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vers porte7 ( Journal d’ un pataphysicien 1 )

Geste des opinions du docteur Lothaire Liogieri
JOURNAL D’UN PATAPHYSICIEN 2 (EXTRAITS)
  
  < Etant donc sûr de ne pouvoir parler, pour être compris qu’en mentant, tout mensonge lui indiffère.> Alfred jarry, l’ Amour absolu.
 
 

 
 
 < La journée qui s’est ensuivie, comment l’ai-je vécue ? Tout autre y verra un tissu d’anachronismes. Je ne puis la repenser dans un ordre relatif et retoucher son incohérence. Mais quiconque se remémore la journée la plus banale supporte bien le hasard sans explication. Les lieux, les faits, les personnes rien de plus arbitraire, une pure question d’humeur ! La familiarité, le bizarre -une façon d’interpréter ! >
Pierre Klossowski, Les lois de l’ hospitalité. 
 

TABLE :
octobre 2001 :
Sur Aristote, la Poétique ou du théâtre et du jeu de ‘pataphysique. La < femme > de Yahvé… Béatitudes : < justice sans limite >, < liberté immuable >, < littérature et temps >, < M.I.T >. < Combien nous sommes bons.> Terrorisme et < fétichisme démocratique > ( Amadéo Bordiga ). Le fou, la poule et le grain. < Etat universel >… guerre civile universelle. Deux questions angoissantes. De la Cité de Dieu à la propagande citoyenne. La malédiction d’ Abraham. Le plus grand crocodile du monde ou le ‘pataphysicien < Satrape Lutembi> dépassé. Qu’ y a-t-il après la mort? ou les < mystères de l’au-delà >. De l’ < En-deça >. Eclaicissements ‘pataphysiques : la physique, la phynance et la Merdre. Béatitudes : Julia K. et la < pulsion de mort >.
novembre 2001:
Misère de < l’esprit public > ou que < tout bien à faire est impossible > ( Saint-Simon ). Les évidences d’un professeur. Sottises et bénédictions. Une Thémis énervée. Marcel Aymé : La tête des autres. Sur l’ exercice occulte du pouvoir et les réseaux d’influence. Bric-à-brac ‘pataphysique : Agatha Christie, François Mitterrand et le pouvoir de la superstition ; le Catholique et le Protestant ; professeur / pro-fesseur. Qu’est-ce qu’ être < païen >? Lyotard et le paganisme. Deux concepts de la superstition philosophique : la < personne > ; la < raison >. Valeur d’ un adage : que < les opinions seraient toutes respectables >. Au fil de la lecture : Baudelaire et l’ art de catalogue. Tombeau de P.Claudel par F. Ponge. Un jugement de Laclos. A propos de quelques sectaires : petite comptabilité ‘pataphysique. Pauvreté et excision.
L’ < homme > selon Asger Jorn.
décembre 2001
Quatre mythes conventionnels : Souverain bien, Salut, Bonheur, Emotion. Rencontres : les < sources > de Clio. Le cercle du philosophe. Patakoan du bonheur. Arrêt Perruche. La ‘pataphysique au Concours Général. Du Père Noël. Une confidence d’ un Ministre-Moine. De l’inconscient. Tristesse de Berthe Morisot. Pourquoi peindre ? Le droit est-il une science ? Véronèse, l’inquisiteur et le poète.
Au fil de la lecture : Gracq, le mythe, le symbolisme, la perversion.
janvier 2002.
Bric-à-brac ‘pataphysique. Qu’il faudrait < suivre l’actualité >. Mots-valises. Du crocodile et de la ‘pataphysique. Sur l’ < axe du mal >; < Le chiot qui fait semblant de ne pas redouter le tigre >. Un homme d’ exception. De l’origine de l'< Etat de droit >. . Saint Régis… < O.N.G.> et < bénévolat >. Traquons le mensonge. Mourir dans la douleur ou la charité d’un pentecôtiste ( John Ashcroft ). Bric-à-brac pataphysique : variations sur le < travail > et le < travaillisme > ( Opus dei, < Utopie à réalisation vérifiable >. < Horreur économique >. Quelques questions…) Amen et < l’art édifiant > selon Costa-Gavras.
Rire, raison, nature ( Donneau de Visé et la Lettre sur la comédie de l’Imposteur ).
Le monde d’Homère selon Roberto Calasso.
Supercherie, mystification et ‘pataphysique. Une devise de Matta.

octobre 2001.
Sur Aristote, du théâtre et du jeu de ‘pataphysique.
Au courrier, de Patadelphe :
< C’est Aristote qui, par les quelques pages fameuses de sa Poétique, a défini magistralement et pour ainsi dire définitivement, le sens, la fonction, la portée de la représentation théâtrale. Attitude < païenne > devant l’ existence s’ il en est.
Qu’on en juge. Le Stagirite part d’ un postulat : l’ homme < par nature aime à imiter > ; il jouit non pas tant de la réplique et de la copie, -de ce < simulacre > si décrié par Platon-, que du < jeu > qui constitue proprement l’ imitation en représentation.
Jusques et y compris de la < monstruosité > des caractères et des actions mises en scène.
C’est que cet homme, à la différence de l’ animal, aime à apprendre… pour satisfaire sa < curiosité >.
La péripétie, la reconnaissance, l’ événement pathétique inattendu et hasardeux sont les moments forts du drame, cette transposition en figures de la réalité. La stylisation, l’artifice, l’ < assaisonnement > propre au talent du poète < purge > les passions représentées de leur grossiereté naturelle et de leur excès émouvant tout en situant l’ action sur le plan du possible et du vraisemblable -en la haussant au niveau de l’universel.
A la différence de l’ histoire, trop rattachée au fait singulier, à l’ événement, à  » ce qui s’est passé « , -cette histoire toujours myope.
La représentation devient enfin vecteur de < sérénité > par l’ émotion esthétique suscitée, contrairement aux émotions de la vie plus ou moins violentes.
L’art n’a donc pas, à dire vrai, de fonction morale. Il a néanmoins une portée < éthique >. Il agit sur notre sensibilité en nous apportant un certain type de < représentation > dégagé de tout souci pragmatique.
Une joie < sereine >. Joie qui fait de nous les spectateurs de la tragi-comédie humaine à l’ instar des dieux homériques jouissant des heurts et des malheurs de héros soumis au caprice de la Nécessité.
Attitude < scandaleuse > devant l’ existence en regard d’une tradition chrétienne qui récuse le jeu et le vertige de la mise en abyme ; qui refuse la distanciation et le danger de la perte d’ identité accompagnant le comédien-Protée ; qui condamne l’ analogie de l’ auteur et du < Créateur > comme sacrilège ; qui fustige le rire et le comique comme procédés d’essence diabolique, comme expression d’ un style d’ existence dégagé de la charité et de la compassion ; trop à distance parce que mettant en scène, avec toute la froideur requise pour un spectacle objectif, le très vain < théâtre du monde >.
Car si l’ univers mental du sombre et austère monothéisme est parfois la matière d’ un simulacre plastique, c’ est avant tout le lieu d’ une révélation sacrée que la représentation dramatique ne saurait profaner.
Sauf -parallèlement à l’ Eloquence de la Chaire-, à la mettre en scène dans un but d’ édification ( voir Madame de Maintenon à Saint-Cyr et les Jésuites, éducateurs entre autres… de Voltaire et de Beaumarchais )
D’où la condamnation des Mystères par le Parlement de Paris et l’ Arrêt de 1548 ; d’où les protestations des dévots du Grand Siècle jusqu’ à Rousseau ( Lettre à d’Alembert sur les spectacles ), celles d’ un Nicole, d’ un Conti, reprenant l’ argumentaire traditionnel des Pères de l’Eglise, notamment celui de l’ ombrageux Tertullien.
Et dans une perspective analogue le parti pris plus récent, marxiste celui-ci, de l’ école brechtienne, espèce d’ esthétique jésuite laïcisée qui subordonne le jeu à la connaissance, la distanciation à la « prise de conscience », le théâtre à la pédagogie, le plaisir à la pensée édifiante.
Quant à nous autres, impies ‘pataphysiciens, rejoignant en ce domaine le vieil Aristote, nous ne recherchons au théâtre ni une < révélation >, ni l’ occasion d’ une < conversion > ou encore moins la < connaissance > mais tout simplement… le très vain plaisir esthétique.
Notre plaisir, c’est-à-dire celui fort frivole de la < lévitation >, celui du sentiment de l’ indépassable légèreté des choses et des événements, vécus ou représentés.
Plaisir du texte donc, de la mise en scène, de la mise en signes… Plaisir à emprunter les voies de la feinte, du décor, du trompe l’oeil, de l’ illusion ; sans souci de la < grâce >, de la < pédagogie > ou de la < vérité >, ces chimères d’ une humanité toujours plus ou moins en quête de conversion… >
Et dans le même ordre d’ idées, nous rencontrons, par exemple, notre Véritable Saint Genest, notre Mère courage -mais aux antipodes d’ un Rotrou, d’ un Sartre ou d’un Brecht-, dans les < machines représentatives > de P. Klossowski, cette théâtralisation érotique de scènes baroques à connotation métaphysique, théologique, pataphysique.
Pour l’ éphémère mais effectif plaisir des sens.>
*
La < femme > de Yahvé.
Au courrier, de Jeanne de la Tysse :
< Qui l’ eût cru ? Yahvé… Yahvé le Terrible, Yahvé le Courroucé, Yahvé Vengeur et Ressentimenteux, Yahvé le Censeur, saint Yahvé, Adonaï au Tétragramme sacré, Yahvé avait une parèdre ! A l’ instar d’ Osiris et de Zeus ! Délivré du plaisir solitaire, le < créateur de toutes choses > et de quelques diverses autres encore aurait poursuivi sa tâche… sous le regard d’une femme !
Ashéra… voici le nom de la concubine supposée du < dieu unique >…
De qui émane cette révélation < qui bouleverserait -paraît-il- notre relation à la Bible > ?
De deux chercheurs de l’ Université catholique de Fribourg, Othmar Keel et Christophe Uelinger, dans un ouvrage paru aux Editions du cerf avec pour titre Dieux, déesses et figures divines.
Thèse confirmée -semble-t-il-, par la découverte ( 1975 ) à Kuntilet Ajrud, dans les ruines d’ un ancien caravansérail, en plein désert du Néguev, de jarres portant des inscriptions qui invoquent la bénédiction par < Yahweh de Samarie et son Ashéra >.
Trente neufs versets de l’Ancien Testament comporteraient de surcroît le mot Ashéra où, en plusieurs occasions, il désignerait l’épouse de Baal confondu par les Israélites avec Yahvé ( Juges, 3, 7 ; Rois, 1, 18,19 ).
Par ailleurs la mère du roi judéen Asa aurait été punie, d’après le Livre, pour avoir fabriqué une idole infâme consacré au culte d’ Ashéra ( Rois, 1, 15, 13 ); Manassé le roi judéen aurait introduit l’idole d’ Ashéra dans le temple de jérusalem ( Rois 1, 21, 7 ); et abomination des abominations, des robes auraient été tissées pour Ashéra dans l’enceinte même du Temple…
D’ où sans doute l’origine de la réforme de Josias purifiant Jérusalem de tous les objets confectionnés en l’ honneur de Baal et d’Ashéra.
Etc…
Tous ces lignes de < faits > convergeraient…
En conséquence le monothéisme serait < une religion de création récente >, apparue quatre siècles seulement avant l’émergence du christianisme. Thèse corroborée par Thomas Römer, professeur d’Ancien Testament à la faculté de théologie protestante de Lausanne.
Ainsi Ashéra aurait été l’épouse de Yahvé… et la foi monothéiste n’aurait pu exister avant l’ Exil où Yahvé aurait reçu seulement un culte monolâtrique, ce qui est bien différent : certes les dieux des autres peuples auraient été interdits, mais leur existence n’aurait pas été contestée.
Et après la période des deux déportations à Babylone ( 597,587 ) Yahvé serait enfin devenu le < dieu unique >… excluant tous les autres.
Comme il se doit…
Dieu < universel > qui apparaît pour la première fois avec le livre du second Isaïe ( Chap. 40 et suivants ).
Et définitivement célibataire…>
Odieux blasphèmes et misérables allégations très certainement… Un dieu dont par respect on ne saurait prononcer le nom, un dieu iconoclaste qu’on ne saurait selon certains même représenter… Mais j’ éprouve comme une angoisse … l’ < oecuménisme >, de nos jours -dit-on- si nécessaire à la < Société civile > ( sic ) comme… à la paix des ménages, résistera-t-il à de semblables universitaires provocations ?…
*
Béatitudes.
Au courrier, de Patadelphe . < Précisions : -< Justice sans limite > : Le propre du droit est de déterminer les limites du permis et du défendu. Ce qui est fixé par ceux qui font la loi et qui disent, posent ( droit positif ) … le Droit.
La Justice est une valeur, une norme qui règle le droit. En tant qu’ Idée régulatrice elle est d’essence spéculative. Et donc par soi extérieure à toute limite empirique.
En conséquence l’expression < justice sans limite >, ou bien n’ exprime rien ou bien n’ est qu’ un pléonasme.
-< Liberté immuable > :
Est dit < immuable > ce qui ne saurait changer, ce qui échappe à la contingence, ce qui n’ est pas soumis au temps. Auquel cas < Dieu > seul, cette idole spéculative peut être dit < immuable >.
Thèse commune aux Croisés de Démocratie de Marché et aux Croisés de Coran…
La liberté désigne soit la capacité de choisir ses choix en toute connaissance de cause ; ou bien un panel d’ autorisations définies et réglées par le droit ( les libertés ); ou encore une Idée spéculative, une < Idée de la Raison pure > ( la Liberté ) -à reprendre le vocabulaire de Kant.
Dans le premier sens < liberté immuable> est un énoncé au moins problématique.
Dans le sens second il s’agit d’ un oxymore.
Dans le sens troisième c’est un énoncé spéculatif, une vision. Un fantasme signifié par des mots.
< Liberté immuable >… De quoi parle-t-on ?
 Au courrier, de Jeanne de la Tysse :
Lu : < la Littérature bouscule le temps >. Où un moyen d’ expression se frotte à… une catégorie !
Association d’ idées… < l’ homme est un être rongé aux mythes > ( Valéry ) … < l’ homme est un être rongé aux M.I.T. ( maladies intellectuellement transmissibles ) > : idéologies.
Lu : de G. W. Bush, homme politique américain : < Je suis impressionné qu’il y ait une telle incompréhension de ce qu’ est notre pays, et que des gens puissent nous détester. Comme la plupart des Américains, je ne peux pas le croire, car je sais combien nous sommes bons. >
*
Terrorisme et < fétichisme démocratique >.
Remember Amadéo Bordiga. ( Thèses de Rome. 1922 )
Au courrier, de Bérenger Second:
< Terroriser > c’est imposer son autorité ou ses idées politiques par la violence c’est-à-dire, selon la définition par l’usage illégitime de la force.
L’ intimidation en est la forme euphèmisée et fort banale.
Il existe, il a existé une terreur d’ Etat, une terreur individuelle, une terreur collective, une terreur de minorités , une terreur de majorités… ethniques, confessionnelles, politiques…
Ainsi une nation, une république au nationalisme belliqueux, colonialiste ou néo colonialiste ( dans le domaine économique et financier par exemple ) peut pratiquer le plus naturellement du monde … le < terrorisme démocratique d’ Etat >.
En toute < légalité > voire en toute < légitimité >.
Il suffit pour cela que par la parole performative ( Austin ) de ses dirigeants et la volonté majoritaire de ses ressortissants elle se dise, elle s’ autoproclame… < démocratique >.
Car le concept de < démocratie > ne désignant qu’ un système de distribution des pouvoirs -à l’instar de la monarchie ou de l’ oligarchie-, il ne préjuge en rien du caractère moral ou immoral -au sens de Kant-, de la politique qui sera menée en son nom par telle ou telle < communauté > devenue désormais < Puissance >.
Et on ne sache pas qu’ un < peuple souverain > au motif qu’ il est < Peuple > et < Souverain > ne puisse prendre, quand il est assuré de son impunité, des mesures coercitives et abjectes envers une tierce puissance… >
< Despotisme démocratique > ne serait donc pas seulement un oxymore ?
*
Le fou, la poule et le grain de blé.
Au courrier, ce conte relevé par Bérenger Premier :
< Un fou qui se prenait pour un grain de blé sort d’un hôpital psychiatrique. Apparemment guéri. Il fait quelques pas. Soudain il blêmit et s’en retourne à toutes jambes à l’ hôpital. -que s’ est-il passé ? lui demande, surpris, son médecin traitant . Je vous pensais guéri… -je le suis… mais… j’ ai rencontré une poule… -et alors ? -je sais moi que je ne suis pas un grain de blé ; mais elle… elle ne le sait pas ! >
Du regard de l’autre et de l’absurde…
*
La guerre civile universelle.
Au courrier, de Ragnar O ‘Pata.
< Ce dialogue nocturne qui m’a été envoyé par le bon Hermès : -cette fois nous y sommes… -dans < l’ Etat universel > rêvé par l ‘Abbé de Saint-Pierre et Kant ?… la < Fédération internationale des peuples Libres >… la chimère conceptualisée par Kojève ?…
-non pas, celui de… la guerre civile universelle !…

la synthèse de < l’ état de nature > et de < l’ état civil > ? … joli monstre…
-la < fin de l’ Histoire > en quelque sorte…

…c’est cela, le < Léviathan > réalisé… mais non pas celui décrit par Hobbes…
-en effet… pandémie, densité, promiscuité… criminalité … anthroponoïa…
Sombres jours pour l’espèce humaine…>
Il est vrai que les étourneaux qui hantent mes vignes n’ en paraissent pas fort affectés…
Au courrier, de Jeanne de la Tysse :
-Que nous réserve le < passé > ?…>
*
De la Cité de Dieu à la propagande citoyenne.
Au courrier, de Bérenger Second:
< L’Eglise, le Parti, l’Ecole… trois leviers pour une même folie. La folie eschatologique. La folie de la finalité. Vision augustinienne, vision des Lumières, visions hégélienne, comtienne, durkheimienne. Sauver l’ < Humanité > du < nihilisme > en lui injectant -à la manière d’ un vaccin spirituel-, le < Sens >, telle est la tâche du Clerc, possesseur autoproclamé du métalangage de < Vérité >.
Et qui déplore successivement < l’athéisme et le paganisme >, < l’obscurantisme et l’ignorance >, ou encore < la baisse générale du niveau des Etudes >… Bref, les rengaines récurrentes et désolées de la < décadence > et du < déclin >.
Langue magistrale des < clairvoyants >, ressort monomaniaque de la < thérapie sociale >.
Mais paroles sotériologiques, paroles intimidantes, paroles… terroristes.>
Donc : Bla bla bla… et poudre de Merlin pin pin…
*
La malédiction d’ Abraham.
Au courrier, de Jeanne de La Tysse :
< … cet extrait d’un article de Sophie Bessis, hitorienne et journaliste dont le dernier ouvrage paru a pour titre < L’ Occident et les autres, histoire d’une suprématie > ( La découverte, Paris 2001 ) :
Le mercredi 24 octobre 2001. Les Etats-Unis et l’Europe disent défendre des principes à caractère universel. En pratique, ils ont surtout protégé leurs intérêts…
… Cela n’explique pas non plus pourquoi le monde arabo-musulman fait peur à l’Occident bien au-delà de la seule capacité de destruction de ses extrémistes. L’islam ne fait-il pas peur parce qu’il est proche et que cette proximité réveille des fantômes? Il est un «autre» à part, né de la même matrice abrahamique, héraut du même monothéisme révélé qui n’a cessé, depuis des siècles, de mettre des absolus en concurrence autour de la Méditerranée et de ses marches. Il est capable du même totalitarisme messianique dont se rendit coupable en son temps la chrétienté et que l’on retrouve aujourd’hui en Israël, et porte une prétention – bien familière aux Occidentaux – à fournir aux régions dans lequel il est majoritaire une sorte d’universel de rechange puisant sa légitimité dans le champ religieux. Au terme d’une lente sécularisation, l’Europe chrétienne troqua le messianisme évangélique pour celui du progrès. En terre d’islam, le processus commence à peine, et ses peuples sont d’autant plus réceptifs aux promesses de justice brandies par les messages d’inspiration religieuse que personne jusqu’ici, à part des marges infimes, ne leur a fait entendre un discours de liberté. Les Occidentaux mesurent le pouvoir de telles mobilisations messianiques dont ils connaissent les registres et dont la trace remonte encore dans les discours de leurs dirigeants. Il n’est pas sûr, hélas, que le bombardement de l’Afghanistan les désamorce. >
En effet…
*
Le plus grand crocodile du monde.
Au courrier, de Patadelphe :
< Lu dans la presse : PARIS (AFP) – Plus grand crocodile de tous les temps, « Sarcosuchus imperator », connu grâce à des fossiles du Niger de 110 millions d’années, mesurait douze mètres de long, avait un régime alimentaire varié et, bien que vivant en rivière, était apparenté aux crocodiles marins. Telle sont les conclusions d’une équipe américano-nigérienne conduite par Paul Sereno, de l’université de Chicago, qui vient de présenter, sur le site Internet de la revue « Science », les résultats de son étude….>
Lutembi, < crocodile et Satrape > des ‘pataphysiciens, n’aurait donc été en comparaison qu’ un petit garçon…
*
Qu’ y a-t-il après la mort ? ou les mystères de l’ < Au-delà >.
Au courrier, de Patadelphe :

  1. < …rencontré au hasard de la lecture d’un magazine cette expression populaire < les mystères de l’au-delà >…
    Ou comment une locution adverbiale désignant une relation spatiale, < l’ au-delà >, métamorphosée en substantif, l’ < Au-delà >, devient dès lors un fétiche à majuscule, une idole générant divers pseudo problèmes : esprit, es-tu là ? qu’ y a-t-il après la mort ? peut-on dialoguer avec les disparus ? Réincarnation, faut-il y croire ? etc…
    Mais alors, étendons le procédé et en conséquence pourquoi pas, l’ < Au-dehors >, l’ < Au-dessous > ou encore l’ < Au-devant > ?…
    On attend les extravagances argumentées qui ne manqueront pas d’ être avancées avec le plus grand sérieux afin de satisfaire la soif maniaque de réponses à la litanie des ‘patakoans suscités par ces diverses locutions…
    Commerce habituel du charlatan et de ses gogos…
    < Mystères de l’au-delà > : fruits de l’ athanor grammatical ? -à reprendre Guillaume d’Ockham. >
    Ces < univers supplémentaires > ne seront sans doute que grammaire… en souffrance, que grammaire en gésine…
  2. De l’ < En-deça > ou… de la < merdre >.
    < Merdre… Si vraiment les efforts accumulés par l’humanité en des siècles de douleur et de sang, aboutissent à ce mot du Père Ubu, le comique de cet étrange univers dépasse tout ce que l’on peut imaginer. >
    Gabriel Brunet, Mercure de France, 01.02.1933.
  3. Eclaircissements ‘pataphysiques : la < Physique, > la < Phynance > et la < Merdre >…
    < Ubu parle de trois choses, toujours parallèles dans son esprit : la physique, qui est la nature comparées à l’art, le moins de compréhension opposée au plus de cérébralité, la réalité du consentement universel à l’hallucination de l’intelligent, Don Juan à Platon, la vie à la pensée, le scepticisme à la croyance, la médecine à l’alchimie, l’armée au duel ; -et parallèlement, la phynance, qui sont les honneurs en face de la satisfaction de soi pour soi seul ; tels producteurs de littérature selon le préjugé du nombre universel, vis à vis de la compréhension des intelligents ; -et parallèlement, la Merdre. >
    Alfred Jarry, Autre présentation d’Ubu roi.
    La < merdre > ou… le langage… de < notre temps >, de tous les temps…
    Et Hegel pour lequel : < nous pensons dans les mots > !… >
    Solution… si l’on peut dire : détournons Bergson, et, rois sans divertissement, < pour passer le temps >, rédigeons un essai sur < les données immédiates de … l’inconscience >… une espèce de manuel de ‘pataphysique appliquée…
    Béatitudes :
  4. De Julia K., hebdomadaire oracle à la recherche d’ intelligibilité, sur les ondes de Poldave Culture. A propos des événements d’ Afghanistan : < Car cette explosion des différences et des haines religieuses fait apparaître la force la plus mystérieuse des découvertes freudiennes : la pulsion de mort ( … ) le déchaînement de la pulsion de mort. >
    La terreur ou… l’épiphanie d’une chimère conceptuelle.
  5. Entendu -à propos de l’ exposition Morandi à Paris : < … sa peinture est une caresse de l’ âme. >
  6. De Patrick Declerk  » anthropologue, philosophe et psychanalyste », ce constat -pour le déplorer : < la clochardisation est un exil dont on ne revient pas >.
    De la ‘pataphysique, pas davantage…
    *
    Novembre 2001

    Misère de < l’esprit public…> En ouvrant Saint-Simon, je rencontre ce passage :< Cette occasion ( l’ impuissance de ses efforts pour obtenir la suppression de la gabelle ) m’arrache une vérité que j’ ai reconnue pendant que j’étais dans le conseil ( le conseil de Régence ). C’est que tout bien à faire est impossible. Si peu de gens le veulent de bonne foi, tant d’autres ont un intérêt contraire à chaque sorte de bien qu’on peut se proposer. Ceux qui le désirent ignorent les contours, sans quoi rien ne réussit, et ne peuvent parer aux adresses ni au crédit qu’on leur oppose, et ces adresses appuyées de tout le crédit des gens de maniement supérieur et d’autorité, sont tellement multipliées et ténébreuses que tout le bien possible à faire avorte nécessairement toujours.>< Affligeante vérité et qui sera toujours >, ajoute le Mémorialiste…Telles sont donc, sont et seront à l’avenir les causes de ce mal < désolant > :1°) petit nombre de ceux qui veulent de bonne foi le < bien public > ; 2°) plus petit nombre encore de ceux qui, le voulant, savent le moyen de le réaliser ; 3°) grand nombre de ceux dont l’ intérêt particulier est contraire à l’ intérêt public ; 4°) alliance de ces derniers avec les gens en place, détenteurs de l’autorité. Sans compter les conséquences de l’ agitation propre à ces < natures inquiètes et brouillonnes > qui, selon Descartes, embarrassent de leurs initiatives inopportunes le train des affaires publiques. De bien  » affligeantes vérités « … et dégagées par un homme .Béatitudes. Sur les Ondes, de Jean-Claude Casanova ( Directeur de la revue Commentaires, Editorialiste au journal Le Monde, Professeur à l’ I.E.P Paris, etc. ) ce lapidaire jugement : < Nous ( les Euro-américains ) ne sommes pas la justice et la vérité ; mais nous sommes une approximation de la justice et de la vérité. >Ainsi vont les modestes certitudes… à la manière de ces évidences frappées au coin du bon sens, du sens commun, du sens unique… dans le ton et d’après les postulats idéologiques du Siècle, de la Commission trilatérale et du Tiers Testament ( Démocratie, Développement économique, Droits de l’ Homme ).
    Au courrier, de Ragnar O ‘Pata :< Suave mari magno… En ces temps < humanitaires > d’ effusion < oecuménique >, -à suivre Lucrèce-, de regarder les fanatiques de causes qu’ on ne partage pas… croiser le fer et rompre leurs lances de perlin pin pin… Ainsi le ‘pataphysicien s’ invite-t-il parfois aux jeux du cirque idéologique… Et il est en particulier fort divertissant de rappeler les jugements que les divers < enfants d’Abraham > ont par le passé pu émettre les uns à propos des autres. Qu’on en juge sur un exemple d’après ces quelques citations… Variations chrétiennes sur Mahomet :-Grotius : < Mahomet comme j’ai entendu qui interdit la science à ses hommes > De la véritable religion, 6, 2.-Charron : < … étant homme tout farci de sottises insupportables > Les trois vérités 2, 11.-Pascal : < Ce n’est pas par ce qu’il y a d’obscur dans Mahomet et qu’on peut faire passer pour un sens mystérieux, que je veux qu’on en juge, mais par ce qu’il y a de clair, par son paradis, et par le reste; c’est en cela qu’il est ridicule. Et c’est pourquoi il n’est pas juste de prendre ses obscurités pour des mystères, vu que ses clartés sont ridicules > Pensée 598.En somme, selon ces auteurs, et deux siècles avant Flaubert, Mahomet ou à le dire autrement : Mahomais… Quant à la critique rationaliste, cet extrait parmi tant d’autres.
    Voltaire, Mahomet le prophète ou le fanatisme, Acte1, scène 1 :
    < Mahomet citoyen ne parut à vos yeux, qu’ un novateur obscur, un vil séditieux: Aujourd’hui c’est un prince; il triomphe, il domine, Imposteur à La Mecque, et prophète à Médine… >
    Ce sont là en vérité d’ insupportables blasphèmes…
    Question : de semblables horreurs sont laissées à la lecture des escholiers… Ne serait-il pas temps d’ expurger voire d’ interdire la lecture de ces auteurs ?…
    Pour remédier à tout ce dévergondage une nouvelle < Mise à l’index > semble s’imposer . >En effet nous devrions prendre exemple sur l’ idéologiquement correct américain et pratiquer la critique aux ciseaux…

Au courrier, de Bérenger Premier :
< … D’après les journaux et les < News > l’ autorité judiciaire poldave offrirait le spectacle déconcertant de conflits syndicaux endémiques, d’ incessantes rivalités de corps, de règlements de compte avec l’ institution policière, de venimeuses polémiques avec le Barreau, de quotidiens différends la mettant aux prises avec les politiques et divers talentueux chroniqueurs.
Justice qui serait désormais < sous influence > de l’ opinion et des médias…
Le justiciable assisterait dans la salle à la représentation, n’aspirant guère pour lui même qu’à éviter les moulinets picrocholiens ( la bile aigre…) de toute cette assez chaotique agitation.
Et trop heureux d’ échapper à la < nouvelle inquisition > sans contrôle qui désormais irait même selon un journaliste < … jusqu’ à incarcérer des hommes politiques qui n’ont pas été jugés et qui ne représentent pas une menace directe pour la société, au seul motif de leur faire avouer ce qu’ ils se refuseraient à dire >…
Et ce journaliste de s’ interroger : < Reviendrions-nous à une pratique médiévale de la justice ? >.
Question bien impudente voire imprudente… Il n’ est jamais adroit de publiquement braver les foudres de Thémis…
Cela étant -dont le cours nous échappe-, relisons pour notre gouverne et notre divertissement privé La tête des autres, la désopilante mise en scène de l’univers de la Robe des années cinquante < poldaves > ( sic ) par un Marcel Aymé particulièrement en verve… Notamment ce passage : < Je pense que les hommes appelés à en juger d’autres devraient avoir fait un stage de deux ou trois mois en prison. Faute d’ y être passés, ils ne peuvent pas savoir à quoi ils condamnent des accusés. Il est vrai qu’à ce compte là il leur faudrait tâter aussi de la guillotine … > Acte 1, Scène 11.
Notons que Marcel Aymé n’a été ni poursuivi ni inculpé pour < outrage à magistrat >…
Saint-Simon notait déjà en 1716 à propos du Parlement : < Cette compagnie voulait figurer, se rendre considérable, faire compter avec elle ; elle ne le pouvait que par la lutte et de propos délibéré elle n’en perdait aucune occasion. >
Conclusion : Montesquieu contre Montesquieu ou la < séparation des Pouvoirs > devenue, du seul fait de la vanité humaine… conflit des Pouvoirs.

Au courrier, de Bérenger Second :
< Intervention matinale d’ Alain Cotta, économiste et universitaire. A propos de la publication de son dernier ouvrage : L’ exercice du Pouvoir. (Editions Fayard) Des considérations sur la ruse, la dissimulation et le secret comme autant de modalités d’exercice du pouvoir ; quelques aperçus sur la dissimulation féminine du plaisir sexuel qui raviront mes consoeurs… Et une vieille antienne, plus sensible celle ci car toujours scandaleuse… En substance, les concepts de < paresse des peuples > et de < réseaux d’influence occultes > seraient des opérateurs d’intelligibilité pertinents de l’ histoire contemporaine : < Opus Dei, Franc Maçonnerie, etc., mais aussi et plus localement Fraternelle des Députés, réseau Mines / Ponts, etc…>, autant de lobbies nationaux ou internationaux < déterritorialisés à l’époque de la mondialisation > et qui viseraient sinon à exercer du moins à conquérir le pouvoir d’une manière indirecte…
A la question de savoir si la mise en cause de certains réseaux était susceptible de raviver quelques < vieux démons du passé > l’auteur répond que son propos n’est pas de dénoncer mais de dire la réalité des faits. Par souci de < lucidité >.
Il se peut… Mais assez curieusement pas un mot sur la Fraternité de Patagonie septentrionale !…
On pense aux études de H. Hamon et de P. Rotman, à l’ ouvrage si vivement étouffé de Sophie Coignard et d’A. Wickham naguère consacré à la < nomenklatura française >, aux informations plus récentes relatives aux réseaux des Prix littéraires ou encore à l’ Enarchie … aux études -aussi ostracisées qu’ allègrement pillées-, d’ Henry Coston et de Yann Moncomble…
Mais du < lobbying > qui est de toutes les époques à < la théorie du complot > toujours plus ou moins démentie par les faits, il y a un abîme idéologique.
Et qui repose sur l’ hypothèse fort contestable d’ une supposée < intelligibilité > en histoire >. Sur ce point voir Cournot.
Le mythe de Clio voyante extralucide… Il faudra sans doute lui préférer -avec ou sans lobbying-, le constat moins romanesque mais plus avéré du banal désordre des choses, de l’aveugle et de l’ insensé chaos déterministe d’événements contingents, imprévisibles, incontrôlables…>

Bric-à-brac ‘pataphysique.
Noté au fil de la lecture :
1.< Le pouvoir de la superstition est le pouvoir le plus grand qui soit au monde > Agatha Christie. Dans le même sens François Mitterrand qui, quelques temps avant son décès, aurait eu ce mot : < la métaphysique est imbattable. >
Deux propos de table, mais de grande conséquence.

  1. Le Protestant et Le Catholique selon Manuel De Dieguez. à propos de la Révocation de l’Edit de Nantes de P. Klossowski : < Le Protestant proclame des règles absolues dans un monde corrompu et se range parmi les justes. Le Catholique se proclame pécheur et se libère par la confession. >
    L’un veut changer le monde et réaliser par le labeur la < Cité de Dieu sur terre >. L’autre accepte le mal ou se met en peine d’ éradiquer les hérésies…
    Deux types de foi ou… deux manières de mauvaise foi ?
  2. De Bérénice, espiègle et adorable petite Lolita, cette remarque faussement naïve : < Le professeur est un… fesseur, celui qui donne des fessées. Il corrige. Il met du rouge… sur les copies des élèves, sur la peau… des pensées. Pour leur bien sinon pour leur … plaisir.>
    Le professeur serait-il un pervers ?
  3. Qu’est-ce qu’un païen ?
    Lu dans mon < journal des paroisses >…
    Haut-le-coeur horrifié de quelques sectes chrétiennes à propos de l’engouement récent des enfants pour la Fête < païenne > d’ Halloween…
    Mais qu’ est-ce qu un < païen > ?…
    -Selon les chrétiens de l’Antiquité tardive : le mécréant idolâtre, voire l’ hérétique, puis le sectateur de Mahomet.
    -Selon Littré : < … un impie… celui qui profére < d’ horribles jurements >.
    -D’ après J. F. Lyotard, Penseur défunt de la < Post-modernité > ( Instructions païennes. 1977 ) :
    < Pagus se disait de la région des bornes, aux confins des bourgs. Pagus a fait pays. Ce n’est pas le Heim ou le Home ; l’ habitat, l’ abri, mais des parages, des contrées, qui ne sont pas nécessairement incultes, qui sont les horizons de ces ballades au cours desquelles on voit du pays. On n’ y est pas chez soi. On ne s’ y attend pas à découvrir la vérité, on y rencontre des entités en nombre, sujettes aux métamorphoses, aux mensonges… >
    -Et enfin Julien Gracq qui évoque lui aussi les < … espèces de rodeurs des confins, de flâneurs de l’ apocalypse, vivant libres de soucis matériels au bord de leurs gouffres apprivoisés… > ( Un balcon en Forêt ) En somme, une autre façon d’ approcher l ‘essence de la ‘pataphysique et le visage du ‘pataphysicien…

Au courrier, de Patadelphe :
< Béatitudes et exercices définitionnels …

  1. La personne. < … Il ne faut pas confondre l’individualité et la personne morale… quand on parle d’un individu, on met l’accent sur les particularités ou les différences qui le distinguent de tout autre. Les personnes au contraire sont foncièrement semblables par la raison et la faculté de communiquer >. ( Les manuels de philosophie )
  2. Le mot de raison désigne : < … la faculté de connaître, de juger, de distinguer le vrai d’ avec le faux… >, qui n’est en fait qu’ idolâtrie habituel du réel…
    < … et la faculté de bien juger >, c’ est à dire de juger selon < le bien >, selon la < norme >, selon < la Loi > … devant donc régler les conduites des hommes fournissant aussi bien les principes qui doivent règler l’action que les principes de la connaissance ( selon Dämon Sir. De l’ incertitude )
    Deux concepts de la superstition et du conformisme philosophique…
    A propos des derniers événements survenus au < désert des tartares > afghan, ce diagnostic de Ragnar O ‘Pata :
    < l’Europoldavie : incapacité politique et incapacité d’intervention militaire, puissance naine, supplétif humanitaire, harki des U.S.A. >

Au courrier, d’ Epistémon le ‘pataphysicien à un correspondant :
< … vous me demandez quelle est la valeur d’une prescription passée en adage savoir que : « toutes les opinions sont respectables ».
Je vous répondrai que je n’entends rien à ce galimatias.

  1. Et voici pourquoi :
    -L’opinion est un mot qui signifie pour une croyance ou une prise de position allant de la simple impression à la ferme affirmation mais non soumise à l’examen critique.
    < l’opinion est le fait de tenir quelque chose pour vrai avec la conscience d’une insuffisance subjective aussi bien qu’objective de ce jugement >, affirmait jadis Kant dans sa Logique.
    La croyance s’ exprime dans des énoncés souvent grammaticalement corrects, voire sensés, mais dont la valeur de vérité est problématique puisqu’ ils ne traduisent qu’ un assentiment sans les preuves qui les autoriseraient.
    -Le < respect > quant à lui est un terme désignant un sentiment moral qui s’ applique toujours aux < personnes >.
    Ainsi quand j’exprime une opinion, je ne prétends pas imposer à mon interlocuteur de l’ accepter sans examen et encore moins qu’ il la respecte. Je lui demande au contraire de l’ évaluer et, s’il s’agit de simples sottises, de les corriger.
    On ne < respecte > donc pas une opinion. On la critique, on l’apprécie, on l’évalue.
  2. Parenthèse.
    Ce qui simultanément n’ interdit pas de < respecter > celui qui l’exprime quand bien même il serait dans l’erreur ou l’illusion…. si l’on est kantien, personnaliste ( M. Buber, E. Mounier, P. Ricoeur -tous gens à « Esprit  » et d’ Esprit ) ou disciple d’ Eric Weil.
    C’est-à-dire si l’ on accorde < sens et valeur > à l’ idée de < Personne >.
    Or, pour le ‘pataphysicien, celle ci n’est qu’ une « idée régulatrice » de la morale, une notion spéculative, < un postulat de la raison pratique >.
    Car < Personne >, ce n’est… personne, rien d’autre que la position d’ une valeur ; qu’ une fiction, une < feinte > – à reprendre le langage si précis d’ Emmanuel Peillet ( La question préalable des critères, Subsidia 1 ).
    Et le personnalisme n’ est qu’ un positivisme moral et ses propositions sont performatives.
    Fin de la parenthèse.

< Respecter une opinion >, c’ est donc confondre les genres. C’est mêler deux ordres de valeur, deux ordres axiologiques distincts : le logique et l’éthique.
Quiconque prétend imposer à autrui de < respecter toutes les opinions > devrait donc suivre le conseil de Guillaume d’Ockham : s’ en retourner à l’école pour apprendre à distinguer de quoi il parle et comment il lui faut en parler.
Quant au ‘pataphysicien, le kantisme et son expression contemporaine, le néokantisme < communicationnel > habermasien, lui apparaissent comme de pures superstitions rationalistes selon la variante protestante / libérale / sociale-démocrate.
Puisqu’ en bonne psychologie de la connaissance, démontrer n’ a jamais signifié persuader.
La logique argumentative est en effet, et habituellement, impuissante face à la logique affective. Et le dialogue – le dialogue d’experts excepté -, idéalisé tel un fétiche par la conscience idéaliste démocratique, n’ a d’ autre vertu que de… confronter les opinions. D’où la véhémence des polémiques aussi vaines qu’ interminables.

En conséquence de quoi, substituant l’esthétique à la rhétorique et le théâtre au < débat >, le ‘pataphysicien relève narquois les idéologiques multiples variées chimères qui se présentent sur son chemin -qui n’est pas celui de saint Jacques.
Et, dépourvu de la moindre < compassion >, il les évalue et il < s’ en joue > – dans les deux sens du mot.
Jamais il n’obéira à l’ injonction morale d’ après laquelle il lui faudrait < respecter les opinions >. Car cette prescription saugrenue est aussi impossible en extension que définitionnellement insensée. >
Notre ami Epistémon est en vérité un insupportable pédant…

Au fil de la lecture…

  1. Baudelaire, Critique artistique. L’art philosophique. Dilemme de l’artiste : créer une magie ou enseigner l’ homme, art édifiant…
    < … grande naïveté d’ailleurs comme chez tous les utopistes. Il suppose chez tous les hommes un égal amour de la Justice et une égale honnêteté. Honnête homme, excellent homme ! >.
    Et sur l’art philosophique, l’art intellectuel et prosélyte, sur les fournisseurs de < clefs > littéraires :
    < Bureaucrates, professeurs d’écriture… délire artificiel et boutiquier… Catalogue de produits. Carte de restaurant. Magister, didactisme en poésie et en peinture. >
  2. Tombeau de Paul Claudel. Cette épitaphe de Francis Ponge :
    < Et sans doute se croit-il une cathédrale, et porter toute la sculpterie judéo-chrétienne sur son dos. Mais ce n’est dieu merci qu’une grosse tortue, un dolmen, de beaucoup plus ancienne et païenne justification (…) Quel ambassadeur ! Comme tu nous représentes bien! Quel bon ambassadeur de la lourdeur française! (…) Requiescas in pace, chère vieille tortue ! Caro ! Cara ! Carapace ! > Prose de profundis à la gloire de Paul Claudel.
  3. De Laclos, ce jugement terrible prêté à Madame de Volanges à la fin de l’antépénultième :
    < Je vois bien dans tout cela les méchants punis, mais je n’ y trouve nulle consolation pour leur malheureuse victime. >… Jugement détourné en manière de ‘patakoan :
    -la punition des méchants assure-t-elle nécessairement la consolation de leurs victimes ?
    Il n’ y a pas de < réparation >.
  4. A destination de quelques sectaires, indiscrets correspondants de différentes obédiences, ce mot de Bérenger Premier.
    < Petite comptabilité ‘pataphysique : 1 = Un ( cf : Stirner ) -soit ; mais 1+1+1+1+… n#1 ( haine de Un ) = … 0 ! A bon entendeur… >
  1. Béatitudes. Sur les Ondes, ce propos de Robert Solé ( Le Monde ) < En Egypte on ne meurt pas de faim. Le pain est subventionné… >. On se contentera sans doute d’entretenir la pauvreté… Ajoutons que 97 % des femmes égyptiennes seraient excisées. Pour préserver la chasteté des jeunes filles et la fidélité des épouses ; sans oublier… le plaisir d’Allah.
  2. D’ Asger Jorn, réfractaire notable, ces quelques extraits d’une pensée rafraîchissante :
    < Tout art exprime et provoque une expansion. La police et les politiciens appellent cela de l’évasion, parce que c’est une action qui passe à côté de leurs contrôles. >
    < Toute tentative pour transformer le monde d’après nos désirs n’a jamais été et ne sera jamais qu’une absurdité, mais pour l’artiste et ceux qui ont l’esprit artistique, c’est la vie même < Les hommes ( vir ) sont encombrants. La démocratie moderne va se partager en ouvrières parfaitement honnêtes et laborieuses, et en mères somptueuses à l’image de Marylin Monroe >.
    Et cet éloge du « détournement » : < Les hommes ( vir ) -aventuriers, escrocs, voleurs, spéculateurs- sont généralement désavoués par la société. Moi je suis tout cela en étant artiste créateur. > ( Pour la Forme / Genèse naturelle / Fin de Copenhague. )
    Darien n’est pas loin… le ‘pataphysicien non plus.

Décembre 2001
Au courrier, de Jeanne de La Tysse:
< … A la question académique de la définition des < biens et des fins > l’ Occident a successivement répondu par la recherche : 1°) du < souverain bien >, lieu commun des écoles de l’Antiquité gréco-latine ; 2°) du < salut >, lieu commun de l’Europe médiévale chrétienne ; 3°) du < bonheur >, lieu commun de la philosophie moderne utilitariste anglo-saxonne ; 4°) de < l’émotion >, lieu commun des intellectuels de la postmodernité.
Quatre notions, quatre obsessions… et autant de conventions génératrices de bovarysmes, autant d’embrayeurs de l ‘affairement humain.
Rencontres…

Légèreté de l’être … A propos de la fiabilité des études historiques, j’ apprends qu’on se serait récemment avisé de ce que notre représentation de Louis 11 ( fourbe, dissimulé, avare, cruel…) n’aurait tenu qu’ au crédit accordé par les historiens à l’unique source dont ils auraient jusqu’ à présent disposé : savoir la chronique écrite par … son pire ennemi, l’évèque de Lisieux, Thomas Bazin…
Représentation doctement véhiculée par les officines d’ < instruction publique > avec tout le pesant et dogmatique sérieux correspondant.
Comme il se doit.
Au courrier, de Patadelphe :
< … Patakoan. Piège des niveaux de langage. Entendu sur les Ondes : < De l’ impossibilité du bonheur > …. Or le < bonheur > est une idée, n’est qu’ une idée, une forme verbale : la classe des situations qui expriment empiriquement < le parfait contentement de notre état >.
Si l’idée de < perfection > , schème de la totalité achevée qui est par ailleurs une notion théologique, peut lui être appropriée.
Mais comment une idée pourrait-elle être heureuse ? c’est attribuer à un concept la qualité qu’ il exprime…
Retour au paralogisme de l’argument ontologique dégagé par Kant : prétendre faire exister les concepts. >.
Le < bonheur >, divinité démocratique certes ; mais également… abus de langage.

Au courrier, de Jeanne de La Tysse :
< … Le philosophe recherche < la Vérité >, puis < les conditions de la vérité >, puis encore la < vérité ( origine ) de ces conditions >.
Philosophie spéculative, « transcendante  » , Platon ; philosophie transcendantale, Kant ; philosophie généalogique, Nietzsche.
Il se meut donc dans un cercle. D’où sa croix : comment en sortir ? >
Il lui reste à essayer la ‘pataphysique…
Au courrier, d ‘Epistémon :
Béatitude, sur les ondes :
De X*** ministresse poldave déléguée à la layette et au tricot, à propos de l’Arrêt Perruche relatif au dédommagement exigible par un enfant handicapé du fait de sa naissance : < Toute vie mérite d’ être vécue. >
-Trois remarques…

  1. confusion de deux concepts ; l’ un spéculatif et fort émouvant, la < vie > ; l’autre affectivement neutre mais prosaïquement positif, le < vivant >.
  2. passage abusif à l ‘universel : < toute vie >.
  3. confusion de l’existence et de la valeur, de l’ontologie et de l’axiologie : < mérite d’ être vécue >.
    -L’Arrêt a été cassé au motif que < nul n’est recevable à demander une indemnité à la société du fait de sa naissance. >
    Ainsi selon la juridiction concernée il n’ existerait pas de < droit à ne pas naître. >
    Certes. Mais peut-être y a-t-il un devoir de ne pas donner la vie…
    Sur ce point voir Samuel Butler, Erewhon.

Au courrier, d’ Aimable, étudiant en ‘patasophie :
Petit exercice de conversion… La ‘pataphysique au Concours Général :

  1. y a-t-il de l’inconnaissable ? y a-t-il du connaissable ?
  2. pourquoi parlons-nous ? pourquoi ne nous taisons-nous pas ?
  3. apprend-on à penser ? sait-on délirer ?
  4. la raison peut-elle nous servir de guide ? la raison peut-elle nous perdre ?
  5. le mal a-t-il son origine dans l’homme ? la malice est-elle la fin de l’homme ?
  6. serait-il absurde de nier la réalité du temps ? est-il sensé d‘affirmer la réalité du temps ?
    7.< J.J. Rousseau : c’est une sorte de folie d’être sage au milieu des fous >. C’est une sorte de folie d’être ‘pataphysicien au milieu des pataphysiciens.
  7. peut-on aimer la vérité sans la connaître ? peut-on être indifférent au vrai tout en le connaissant ?
  8. qu’est-ce qui nous permet de distinguer le réel de ce qui n’est pas lui ? qu ‘est-ce qui nous interdit de confondre le réel et son contraire ?
  9. y a-t-il plusieurs sortes de vérités ? y a-t-il plusieurs sortes de chimères ?
  10. autrui est-il plus facile à connaître qu’à respecter ? autrui est-il plus facile à connaître qu’à supporter?
  11. le loisir est-il un but essentiel du travail ? le travail est-il le rebut du loisir ?
  12. y a-t-il une unité sous-jacente à la diversité des langages humains ? y a-t-il une unité sous-jacente à la diversité du bavardage humain ?
  13. juger avant de comprendre, est-ce toujours négatif ? juger, après avoir compris, est-ce toujours positif ?
  14. faut-il être sceptique pour être tolérant ? faut-il être intolérant pour être sceptique ?
  15. quelle est la fonction politique de l’utopie ? quelle est la fonction utopique de la politique ?
  1. pourquoi faudrait-il vouloir la vérité ? pourquoi faudrait-il s’interdire l’illusion ?
  2. que pensez-vous du projet d’améliorer l’équipement génétique de l’humanité ? que pensez-vous du projet de limiter l’équipement génétique de l’humanité ?
  3. le problème de la connaissance se réduit-il au problème de l’information ? le problème de la connaissance se réduit-il au problème de la désinformation ?
  4. la philosophie connaît-elle sa fin ? la ‘pataphysique connaît-elle sa fin ?
  5. pourquoi la parole nous engage-t-elle ? en quoi le silence nous dégage-t-il ?
  6. peut-on être libre devant la vérité ? peut-on être enchaîné par la Vérité ?
  7. pourquoi vivons-nous le malheur comme une injustice ? pourquoi vivons-nous le malheur comme une justice ?
  8. y a-t-il une fin de la science ? y a-t-il une fin de l’ignorance ?
  9. penser par soi-même, est-ce s’isoler ? penser avec autrui, est-ce bêtifier ?
  10. existe-t-il des problèmes spécifiquement philosophiques ? existe-t-il des problèmes spécifiquement ‘pataphysiques ? >

Au courrier, de Bérenger Second :
< … Révélation. Contrairement aux allégations des rationalistes et des sceptiques, affirmons que le Père Noël… existe bel et bien! >
Effectivement. Qu’est-ce donc que ce < Père Noël > sinon l’ épiphanie première à l’usage des enfants de Sa Magnificence…
Au courrier, de Ragnar ‘O Pata :
< … Sur les ondes, confidences très médiatisées d’ un ex Scout-Enarque-Ministre-Moine-Chevalier de la Culture-Entremetteur international, etc. Le parlement poldave ne jouerait aucun rôle politique effectif ; il n’ exercerait aucun contrôle de l’administration; il ne confectionnerait pas les lois; il ne génèrerait aucune enquête parlementaire…>
Quelle révélation ! cependant qu’il existe encore des innocents pour s’enthousiasmer sur les vertus supposées de la citoyenneté, du devoir et de l’ esprit public…>

Au courier, de Jeanne de La Tysse :

<… petite suite sur une chimère pataphysique, l’inconscient. Question : l ‘< inconscient > désigne-t-il :
-ce qu’on ne veut pas dire ? non ; le refus, la mauvaise foi, la volition sont autant d’expressions de la conscience.
-ce qu’on ne peut pas dire ? non ; secret et dissimulation sont marques d’ intentions conscientes.
-ce qu’on ne sait pas dire ? non ; la maladresse est consciente de soi, de son effort, de son humiliation.
-ce qu’on ne se sait pas dire ? oui ; il s’agit alors de tout ce qui échappe à la conscience… et qui n’est pas peu !
Dans cette dernière hypothèse sont remis en question deux dogmes de la métaphysique contemporaine :
1°) le dogme linguistique qui réduit la parole à la conscience et à la volonté d’exprimer. Le langage étant déclaré par ce positivisme < outil de communication >.
2°) le dogme psychanalytique qui constitue la parole en langage crypté, le prétendu < discours du désir >.
Voir à ce sujet les vaticinations de feue l’école lacanienne.
Or selon la ‘pataphysique il y a de l’irrationnel jusques et y compris au plus intime de nous-mêmes, le métaphorique < moi profond > des substantialistes.
Et ne cessant de nous échapper à nous-mêmes, nous devenons ainsi notre propre rébus.
< Inquiétante étrangeté > ( Freud ) certes… mais d’autant plus qu’ elle est irréductible à toute herméneutique.

<… relevé ce propos mélancolique de Berthe Morisot ( la Brune aux seins nus de Manet ) rapporté par Jean Marie Rouart ( Une famille dans l’ impressionnisme ) :
< Il y a si longtemps que je n’espère plus rien, même chez les autres, que le désir de glorification après ma mort me paraît une ambition démesurée. La mienne se bornerait à vouloir fixer quelque chose de ce qui passe : oh, quelque chose, la moindre des choses. Eh bien, cette ambition là est encore démesurée. Une attitude de Julie, un sourire, une fleur, un fruit, une branche d’ arbre, et quelque fois un souvenir plus spirituel des miens, une seule de ces choses me suffirait. >
Douleur profonde, définitive qui accompagne la conscience aiguë de l’impermanence.
Comment signifier mieux que la vie, les choses et les gens, inaccessibles, se dérobent à nos prises maladroites…
D’où le problème de la signification de l’acte de peindre : fixer la sensation, ce minimum d’ éternité, voie de l’impressionnisme ; dégager l’Idée, voie du Symbolisme et de l’Idéalisme.
Solutions pourtant impossibles et vite reconnues comme telles. La pérennité n’est qu’une impasse, un mythe, une autre chimère.>
Au courrier, de Patadelphe :
< A propos d’ un débat de droit public récurrent qui oppose l’ expert et l’ élu, les < Sages > ( sic ) du Conseil constitutionnel poldave et les parlementaires, supposés représentants du < peuple souverain >.
Réflexion…. Il n’ y a pas de science du droit. La science est descriptive ; elle décrit ce qui est. Le droit est normatif. A l’ instar de la morale il définit ce qui doit être.
Or qu’ est-ce qui doit être ?… ce qui est déclaré -énoncé performatif- tel qu’ il doit faire loi… évidemment du point de vue de celui ou de ceux qui l’ affirment, c’est-à-dire de ceux qui ont le pouvoir < légitime > ainsi que la puissance, l’ autorité, de l’affirmer !
Le droit n’as donc pas de fondement – sauf à accréditer le fantasme religieux ou idéaliste du droit naturel. Il a pourtant une origine, la coutume ; une source, les goûts et les aversions de ceux qui le posent ; et enfin une caution: la force.>
Au courrier, de Bérenger Second:
< … Incomparable magicien de la couleur, Véronèse subordonnait tout aux effets chromatiques. Aux juges de l’Inquisition qui lui demandaient la raison pour laquelle il avait placé un nègre à côté du Christ dans l’une de ses compositions, il répondit qu’en cet endroit, l’harmonie des teintes exigeait une note sombre en contraste avec les tonalités voisines. Et à ceux qui critiquaient ses anachronismes, le peintre demandait que lui soit accordée cette liberté que prennent les poètes et les fous…>

Au fil de la lecture :
A propos de la misère du symbolisme comme procédé esthétique et grammaire de l’être, cet Avis au lecteur de Julien Gracq ( Au château d’ Argol ) :
< L’ explication symbolique étant -en général- un appauvrissement tellement bouffon de la part envahissante de contingent que recèle toujours la vie réelle ou imaginaire, qu’à l’exclusion de toute idée indicatrice la seule notion brute et très accessible, autour de chaque événement, de circonstances fortes et de circonstances faibles, pourra dans tous les cas, et ici en particulier, lui être substituée avantageusement. La vigueur, d’ elle-même convaincante de < ce qui est donné >, comme dit si magnifiquement la métaphysique, dans un livre comme dans la vie, devrait exclure à jamais toutes les dérobades de la niaise fantasmagorie symbolique et nous inciter, une fois pour toutes, à un acte décisif de purification. >
A rapprocher de Magritte.
Contingence, in/a/signifiance du monde, hasard objectif… trois catégories par quoi mesurer l’ inintelligibilité de l’être et de tout être en particulier.
Et dans Un beau ténébreux :
< … Je suis un homme pour qui le mythe n’a pas de sens. Je n’arrive pas à concevoir comment on peut se nourrir de cette incroyable duperie -comment le besoin de révélation qui travaille l’homme pourrait se satisfaire à moins de voir, de toucher… >
Cet éloge, enfin, de la < perversion > :
< … La nature est perverse ! L’ homme est pervers ! Heureusement. C’est ainsi que les choses se font. C’est ainsi que se font les rencontres, et toute chance, toute nouveauté vient de là. Comment les choses, les êtres se croiseraient-ils, se féconderaient-ils sans les pervertir, sans les faire obliquer sur leurs routes sans embûches, sans nouveauté. Que ce soit là une tâche diabolique, accordé du reste. Le diable, c’est toujours l’oblique. >
Lucifer ou à le mieux dire encore… le clinamen ( E.P.)

janvier 2002
Bric-à-brac ‘pataphysique:

  1. du Journal de Léautaud, cette réflexion : < Il n’est pas de moments plus agréables, l’adjectif est même insuffisant, il faudrait écrire délice, profonde jouissance d’esprit, que de rêver à soi, à sa vie. J’ai savouré cela toute ma vie > 24.04.1943.
    Puis ce dialogue avec Valéry : < -C’est du reste bien simple, je ne peux plus lire de roman… -Moi, pareil. Au reste, je n’ai jamais aimé que la littérature critique, la littérature d’examen. > 08.04.1943.
    Et enfin cette tirade à propos du devoir : < … Le devoir est une chose triste, laide, inventée pour abêtir et duper les hommes. Rien que le mot est disgracieux. Il éveille la crainte, l’ennui. Il n’ y a que les sots pour le prendre au sérieux. Regardez le visage niais d’un homme qui se félicite d’avoir fait son devoir. Voyez comme sont peu aimables les femmes qui n’ont jamais oublié leur devoir. Rappelez-vous toutes les phrases hypocrites et creuses avec lesquelles on célèbre le devoir. Il en est du devoir comme de la vertu, chose et mot : c’est haïssable. >
    A ce propos, et en manière d’ illustration, cette charmante métaphore érotico-poétique :
    < remplir… ses devoirs conjugaux >.
  2. De Ragnar O ‘Pata :
    < Avis à la jeunesse. Ne dites plus  » Commissaires du peuple « , dites :  » Pédagogues « .>
  3. Petite devinette impertinente : qu’est-ce qui rapproche Ronsard, Rousseau et Céline ?
    Réponse : le goût des fraises à la crème…

Au courrier, d’ Aimable, étudiant en ‘pataphysique :
Pour vous distraire, ces quelques mots-valises cueillis au vent des associations libres…
< -déduicace : hommage érotique. -logarithmes vénériens : échelle d’Aphrodite. -oxymort : antiparadoxe. -sotveur : idiot de village intellectuel. -omnipotence : bois de justice en majesté. -jeune fille au Père : nonne. -inséminarisation : transfusion spirituelle. -cahot déterministe : ubunivers. -insignifiente : déchet du Sens. -huttopie : berceau des rêves. >

Au courrier, de Bérenger Second :
< A l’instar de la gidouille du père Ubu, puits sans fond à la dimension des univers connus et inconnus, la figure du Crocodile hante la conscience du ‘pataphysicien. Monstre du chaos primitif, Léviathan des délires, Cosmophore ou porteur du monde des chimères, maître des eaux et des visions primordiales, le crocodile dont la voracité est celle de la nuit dévorant chaque soir le soleil des idéologies présente d’une culture l’autre la chaîne symbolique des forces maîtresses de leur mort et de leur renaissance. Symbole de duplicité et d’hypocrisie, amorale, intrinsèquement perverse, l’oeillade fluorescente du saurien n’est pas sans rappeller l’éclat d’émeraude de la luciférienne lumière. Monture du mantra Vam, semence verbale de l’eau, il est l’ authentique Seigneur des Eaux, du ruissellement des paroles. De surcroît et à la façon du légendaire de Kron Pâli, semblable au Seth égyptien et auTyphon grec, il règne sur le monde infernal de la sophistique et des disputes. Si selon la mythologie aztèque la terre des fables est née d’un crocodile vivant dans la mer originelle, l’imaginaire ‘pataphysique lui fait vomir continûment le déluge des idées dans la suite des temps. Et à la différence de la mythologie égyptienne il est le Dévorateur qui engloutit les âmes en quête de justification. En outre, à l’ instar de la mythologie Maya, associé au Grand Jaguar, il veille dans le Labyrinthe, à la croisée des chemins de l’intempérante dialectique. Démon de la méchanceté à la mâchoire gigantesque, symbole de la nature vicieuse, aussi cruel que fécond, inépuisable, il apparaît enfin comme le grand initiateur.>
Curieuse symétrie historique : L’ Enquête d’ un Hérodote comme interdit à la rencontre de Crocodilopolis et les béatitudes d’ un Lutembi aussi muet qu’ à distance des langages et des rhinocéros de son temps…
 

Au courrier, de Patadelphe :
< … A propos de l’ injonction selon laquelle il conviendrait de  » suivre l’actualité « … à la manière d’un authentique devoir politique…

  1. Notons les deux acceptions du terme : événement, nouvelle, d’après le sens habituel des ; puis le sens philosophique qui renvoie à l’appareil conceptuel de l’ontologie aristotélicienne répondant elle même à la question métaphysique de la nature du mouvement.
    Comment penser le devenir des choses, notamment celui des êtres vivants ? Réponse du Stagyrite : par l’ actualisation de la puissance, par le passage de la puissance à l’acte.
    Schéma dynamique et continuiste repris par Leibniz et par Bergson.
  2. Cela dit, on peut distinguer plusieurs attitudes caractéristiques:
    -l’indifférence. Elle exprime tout aussi bien l’état d’abrutissement mental du non émotif-non actif-secondaire que le refus résigné du misanthrope déterminé à fuir les turpitudes humaines à la manière des adeptes du monachisme ou de l’existence érémétique.
    -la curiosité qui se divertit à la diversité anecdotique des événements sans qu’aucun ne retienne une particulière attention. Figure post-moderne du Zappeur qui passe sans états d’âme et sans transition du jeu télévisé à la cyberrelation d’un lointain cataclysme naturel ou politique. Frivolité du premier type.
    -la nervosité inquiète et tendue du croyant, de l’homme de foi ou de l’intellectuel à principe qui déchiffre selon le schéma aristotélicien et au moyen de sa grille interprétative la succession des actualités afin de déceler < l’actualisation de la puissance >, c’est-à-dire le progrès et la justification de sa vision.
    -l’activisme de celui ou de celle qui -semblable en ceci à la Raison selon Kant, < prend les devants > et qui,- au lieu de subir l’actualité, c’est à dire les initiatives et diverses marottes de ses contemporains-, affirme son propre esprit d’entreprise.
    Artiste, conquérant, mégalomane, chevalier d’industrie, sportif, criminel ou simple malade avide de notoriété…
    -l’ exotique et aimable détachement du sage taoïste.
    -le quiétisme du ‘pataphysicien enfin, assuré des levées des béatitudes de son temps. Modeste gain et frivolité du deuxième type. >
    A chacun sa manière, donc…

Au courrier, de Ragnar O ‘Pata :
< … Le manichéisme texan de l’Empire a récemment secrété l’ inédit slogan géopolitique d’ < axe du mal >…
Il est cocasse de rapprocher cette métaphore simpliste, aux accents apocalyptiques, des décisions unilatérales qui l’accompagnent et la contredisent : refus de signer le protocole de Kyoto sur les effets de serre, le traité sur les mines antipersonnelles, celui sur la Cour internationale pénale, le protocole sur les armes biologiques, le traité interdisant les armes nucléaires…
Prétendre sans rire à < gérer le monde > et s’exalter à mener une < guerre juste > conforte l’image d’une hyperpuissance bienveillante, responsable et moralement irréprochable.
Grisé, < le chiot qui fait semblant de ne pas redouter le tigre >, selon l’ ironique raccourci rhétorique de l’actuel Premier ministre chinois, ne mesure manifestement plus la portée de ses jappements.
Quant au fameux < droit d’ingérence > cher à nos médiatiques < humanitaires >, il ne sera donc jamais si bien appliqué que par les tartufes  » initiés » aux arcanes du Bohémian Club et des Skull and Bones.
Esprit de Yale, quand tu nous tiens…
Au courrier, de Patadelphe :
< Béatitudes… A propos D’ un homme d’exception, ennuyeuse production hollywoodienne, cette envolée d’un critique : < Un homme d’exception est un film typiquement américain… parce qu’il illustre avec une puissante ingénuité cette foi dynamique dans la vie qui est le fonds de l’âme américaine. C’est l’esprit des contes, la conviction qu’on peut trouver son accomplissement au-delà des plus cruelles épreuves, si l’on est porté par un élan infini… >.
L’esprit des contes… Donc : autant en emportent le vent et les litanies de la mauvaise foi…
A rapprocher des analyses de William James sur l’ expérience religieuse : < la foi c’est ce qui aide à vivre >. Et quel que soit son contenu, aussi saugrenu soit-il…

Au courrier, de Ragnar O ‘Pata :
< … Quand le professeur lève le masque… Il est rare que les démocrates et les apôtres des « éternels principes  » dévoilent le véritable motif d’une idéologie volontiers drapée dans le verbiage et la langue de bois édifiante. Oliver Blanchard, professeur au M.I.T, lève le tabou dans une communication adressée à un quotidien du matin. Après avoir rappelé les différents épisodes de la mise en coupe réglée par les « oligarques » des ressources de la Russie avec les conséquences que l’on sait pour les populations, il remarque qu’à la fin des années 1990 dans la Russie libérée des soviets… il n’ y avait plus grand chose à voler !… En conséquence de quoi, pour continuer à produire, à vendre et à faire des profits il y avait alors nécessité… d’ un < Etat de droit > !…
Les affaires commandent… même aux mafieux; elles ont leurs exigences. Il faut en effet être assuré que les profits ne seront pas expropriés, que les débiteurs paieront ; il faut pouvoir attirer les investisseurs, les convaincre que leur argent est en sécurité…
Telle est donc la véritable origine d’ une mystification idéologique, l’ < Etat de droit >, ainsi que Marx l’avait d’ailleurs jadis souligné…>
A destination de la belle âme…

Au courrier, de Jeanne de La Tysse :
<… A propos de quelques uns des derniers événements… lu dans la presse sous la plume de Michel Maffesoli : < l’avènement du tragique >.
Titre accrocheur… des évidences, par exemple que le vrai n’est pas le bien ni le beau ; avec la caution de Baudelaire, de Nietzsche et de Max Weber… Un conseil, qu’ il ne faudrait pas < se voiler la face devant le retour du barbare > ; un constat, celui de la contradiction entre les principes -qui règleraient, paraît-il, les sociétés démocratiques par le contrat-, et toute une classe de turbulences -rebellions juvéniles, désaffection du politique, terrorismes, croyances archaïques, fanatismes de tous bords… qui < laissent pantoises toutes les bonnes intentions du moralisme ambiant >.
< Phénomènes qui, selon le sociologue, sont l’ expression, plus ou moins perverse d’une vitalité retrouvée. >.
Ce qui est incontestable. Mais ce à quoi il ajoute: < C’ est cet impensable qu’il nous faut penser > …
Tâche fort paradoxale et indéfinie, on en conviendra…
C’est qu’ il n’y a pas à proprement parler de < retour du tragique > ou plutôt du dramatique. La conscience dramatique de l’existence et le tragique qui lui est lié – à utiliser ces catégories esthétiques-, sont tout autant consubstantiels à l’expérience humaine, comme l’avaient par exemple montré en leur temps un certain Homère, quelques classiques grecs et un célèbre auteur élisabéthain….
Et s’il est vrai que < l’analyse en termes de contrat social et de citoyenneté, d’idéal démocratique est totalement impuissante à expliquer les irruptions des passions et autres émotions tribales >, c’est sans doute et plus profondément que l’idéologie, la philosophie, la morale et le droit seront par nature impuissants à comprendre… l’ incompréhensible désordre des comportements tant individuels que collectifs et à imposer leurs chimères iréniques à une humanité vouée au chaos habituel des événements et des choses.

Au courrier, de Bérenger Premier :
< … Vouloir séparer les deux domaines ( le politique et le religieux ) me semble être la grande illusion du libéralisme, et même d’un certain socialisme matérialiste qui a fini d’ailleurs par engendrer la société la plus théocratique qui soit: l’ Union soviétique >, écrit Régis Debray dans son dernier ouvrage, Dieu, un itinéraire.
Le < besoin de verticalité > serait décidément irréductible et sa satisfaction nécessaire à la religion civile, au  » vivre ensemble ». Pour cela il conviendrait… d’enseigner l’histoire des religions dans les établissements d’enseignement public.
La bonne nouvelle…
Ainsi selon les certitudes du philosophe la politique ne saurait se passer de la référence à la transcendance…
Peut-être. Mais l’ idée ne s’est pas présentée qu’on puisse prétendre se passer du fétichisme de l’autre et de l’idolâtrie du … < vivre ensemble >, c’ est-à-dire de ce qui constitue selon l’étymologie l’essence de l’expérience religieuse.
Quant à < dieu >, ce mot dont la richesse connotative de signifié est en raison inverse de sa misère référentielle…
Décidément tous ces anciens « révolutionnaires » ( sic ) sont de pieuses gens…
De la ‘pataphysique ou de la grâce, il faudra choisir.

Au courrier, de Jeanne de La Tysse :
A propos de la mythologie caritative des < O.N.G.> relayée démagogiquement par la machine à gloire, cette machiavélienne et roborative mise au point :
< 1. O.N.G. = -alibi des gouvernements nationaux. Politique parallèle justifiant les interventions les plus intéressées dans le contexte idéologique référentiel du < droit d’ ingérence >.
-faux nez des services spéciaux.
-pour la grande majorité d’entre-elles subventionnées par les Etats.
-activité parfois fort lucrative.
-leviers de la propagande idéologique et confessionnelle. Par exemple: la construction d’un puits assortie de l’édification de trois édicules religieux…
-expression internationale de l’attitude si ambiguë du < bénévolat >.

Car qu’est-ce qu’un < bénévole > ?…
2. A ce sujet, dans ses Mauvaises pensées d’un travailleur social, Jean Marie Geng posait jadis des questions bien dérangeantes, les bonnes questions ; dans le sillage du Nietzsche de La Généalogie de la morale :
< … Mais d’abord s’arrêter sur la structure subjective de l’activiste en altruisme. Le bénévole n’est jamais frivole : il veut le bien d’autrui, il fait ça pour rien. Deux idées suspectes… … Comment les bénévoles se paient-il ? Au détriment de qui ? Même si le bénéfice n’est pas monétaire, les gens ( qui, au lieu de vendre leur force de travail, donnent contre remboursement affectif ou fantasmatique leur force morale ) se payent toujours d’une façon ou d’une autre. C’est de bon coeur, désintéressé: je vous aime, je vous veux du bien. Oui, mais d’abord prenez-moi. Parce qu’enfin il faut une victime, un usager, un nécessiteux au cadeau empoisonné du bénévole. Et c’est un don liant, puissamment contraignant, puisque le donateur, contrairement au professionnel, peut se prévaloir du sacrifice de son intérêt personnel. .. le bénévolat est une façon astucieuse d’assurer la demande d’amour… >
En somme, à tous les exploiteurs, prêtres, pasteurs, pédagogues, fonctionnaires de l’altruisme, à tous les vampires des corps souffrants on peut dire: gardez par devers vous votre force oblative…

Au courrier, de Patadelphe :
< … la science est plus que la science. Elle se veut Vérité et Chemin de Connaissance. Elle se veut Voie. Elle se pense comme l’unique et définitive sotériologie qui a terrassé toutes ses rivales. Elle prétend… fonder la morale. Il n’est pas éloigné le temps où, pense-t-elle, elle assurera la politique rationnelle de l’humanité.
Vieux fantasme des Loges d’obédience comtienne.
Et pour ce faire il faudra notamment traquer les duplices, les hypocrites, démasquer les fabulateurs, les affabulateurs, les menteurs et leurs mensonges, mettre au point un détecteur apte à les saisir au plus près du cerveau dès qu’ils seront proférés et notamment à leur source physiologique, au niveau, semble-t-il, du lobe frontal.

Ouvrant cette perspective lumineuse, Daniel Langleben, psychiatre à l’université de Pennsylvanie, a ainsi utilisé l’IRM afin de traquer la < duperie > dans les circonvolutions des cerveaux de 23 sujets.
Il paraît que certaines parties de leur lobe frontal, le gyrus cingulaire antérieur et le gyrus frontal supérieur se sont révélées actives au moment où ceux-ci formulaient des < contre-vérités > lors d’une batterie de tests expérimentaux significatifs.
Selon ce professeur, l’expression de la vérité correspondrait à < l’ état basique > du cerveau tandis que le mensonge ne serait qu’ < un état dérivé >.
Indépendamment du postulat métaphysique indémontré de l’isomorphisme entre l’activité neurologique et le contenu psychologique ( qui nous ramène à la vieille hypothèse du parallèlisme psychophysiologique déjà critiquée par Bergson et à l’association plus que problématique de l’aire et de la fonction ), on remarquera le postulat moral qui tient lieu de fondement théorique à notre vaillant < chercheur > : la dévalorisation du mensonge d’après la dévote injonction d’un Décalogue élémentaire :
< Tu ne mentiras pas >…

On se doutait bien que la simplicité allait de pair avec la véracité… La science nous en aurait désormais administré la preuve. Et le diable, ce serait effectivement la mauvaise pente  » des chemins de traverse »…
Mais rassurons-nous. Le fonctionnement de < l’esprit > ( sic ) et de ses secrets n’ est pas encore décrypté.
Cependant que pour sa gouverne le ‘pataphysicien méditera discrètement ces quelques lignes véritablement prémonitoires attribuées par le légendaire et la tradition au bienheureux < Julien Torma > :
< … Après avoir été la machine infernale de la révolte et du doute, la science va devenir, est déjà, un implacable instrument de police. On le voit au ton de tous ces scienticoles : ils seront pires que les inquisiteurs et l’obscurantisme religieux aura été un eden auprès de l’obscurantisme scientifique. Le vieux scientisme naïf et optimiste, peu dangereux à cause de sa bêtise, ne ressemblait en rien à ce nouveau dogmatisme qui se croit appelé à légiférer sur tout, société, moeurs, art, pensée ( quand on s’ imagine posséder la vérité ), qui censure déjà par l’ Index de ses mépris, et qui bientôt utilisera le bras séculier après l’avoir pourvu de moyens efficaces. >

Au courrier, de Bérenger Second :
< Découvert cet intéressant fait divers dans le Los Angeles Times… En novembre 2001, John Ashcroft, ci-devant pentecôtiste, grand sectateur de la Bible, et accessoirement ministre de la Justice ( sic ) des Etats-Unis d’Amérique, a envoyé 30 agents fédéraux prendre d’assaut et fermer le Los Angeles Cannabis Resource Center, un centre anti-douleur où 960 malades sont inscrits avec l’accord d’un médecin et avec la coopération de la police du Comté. Quelques jours plus tard, le même Ashcroft annonçait qu’il déléguait des enquêteurs pour faire cesser les activités des médecins de l’Oregon qui aident les patients à mourir lorsqu’ils parviennent en phase terminale.>
Le brave homme…

Bric-à-brac ‘pataphysique.
-Du < travail > : cosmologie, chorégraphie, Opus Dei…
Relevé sur les Ondes à propos des nouvelles orientations de la danse contemporaine ces expressions-slogans : < culture du corps >, < travail sur le corps >, < construire le corps >…
A rapprocher de cette métaphore si caractéristique de la métaphysique et de l’anthropologie travailliste libérale/social-démocrate : < l’ atelier des étoiles >.
Faire < travailler > les étoiles… et les danseurs étoiles…
Dans une veine identique cette profession de foi ou ce mot d’ordre d’ Escriva de Balaguer, fondateur de l’ Opus Dei, dont le pape a proclamé la date de la prochaine canonisation :
< la sanctification par le travail >.
< L ‘ Opus nous aide à cheminer vers Dieu, minaudent deux adeptes. Sans l’oeuvre et la discipline qu’ elle impose -mais en nous engageant, nous l’avons acceptée-, nous nous serions mille fois perdus >.
Qui a dit : < l’ homme aime la liberté et le travail n’ est qu’ aliénation >…
Au courrier, de Ragnar O ‘Pata :
< -voici le dernier concept du néo-travaillisme catholique européocentriste… L ‘ < U.R.V. >… L’ utopie à réalisation vérifiable ( sic ) …
-Quel est ou plutôt quels sont les auteurs de cette merveilleuse autant qu’ inédite pataphysique trouvaille ?
Michel Albert, Jean Boissonnat, et Michel Camdessus, trois hommes ayant exercé, comme on dit, des < responsabilités > importantes dans la vie civile.
Sont ainsi convoqués d’ après les fonctions respectivement et successivement assumées : l’Enarchie, les Assurances, le Plan, le Conseil de la politique monétaire de la Banque de France, la Direction du Trésor, et enfin le fameux Fonds monétaire international.
Ce qui n’est pas rien…
-Quel est le contenu de la nouvelle Vulgate ( Notre foi dans ce siècle )?
Bons sentiments, sens du devoir, nécessité de la mise en exploitation du monde pour obtenir son < salut >, < notre salut > et… celui d’ autrui ; confusion de l’ économique, du politique et du théologique < ad majorem gloriam dei >, d’ après la devise accrochée au frontispice de toutes les jésuitières du bienheureux Ignace… sous le patronage idéologique des < maîtres > théologiens personnalistes Emmanuel Mounier, Jacques Maritain et enfin … du Père Teilhard de Chardin, cocasse antiquité qu’on pensait pourtant et depuis longtemps reléguée dans les enfers du répertoire des défuntes idéologies.
Utopie débarrassée, cela va de soi, des déplaisantes scories du < totalitarisme > et réorientée vers un sain < pragmatisme réformiste et social >…

Et qui propose, entre autres, un…< diaconat > ( sic ) à l’ usage des dames…
Ce qui, je n’en doute pas, comblera d’aise notre Régente et ses consoeurs…
Bref, des propositions stimulantes pour < les défis > de la construction europoldave et de la < gouvernance > mondiale, sous les auspices de l’ Esprit-Saint et le regard bienveillant du petit Jésus…
 < Quand la croyance religieuse anime les décideurs économiques >…

Au courrier, de Bérenger Premier :
< Horreur économique et mensonge travailliste. … A l’ écart des évidences propres aux < experts >, aux < milieux autorisés >, aux certitudes arrogantes des < Nobels > et autres rhinocéros du bovarysme patéconomique, ces quelques furtives perplexités :
-l’ < entreprise >, la < croissance >, sont-elles destinées à créer des emplois ?
-y a-t-il une < juste rémunération > ?
-la < concurrence > ne mène-t-elle pas nécessairement au < monopole >?
-le < libéralisme > ne susciterait-t-il pas le < protectionnisme > ?
-la < collaboration > est-elle autre chose que le petit nom de gentillesse de l’ archaïque < exploitation > ?…
-que signifient ces expressions : < entreprise citoyenne>, < Etat-providence >, < Pensée économique > ?
-le < malheur social > est-il une < punition > ?
-les gouvernements sont-ils réellement < souverains >, libérés de toute tutelle ou asservis à l’ utopie < capitaliste > et aux < institutions internationales > qui la servent ?

< utile > ne signifierait-il pas <rentable>, <employable>, <exploitable > ?
-le < travail >, devenu < emploi > n’est-il pas un mythe ?
-la concurrence, le libre-échange sont-ils les normes supérieures de la  » société  » ou les activités économiques et financières sont-elles les moyens pour la < coopération entre les peuples >, la solidarité, la satisfaction des besoins, le développement de la démocratie et l’extension des droits ?
-et enfin : < pensée unique >. Quelle « pensée » ( vision ) ne l’ est pas ?

-De Léautaud ( 21.05.43): < Un artiste, un écrivain, n’a pas à s’occuper d’ être bon. Il écrit selon sa nature, selon qu’il voit ou qu’il pense. >
A retenir ; quand bien même l’assertion reposerait sur une esthétique naturaliste toute opposée à l’artificialisme concerté du ‘pataphysicien.
Et à mettre en regard de ces deux béatitudes de Costa-Gavras, -contemporain et très médiatique metteur en scène de spectacles démonstratifs, didactiques et édifiants-, à propos de sa toute dernière production, Amen :
< La fonction de l’ art… est de provoquer continuellement le scandale pour créer le débat.>
Créer pour débattre… Le poétique subordonné à la vision édifiante…

< L’ avantage avec l’ Histoire, c’est que les faits sont indéniables tandis que les événements actuels sont toujours susceptibles d’interprétations. >
Idolâtrie de l’ < Histoire >. Réalisme et fétichisme du < fait > ; dogmatisme ; confusion de la logique et du réel… Propos caractéristiques d’ une épistémologie positiviste assez poussiéreuse et qui ne laisse pas de surprendre -venant d’ un cinéaste militant à vocation… progressiste.
Au courrier, cette devinette d’Aimable :
< Savez-vous ce qui rapproche la Chine, l’Arabie saoudite, l’Iran et les Etats-Unis d’Amérique ?… Ces grandes nations vertueuses, porteuses de visions universalistes, concentrent à elles seules 90% des exécutions capitales dans le monde. >
La < mondialisation > ou la nouvelle < colonie pénitentiaire > (Voir Kafka)

Au courrier, de Patadelphe :
< … On attribue à Donneau de Visé ou, plus récemment, à La Mothe Le Vayer, libertin et ami intime de Molière la Lettre sur la comédie de l’Imposteur ( Tartuffe ) parue en 1667 quelques mois après l’unique représentation de la deuxième version de la pièce. Centrée sur la notion de ridicule, elle rencontre la réflexion du ‘pataphysicien relative à la comédie et plus généralement à la signification du rire : -Du côté de l’objet -propos, attitude, conduite, situation…-, le ridicule est expression d’une carence ontologique qui heurte la < raison >.
-Du côté du sujet il est -comme transgression des normes et des conventions sociales- occasion pour < l’honnête homme > d’un scandale moral à l’égard de tout ce qui heurte le < bon goût >.
-D’un point de vue… cosmologique, il apparaît comme < la forme extérieure et sensible que la providence de la nature a attaché à tout ce qui est déraisonnable pour nous en faire apercevoir et nous obliger à le fuir. >
-Et au regard du dramaturge enfin, le ridicule est occasion à divertir tout en instruisant, deux finalités de la comédie selon Molière.
Castigat ridendo mores…
< Quoique la nature nous ait fait naître capables de connaître la raison pour la suivre, pourtant jugeant bien que si elle n’y attachait quelque marque sensible, qui nous rendît cette connaissance facile, notre faiblesse et notre paresse nous priveraient de l’effet d’un si rare avantage, elle a voulu donner à cette raison quelque sorte de forme extérieure et de dehors reconnaissable. Cette forme est en général quelque motif de joie, et de quelque matière de plaisir que notre âme trouve dans tout objet moral. Or ce plaisir, quand il vient des choses raisonnables, n’et autre que cette complaisance délicieuse qui est excitée dans notre esprit par la connaissance de la vérité et de la vertu ; et quand il vient de la vue et de l’ignorance et de l’erreur, c’est-à-dire de ce qui manque de raison, c’est proprement le sentiment par lequel nous jugeons quelque chose ridicule. Or comme la raison produit dans l’âme une joie mêlée d’estime, le ridicule y produit une joie mêlée de mépris ; parce que toute connaissance qui arrive à l’âme produit nécessairement dans l’entendement un sentiment d’estime ou de mépris comme dans la volonté un mouvement d’amour ou de haine. >
Deux objectifs à bien distinguer du (sous)rire ‘pataphysique.
La ‘pataphysique ou… la « révélation » du rire…

Au courrier, de Ragnar O ‘Pata :
< … cette caractérisation par Roberto Calasso ( Les noces de Cadmos et Harmonie ) du sentiment de la vie, de la conception de l’existence, de l’ univers mental de l’Iliade, le monde d’Homère : … La justification esthétique de l’existence ne fut pas inventée par le jeune Nietzsche, mais c’est avec lui qu’elle trouva son nom. Auparavant, elle avait été la condition muette et nécessaire de la vie grecque gouvernée par les Olympiens. La perfection de l’apparence était indissolublement reliée à une acceptation de la vie sans rachat, sans salut, sans attente d’une répétition, circonscrite par l’émerveillement précaire de sa manifestation… C’est uniquement parce que la vie est irréparable et irrépétable que la gloire de l’apparence peut parvenir à une telle intensité. Il n’y a pas ici un sens, une trace, un renvoi à quelque chose d’autre, comme la tyrannie platonicienne parviendra à l’imposer par la suite.. Ici l’apparence est le tout, l’intégrité même de quelque chose qui subsiste seulement dans sa brève manifestation… >
A mettre en regard du monde de la Bible…


Au courrier, de Patadelphe :
<… une distinction utile au ‘pataphysicien : < supercherie > et <mystification>.
-La supercherie : terme de morale, < tromperie commise avec finesse >, selon Littré ; puis, en conséquence, notion juridique qui désigne un certain type de comportement ayant valeur d’infraction et qui, en regard de la loi, mériterait de ce fait sanction.
La supercherie est intéressée; elle est assez généralement lucrative.
-Mystifier, c’est abuser de la crédulité de quelqu’ un pour s’ amuser à ses dépens. C’ est donc se jouer de…
Il s’agit d’une activité ludique, d’un divertissement, d’un jeu de société qui peut être poussé fort loin.
La mystification littéraire quant à elle, est une conduite assez banale. Elle s’amuse à berner le public ou le lectorat au moyen d’un panel de procédés de camouflage, de fausses pistes, de pièges et de chausse-trapes, parmi lesquels le pseudonyme est le plus apparent. Divertissement convenu qui possède ses règles et qui, en fait, ne trompe personne, excepté les indécrottables nigauds en quête de révélation et d’initiation.
Mais qui peut paradoxalement, par l’ effet boomerang de la psychologie du faux et de la croyance, affecter aussi bien son auteur que ses destinataires.
Ainsi que l’ont naguère magistralement montré Claude Lévi-Strauss ( Anthropologie structurale, Récit de Quésalid le sorcier ) et Umberto Eco ( Le pendule de Foucault ).
En fait il n’ est que deux sortes d’ auteurs : ceux qui mystifient sans le savoir, les naïfs, les sincères, les < authentiques >, dupes de < leurs > sentiments et de leur bovarysme, et ceux qui mystifient en toute connaissance de cause.
Et parmi ceux-ci, les ‘pataphysiciens.

Bien qu’ à proprement parler le ‘pataphysicien ne cherche pas à tromper, à abuser ; il se contente benoîtement de renchérir sur la mystification -faisant ainsi de nécessité vertu.
Car nul ne saurait prétendre lui échapper. >
De la démystification à la surmystification…
A ce propos, à la question d’un journaliste qui lui demandait s’il avait une devise, cette récente réponse de Matta, 91 ans et survivant de < l’ aventure surréaliste > comme on traverse < l’ aventure ‘pataphysique > :
< même si c’est vrai, c’est faux >…

Une année du Journal d’ un ‘pataphysicien ( clôture )
10.03.2002

 vers Journal d’un pataphysicien1