’apathie, non parce qu’il ignorait les sciences humaines mais parce qu’il les connaissait trop….
    … Des deux mots qui résument tout le scepticisme, époque et adiaphorie, c’est le dernier qui est le plus important à ses yeux.

    *
    Queneau lui même dans son Journal a signalé sa dette au grand sceptique :
    < Pyrrhon. Un des livres les plus importants pour moi : Les sceptiques grecs de Victor Brochard. Sagesse toute orientale de Pyrrhon…  » Anecdotes » taoïstes sur Pyrrhon >
    Au cours de la Décade de Cerisy ( 1960 ), à la fin de son intervention, le père de Jacques L’Aumône, dissimulant ses sources sous le voile de la ‘pataphysique, fait allusion au < principe de renoncement > hérité de Pyrrhon et à celui de non-agir, le wou wei, exposé par Lao Tseu dans le Tao-Tê- King
    **
    Hegel, Pyrrhon… deux références philosophiques apparemment bien éloignées l’une de l’autre sous le patronage desquelles est pourtant celée l’ambiguïté poétique et romanesque quenellienne.
    Deux lectures possibles donc : la kojévienne et la pyrrhonienne.
    Sont-elles exclusives ? sont-elles complémentaires ?
    Quelle est la plus pertinente ?
    Mais cette dernière question a-t-elle vraiment un sens ?
    En toute… incertitude, il semble en effet qu’il y ait autant de Queneaux que d’interprètes ou encore d’axes d’investigation proposés…
    Et eu égard à la richesse et à la complexité de l’oeuvre, ils sont légion…
    Ainsi Jean Queval ( l’humanisme), Jacques Bens ( l’encyclopédisme ), Paul Gayot ( la ‘pataphysique ), Claude Simonnet ( la poétique ), Andrée Bergens ( l’absurde et l’humour ), Renée Baligand ( le formalisme ), Noël Arnaud, Emmanuel Souchier…
    Car enfin, à accepter les critères fort plausibles de < l’esthétique de la réception > ( Hans Robert Jauss ), le lecteur comme le critique ne façonnent-ils pas l’auteur à leur image relativement à ce que -dans la voie ouverte par Heidegger et Gadamer- l’Ecole de Constance ( Wolfgang Iser ) nomme leur < horizon d’attente > ? Saura-t’on jamais échapper au perspectivisme ?

Note sur le chiendent ( https://ognois.fr/Ailleurs)
*
A propos de l’engagement politique et du principe espérance…
 
< Le courage consiste à rester chez soi, près de la nature qui ne tient aucun compte de nos désastres > Miro
Le dimanche de la vie
< T’en fais pas, dit Julia, quand les gens ont décidé de marcher y a plus moyen de les arrêter. C est plus de la connerie, c’est de la rage >
A la Décade de Cerisy-la -Salle
< C’est par modestie qu’on peut se taire sur les problèmes politiques si on a rien à en dire. Moi, je pense personnellement n’ avoir rien à en dire de valable, j’aime mieux me taire ; ça ne veut pas dire qu’on les ignore >
*
écholalie
Le bouddhisme définit le < nirvana > par le vide des conditionnalités.
Il s’agit de parvenir- selon la < voie sèche >- à un état mental d’abstraction pure où le sujet, évitant l’écueil de la torpeur et de l’inconscience, est censée par discipline maîtriser et diriger le cours de son énergie psychique.
A deux reprises et assez humoristiquement Queneau met en scène un personnage romanesque dont le projet est d’accéder à la < sainteté > ( Loin de Rueil, Le dimanche de la vie ).
Dans cette dernière oeuvre Valentin Brû s’essaie à la conduite du courant de concience.
Mais en vain.
La < méditation transcendantale >, si elle n’est pas synonyme de réflexion silencieuse méthodique sur un objet, n’est qu’une illusion psychologique, une pure méprise sur soi et une mystification cléricale.
< C’est surtout l’après-midi qu’il peut s’appliquer à suivre la marche de l’aiguille, la tête bien débarrassée des images que la vie quotidienne y laisse traîner. Valentin, l’oeil fixé sur l’horloge poussièreuse, ne se sent guère vide. Des faisceaux de paroles quelconques traversent en crépitant une lande de gestes automatiques ou d’objets délavés, mais cela ne donne pas un désert… Et Valentin se met à observer cette écholalie, que vient chasser, il ne sait pourquoi, une voix grave et anonyme qui réclame impérieusemnt < de la gomme, de la gomme, de la gomme > et qui s’éloigne entre deux haies de Balustre identiques pour disparaître au loin avec le bruit veule d’une serpillière tombant au fond d’un seau vide… >
**
Sur Raymond Queneau 3
Raymond Queneau et la ‘pataphysique de l’histoire
 
< cette évocation de l’histoire universelle fait se marer tout le monde >, Zazie.
*
Paul Gayot, Raymond Queneau, Classiques du 20° siècle, s’est appuyé sur les romans et L’Histoire modèle ( 1943 ) pour poser les linéaments d’une ‘pataphysique quenellienne de l’histoire.
En voici les principes :

  1. Considérer. Panoramas et instruments d’optique :
    -L’histoire n’est qu’une addition d’exceptions < de faits accidentels qui, se réduisant à des exceptions peu exceptionnelles, n’ont même pas l’attrait de la singularité >
    -L’ histoire est répétition de banalités, < d’une désolante identité > (H.M.74).
    -Toute synthèse historique est simplette, grossier cliché.
    Qu’il s’agisse de la recherche des « moteurs de l’Histoire  » : Providence (Bossuet ), Pluie et beau temps ( le lieu commun par excellence ), faim et copulation ( Malthus ) … ou de ses « fins » : Société sans classes, Cité de Dieu ( saint Augustin ), Point Oméga ( Père Teilhard ) ou réalisation de l’Idée ( Hegel )…
    -Il faut renverser la perspective, appréhender les événements par le petit bout de la lorgnette; il faut retourner au particulier, au singulier.
  2. Figurer. Le cercle et la ligne :
    On distinguera l’histoire cyclique antique ou nietzschéenne aux événements périodiques et aux répétitions régulières et l’histoire linéaire, judéochrétienne où les événements sont uniques, avec début et fin.
  3. Temporaliser. La matière… Epoques et événements :
    < L’Histoire est la science du malheur des hommes >. Thèse cardinale de l’Histoire Modèle.
    Les époques sont pleines d’événements toujours malheureux, qu’ils soient extraordinaires ou périodiques ( H.M. 4-5 ), vérifiant la sentence d’Antonin Artaud : < toutes les époques sont dégueulasses >.
    Mais c’est précisément le malheur qui génère l’Histoire, les bavards, les philosophes et les romanciers : < le malheur des hommes fait aussi l’objet de récits imaginaires… Tout le narratif naît du malheur des hommes > ( H.M. 13 ).
    L’Histoire ( vraie ) est soeur des histoires ( imaginaires ) ou romans. Elles sont filles des événements catastrophiques.
  4. Classer :
    Quel est le critère de l’importance des événements ? avènement ? bataille ? découverte ?
    Il faut trier dans < la horde infernale des faits > ( R.Q. Préface à Bouvard et Pécuchet ) .
    On distinguera l’Histoire universelle en général, l’Histoire générale en particulier, la micro-histoire événementielle.
    -L’Histoire universelle. Concile, guerre, avènement. Evènements pourtant non exceptionnels puisqu’ils composent la trame de l’Histoire.
    Ce caractère périodique leur ôte tout caractère d’importance particulière.
    -L’Histoire générale. L’invention est toujours décisive. Elle est particulière, unique et de ce fait caractéristique. < L ‘histoire des inventions est l’histoire véritable en tant qu’histoire et récit de ce qui est réellement et profondément nouveau > ( H.M. 75) .
    Par exemple l’artillerie.
    < La grande histoire véritable est celle des inventions ; ce sont elles qui provoquent l’histoire sur le fond des données statistiques, biologiques et géographiques > ( Bâtons, Chiffres, Lettres ).
    L’invention est un événement non monotone, particulier. Elle change souvent le cours de l’Histoire.
    Ainsi : < Si l’on avait eu de l’artillerie au temps des Croisades, le saint sépulcre serait encore entre mains chrétiennes > (Les fleurs bleues )
  5. Choisir : Le fait divers. Les histoires plutôt que la  » grande histoire ».
    Mais ce qui importe ce sont les exceptions encore plus exceptionnelles.
    Le < fait-divers > importe plus que le < fait-semblable > ou que l’invention.
    Il est irréductible au général.
    Le ‘pataphysicien choisit la petite échelle, le petit bout de la lorgnette à l’instar de Monsieur Voussois ( Pierrot mon ami ) :
    < – … La Politique, les guerres, les sports : aucun intérêt. Ce qui me botte, moi, c’est le fait-divers et les procès. La grosse bête Société : connais pas. Les individus, comment ils se comportent, ça, ça me dit quelque chose. Le reste : calembredaines, nuages, fumées. La preuve : dès qu’on est plus d’un seul à discuter, on déconne. Il faut être deux pour commettre un assassinat, et dès qu’il y a un troisième dans un couple, c’est le cocuage. L’erreur, le crime et l’adultère : voilà tout ce qui rend les hommes intéressants. Sur une grande échelle, ça devient moche; à hauteur d’individu, c’est distrayant. >
    Si l’esprit spéculatif s’intéresse à l’Histoire universelle, à la science absolue, le ‘pataphysicien se fixe aux épiphénomènes, < aux épisodes exceptionnels de l’Histoire universelle
    > ( R. Queneau, Préface au Vieux de la montagne d’Alfred Jarry ).
     

La grande guerre
De Philopata
La Champagne… Quatre-vingt dix ans après… Cette terre porte toujours les stigmates de l’épouvante.
C’est à ma connaissance la seule contrée où jouxtant les vignes fleurissent les cimetières.
Les militaires évidemment…
Chaque année, des labours surgissent des moissons d’obus mêlés à des restes humains recueillis par quelques mains pieuses. Il faut encore désamorcer, déminer… Vampires, les céréales se sont longtemps nourries du sang des soldats le < trou rouge au côté droit >
Et sur le réseau indélébile des innombrables tranchées, on devine roder, la nuit, les mânes des héros contraints tombés au « champ d’honneur »…
*
Je suis allé faire la macabre tournée des ossuaires… Bligny, Sillery, Cormicy… le Chemin des Dames, Craonne… Vauclair, l’Ailette…
Les nécropoles sont toujours impeccables. Paisibles, propres et vides.
Au Garde-à-vous.
Sentiment de solitude absolue… Le gazon est court, livré aux chamailleries des oiseaux.
Dérisoire rituel républicain, les cérémonies commémoratives ne sont plus fréquentées que par quelques officiels cachant mal l’ennui de ce qui désormais ne représente guère qu’une inutile corvée…
Dans l’indifférence générale de la grégarité urbaine pourtant toute proche mais livrée à d’autres turbulences ; et dans l’ignorance des jeunes générations qui ne s’expliquent pas quand elles les rencontrent les invraisemblables alignements de croix blanches disposées à même la craie rosâtre des rambleurs.
L’oubli. Complet, écrasant… lointain écho du désintérêt de ceux de l’arrière…
Les combattants l’avaient bien perçu, entre deux carnages, à l’occasion des permissions d’où ils revenaient indignés du désintérêt condescendant pour la misère de ceux du front. Il fallut intérioriser; la plupart se turent, obstinément.
D’autres, le cauchemar dissipé, se précipitèrent à l’activisme.
A ce propos Marc Ferro remarque qu’on ne peut comprendre les Croix de feu, les ligues et la genèse du nazisme si on n’évoque l’immense ressentiment des combattants à l’égard de ce qu’ils ressentirent comme une trahison de la société civile, avec son terrifiant égoïsme, son absence totale d’imagination, sa lugubre médiocrité.
Quant aux veuves, innombrables, au deuil inconsolable, le dimanche des années durant, elle invitèrent les enfants à visiter leurs défunts, dans un climat de dépression généralisée.
Combien parmi nos pères et nos mères n’entendirent-ils pas ces paroles :
< Viens, il fait beau, nous allons au cimetière >…


Le complot du 11 septembre…
De Ragnar
< –je mourrai donc sans savoir l’histoire des hommes ! -Sire, répondit le savant, presque aussi mourant que lui, je vais vous la résumer en trois mots : Ils naquirent, ils souffrirent, ils moururent >
Anatole France, Les opinions de M. Jérome Coignard, Apologue du prince Zémire.
*
Selon Paul Veyne si on ne sait toujours pas ce qu’est l’histoire, ce tissu d’intrigues et de ragots, on sait du moins comment on l’écrit et par qui…
Il est tentant d’appliquer ce diagnostic à l’une des idoles contemporaines, < l’actualité >.
De récentes disputes invitent à s’interroger sur la manière dont on la fabrique.
Ainsi des événements du 11 septembre qui paraissent avoir marqué une césure décisive dans la manière dont nos contemporains perçoivent l’évolution des relations internationales.
Le temps passant et la contrainte de la pensée officielle se relâchant, des interrogations se font jour portant le doute sur la véracité des allégations relatives aux circonstances du drame.
Le 11 septembre m’inquiète…
Selon un article de l’universitaire suisse Daniele Ganser relayé sur le Net par Agoravox ( 12.11.06 ) trois hypothèses plus ou moins fantaisistes se disputeraient le terrain des… solutions imaginaires :
< Trois théories contradictoires s’opposent à propos du 11 septembre. Toutes trois sont des théories de la conspiration, bien que leurs promoteurs aient tendance à le nier. Ceci veut dire qu’elles présupposent toutes des accords à la fois secrets et antérieurs au 11 septembre, entre deux ou plusieurs protagonistes. La première théorie, appelée théorie de la surprise, a été proposée par le gouvernement américain et est corroborée par l’enquête officielle américaine dans le rapport « 9/11 Commission Report » de Thomas Kean, sorti durant l’été 2004. C’est l’histoire officielle du 11 septembre : Osama Ben Laden aurait d’abord planifié les attaques avec Khalid Sheikh Mohammed en Afghanistan, puis un groupe de dix-neuf musulmans dirigé par Mohammed Atta aurait perpétré ces attaques aux USA en détournant quatre avions de ligne. Ben Laden et son réseau seraient coupables de cet acte criminel. La seconde théorie, appelée Let it happen on purpose (« sciemment laissez faire, » Lihop) soutient que Ben Laden et le réseau Al Qaida auraient planifié et fait exécuter l’attaque. Certains membres du gouvernement US auraient eu vent de l’attaque avant son exécution, mais, malgré cela, auraient délibérément laissé cette attaque se dérouler, et sacrifié trois mille personnes pour légitimer une série de guerres, dont celles d’Afghanistan et d’Irak ne seraient que les deux premières. Dans ce cas, les coupables de l’attaque seraient aussi bien Ben Laden que certains membres du gouvernement US. Enfin, la troisième théorie appelée Make it happen on purpose (« je m’arrange pour que ça arrive, » Mihop) soutient que les attaques auraient été menées par le Pentagone et/ou les agences de renseignement US, et que les vidéos de Ben Laden seraient falsifiées. Près de trois mille personnes auraient été sacrifiées de sang-froid, les citoyens américains et le monde entier auraient été trompés dans le but de justifier une série de guerres. Une partie du gouvernement US serait coupable de cet acte criminel >
*
Mensonge d’Etat ? version incomplète des faits? affabulation paranoïaque?…
Plus un mensonge est énorme, soutenait Goebbels, un expert, plus il a des chances de séduire les foules…


Perroquet : < Ordre juste >
De Ragnar
Rappel…
L’expression est caractéristique du corpus théologique de l’Eglise catholique.
Ainsi :
-Elle réapparaît avec l’encyclique Deus caritas est que le pape Benoît XVI a publiée le 25 janvier 2006.
Le concept y est employé à sept reprises, notamment :
< Il est certain que la norme fondamentale de l’État doit être la recherche de la justice et que le but d’un ordre social juste consiste à garantir à chacun, dans le respect du principe de subsidiarité, sa part du bien commun. C’est ce que la doctrine chrétienne sur l’État et la doctrine sociale de l’Église ont toujours souligné >
-Ce concept est né avec saint Augustin au début du 5° siècle.
-Il est ensuite développé dans la Somme de théologie de saint Thomas d’Aquin, au 13° siècle.
-En 1953, Pie 12 reprend ce dogme du paradigme politico-social, fondement de la propagande et de l’agitation confessionnelle de l’Eglise.
**
La Constitution de la Confédération helvétique entend < tout entreprendre, avec l’aide de Dieu, (…) pour créer un ordre juste pour le bien de tous >…


Rapprochement :
dissociation, épiphanie, perroquet
De Jeanne de la Tysse
-Paul Valéry, L’idée fixe
< Discriminons… il y a un travail mental qui s’éloigne de l’état de liberté ou de disponibilité ordinaire de l’esprit, qui s’oppose à la fois à la divagation et à l’obsession, et qui tend à ne s’achever ( quand la fatigue ne le force pas à s’interrompre ) que par la possession d’une sorte d’objet… mental, dans lequel l’esprit reconnaît ce qu’il désirait… >
Plumer / descendre le perroquet est :
< l’art de traiter les mots comme ils le méritent. C’est-à-dire de reconnaître leur valeur d’emploi dans un travail serré de l’esprit. Beaucoup sont contre-indiqués. Nous les avons appris ; nous les répétons, nous croyons qu’ils ont un sens … utilisables ; mais ce sont des créations statistiques ; et par conséquent des éléments qui ne peuvent entrer sans contrôle dans une construction ou opération exacte de l’esprit, qu’ils ne la rendent vaine ou illusoire >
Exemples : < l’ Esprit >, < le Moi >, < l’ Univers – le perroquet des perroquets dont < l’unité > est un acte de foi -, la perruche < Nature >, < la Vie >, < l’Inconscient >, < l’ Espoir >, < le Bonheur >, < la Société >… autant d’embrayeurs de mythologies suscitant d’inépuisables différends, < rocs artificiels sur lesquels nous nous livrons au combat des magiciens >…
Ces produits de l’imitation grégaire nuisent à la liberté de l’esprit.
Nous en sommes imprégnés ; leurs combinaisons successives nous constituent.
Et il est presque impossible de se défaire de ces habitudes linguistiques, ainsi que des automatismes et des associations d’idées qu’elles génèrent.
*
Faire la chasse aux perroquets, par souci de précision, c’est le caractère de la santé mentale du < Robinson >, du < Schizophrène > ou encore de < l’Insulaire psychique > qui semblait être l’idéal de Valéry : < Je vis de ceci, c’est d’autre chose que je meurs… >
Mais la traque est indéfinie et, il faut en convenir :
< il n’existe pas un esprit qui soit d’accord avec soi-même. Ce ne serait plus un esprit >
A noter, relativement à la critique du langage et à l’exigence de précision, la proximité problématique de Paul Valéry, de Michel Alexandre, de Alain…
En complément, cf la Petite Lettre sur les mythes.
-Remy de Gourmont, Dissociations.
-Epiphanies : Adonis Colgue / Jean Hughes Sainmont, Cahiers du Collège de pataphysique.


deux malices du Docteur Subtil
De Patadelphe
Anatole France, Le Puits de sainte Claire
-Si la pauvreté est un grand bien, faire l’aumône aux pauvres, n’est-ce pas leur ôter cette perle précieuse ?
-Si le saint méprise les biens de ce monde, ne dédaigne-t-il pas en même temps les hommes laborieux qui les produisent alors qu’ils ne font qu’accomplir l’ordre imposé par leur Père de gagner leur pain à la sueur de leur front ?
Ne méprise-t-il pas, en recevant l’aumône, la loi donnée à Adam ?


D’Epistémon
Arguments de l’irrationalisme selon Georges Palante, Le pessimisme irrationaliste.
La critique de l’intelligence par l’intelligence aboutit aux conclusions suivantes :

  1. l’humaine raison est débile et étroite. Le monde dépasse notre conception. Notre science ne peut nous en donner qu’une figuration symbolique, à l’échelle humaine, bornée, précaire et toujours sujette à révision ( M. Le Dantec ).
  2. il est impossible d’établir la raison d’être de quoi que ce soit. Et le dogmatisme n’est qu’un illusoire acte de foi dans la puissance de la raison.
  3. l’univers n’est pas un système complet et ne renferme pas de systèmes complets.
  4. l’inconnu, l’aléa, l’accident, la catastrophe sont l’ordinaire de l’univers connu.
  5. primauté du Vouloir-vivre inconscient sur l’Intelligence ( Schopenhauer )
  6. présence des représentations obscures dans notre vie intellectuelle et morale ( M. Maeterlinck ).
  7. divergence de la logique intellectuelle et de la logique affective.
  8. divergence de la logique et du langage.
  9. fluidité insaisissable, incommunicable, intraduisible et inexprimable de notre moi réel recouvert par notre moi social, superficiel et conventionnel ( Stirner, Bergson ).
  10. malentendus et quiproquos sont l’ordinaire des relations sociales.
  11. confusion des idées morales ; variété indéfinie des sentiments esthétiques.
    *
  12. Le monde n’est révoltant que pour une sensibilité candide assoiffée de vérité, de justice et de bonheur.
    *
  13. La conséquence pratique de l’argumentaire est l’égotisme esthétique, c’est-à-dire :
    -l’affirmation de l’individualisme spectaculaire, attitude du contemplateur dégagé du monde de l’action, dédaigneux des intérêts, des croyances, des passions sur lesquels repose l’existence sociale et qui ne considère la vie et la société qu’en tant qu’objets de curiosité ( Jules de Gaultier ).
    -l’indifférence et la quiétude épicurienne de quiconque, affranchi des contraintes et des conventions sociales, constitue la jouissance représentative en motif d’exister ( Anatole France ).
  14. L’irrationaliste prend son parti de l’absence d’ordre, du désarroi cosmique, social et moral; il ne souffre nullement de l’incohérence des choses. Il sourit aux chimères et aux idéaux rationalistes, aux idéologies artificielles, aux idéaux de convention, aux explications prétentieuses du passé, aux prévisions fallacieuses de l’avenir.
  15. Il goûte à l’instantanéité chère à Stirner et jouit du charme de la sensation présente.
  16. Dédaignant la raison rigide et morose, sa musagète est la libre fantaisie.
    *
    L’attitude esthétique substitue la contemplation à la compassion, l’objectivité à la sincérité, l’artifice au naturel.
    Elle ne  » participe  » pas.
    *
    Sur le dilettantisme social
    Dilettante : qui s’adonne à un art, à son travail pour son seul plaisir, en amateur
    avec une certaine fantaisie et sans s’y engager complètement.
    *
    < Le dilettante social ne voit dans la société qu’une apparence mensongère, une mascarade et une parade dont il s’amuse en se moquant de ceux qui la prenne au sérieux et qui voudraient la faire prendre au sérieux aux autres. Le dilettante social représente l’antithèse du philistin dont Schopenhauer donne la définition suivante : < Je voudrais définir les philistins en disant que ce sont des gens constamment occupés, et le plus sérieusement du monde, d’une réalité qui n’en est pas une >
    Le dilettante social a le sentiment intense et obsédant du mensonge social ; le sentiment de ce qu’il y a d’artificiel, d’apparent, de truqué et, pour tout dire, d’irréel, dans les conventions sociales. Car l’effet de ces conventions est de faire attribuer une importance considérable à des choses qui n’en ont aucune. Pénétré de ce sentiment, le dilettante social refuse de prendre la société au sérieux. Au milieu de ses semblables, il est toujours tenté de poser la question : < Qui trompe-t-on ici ? > Il s’amuse de cette mutuelle duperie et voit dans cet amusement ironique la meilleure revanche que l’individu puisse prendre de la société, la rançon des contraintes qu’elle lui impose, des hypocrisies et des vilenies dont elle lui inflige le contact.
    Le dilettantisme social est pour l’individu une reprise, une évasion et une délivrance. >

L’art d’être toujours content
De Philopata
Ne dépendre de rien ni de personne ; faire de soi son meilleur ami.


Vogue des blogs : déblogons…
De Jeanne de La Tysse
1.
Logorrhée… cacalogie…
Pascal : les hommes sont si généralement fous que par un autre tour de folie il serait encore plus fou que de ne l’être point.
Et de son côté, Pirandello.
Cf à ce sujet les analyses de Ross Chambers, La comédie au Château :
< Comme les professionnels du théâtre savent qu’il y a une illusion à créer alors même qu’en hommes ordinaires ils se contentent de vivre une illusion, certains privilégiés, sans être dispensés de la condition générale, sont ainsi placés qu’ils voient l’illusion, la leur et celle des autres, tout en la vivant. C’est le verdersi vivere qui afflige d’une façon si caractéristique le héros pirandellien. Car si cette lucidité, cette ironie, cet < umorismo> met le personnage à part et lui confère une certaine supériorité ( en un sens il est < moins fou > que les autres, et il jouit d’une identité -dans la partie observatrice de lui-même- qui leur est inaccessible ), être constamment en proie au démon de la conscience est aussi un supplice. C’est d’abord le tourment de l’absurde : connaître la gratuité des apparences selon lesquelles nous vivons n’est pas en échapper, c’est en souffrir, c’est ressentir la vie comme une comédie < sans auteur >…
La lucidité dévoile qu’ aucune solution n’est possible. Exister c’est participer -malgré soi- aux comédies qui se jouent sur le théâtre du monde. Il n’y a pas de remède, pas d’échappatoire. Il faut continuer…
Reste peut-être cette intime satisfaction d’avoir levé les masques :
< Je suis guéri , messieurs parce que je sais parfaitement que je fais le fou dans ce château, et je le fais pourtant, dans un calme complet ! -le malheur pour vous, c’est que… vous vivez votre folie dans l’agitation et l’inquiétude, sans la connaître, sans même la voir > L. Pirandello, Enrico 4
*
D’où la divagation du ‘pataphysicien…
Ainsi la mise en chantier d’ une Critique de la démence pratique :
Plan :
Du dérangement mental : aspect psychologique, aspect linguistique, aspect dialectique.
Paradoxe :
-qu’il est un attribut ( nécessaire ) de l’humanité.
-qu’il est la condition de son équilibre psychologique.
-qu’il est expression de < l’ angoisse >, soient le < souci > et la < préoccupation > propres à un être ontologiquement < sans abri >, -à reprendre les catégories existentiales de Heidegger.
-qu’il est l’embrayeur de l’affairement intellectuel et du harcèlement social, ces grands divertissements du cheval humain.
Les domaines :
-la démence métaphysique.
-la démence rationaliste.
-la démence religieuse.
-la démence morale.
-la démence juridique.
-la démence politique.
-la démence pédagogique.
-la démence économiste et travailliste.
Autant de conduites « addictives », de sources d’ivresse et de différends, d’incessantes et renouvelées existentielles frénésies…
*
L’humanité, enthousiaste, bavarde, est une espèce qui se paie de mots…
*


  1. Grammaire ‘patasophique.
    Trois embrayeurs de faux problèmes, de questions spéculatives, d’indéfinis différends ( cf le Centre Georges Canguilhem ) :
    la < finalité > ( à l’usage des biologistes ), la < norme > ( à l’usage des médecins ), le < réel > ( à l’usage des physiciens ).
    *

  2. Sacré matérialiste et pascalien divertissement.
    Quelques idoles des dévots de l’affairement et de la religion économiste contemporaine :
    saint Travail, saint Marché, sainte Bourse, sainte Entreprise, sainte Productivité, saint Chiffre d’affaire, saint Développement, sainte Mode…
    **
    Les petites astuces ou les agrafes de l’ Esprit Saint…
    De Ragnar
    Dans L’Evangile de Jérusalem, Lharmattan, Francis Lapierre se livre à une analyse sémantique particulièrement pointue des textes évangéliques, notamment ceux de Matthieu, de Marc et de Luc.
    Analysant les versets communs aux Synoptiques selon les trois traditions habituellement recensées par les théologiens -la triple ( Matthieu, Luc, Marc), la double ( Matthieu et Luc ), la source Q-, il pose la question de savoir s’il a jamais existé un texte « originel  » : l’Evangile avant les évangiles que nous connaissons.
    Il conclut à la rédaction plurielle de chaque relation : trois auteurs pour Marc; quatre pour Luc et Matthieu ; cinq pour Jean sur une durée de cinquante ans. Les textes écrits en araméen, langue sémitique, ayant dû être complétés en grec puisqu’ils s’adressaient à diverses communautés et en particulier à un auditoire pagano-romain.
    Il dévoile également le procédé de rédacteurs opérant la soudure de maints versets par des < mots-agrafes > permettant de préserver la continuité narrative relative aux différents épisodes de la Vie de Jésus présenté comme thaumaturge d’après la logique juive du Rabbi guérisseur ou comme Sauveur selon la logique chrétienne de la conversion.
    *
    Petits trucages de petits faussaires afin de mieux assurer la cohérence des textes proposés à la dévotion des convertis.
    Ce qui, évidemment, n’enlèverait rien à… leur inspiration par l’Esprit Saint….
    Cette merveilleuse solution imaginaire.
    **
    En manière de sortie…
     
    < Dans l’expérience humaine, tout est fait de langage et représentation. Avec l’appoint de l’imagination. Le monde s’y réduit donc à la sémiotique et à la psychologie >
    pseudo-Sandomir, Dernières pensées
     
    De Patadelphe

    A -< En avant vers les grands désastres ! >
    B –Ah!… voilà quelque chose… d’assuré !
    *
    A – Vous, ‘pataphysicien… souffle impur… vous êtes satanique !
    B –Juge-t-on Lucifer ?
    Janvier 2007