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vers carnets d’une pataphysicienne-1

Geste des opinions du docteur Lothaire Liogieri
 

CARNETS D’UNE ‘PATAPHYSICIENNE-2
( 2002/2003 Extraits ) 

< Je suis partout… >
La Sibylle pataphysique, Eclats

Pierre Klossowski, l’effraction du tabernacle par Roberte
TABLE :
 90. Fables de La Fontaine et catastrophe (1) universelle.. 91. De l’harmonie et de la ‘pataphysique.. 92. < Vacarme… >. 93. Pataphysique du terme. 94. Un mot de Rivarol. 95. Idiot. Idiologie. Idiosyncrasie. Idiotie de la ‘pataphysicienne. 96. Les habits neufs du démocrate nouveau . 97. Utopia… 98. < Il y a >. 99. < Développement durable >, illusion permanente. 100. Blasphème : le tabernacle de Lesbos. 101. De la lecture. 102. Voltaire, Houellebecq : < Sottises et bénédictions >… Note sur la prédication religieuse. 104. Nietzsche : des martyrs, du Martyre. 105. Paul Léautaud : sur l’éducation, ses limites, et le réfractaire. 106. Rêve et verbalisme psychanalytique. 107. Catastrophe 2 et disparition de René Thom. 108. Enfantillages… 109. Pour fêter le 11 Novembre… 110. ‘Pataphysique sans haine et sans Zen. 111. Gidouille de Luc Ferry, penseur public… 112. Simplicité. 113. En contrepoint : deux aphorismes de Francis Picabia. 114. Raisons et vésanie… 115. Monogamie : question… 116. Un jugement de Cicéron. 117. UNivers, univer, univerre… 118. Dieu schizophrène… 119. De l’âme ou glissement progressif du plaisir sémantique. 120. Divers jugements sur quelques ouvrages des ‘pataphysicien(ne)s… 121. Pwasie ininterrompue et autres joyeux devis. 122. Autisme littéraire, schizophrénie et solipsisme ( Antonin Artaud, Michel Leiris ). 123. La Rochefoucauld : de l’air et des manières… 124. Sortir du monde, penser le monde. 125. Sur l’art… perplexités. 126. Kant, l’enfant, l’éducation et le travail. 127. Flot et jusant. 128. Une scandaleuse confidence. 129. De l’amour. 130. Sur la littérature, un jugement de Homais. 131. Le mot et la chose. Contribution à la querelle du réalisme et du nominalisme. (Abbé de Lattaignant. Chanoine de Reims). 132. Polluons, polluons… 133. < S’ ouvrir à l’Autre > ou Blasphémons Autrui… 134. Précision. 135. Réminiscences de Bunuel : religion de l’Amour, religion de la haine. 135. bis. Solutions imaginaires. 136. De Buenos Aires. 137. Petite ‘pataphysique de l’Histoire. 138. Au clichai, clichés… 139. Maupassant : éloge de la caresse. 140. Etymologie. 141. Maître Jacques et les écrouelles. 142. Réfractaire. 143. Iraq : que la fête commence ! 144. Alternative pataphysique. 145. Eloge de l’emprunt. 146. Gnose/glose, ‘Patagramme… 147. Histoire presque vraie. 148. Deux réflexions. 149. De Hume, de la croyance et d’un hippogriffe conceptuel… 150. Comment les dinosaures ont appris a volé… 151. < Crime contre l’espèce humaine >. 152. Preuves de l’existence de dieu. 153. Sagesse de Remy de Gourmont. 154. Baudelaire : Chacun Sa Chimère. 155. Lexique de la niaiserie. 156. Amour noir. 157. De la Jalousie politique, du secret et de la Raison d’Etat. 158. Maurice Blanchot et la ‘pataphysique. 159. Arthur Machen et l’ innommable : Lilith, reine des < démons >. 160. < Roman réaliste >, paradoxe ‘pataphysique. 161. Relations internationales ou le Diplomate, le Soldat et… le Père Ubu. 162. < Journée des femmes > et Marguerite de Navarre.
( Clôture15.03.2003 )

JEANNE DE LA TYSSE, CARNETS (EXTRAITS)

< Je ne fis autre chose que rouler ça et là dans le monde, tâchant d’y être spectateur plutôt qu’acteur en toutes les comédies qui s’ y jouent. >
Descartes, Discours de la méthode, Troisième partie.

< La philosophie est un jouet et la ‘pataphysique un passe-temps. >
Pervenche d’Arcis, La démesure de Sandomir.


Fables de La Fontaine et catastrophe universelle.
Note de lecture.
Giraudoux, Les cinq tentations de La Fontaine.
< … la première chose … que La Fontaine ait faite en touchant la fable, a été de la trahir. La morale laïque consiste à prétendre que la justice règne en ce monde du fait de l’excellence des institutions ; la morale religieuse, que la justice règne du fait de la surveillance divine. Or chaque fable de La Fontaine est un déni de ces deux vérités. Ouvrez le recueil au hasard, il ne vous apprendra qu’une chose, il ne mettra en relief qu’une vérité : l’injustice règne dans le monde du fait de la méchanceté et de l’inégalité des hommes, aussi bien que du fait de l’indifférence divine. Aucune des théories destinées à faire une part un peu avantageuse à l’homme sur cette terre n’est admise par La Fontaine. L’ homme n’est pas naturellement parfait comme dira Rousseau : il est avide, fourbe, méchant. La civilisation, comme dira Voltaire ne l’a pas amélioré, au contraire. Il se tue et se massacre plus d’êtres dans La Fontaine que dans la tragédie toute entière ; tout y meurt : fils de roi, dormeurs étendus dans les jardins, agneaux buvant, et ils n’y meurent pas toujours, comme on meurt dans les tragédies, par une main hostile : ils sont tués par la bêtise du sort, le dormeur tué par son ami l’ours, le cerf affamé par ses amis les plus chers. Ce prétendu manuel de douceur est la catastrophe universelle… … Peut-être que la douceur ne peut être une grande douceur que tendue sur la cruauté même. >

De la catastrophe ( Grammaire ‘patasophique ).
ETYMOLOGIE : En grec : retour, tournure, issue, de sur et tour ( voy. STROPHE).
La notion peut être envisagée selon les deux points de vue du jugement de valeur et de l’intelligibilité conceptuelle.

  1. Jugement de valeur. ( Littré )
    1° Renversement, grand malheur, fin déplorable. Ce tremblement de terre fut une épouvantable catastrophe. Nous touchons à la catastrophe. La vie de Jules César se termina par une étrange catastrophe. Allons voir allumer le bûcher d’Hercule, et représenter sa catastrophe sur le mont Oeta, D’ABLANC. Lucien, t. II, Amours, dans RICHELET.
    2° Par extension, le dernier et principal événement d’une tragédie, d’un drame. Catastrophe habilement préparée. Le poëme tragique vous mène par les larmes, par les sanglots, par l’incertitude, par l’espérance, par la crainte, par les surprises et par l’horreur, jusqu’à la catastrophe, LA BRUYERE. Caractères 1.
    L’ événement décisif qui amène le dénouement d’une pièce de théâtre…
    Le ressort du … plaisir dramatique.
    < Je sais bien qu’on le prend ( le mot catastrophe ) communément pour un revers ou bouleversement de quelques grandes affaires et pour un désastre sanglant et signalé qui termine quelque notable dessein. Pour moi, je n’entends, par ce mot, qu’un renversement des premières dispositions du théâtre, la dernière péripétie et un retour d’événements qui changent toutes les apparences des intrigues au contraire de ce qu’on devait attendre. > Abbé d’Aubignac.
    La catastrophe signifie donc pour une catégorie poétique/esthétique… ludique.
  2. Concept physico-mathématique, modalité des systèmes dynamiques. ( Réseau sémantique : chaos, perturbation, turbulence ).
    Le concept de < catastrophe > est un opérateur scientifique et post-moderne d’ explication du réel représenté.
  3. Quoiqu’en pensent par ailleurs les esprits audacieux qui prétendent constituer  » l’ harmonie universelle  » en… attribut essentiel de l’être, -à employer le langage de l’ontologie scolastique.
    Mais, de fait, que recouvre exactement la notion d’ < harmonie > ( sens, valeur, portée ) ?

De l’harmonie et de la ‘pataphysique ( Grammaire ‘patasophique ).
Eclaircissement conceptuel et dissipation d’une illusion.
Le mot d’ < harmonie > signifie :

  1. Pour un terme technique :
    Ce qui est bien jointoyé, assemblé, correctement articulé en une une juste proportion des parties d’un tout.
    Sens d’ une des réponses d’Hippias au questionnement de Socrate ( Hippias Majeur ): qu’en est-il de la beauté ?
    Ainsi une table, une cruche, une koré, un éphèbe, une constitution sont-elles dites : < harmonieuses >.
  2. Pour une appréciation, un jugement esthétique.
    Au sens du Traité du Beau de Diderot ou de l’ Article < Beau > de l’Encyclopédie. 1774.
    Harmonieux est alors synonyme de grâce, d’équilibre, de convenance, d’ < accord > au sens musical, puis par analogie, au sens moral ( entente cordiale ).
  3. Pour un nom propre signifiant une divinité. < Harmonie >.
    Chez les Hellènes, l’ acception est mythologique puis reçoit une valeur allégorique.
  4. Pour un concept métaphysique et théologique.
    Ainsi chez Leibniz : la doctrine de l’harmonie préétablie postule qu’il n’y a pas d’action directe des substances ou monades crées les unes sur les autres, notamment de l’âme sur le corps ou du corps sur l’âme mais qu’à l’image de deux horloges qui s’accordent parfaitement et fabriquées avec assez d’art pour qu’elles s’accordent indéfiniment :
    < Dieu a fait dès le commencement chacune de telle nature qu’ en ne suivant que ses propres lois, qu’elle a recues avec son être, elle s’accorde pourtant avec l’autre, tout comme s’ il y avait une influence mutuelle ou comme si Dieu y mettait toujours la main au-delà de son concours général >.
    *
    -En conséquence, affirmer < l’harmonie du réel ou de la nature > et établir cette prétendue < harmonie > en objet spécifique à la ‘pataphysique, c’est faire un usage spéculatif -poétique ou hyperphysique- de la notion.
    Pourquoi pas… dans l’hypothèse d’une ‘pataphysique consciente élaborant par jeu, et en toute connaissance de cause, ses propres fictions.
    Alors que c’est habituellement mêler -faute de logique assez banale -, appréciation, interprétation et explication.

Mais surtout, ce serait constituer la ‘pataphysique -qui n’est qu’un métalangage, qu’ une grammaire spécifique-, en métaphysique et en cosmologie !
Voire en gnose…
Ce qui est -on l’admettra-, plus fâcheux

< Vacarme… > ( G. P. )
Sur les Ondes, cette expression d’un néo-Althussérien :
< revendication universelle >.
Réflexion…

  1. Une revendication est toujours particulière et circonstancielle ; on revendique quelque chose pour quelqu’un ou pour soi, ici et maintenant.
    En conséquence nulle revendication ne saurait être dite < universelle >.
  2. Sa portée peut être cependant  » pensée » c’ est-à-dire conçue ou… rêvée comme < universelle >.
    A la manière du fameux < jugement réfléchissant > kantien ; notamment du jugement de goût.
    Il s’agit alors d’une expression spéculative traduisant un désir ou un souhait : le voeu d’ universaliser ses marottes ainsi que le montra jadis magistralement Bertrand Russell ( cf Science et religion ).
  3. En fait, loin de ces audacieuses envolées, l’ < universel > n’ est qu’une catégorie logique, un outil au moyen duquel on attribue par induction et extension certains traits de la compréhension d’ un concept à l’ < ensemble > de la population qu’il est censé dénoter.
    Extension toujours hasardeuse et jamais exhaustive.
    L’ énumération des occurrences/échantillons – indéfinie- n’ayant, de fait, pas de fin…
    Alors que définir un concept c’est prétendre mettre… un terme à ( et sur ) la série des cas vérifiant sa compréhension.
  4. Ainsi cette catégorie d’ < universel > peut être employée d’une manière spéculative :
  • cas de l’idée d’ < univers >, par un usage hyperphysique.. en cosmologie.
  • dans le domaine moral par extension de la prescription éthique, du devoir, à tout un chacun ( kantisme ).
  • dans le domaine religieux, comme expression de la < mentalité abrahamique > , de son universalisme, de son messianisme, de son prophétisme, de sa fréquente intolérance.
    Et quelques soient ses variantes : hébraïque, chrétienne, musulmane, piètiste-kantienne, progressiste, marxienne et enfin personnaliste / humaniste.

Pataphysique du < terme >.
Ou comment s’emparer du < réel > …
Par le mot, par le terme et la série, au moyen du concept, de l’ Idée, par l’ air de famille.
Voies du grammairien, de l’empiriste, du rationaliste, du platonicien, et enfin du sectateur de Wittgenstein.
Et, à quelque distance de ce vampirisme logique, l’ironie narquoise… du spectre d’ Antisthène.

Un mot de Rivarol.
Le calembour serait < la fiente de l’esprit > d’après l’auteur du Discours sur l’ universalité de la langue française…
Il est vrai qu’ au grand dam des Sérieux et des Importants…
< l’esprit s’ y fait chiard… > ( Sa Magnificence )

Idiot. Idiologie. Idiosyncrasie. Idiotie de la ‘pataphysicienne…

  1. Idiot. Du grec idiôtès signifiant < simple particulier >, ignorant.
    En psychiatrie le concept caractérise la forme d’arriération mentale la plus prononcée, généralement congénitale, se traduisant par l’hébétude, l’incapacité de maîtriser le langage, de subvenir à ses besoins, une affectivité rudimentaire qui peut s’accompagner de malformations physiques ( surdité, cécité, strabisme, goître, microcéphalie ).
    L’âge mental de l’idiot ne dépasserait pas deux à trois ans. Q.I. inférieur à 20.
  2. Idiologie. Du grec idios, qui appartient en propre à quelqu’un.
    Concept métaphysique relatif à la nature de tout être.
    Ainsi, selon l’étymologie être idiot, ce serait tout bonnement… être soi.
  3. Idiosyncrasie. Signifie médicalement pour l’ensemble des dispositions physiologiques propres à un individu.
    Par dérivation, chez Nietzsche notamment, concept psychologique et typologique qui définit l’ensemble des dispositions psychophysiologiques recouvrant à la fois le tempérament et le caractère de l’individu.
    Renan étendait la portée du concept à l’idée de < peuple >. Cf ses analyses de psychologie culturelle comparée dans son Histoire générale et système composé des langues sémitiques.
  4. Conclusion: vivre, c’est donc exister en… idiot.
    C’est là un attribut irréductible de la condition humaine…
    Et la ‘pataphysicienne ne saurait échapper à cette caractéristique de tout existant.
    Humain, inhumain, non humain.
    Avec ce privilège -eu égard à sa manière d’être attentive aux singularités-, d’enchérir sur le réel et donc d’ être non seulement et très certainement < idiote > mais de l’être … doublement.

Les habits neufs du démocrate nouveau
Rencontré dans une gazette du soir : < le marcel, débardeur unisexe et démocrate >.
Être démocrate, c’est donc afficher son conformisme politique par l’exhibition de sa lingerie…
Du sous-vêtement comme profession de foi.

Utopia.
Béatitude politique…
J’apprends qu’à la Chambre un groupe de parlementaires a décidé < d’apporter sa pierre à la reconstruction > d’un parti en déroute.
Comptant… 250 militants, la plupart trentenaires, il ambitionne de < défendre un projet de société, un idéal fondé sur le lien social et la citoyenneté >.
Le groupe suggère que < les droits à la santé et à une fin de vie décente > soient pris en charge par l’ensemble de la société, l’impôt se substituant aux cotisations sociales à travers < une taxe assise sur la création de richesses financières des entreprises >.
Combien tout devient simple à l’aune de la chimère utopiste…
Le voiturin à phynance a un boulevard devant lui…

< Il y a >.

  1. Locution qui, suivie d’un sujet réel, est l’équivalent de < il est > ou < il existe > employés impersonnellement :
    -il y a des nonnes au cours de ‘patalogique. Il y a des âmes vertueuses à déniaiser.
    Ce < plaisir secret > ( cf Torma ).
    Il s’agit d’un marqueur d’existence dont la source est double.
    Simple constat de la manifestation -objective- d’une chose, d’ un sujet, d’un événement ; ou position -subjective- d’une existence par un sujet percevant, imaginant ( fiction ), délirant ( pathologie mentale, démence sénile ou effet de tel ou tel narcotique ).
  2. La locution peut être investie d’une signification et d’une portée spéculative.
    Cas de la méditation heideggerienne.
    L’ < il y a > -Es gibt-, devient alors synonyme d’ < Être > au sens de < manifestation > et d’ < éclosion >, d’ < impensable> support de maintes rêveries mystiques et visions poétiques.

< Développement durable…> ( G.P.)
Qu’est-ce que le < développement >?
Un déploiement, une extension.

  1. Il se dit de la croissance des corps organiques. On évoquera le développement d’un bourgeon, d’un germe.
    En ce sens et selon l’adage : < tout n’est que changement et développement >.
    Dans la métamorphose et la précarité.
    Il se dit, en histoire philosophique et selon la vision organiciste, du mode suivant lequel < croît > la civilisation.
    On parlera alors du < développement de l’humanité >.
    Le concept est devenu modèle explicatif. Une métaphore d’intelligibilité.
    -Mais à reprendre cette acception, un développement, quel qu’ il soit, peut-il être … durable, c’est-à-dire continuer, se perpétuer sans accident, sans ruptures ?
  2. Du point de vue de l’histoire des idées, le terme signifie pour un mythe majeur propagé par quelques idéologues du siècle dernier.
    Pour une utopie.
    Successeur du concept économique/idéologique de < croissance >, grand fétiche libéral des années 70 et de la religion sociale-écolo-démocrate des années 80/90…
    Cependant que ces bons sentiments s’accompagnent d’une vision toute technocratique, aussi dirigiste que totalitaire, de la < société >.
    *
    Exemple d’ abus de pouvoir d’une classe d’âge revêtant à l’égard de ses rejetons le costume et la pose bienveillante de la Providence, cette raison suffisante incarnée, et qui, ingénument, se substitue au générations à venir, à leur sentiment de la vie pas même encore esquissé, à leurs initiatives supposées, à la page blanche de leurs futures décisions.
    Par l’évacuation de la contingence et du hasard, de l’incertitude, de la réalité tragique de l’existence.
    < Développement durable >… < principe de précaution >, certes.
    Mais surtout : vision et… illusion permanente.

Blasphème : le tabernacle de Lesbos.
Pour fêter le nouvel an ‘pataphysique.
( 1. Absolu, 08.09.2002. vulgaire, nativité d’Alfred Jarry )
A Des Esseintes…
Au < saint des saints > nous préférons… le sein des saintes.

De la lecture.
En dépoussiérant mon grenier. Pierre-Henri Simon, Témoins de l’homme.
Béatitude.
< Une seconde façon de lire, analogue à la première (la lecture de diversion), mais plus raffinée, est de demander à l’oeuvre littéraire une pure jouissance esthétique : par conséquent, encore une diversion à la vie, mais à un niveau plus relevé où le plaisir est de goûter une belle musique de phrase, de subtiles consonances d’images, un ordre parfait de la pensée, quelles que soient d’ailleurs la signification morale ou la tendance spirituelle des textes. Ainsi lit le dilettante, le fin lettré, et de préférence dans de beaux volumes, dont il caresse amoureusement les reliures de plein cuir et dont il collectionne les éditions de prix. J ‘ai trop de bons amis qui pratiquent cette liturgie… Je remarque seulement … qu’elle convient mieux à des périodes de calme et de bonheur qu’à des époques de crise et d’inquiétude. Que nos grands-pères, avant 1914, aient savouré avec amour la prose d’Anatole France ou de Pierre Louÿs, que nos pères et ceux d’entre-nous qui avons assez d’âge nous soyons complus, après 1920, aux raffinements d’un Valéry Larbaud, aux prouesses d’un Cocteau, aux jeux précieux d’un Morand ou d’un Giraudoux, cela était naturel ; mais il est naturel aussi qu’en ce milieu tragique du 20 siècle, à moins d’imiter les patriciens de la décadence qui composaient des acrostiches en attendant que passent les grands barbares blancs, nous ayons, à l’égard des livres, des exigences plus dramatiques. D’où la troisième façon de lire : celle qui nous met devant l’oeuvre comme devant une expression singulièrement réfléchie et parlante des mouvements de la conscience humaine et des questions que nous ne pouvons manquer de nous poser, quand nous voulons trouver des raisons de vivre et un style moral. >
L’oeuvre littéraire réduite au contenu moral, aux idées, à la doctrine, voire au message…
Actualité et pérennité des professeurs de ( mauvaise ) conscience…
Mais que dire des ‘pataphysiciens -ces patriciens et ces praticiens de la décadence qui eux aussi composent des acrostiches en attendant que passent leurs cavaliers blancs-, et de leur sotte obstination aux jeux frivoles du langage et du métalangage…
Rappelons pour mémoire que P.H. Simon, illustre critique et oracle patenté des années cinquante, était le contemporain de Sainmont et de Raymond Queneau…

< Sottises et bénédictions >, Voltaire. De l’abominable danger de la lecture.
De Solange.
A propos de < l’affaire Houellebecq > cette béatitude d’un religionnaire :
< Il en est du sacré comme du profane et la liberté de penser n’a jamais supposé la raillerie excessive, ni l’insulte, a fortiori lorsqu’elles peuvent être reçues par des esprits fragiles ou insuffisamment préparés à certaines «subtilités». Il suffit, pour s’en convaincre, d’imaginer les ravages à venir lorsque, à l’exclusion sociale qui sévit hélas dans nos cités, viendra s’ajouter une autre, se greffant sur la race, la langue ou la confession. Ne vaut-il pas mieux mettre sa notoriété et son talent au service de causes nobles, pour donner aux hommes l’envie de mieux se connaître, pour mieux partager les cultures, les civilisations et les religions aussi ?… >

  1. Ou, à suivre le raisonnement et pour garantir la paix sociale : l’intégration par le préjugé et la sottise…
    On mesure la fécondité du partage…
    Sacrifions donc les < subtils > aux simples, fétichisons la < culture > !…
    Etonnant retour aux thèses de Herder ( Une autre philosophie de l’histoire ) sur la vertu supposée du < bon préjugé >.
  2. Et la (pro)thèse de la religion civile, < l’envie de se mieux connaître > venant au secours des religions du Livre…
    Mais est-il plus fanatique et plus funeste religion que la prétendue < religion civile >?
    Ah, Molière ! Ah, Dom Juan !
    Il n’importe. La chasse aux blasphèmes est ouverte…

-Ceci acquis, demeure une question bien embarrassante : qu’est-ce qu’une religion qui ne produit pas, qui ne produit plus de martyrs ?…
Que seraient un christianisme ou encore un islamisme… < modérés > ?…
La religion des < tièdes > ( selon Léon Bloy / Bernanos ) dans le ton et les ors saint-sulpiciens ?…
Quant au goût et à la vocation du martyre, ne sont-il pas paradoxalement le signe de… la vitalité des superstitions ?
Quelle est en effet la valeur d’une foi pour laquelle plus personne n’est disposé à < sacrifier > sa vie ?…
< Ô hommes de peu de foi >, déplore navré Jésus de Nazareth…
-Quant à la ‘pataphysique, qui ne compte dans son histoire et dans ses rangs ni mystiques ni martyrs, elle honore toutefois quelques < saint(e)s > littéraires, tels Bardamu, voyageur, Vérola, assistante sociale, Pédagogie, péripatéticienne, ou encore Alambic, abstracteur de Quintessence.
Voir le Calendrier perpétuel…

Paul Léautaud : sur l’éducation, ses limites et le réfractaire.
Journal littéraire, 19.09.1905.
< Cela nous a amené à parler de l’éducation et de ses résultats : il y a ceux qui gardent la marque parce qu’ils n’ont aucune existence propre et qui subissent cela comme ils auraient subi autre chose, ceux qui en gardent la marque avec hypocrisie, gardant leur vraie nature mais la dissimulant, enfin ceux sur qui l’éducation ne fait rien, parce qu’ils ont une individualité très forte. Nous concluons que l’éducation a en général peu d’effet, qu’on reste l’individu qu’on est et que s’il y a une influence qui compte, c’est bien plutôt celle du mileu dans lequel on a été élevé, comme plus tard, celle du milieu dans lequel on vit. Encore n’en suis-je pas du tout sûr pour ma part. Une personnalité fortement marquée peut continuer à être réfractaire à tout, jusqu’au bout. >

Rêve et verbalisme psychanalytique ( G.P. )
< Contenu latent du rêve : -ensemble des significations inconscientes exprimant les désirs réels du rêveur transformés par le travail du rêve et reconstitués par l’analyste à partir du contenu manifeste du rêve tel que le rêveur en fait le récit. >( tiré d’un Manuel à l’usage des facultés )
En somme quatre lemmes invérifiables :

  1. < significations inconscientes >. Oxymore. Comment une signification pourrait-elle être inconsciente ?
  2. < significations inconscientes exprimant les désirs… >. Symptômatologie animiste et/ou magie verbale.
  3. < désirs réels >. Qu’est-ce qu’un < désir > ?… Y aurait-il des désirs… < irréels > ?…
  4. < travail du rêve >. Le rêve, le sommeil paradoxal, ce pur jeu d’associations, ce pastiche plus ou moins cohérent de l’ état de veille, cet effet du dynamisme psychique libéré pour un temps de l’attention adaptative au monde… travaille !
    Postulat -notons-le-, infalsifiable, au sens de Popper, de l’herméneutique et de la métaphysique travailliste.
    Et… une réalité ; incontestable celle-ci :
    Le < rêve >, spontanément éprouvé et assez vite effacé, est surtout l’effet d’une conduite de récit, celle du rêveur éveillé ; récit réécrit et interprêté par l’Oracle, le psychanalyste.
    -Pour son particulier, la ‘pataphysicienne, accueillant comme tout autre événement l’activité psychique onirique, ne < censure > pas le rêve… analytique.
    Mais en présence du dogme ( lemme= proposition qu’on prend pour accordée ), à sa manière, elle fait … de la < résistance >.
    < Topique > effet sans doute de son < dynamisme énergétique >, de ses < dispositifs pulsionnels > créateurs…
    -Question posée au théologien de la < cause freudienne > :
    ces lemmes hauts sont-ils autre chose que… des mots ?

Catastrophe 2… et disparition de René Thom.
Décès du troisième des huit Français à avoir décroché la médaille Field.
Sa rencontre avec Henri Cartan, l’un des fondateurs du groupe Bourbaki, fut décisive. Sous sa direction il rédigea sa thèse où il exposait une théorie, le cobordisme, qui lui valut le Nobel des mathématiciens.
Professeur à l’IHES jusqu’en 1988, il élabora sa théorie mathématique des catastrophes qui décrit la façon dont certains systèmes peuvent évoluer quand on fait varier un paramètre.
La théorie des catastrophes s’appuie sur la théorie des singularités des fonctions pour donner une classification des formes géométriques que peuvent prendre les ensembles de points catastrophiques pour une large classe de systèmes dynamiques appelés systèmes dynamiques conservatifs.
Selon René Thom, les divers types de catastrophe jouent un rôle clef dans de nombreuses sciences, la physique, la biologie, la linguistique, la psychologie.
< Les accidents ne sont pas des choses anormales mais nécessaires >…
Thèse ‘pataphysique devenue aujourd’hui fort banale mais qui, dans certains milieux, constitua naguère une véritable révolution copernicienne… ( Cf : Ubu6 , Dans le sillage de Martin H. )

Enfantillages…
dialogue.
A : -Remettre en cause l’ image kitsch, la conception lyrique, idyllique de l’enfant.
L’enfant : Arlequin à clichés, à tropismes, tissu de réflexes conditionnels.
Tout, ou presque tout, est grimace chez l’enfant. Le déterminisme de l’âge est écrasant…
B : – … et apprendre, qu’est-ce donc sinon toujours plus ou moins… faire, contrefaire le singe…
Enfant perroquet, singe savant…
Imitation, sujétion aux conventions, soumission au contrôle social, à l’exigence d’intégration devenue idole, poids du conformisme, peur de l’exclusion, horreur de la solitude…
Quant à l’adolescence, cet amer < âge lyrique>, ( Kundera )…
A : -Mais l’adulte est-il si différent ?… Grande difficulté, -gageure même-, que de conquérir son originalité, sa propre … excentricité…
B : – < Parce que nous avons été enfants avant que d’être hommes… >, écrit Descartes en passant.
A : -Remarque de grande conséquence…

Pour fêter le 11 Novembre…
Consacrer une pensée à… < L’ équarrissage pour tous >… passé, présent et à venir…
Et revoir La chambre verte, cette oeuvre si insolite, si… déroutante de François Truffaut…

‘Pataphysique sans haine et sans Zen…
A une fille du feu…
Chère, puisqu’ à la recherche de l’Ascience vous m’avez sollicitée, voici quelques indications dont il se peut que vous fassiez votre profit :

  1. Abstenez-vous d’avoir une opinion arrêtée sur quoi que ce soit.
    Ne songez ni au Bien, ni au Vrai, ni au Juste ; ni au Progrès ; ni à Dieu, ni au Diable ; ni à la Perversion ni au Salut… encore moins à la Voie ou à la Libération.
    Gardez toutefois l’esprit parfaitement réceptif.
  2. La lévitation ou tranquillité d’esprit ne s’obtient pas par le vide des affections, des représentations ou des idées.
    Ce prétendu vide vous ramènerait à l’inconscience et au niveau mental de la bête.
    Et il n’y a pas de fusion à espérer avec un prétendu « principe universel ».
  3. Détachez-vous des opinions -tout en jouant avec les idées. Ne les bannissez pas.
    Définissez, discriminez ; mais sans oublier le caractère fictif et artificiel des critères que vous emploierez.
  4. Chère, la ‘pataphysique n’est pas un quiétisme dont le but serait de maintenir l’esprit dans un état de simple vacuité. Elle ne promet rien.
    C’est un jeu, le < grand jeu >, qui est à lui-même sa propre fin, et qui parfois peut-être vous donnera, sinon la volupté, du moins espérons-le, quelque plaisir.
    C’est cela la ‘Pataphysique : une bien curieuse … fille de joie.

Gidouille de Luc Ferry, penseur public…
De Pervenche.
Que faire de son existence à < l’âge post-métaphysique > ? questionne doctement le Ministre-philosophe dans sa dernière livraison au Voiturin à phynances philosophiques ( Qu’est-ce qu’une vie réussie ? ).
Question décisive, en effet…
Réponse : propager < un humanisme de l’Homme-dieu > fondé sur une < spiritualité laïque >.
La convention éthique, néanmoins dégagée des rituels religieux, propose ainsi une < transcendance dans l’immanence > ( sic ) bien dans la manière des (pro)thèses de L’Homme-Dieu ou le sens de la vie, son précédent ouvrage.
Luc Ferry est habituellement présenté par ses détracteurs comme le < pourfendeur de la pensée soixante-huit, de l’antihumanisme et de l ‘individualisme contemporain >.
Alors qu’il n’a fait qu’adapter < la philosophie des professeurs > ( selon l’expression jadis si suggestive de François Châtelet ) aux exigences de l’hégélianisme libéral-social-démocrate contemporain, de la même manière qu’il a assujetti les concepts kantiens au néoconformisme petit-bourgeois saint-sulpicien.
Et pour notre plus grande délectation ; cela va sans dire…
Pour preuve cette perle de la plus belle eau recueillie par un quotidien du soir :
< Une éducation réussie, c’est très simple : c’est l’amour et la loi. >

Simplicité :
Littré : Caractère d’innocence sans déguisement et sans malices ; dans la simplicité de mon coeur. Manque de lumière, crédulité trop grande, niaiserie. Choses simples, naïvetés.
< Les simplicités nous délassent des grandes spéculations >, écrit Vauvenargues.

En contrepoint : deux aphorismes de Francis Picabia.
< … personnage échappé des romans de Paul Morand, jouisseur qui collectionne autant de femmes que ses 127 voitures, expert en farces et attrapes, libertaire, destructeur, mystificateur, individualiste, à l’école de Stirner, cynique, bourgeois déguisé en anarchiste, dandy, etc… >, d’après la Machine à gloire.
Et accessoirement… prince de la ‘pataphysique.

  1. < Toute conviction est une maladie. >
  2. < J’applaudis à toutes les idées, mais rien de plus, elles seules m’ intéressent et non ce qui gravite autour d’elles. Les spéculations faites sur les idées me dégoutent. >

Raisons et vésanie…
Rêvélation ( inspiration hypnagogique ) :
< A défaut de raisons de vivre nous ne manquons pas d’occasions de rire. >
Ou du principe ‘patasophique… d’ineptie suffisante.

Question…
Monogame: < qui n’épouse qu’une seule femme. >, Littré.
Le monogame serait-il un impuissant ou… un pervers ?

Un jugement de Cicéron.
< Mais j’ignore comment il se fait qu’il n’existe aucune absurdité qui ne soit proférée par quelque philosophe. > De la divination, Livre2.

UNivers, univer, univerre…
Réflexion.
-Il n’y a pas d’ < Univers > (la Science) ; encore moins d’univers… < Un > (Plotin).
Tout n’est que représentation(s), fiction plurielle.
Et le positivisme est une fable (Lyotard).
-Au concept d’ < Univers > = Ubunivers (classe des réponses dogmatiques apportées aux pseudo-problème cosmologique) -selon la Critique de la pataphysique pure (Dämon Sir)-, substituer les deux patafictions :
1) d’ < Uni/ver >… pour dévoiler la source de l’intempérance spéculative : l’anthropomorphisme.
2) d’ < univerre >… pour honorer la < grande beuverie > (Daumal) des solutions imaginaires concertées de la poésie ‘pataphysique.
Ainsi… le ver est-il dans le fruit… Celui, luxiférien et ‘patasophique de l’Ascience.

Dieu schizophrène…
De Charmante.
< Sous l’influence de substances illicites, le monde ne nous apparaît pas tel qu’il est… En conséquence de quoi nous ne sommes pas ce que nous avons conscience d’être. Dans un même ordre d’idées, le fou, le psychotique pensent quelque chose qu’ils croient réel ou vrai mais qui n’est pas ou qui est objectivement faux. Ainsi durant sa crise, le schizophrène pensera vraiment être Dieu. Sans doute parce que Dieu sera lui même et à sa manière… schizophrène… Schizofrêne : fraxinus au bois blanc ; mais oléacée délirant, frénétique arbre à noeuds. >

De l’âme… ou glissement progressif du plaisir sémantique.
Rème/iniscence de Sa Magnificence.

  1. Anima, souffle vital ; le masculin animus désignant la pensée.
  2. Droit canon ( règles et décrets portant sur la foi et sur la discipline): âme ou esprit, fondement de la croyance en l’immortalité.
  3. Canon : ornement de drap, de serge ou de soie qu’on attachait au bas de la culotte, froncé et embelli de dentelles et de rubans.
  4. D’après Littré : < Âme d’un canon : le creux où l’on introduit la charge >.

Divers jugements sur quelques ouvrages des ‘pataphysicien(ne)s.
De Solange…

  1. < Ha! Madame, quelle corruption dans l’esprit faut-il souffrir pour imaginer tout cela. J’en suis si scandalisée que si ces vains paradoxes étaient des choses sérieuses, de telles analyses leur empoisonneraient plus sûrement le coeur qu’elles ne gâteraient leur plume. >
    ( Anne de Valères, Conseiller référendaire à la Cour des Comptes )
  2. On leur peut appliquer cette remarque de Paul Léautaud :
    < Il n’est pas de sentences, de maximes, d’aphorismes, dont on ne puisse écrire la contrepartie. >
    Roland Barthes ( Nouvel Observateur. 1965 )
  3. < Labyrinthe de miroirs, les écrits des ‘pataphysiciens ne sont qu’un jeu, un funeste jeu .>
    ( R.P. Armagauche, de la Compagnie de Jésus )
  4. < L’image de la ‘pataphysicienne qu’on peut dégager de La démesure de Sandomir est celle d’une femme instable et déchirée, jouet de passions contraires, mais consciente des forces qui la mènent, inconnaissable à soi-même comme aux autres. >
    ( Isabelle Latour, La Tribune )
  5. < Déplorons une manière qui suscite en nous à l’égard de l’Homme, le goût de la dépréciation et du soupçon. Qui présente une image dégradante de la femme. De tels écrits sont un attentat à la Citoyenneté et à l’ Esprit public >
    ( Angélique Grasse-Caoum, Le Bêtisier des Mâtinaux, Poldave-Culture )
  6. < Je suis d’accord. Cette école est le reflet d’une société décadente, narcissique jusqu’à l’autisme et qui a perdu toute pudeur, tout sens de l’Idéal et de l’Humain. >
    ( Bernard Karchner, Urgentiste, Cercle des hommes de bonne volonté )
  7. < Scepticisme réducteur, provocateur et outré, dogmatisme à rebours, prétention, impudence… Ces « philosophes » ne songent qu’à précipiter le monde dans l’indifférence et l’oisiveté .>
    ( Dorothée Longuebraies, Maître de Conférence, Philosophie, Paris 8 )
  8. < Le Prophète -que son divin nom soit béni-, a dit : le Père Ubu est un bien grand gredin. La Pataphysique a le diable au corps et les pataphysiciens périront dans la Flamme… Satan leur suggère leurs oeuvres et dicte leur conduite… Dieu infligera un châtiment douloureux à qui il veut >.
    ( Omar Ben Istouche, Imam de Vertu-en-Auxois, Prêche sur la Miséricorde du Seigneur )

(…)
Bref, < Ecrasons l’infemme >…
Et pourtant ce jugement de l’Auteur des Nouvelles orientales :

  1. < La ‘pataphysicienne détrompée de toutes les illusions est la femme par excellence. Pour peu qu’elle ait de l’esprit, sa société est très aimable. Elle n’est point pédante, n’attachant d’importance à rien ; elle est indulgente parce qu’elle garde le vif souvenir de ses illusions et supporte celles qui en sont encore occupées. Insouciante dans la conversation elle ne s’autorise aucune tracasserie. Elle oublie les opiniâtres ou les dédaigne. Naturellement gaie elle est constamment en disposition de divertissement. Elle se tient dans l’expectative et sourit des faux-pas de ceux qui prétendent marcher hardiment dans la lumière… >
    ( Marguerite Yourcenar, Entretiens avec Nathalie Mont-Notredame. Quebec, 1957 )

Pwasie ininterrompue et autres joyeux devis…
De Charmante.
Que faire des mots ?
-les sacraliser. Mallarmé.
-en faire un instrument de célébration. Saint-John Perse, Claudel, Char…
-s’abandonner aux jeux du sens. Max Jacob, Robert Desnos…
-les constituer en médium de révélation. André Breton.
-en explorer les richesses. Francis Ponge.
-en soupçonner la valeur. Jean Tardieu.
-les emprisonner. Les Oulipiens.
-invertir, convertir, pervertir… et s’en divertir. Les ‘pataphysiciens.
etc…

Joyeux devis…

  1. Variation, délyres, hommage aux mages :
  2. Aux mânes de Pascal et de Valéry…
    De monsieur (Cyber)Teste : < l’homme est un réseau pensant >.
  3. Aux croque-morts : Gloses !… thèses !… pistes !… chantiers !… dépeçons !
  4. Aux mânes de Cendrars : < Voyants, voyez les voyelles !… L’attente à… L’eau, tantôt… L’Y fit génie… L’eusses-tu… cru ?… >.
  5. Eaux, manne de Jean Pierre Brisset, paronomase entropique 1 :
    Pwasie : Sa Muse, ça m’use, ça mue… SAMU !
  6. Interrogation : universitaire… unis vers Cythère ?
  7. Jarryation, paronomase entropique 2 :
    Petite géographie pwatique : vers l’Aisne est le Rhin beau…
    Petite anatomie pwatique : vers l’aine est le rein beau…
    Petite dénégation éthique : vers l’ haine est le rien bot…
    Et cette chute dialoguée en mot-valise :
    -Rien, mille fois rien !
    -(Raffa)rien…
    -Degré zéro du politique ?…

De quoi parle-t-on quand on parle de dieu ?
( Dieu ou Allah – al ilah, la Divinité -, petit Larousse illustré )
Extrait de catéchisme, classe supérieure.
Au Wallallah…
-Qu’est-ce qu’ Allah ?
-Allah est l’A… l’alpha et l’ omega…
-Où vit Allah ?
-Au désert… au kallahari…
-Comment ?… Allah a ri ?… Allah rit ?…
-Oui… Allah est gai, tout enjoué…
Caressé par ses houris il est tout plein d’allahcrité…
-A quel propos ?…
-Il se délecte…
-Et de quoi se nourrit le rire d’Allah ?
-De jeux allahcoques.
-Mais encore ?…
-La flamme, le pal, le fouet… l’amputation, la pierre jetée…
Pour l’hallahli des allahuris !
… les mécréants.

Charade.
Demande
mon premier permet.
mon second n’est pas bas.
mon troisième désigne.
mon quatrième est divine famille nordique.
mon tout est embrayeur de la plupart des jeux de mots.
Solution
Mon premier est par puisqu’il autorise.
Mon second est haut car activité supérieure de l’intelligence oulipienne.
Mon troisième est nomme puisqu’il rapproche les mots dont le son est voisin.
Mon quatrième est Ases parce que souverain moyen de créer du sens.
Mon tout est paronomase.
Mot-valise associé : paronomade ( vagabondage littéraire)

La coupe est pleine.
A la Coupe Davis les ‘pataphysicien(n)es préfèrent la Coupe des vices…

Passions, passons…
Au commencement était le verbe…
Cruciverbistes, croisés des mots.
Cruciverbeux… croix du lecteur.

Autisme littéraire, schizophrénie et solipsisme.
De Lucie de la Fère.
Autisme…
Attitude existentielle délibérée et procédé concerté qui consistent à ne considérer toute situation qu’au seul point de vue subjectif.
< Toute la science hasardeuse des hommes n’est pas supérieure à la connaissance immédiate que je puis avoir de mon être. Je suis seul juge de ce qui est en moi. > A. Artaud, L’ombilic des limbes.
< Ce mot Je résume pour moi la structure du monde. Ce n’est qu’en fonction de moi-même et parce que je daigne accorder quelque attention à leur existence que les choses sont… Ce n’est qu’en fonction de moi-même que je suis et si je dis qu’il pleut ou que la mer est mauvaise, ce ne sont que périphrases pour exprimer qu’une partie de moi s’est résolue en fines gouttelettes ou qu’une autre partie se gonfle de pernicieux remous. > M. Leiris, Aurora.
A distinguer du sens commun médical qui rabat habituellement l’autisme sur les symptômes psychopathologiques -fermeture sur soi, perte de la compétence communicationnelle, rupture du lien avec autrui et avec la réalité-, et qui le constitue exclusivement en maladie.
Pathologie dont la forme la plus marquée serait la schizophrénie.
Ce qui est assez souvent le cas.
L’autisme littéraire est une expression du solipsisme philosophique, qui, pour n’avoir été revendiqué comme tel par aucun philosophe, est néanmoins la conséquence logique de l’idéalisme absolu.
Son principe est qu’il n’y a pour le sujet pensant d’autre réalité que lui-même, c’est-à-dire le système de ses représentations. Cf dans ce sens Berkeley, Fichte, Schopenhauer, M. Alexandre…

La Rochefoucauld : de l’air et des manières.
Réflexions diverses.
< Il y a un air qui convient à la figure et au talent de chaque personne : on perd toujours quand on le quitte pour en prendre un autre. Il faut essayer de connaître celui qui nous est naturel, n’en point sortir, et le perfectionner autant qu’il nous est possible. … Chacun veut être un autre et n’être plus ce qu’il est : ils cherchent une contenance hors d’eux-mêmes et un autre esprit que le leur ; ils prennent des tons et des manières au hasard ; ils en font l’expérience sur eux sans considérer que ce qui convient à quelques uns ne convient pas à tout le monde, qu’il n’y a pas de règle générale pour les tons et les manières, et qu’il n’y a point de bonnes copies. … on aime à imiter ; on imite souvent, même sans s’en apercevoir, et on néglige ses propres biens pour des biens étrangers, qui d’ordinaire ne nous conviennent pas. >
Imiter : chercher à reproduire ce qu’un autre fait. Littré.
< Le singe imite l’homme > ; l’ homme imite le singe qui imite l’homme. Singe du singe.
Grégarité, promiscuité, mimétisme.
Pour rendre la société plus < commode > il faut donc que chacun perde sa liberté…
Commerce des hommes : circulation des grimaces.

Sortir du monde, penser le monde.
D’Odile.
< A : -J’imagine parfois pouvoir faire le tour du monde sans jamais sortir de ma chambre. Je serais une vraie ‘pataphysicienne. B: -Tu t’en évaderais par le rêve ? A : -Non… par la pensée… monde est l’anagramme de démon. >
… Ou, à prolonger d’après la veine kak(oc)abalistique et à reprendre Leibniz :

  1. Venir au monde= entrer chez les démons ; aller dans le monde= fréquenter les démons ; société=démonie ; sociologie=démonologie…
  2. Le meilleur des mondes, le meilleur démonde…
    Démon, esprit malin.

Sur l’art… perplexités et réflexions.
De Lucie de la Fère.

  1. Si l’enseignement mécanise, l’imagination libère-t-elle des contraintes formelles ?
  2. Inspiration sans réflexion n’est-elle que hasard sans jugement ?
  3. De ce que la sincérité est communicative, est-elle toutefois un critère de vérité ou encore de beauté ?
  4. L’art peut-il oublier la nature ?
  5. Pourquoi se désintéresse-t-on des oeuvres d’art ?
  6. L’art est-il évasion, refuge, oubli ou passe-temps ?
  7. La beauté peut-elle défigurer l’oeuvre d’art ?
  8. L’art déprave-t-il ?
  9. L’artiste peut-il se défaire de la société ?
  10. Doit-on pervertir le goût ?
  11. Les oeuvres d’art peuvent-elles se passer de nous ?
  12. La réalité quotidienne est-elle étrangère à l’art ?
  13. L’art a-t-il une fonction ?

Sur l’art… perplexités et réflexions.
De Lucie de la Fère.

  1. Si l’enseignement mécanise, l’imagination libère-t-elle des contraintes formelles ?
  2. Inspiration sans réflexion n’est-elle que hasard sans jugement ?
  3. De ce que la sincérité est communicative, est-elle toutefois un critère de vérité ou encore de beauté ?
  4. L’art peut-il oublier la nature ?
  5. Pourquoi se désintéresse-t-on des oeuvres d’art ?
  6. L’art est-il évasion, refuge, oubli ou passe-temps ?
  7. La beauté peut-elle défigurer l’oeuvre d’art ?
  8. L’art déprave-t-il ?
  9. L’artiste peut-il se défaire de la société ?
  10. Doit-on pervertir le goût ?
  11. Les oeuvres d’art peuvent-elles se passer de nous ?
  12. La réalité quotidienne est-elle étrangère à l’art ?
  13. L’art a-t-il une fonction ?

Aux kantiens…
Variations.

  1. Ce qui est agréable est agréable pour moi ; il en est de même du beau.
  2. Quand j’ éprouve la chose comme belle, je n’exige pas d’autrui le même assentiment.
  3. Ce qui existe ce n’est pas le goût mais mon goût. Le jugement esthétique qui pourrait prétendre à l’assentiment de tous n’est qu’un fantasme universaliste.
  4. Le jugement de goût est-il autre chose qu’une tromperie ?
  5. Pourquoi l’oeuvre d’art devrait-elle être exemplaire ?
  6. Il y a des folies originales.

  1. Sur un thème de Bergson. L’imprévisible rien est le tout de l’oeuvre d’art.
  2. Sur un thème de Merleau-Ponty. Tout art est d’agrément…
  3. Sur un thème de Sartre. Le sens n’habite pas l’oeuvre d’art. Elle n’ est pas même un signe. Nécropole cryptée d’intentions muettes, elle est invitation au délire herméneutique, au silence, et, plus rarement, au jeu de l’interprétation.
  4. Le beau est promesse de bonheur. Mais il n’est que promesse.
  5. L’occasion fait l’artiste.
    Deux pointes…
  6. A quoi reconnaît-on l’artiste ? à son savoir-faire ou à son savoir-communiquer ?
  7. L’oeuvre d’ art est fille publique mais est-elle pour autant fille… de joie ?

Kant, l’enfant, l’éducation et le travail.
De Pervenche à quelques amies…
Vous savez qu’ Emmanuel Kant est ou… doit être placé < au coeur de l’Europe >, de la nouvelle Europe.. anglo-saxonne, protestante et bien sûr… travailliste.
Ce postulat circule de bouche à oreille, de celles qui recueillent et propagent la bonne parole à Bruxelles, à Strasbourg, à Luxembourg, à Francfort…
Sa philosophie fournit le fondement éthique d’une « Union monétaire » tout à la fois fière et semi-honteuse de sa puissance économique mais volontiers donneuse de leçons.
Manifestant par là même la contradiction intime de tout bon entrepreneur calviniste.
A la volonté de puissance lucrative effrénée et sans scrupule répond le vif sentiment de la « corruption » -au sens biblique- qui lui est théologiquement consubstantielle et, symétriquement, le besoin d’affirmer, de propager, d’enseigner la Loi.
Il est donc intéressant de revenir aux textes « exemplaires » du philosophe de Koenisberg ; notamment à ceux qu’il consacra à l’épineux problème de l’éducation des enfants.
Ainsi cette admirable page -chef d’oeuvre d’humour involontaire-, où la vision pédagogiste dévoile sans vergogne le style inimitable de la « Réformation » ainsi que ses habituels procédés : former, surveiller et punir.
Nous y apprenons que :

  1. le travail est nécessaire à l’homme ;
  2. que la contrainte est un bien ;
  3. qu’au Paradis ledit travail a sauvé Adam et Eve de l’ennui…
  4. qu’il faut en conséquence accoutumer l’homme à ce que le meilleur repos soit celui qui suit le travail,
  5. et… déshabituer l’enfant à tout regarder comme un jeu.
    Mes chéries, si cédant à Nature vous vous abandonnez à la passion maternelle, par pitié : ne confiez pas vos enfants aux soins des « éducateurs » méthodistes kantiens !..
    Pervertissez-les !…

Réflexions sur l’éducation, 1776-1786. (Tr. Philonenko)
< Il est de la plus haute importance que les enfants apprennent à travailler. L’homme est le seul animal qui doit travailler. Il lui faut d’abord beaucoup de préparation pour en venir à jouir de ce qui est supposé par sa conservation. La question de savoir si le Ciel n’aurait pas pris soin de nous avec plus de bienveillance, en nous offrant toutes les choses déjà préparées, de telle sorte que nous ne saurions pas obligés de travailler, doit assurément recevoir une réponse négative : l’homme en effet a besoin d’occupation et même de celles qui impliquent une certaine contrainte. Il est tout aussi faux de s’imaginer que si Adam et Eve étaient demeurés au paradis, ils n’auraient rien fait d’autre que d’être assis ensemble, chanter des chants pastoraux et contempler la beauté de la nature. L ‘ennui les eût torturés tout aussi bien que d’autres hommes dans une situation semblable L’ homme doit être occupé de telle manière qu’il soit rempli par le but qu’il a devant les yeux, si bien qu’il ne se sente plus lui-même et que le meilleur repos soit pour lui celui qui suit le travail. Ainsi l’enfant doit être habitué à travailler. Et où donc le penchant au travail doit-il être cultivé, si ce n’est à l’école ? L’école est une culture par contrainte. Il est extrêmement mauvais d’habituer l’enfant à tout regarder comme un jeu. Il doit avoir du temps pour ses récréations, mais il doit aussi y avoir pour lui un temps où il travaille. Et si l’enfant ne voit pas d’abord à quoi sert cette contrainte, il s’avisera plus tard de sa grande utilité. >
A ce propos, revoir la belle parabole cinématographique d’Ingmar Bergman: Fanny et Alexandre.

Flot et jusant…
De Bérénice.
Réminiscence de Mandiargues ou fragment d’un rêve…
< … La petite gueule reptilienne de ma vulve happa son sexe… Le plaisir vint aussitôt, accompagné d’une mer d’urine… >

Une scandaleuse confidence…
D’Odile.
< Entendu : certaines femmes inspirent un portrait, un poème, une symphonie, une folie… d’autres, le viol. >

De l’amour…
< Vouloir être aimé est la plus grande des prétentions >, écrit Nietzsche.
Car elle enveloppe deux exigences considérables : celle de vouloir et celle d’ être aimé.
On comprend que prétendre… à être détesté soit d’ordinaire plus à notre portée.

Sur la littérature, un jugement de Homais.
Dialogue.
< A : – Connaissez-vous la grande nouvelle ? B : -?… A : -La littérature, ce n’ est pas un divertissement… B : – ?… A : -C’est un travail ! B : -Un travail ? A : -Et qui plus est… un travail… scientifique ! >
Travailleur des lettres, atelier littéraire…
Littérature, salle de torture.

Le mot et la chose. Contribution à la querelle du réalisme et du nominalisme.
 Petite obscénité 1
D’Odile.

Christian Schad, autoportrait avec modèle

Abbé de Lattaignant. Chanoine.
< Madame, quel est votre mot
Et sur le mot et sur la chose ?
On vous a dit souvent le mot
On vous a fait souvent la chose.
Ainsi, de la chose ou du mot
Vous pouvez dire quelque chose,
Et je gagerai que le mot
Vous plaît beaucoup moins que la chose;
J’avouerai que j’aime le mot,
J’avouerai que j’aime la chose.
Mais, c’est la chose avec le mot,
Mais, c’est le mot avec la chose,
Autrement, la chose et le mot
A mes yeux seraient peu de choses.
Je crois même en faveur du mot,
Pouvoir ajouter quelque chose;
Une chose qui donne au mot
Tout l’avantage sur la chose :

C’est qu’on peut dire encore le mot
Alors qu’on ne fait plus la chose.
Et, pour peu que vaille le mot,
Mon Dieu, c’est toujours quelque chose !
De là je conclus que le mot
Doit être mis avant la chose
Qu’il ne faut ajouter au mot
Qu’autant que l’on peut quelque chose
Et que pour le jour où le mot
Viendra seul, hélas, sans la chose,
Il faut se réserver le mot
Pour se consoler de la chose.
Pour vous, je crois qu’avec le mot
Vous voyez toujours autre chose,
Vous dites si gaiement le mot,
Vous méritez si bien la chose,
Que pour vous, la chose et le mot
Doivent être la même chose.
Et vous n’avez pas dit le mot
Qu’on est déjà prêt à la chose.

Mais quand je vous dis que le mot
Doit être mis avant la chose
Vous devez me croire à ce mot
Bien peu connaisseur en la chose.
Eh bien, voici mon dernier mot
Et sur le mot et sur la chose :
Madame, passez-moi le mot
Et je vous passerai … la chose. >

Lattaignant, Gabriel, Charles de, 1697-1779.
Cadet de famille, entra au séminaire sans vocation.
Mena à Paris une vie de libertinage et de badinage poétique.
Acquit en 1740 un titre de Chanoine de Reims.
Grand chansonnier, il est l’auteur de la chanson < j’ai du bon tabac >.

Polluons, polluons…
Petite obscénité 2
D’Odile.
Sénac de Meilhan, Epicurien d’Ancien Régime.
Vers libertins et pornographiques.
la Foutromanie.

(…) Un con touffu, mutin, ingénieux
A deviner cent tours voluptueux,
Des reins d’ivoire et des fesses de marbre,
Une charnière à mobiles ressorts,
Qui, sans quartier, m’attaque corps à corps,
S’unit à moi comme le lierre à l’arbre,
Qui, secondant mes amoureux efforts,
Aux coups du cul répond avec adresse,
Serre mon vit, forge les voluptés,
Et me prodigue une adorable ivresse.
Voilà mes lois et mes divinités.
Moi, foutomane, ingambe et peu sublime,
J’aime à penser qu’en employant mes jours
A polluer, je ne fais aucun crime… >
*
< Voilà mes lois et mes divinités >…
Le bel amant qui saurait bien nous plaire…

< S’ ouvrir à l’ Autre > ou Blasphémons autrui…
Petite obscénité 3
De Charmante…
Liquidation du fétiche en mots-valises.
Autrui, Autruisme, Autruie…
L’Autre comme valeur, comme cliché, comme obscénité.

Précision…
Petite obscénité 4
De Pervenche.
L’ obscène et le kitsch…
Le < Travail > est obscène, la < Morale > est obscène, l ‘< Autre > est obscène, la < Religion > est obscène, < Dieu > est obscène, l ‘< Art > est obscène, l'< Amour > est obscène, l’ < Etat > est obscène, le < Droit > est obscène, l’ < Histoire > est obscène, la < Philosophie > est obscène…
Les < Valeurs > et les < Grands sentiments > sont obscènes…
Le sublime, l’ infini, la grandiloquence sont obscènes…
Ab(s)cènité ( abcès + obscène ): purulence kitsch.
La ‘pataphysique -qui n’est que le relevé, la représentation de ces fantastiques et fantasmatiques Zidoles à Mages/uscules-, est donc selon la stricte définition : pornographique…
Pornographie : représentation de scènes obscènes destinées à être communiquées au public sous la forme de dessins, peintures, photos, écrits > Les dictionnaires.

Réminiscences de Bunuel : religion de l’Amour, religion de la haine.
De Solange.
La voie lactée.
1.
-tu as de l’argent ?
-non…
-alors tu n’auras rien !
2.
-allez, prends ces enfants…
… Tu les appelleras, l’un < tu n’es pas mon peuple >, l’ autre < point de miséricorde >.
3.
-En tous cas, on y est pour rien…
4.
-C’est pour ça que tout le monde est catholique !
-les Musulmans ?… les Juifs ?…
-Ils sont catholiques, voyons…

5.
-La religion sans mystères ne serait pas la religion.
6.
-J’imaginais qu’on fusillait un pape…
7.
-Qu’il soit anathème !
8.
-Vous persistez ?…
-Non, je m’incline, mon père…

  1. bis.
    -De toutes façons, tu es relapse, tu vas mourir ; si tu veux sauver ton âme de la damnation, repens-toi…
    -Non… je ne peux pas, je ne peux pas…
    9.
    L’ ange de la mort : – je suis un ouvrier qui ne chôme pas… j’ interviens au dernier moment.
    10.
    -La liberté est un fantôme…
    11.
    -Il n’ y a pas de mystère plus profond et plus doux que celui de la Vierge Marie…
    ( Y a-t-il déception plus navrante que celle de la Verge marrie ?… )

12.
-Ma haine de la science et mon horreur de la technologie m’amèneront à cette absurde croyance en dieu.
13.
-Voici le Dogme… la seule vérité !
14.
Jésus de Nazareth :
-Pensez-vous que ce soit la paix que je suis venu mettre sur la terre ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division… On se divisera père contre fils et fils contre père… Luc, 12, 49.
et :
-N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix mais bien le glaive. Oui je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemi les gens de sa maison. Matthieu, 10. 34.
*
Donc :

  1. L’Amour, la Charité et le Pardon pour les convertis… le Glaive et la haine pour les autres !
    Jésus de Nazareth… Nazarête ou l’Arête du Saigneur…
  2. Tout Sauveur est un Inquisiteur, tout Inquisiteur se proclame sauveur.

  1. Quant à l’ Hérétique ( grec : hairoûmai, je choisis ),
    -selon le Dogmatique, chétif penseur,
    repoussant hère étique-,
    errant sur son aire,
    grimaçant sur le Dogme,
    relapse ou apostat,
    il tique.
    Mais, allant grand’erre,
    il aspire
    -soucieux lui aussi de l’Ecriture-,
    à un Dogme inédit,
    à une nouvelle Ere,
    et dont il se fera,
    -nouveau Sauveur-,
    le champion, le Grand Inquisiteur.
    Harcelant, soupçonnant,
    persécutant glorieux,
    tout costumé de sa haire de pénitence…
  1. Conclusion :
    Jeu de rôles. les Zélus, les Zélotes, les Zubus, les Zilotes…

Perle.
Jésus Kitsch…
Et pour fêter Noël cette confidence, » les yeux mi-clos « , à une gazette, de X*** Inspecteur ecclésiastique de l’Eglise évangélique luthérienne :
< Pour moi, si faible, si fragile, cette incarnation de Dieu qui vient jeter un regard sur chacun, quelle merveille ! Noël, quel bel amour ! C’est ma vie. >
Eau de Vie, eau de vie, eau de vi… Ah, doux Jésus !…

Sirènes, Dijon, 1300-1350
Bestiaire d’amour, Richard de Fournival. Picardie

Bis. Solutions imaginaires…
D’Odile.
De Florence Mauro, La Mère et le Fils, Desclée de Brouwer, l’analyse des liens de Jésus et de Marie au travers des représentations de Bellini, Piero Della Franscesca, Giotto, Lippi, Albertinelli, Antonello da Messina…
Autant de séduisantes solutions imaginaires apportées à un problème qui ne l’ est pas moins.
Très riche étude iconographique d’ une relation bien singulière qui n’a cessé et qui ne cesse de fonder ou… d’empoisonner « spirituellement » le monde, c’est selon, – et jusqu’ à l’époque contemporaine.

De Buenos Aires.
Au courrier, d’ Eva García ( Régente de Nautique Epigéenne Consort, Novísimo Instituto de Altos Estudios Patafísicos de Ubuenos Aires ) :
< Chaque fois que je me heurte à un mur, j’ai peur de m’agenouiller. >

Petite ‘pataphysique de l’ Histoire…

historique : hystérique

  1. Hystérie : grec, usteria, de ustera, uterus, matrice. Ainsi nommée parce que selon Hippocrate cette affection que l’on croyait exclusive à la femme avait son origine dans cet organe.
    Au sens ‘pataphysique :
    Disposition mentale qui pousse certains sujets suggestibles à la mythomanie, parfois à la mégalomanie.
    Psychose, affection de la conscience, « aliénation » de la personnalité.
    Déni de la réalité, sentiment de détresse devant la précarité du réel, perte du jugement critique, hallucinations, interprétations délirantes, visions… en sont les symptômes caractéristiques.
    Elle s’incarne notamment chez le mystique, le prophète, l’halluciné sous psychotropes, le théologien, l’idéologue, le philosophe de l’ Histoire, les Visionnaires … qui pour la plupart sacrifient à l’hystérologie, procédé rhétorique illustré par le mot de Cocteau :
    < trouver d’abord, chercher après >.
  2. Hystérie collective : voir psychologie des foules. Gustave le Bon.
    Délire collectif « rationalisé ».
    Effet de promiscuité, d’ imitation sociale, d’ identification au leader, à ses fantasmes et à ses < idées >, à ses < valeurs > ; culte de la personnalité jusqu’au fétichisme, nivellement intellectuel par le bas, orgasme collectif dans un sentiment de puissance transindividuel, etc…
    Les oligarchies, les grandes individualités et les foules font et défont l’ < Hystoire > (sic).

Au Clichai, clichés…
De Charmante.
< La ‘pataphysique est le relevé des clichés >…
Cliché :
définition : image négative ; plaque typographique en relief pour tirer des exemplaires.
synonymes : image, photographie, banalité, poncif, truisme, slogan, proverbes, adages…
image :
définition : figuration fidèle ou interprétée du réel.
synonymes : comparaison, description, dessin, effigie, emblème, esquisse, estampe, exemple, figure, fresque, gravure, illustration, imitation, lithographie, métamorphose, métaphore, notation, parabole, peinture, planche, portrait, reflet, reproduction, representation, ressemblance, simulacre, souvenir, statue, vignette.
photographie :
définition : procédé permettant d’obtenir l’image durable des objets par l’action de la lumière
sur une surface sensible.
synonymes : cliché, illustration, portrait, épreuve.
banalité :
définition : qui est déjà connu, commun, courant, ordinaire.
synonymes : cliché, généralité, platitude, poncif, truisme.
poncif :
définition : expression littéraire sans originalité.
synonymes : banalité, cliché, routinier.

truisme :
définition : vérité évidente.
synonymes : affirmation, banalité, lapalissade, tautologie, vérité.
adages :
définition : maxime ancienne, populaire.
synonymes : aphorisme, axiome, dicton, maxime, pensée, proverbe, sentence, tradition.
proverbes :
définition : conseil de sagesse et d’expérience populaire.
synonymes : aphorisme, apophtegme, axiome, dicton, maxime, pensée, saynète, sentence,
slogan :
définition : courte formule destinée à impressionner les esprits.
synonymes : devise, formule.
Clichai : lieu où l’on emmagasine les clichés et notamment les < grands crus >.

Eloge de la caresse.

Balthus, la leçon de guitare

Maupassant, Les caresses. Gil Blas, 14. 08. 1883.
< Oui, madame, laissons les moralistes nous prêcher la pudeur, et les médecins la prudence ; laissons les poètes, ces trompeurs toujours trompés eux-mêmes, chanter l’union chaste des âmes et et le bonheur immatériel ; laissons les femmes laides à leurs devoirs et les hommes raisonnables à leur besognes inutiles ; laissons les doctrinaires à leurs doctrines, les prêtres à leurs commandements, et, nous, aimons avant tout la caresse qui grise, affole, énerve, épuise, ranime, est plus douce que les parfums, est plus légère que la brise, plus aiguë que les blessures, rapide et dévorante, qui fait prier, qui fait commettre tous les crimes et les actes de courage. … Et si vous voulez madame, que je vous dise une vérité que vous ne trouverez, je crois, en aucun livre, les seules femmes heureuses sur cette terre sont celles à qui nulle caresse ne manque. Elles vivent, celles-là, sans souci, sans pensées torturantes, sans autre désir que celui du baiser prochain qui sera délicieux et apaisant comme le dernier baiser. Les autres, celles pour qui les caresses sont mesurées, ou incomplètes, ou rares, vivent harcelées par mille inquiétudes misérables, par des désirs d’argent ou de vanité, par tous les événements qui deviennent des chagrins. Mais les femmes caressées à satiété n’ont besoin de rien, ne désirent rien, ne regrettent rien. Elles rêvent, tranquilles et souriantes, effleurées à peine par ce qui serait pour les autres d’irréparables catastrophes, car la caresse remplace tout, guérit tout, console de tout ! >

Etymologie ou la preuve par le calembour.
Dialogue italien. Réminiscence de Jean Paulhan.
-L’ étymologie a-t-elle une valeur probatoire ? demande Pierrot à Arlequin.
-Très certainement, répond le comédien. Pour… preuve cette proposition d’ Ubu Roi :
< … le pays nommé Germanie, ainsi nommé parce que les habitants de ce pays sont tous cousins germains. >
*
Le destin de l’étymologie est considérable. Isidore de Séville, la kabbale, les existentialistes…
La ‘pataphysique l’emploie fréquemment ; l’effet est parfois drôle et elle le sait.
La gnose et la philosophie y ont recours elles aussi ; l’effet est assez souvent comique.
Mais le savent-elles ?

Maître Jacques et les écrouelles.
histoire vraie.
Un tétraplégique désire mettre fin à ses jours.
Complètement paralysé, muet et presqu’aveugle il ne communique plus que par le pouce de sa main droite avec lequel il presse la main de son interlocuteur lorsque celui-ci énumère l’alphabet…
Il lui faut donc obtenir le consentement de la société, de ses médecins, de ses magistrats, de ses « autorités spirituelles « , -c’est-à-dire contourner la législation en vigueur.
Qui le lui refusent.
Il sollicite alors le  » droit de mourir  » du monarque républicain, premier parmi les Magistrats.
Qui,  » en toute paternité  » lui fait répondre qu’ : < il faut qu’il retrouve goût à la vie >, – charitable injonction assortie d’ un : < c’est un ordre du président de la République >.
Dans sa requête le jeune homme lui avait écrit un mois auparavant :
< Vous avez le droit de grâce et moi je vous demande le droit de mourir >.
Exigence manifestement contraire au bon sens, aux valeurs, et par là même intolérable.
Qui a dit : < Le Roi te touche, tu es guéri… > ?…

Réfractaire.
  RÉFRACTAIRE, Littré.
1° Qui résiste à l’autorité, à une autorité. Il vaudrait mieux…. qu’ils fussent réfractaires à toutes les volontés, que de manquer à la moindre des miennes, BOURDAL. Dim. t. II, p. 29, Soin des domestiques. Bien informé d’ailleurs que vous aimiez Clarisse, Et que vous deveniez réfractaire à ses lois, Refusant d’épouser celle dont il fit choix, REGNARD, le Distr. V, 10. Le premier usage que fit Louis XIV des talents du jeune prélat, fut de le nommer pour médiateur entre le nonce du pape et quatre évêques français, réfractaires très obstinés à la condamnation de Jansénius, D’ALEMB. Éloges, Card. d’Estrées.
    Substantivement. Il [Cavalier, chef des Camisards] répondit que, quand on lui désobéissait, sa prophétesse, qu’on appelait la grande Marie, était sur-le-champ inspirée, et condamnait à mort les réfractaires, VOLT. Louis XIV, 36. Y a-t-il, disent les réfractaires, une contradiction plus grande ? ID. Facéties, Quest. mir. 2e lett.
    2° Conscrit réfractaire, celui qui se soustrait à la loi du recrutement et se cache pour n’être pas mené sous les drapeaux. Le magistrat qui les poursuit avec tant de rigueur aujourd’hui sous prétexte de bonapartisme…. faisait saisir le conscrit réfractaire, et conduire aux galères l’enfant qui préférait son père à Bonaparte, P. L. COUR. Pétition aux chambres.
    Substantivement. Un réfractaire.
    3° Prêtre réfractaire, celui qui a rompu ses voeux.
    S’est dit particulièrement, pendant la Révolution française, des prêtres qui avaient refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé. ….royalisent la république, tant par la mise en liberté et la rentrée des prêtres réfractaires, que…. BABOEUF, Pièces, I.
 HISTORIQUE :
XVIe s. Gens qui taschent à donner couleur à si damnable rebellion, pour induire les simples à penser qu’ilz ont eu quelque cause de se mouvoir, et confirmer les refractaires à suyvre leurs inventions, CONDÉ, Mémoires, p. 552. Peut-estre que l’afection sincere que me portez, vous tire en partie adverse et refractaire, comme disent les clercs, RAB. III, 18.
ÉTYMOLOGIE :
Lat. refractarius, rebelle, de refractum, supin de refringere, de re, contre, et frangere, briser (voy. FRACTURE).

Iraq : que la Fête commence…
 < La guerre est, des riches et des puissants, le divertissement >
Dämon Sir, Miettes ‘patasophiques
 De Solange.
On dit qu’il va y avoir la guerre.
On dit qu’une « superpuissance » prédatrice et rentière, impérialiste et aux mains d’une camarilla de pétroliers et de fondamentalistes chrétiens, s’apprête à envahir un malheureux Etat du Proche Orient livré aux caprices d’un autocrate despotique et sanguinaire.
On dit que la diplomatie de moindres requins et de quelques grenouilles périphériques se dépense en palabres et gesticulations aussi dérisoires qu’inutiles, au nom des « grands principes », dans l’espoir à peine dissimulé de récupérer quelques miettes du festin.
On dit que des militaires, nouveaux drones humains robotisés, vont faire leur « travail » avec application, compétence et sérieux. Que leur vertu et leur courage seront reconnus, célébrés et récompensés.
On dit que les chercheurs et autres techniciens sont impatients de tester leurs nouvelles machines à donner la mort pour mieux faire avancer la Science.
On dit que cette guerre prochaine ajoutant à la famine, à la misère et à la désolation de dix ans d’embargo et d’horreur civile, les femmes n’auront plus de larmes pour pleurer ni leurs enfants assez de forces pour hurler.
On dit que les média et les correspondants de presse s’apprêtent à « couvrir l’événement en temps réel » afin que la planète ne perde rien du feu d’artifice spectaculaire qui nous serait promis.
On dit aussi qu’il s’agit d’un combat nécessaire contre le mal…
On dit enfin qu’il s’agit là d’un banal < jeu de société >.
Mais que ne dit-on pas…

Alternative pataphysique.

Jouer avec les mots ou être joué par les mots…

Eloge de l’emprunt.
De Lucie de la Fère.
Il n’ y a pas que la pie qui soit voleuse… la corneille l’est tout autant.
Pour preuve cet éloge de l’emprunt par l’auteur de La place royale.
Le Menteur, Epître :
< … ainsi quand je me suis résolu de repasser du héroïque au naïf, je n’ai osé descendre de si haut sans m’assurer d’un guide, et me suis laissé conduire au fameux Lope de Vega, de peur de m’égarer dans les détours de tant d’intrigues que fait notre Menteur. En un mot ce n’est ici qu’une copie d’un excellent original qu’il a mis au jour sous le titre de La Verdad sospechosa, et me fiant sur notre Horace qui donne liberté de tout oser aux poètes ainsi qu’aux peintres, j’ai cru que nonobstant la guerre des deux couronnes, il m’était permis de trafiquer en Espagne. Si cette sorte de commerce était un crime, il y a longtemps que je serais coupable, je ne dis pas seulement pour le Cid où je me suis aidé de D. Guillen de Castro, mais aussi pour Médée dont je viens de parler, et pour Pompée même où pensant me fortifier du secours de deux Latins, j’ai pris celui de deux Espagnols, Sénèque et Lucain, étant tous deux de Cordoue. Ceux qui ne voudront pas me pardonner cette intelligence avec nos ennemis, approuveront du moins que je pille chez eux, et soit qu’on fasse passer ceci pour un larcin, ou pour un emprunt, je m’en suis trouvé si bien, que je n’ai pas envie que ce soit le dernier que je ferai chez eux… >
On relèvera la désinvolture de l’aveu, la manière cavalière de grand seigneur, l’insolence du ton, l’ironie qui imprègne tout le passage.
Grand Auteur, grand plagiaire ?… A charge évidemment d’ égaler le modèle.
Aristote assignait à l’art le soin d’imiter la nature.
Il est vrai qu’il n’avait pas encore inventé… l’intertextualité.
< Dis-moi, me trouves-tu bien fait en cavalier ? Ma mine a-t-elle rien qui sente l’écolier ? >
Le Menteur, 1, 1, v. 7/8.

‘Patagramme
De Pervenche.
Ce rapprochement : Gnose/Glose.
Deux genres d’allégations et, assez souvent, de divagations…
Emprunter les allées de la religion, de l’ésotérisme et du mystère dans le but de parvenir au Savoir, à la Connaissance universelle -voie de Hegel ; annotation sur les marges d’un écrit, marginalia, pour en expliquer, commenter le sens.
Dans les deux cas la virtuosité n’est pas rare mais … la folie guette.
Folie du Sens.
Le paragramme qualifie la faute d’orthographe qui consiste à substituer une lettre à une autre. Ainsi de la coquille ou de la translittération.
-Le paragramme est le plus souvent « insignifiant », involontaire, simple effet de hasard.
Le ramener à un prétendu « inconscient du texte »( J. Kristeva ), -appétissante monstruosité conceptuelle-, c’est se situer sur le plan de la pensée oraculaire et de la magie verbale.
-Il peut être intentionnel ; cryptographie, mot-valise, à-peu-près en sont les espèces les plus fréquentes…
La ‘pataphysicienne en fait grand cas. Sa pente la destine au…’patagramme, source de rapprochements insolites et plaisants.

Histoire presque vraie…
De Solange.
Deux amies conversent…
-je m’en reviens de chez mon psychiatre… dernier épisode de ma cure…
-Tant mieux ! de quoi souffrais-tu donc…
-je souffrais d’une affection… regrettable, paraît-il…
-?…
-j’étais ‘pataphysicienne…
-‘pataphysicienne !… En effet… Etat borderline… dérive schizophrénique, perte du sens commun…
C’est sûr qu’au regard de ta situation professionnelle et familiale, c’était embarrassant…
Mais te voici guérie… Donc tu n’es plus ‘pataphysicienne ?
-si ! Mais maintenant j’en suis fière…

Deux réflexions…
-Etat du monde politique :
Deux opérateurs métahistoriques… d’ inintelligibilité.
Cynisme absolu et/ou paternalisme d’un côté, impuissance et/ou incommensurable niaiserie de l’autre.
Telle est, derrière la rhétorique et la phraséologie, la réalité des faits, la manifestation de la… < raison dans l’Histoire > ( Hegel ).
-A destination des « travailleurs », cette remarque… lourde de conséquences de Alain :
< le métier voute >. 

De Hume, de la croyance et d’un hippogriffe conceptuel…

De Pervenche…
Cette perle sur les lèvres d’une sainte femme :
< il faut dire le croire-vrai >.
Invitation à un exercice de grammaire patasophique…
-< Croire > c’est donner son assentiment sans les preuves.
-La proposition < vraie > est l’effet du travail de la preuve.
L ‘expression < croire-vrai > est donc un monstre conceptuel.
Au demeurant bien intéressant.
Et qui nous invite à une relecture de Hume, notre cher philosophe écossais…

  1. Reprenons la série :
    -Le terme de croyance qualifie l’ attitude de celui ou de celle qui affirme, selon des degrés plus ou moins grands de probabilité, la vérité ou la réalité d’une proposition ou d’une chose, sans justification rationnelle, logique ou expérimentale.
    La croyance est un acte d’adhésion, ni plus ni moins.
    C’est une conduite mentale, un état psychologique sans valeur logique.
    -La croyance populaire va de la crainte, qui produit l’image des divinité cruelles, à l’adulation, à l’ enthousiasme qui engendrent la notion d’un être parfait.
    Tous les degrés de la superstition sont ici enveloppés.
    -La croyance philosophique ou < religion naturelle > comprend, elle, deux espèces :
    le théisme : affirmation de l’action providentielle de dieu dans le monde ;
    ou
    le déisme : simple affirmation de l’existence personnelle de dieu.
    Nous ne savons pas ; nous croyons.
  1. Cependant nombre de philosophes croient avoir justifié rationnellement leur savoir.
    La croyance à la < raison > est leur superstition…
    Or la raison, purement représentative, dérivée des impressions, est impuissante.
    Selon Hume, c’est l’accoutumance qui est le moteur passionnel de l’élaboration des « connexions nécessaires », des « lois » qui constituent notre « connaissance ».
    Et les passions, existences primitives, ne représentant rien, ne sont ni vraies ni fausses.
    Ainsi un énoncé mathématique est vrai ou faux ; le goût de la logique n’est par contre ni vrai ni faux. Ni raisonnable ni déraisonnable.
    La raison n’est donc qu’une aptitude à calculer les moyens les mieux adaptés à telle ou telle fin. ‘Patactualité du Traité et des Dialogues sur la religion naturelle.
  1. Quant à l’expression < croire-vrai >, variante d’euphémisation pour… < dogmatisme >, elle traduit le renversement des valeurs opéré par le spiritualisme chrétien.
    Le grec < Dokein > signifiait < donner son assentiment >, dans l’ordre de la pratique, à un énoncé probable. D’où le substantif de < doxa>, pour < opinion >, c’est-à-dire approximation ou apparence, simulacre de vérité.
    Les Chrétiens ont ainsi… converti le concept d’opinion ( doxa ) en son contraire ( dogme ) puis l’ont fétichisé.
    D’où aussi l’idée de < credo >, symbole des Apôtres et pierre de touche de la < foi > religieuse.

Comment les dinosaures ont appris à voler…
 Comment les dinosaures ont-ils appris à voler?
WASHINGTON ( Agence pataphysique de presse ), le 17-01-2003
< Les dinosaures pourraient avoir utilisé leurs petits membres antérieurs comme des ailes qu’ils agitaient frénétiquement en se penchant en avant pour gagner de la vitesse, avant que certains développent des ailes. Des chercheurs de l’université du Montana, auteurs d’une étude publiée jeudi aux Etats-Unis estiment que leur hypothèse permet de réconcilier deux théories sur la façon dont les reptiles ont évolué pour apprendre à voler. Pour Kenneth Dial, auteur principal des travaux publiés dans la revue Science, cette évolution est passée par une phase durant laquelle les animaux agitaient leurs membres antérieurs, en penchant leur corps en avant pour gagner en vitesse. « La proto-aile, précurseur des ailes d’oiseaux actuelles, semble avoir servi comme un béquet à l’arrière d’une voiture de course, pour garder la stabilité des animaux qui grimpaient des pentes quasiment verticales », a expliqué le professeur Dial, qui enseigne la morphologie des vertébrés et l’écologie. L’évolution des vertébrés volants est sujet à des théories divergentes depuis le 19e siècle. Pour les uns, les animaux à deux pattes ont développé des ailes avec des plumes qui leur ont permis de prendre leur envol. Pour les autres, le vol trouve son origine chez les animaux ayant leur habitat dans les arbres, qui sautaient d’une branche à l’autre, apprenant à planer pour ralentir leur descente. La réponse, selon le professeur Dial, pourrait être trouvée dans le comportement de certains animaux consistant à agiter leurs membres antérieurs, qui caractérise encore les oisillons dès la sortie de l’oeuf. Les spécialistes estiment que les oiseaux ont évolué à partir d’un ancêtre commun, le dinosaure Protoavis, il y a quelque 225 millions d’années. Occupant tous les continents, les oiseaux auraient, pour la plupart, disparu en même temps que les dinosaures il y a 65 millions d’années. Les oiseaux qui ont subsisté seraient aujourd’hui les seuls vrais descendants des dinosaures. >
Science, solutions imaginaires…

< Crime contre l’espèce humaine > ( G.P.)
Perplexité…
< Un législateur, sous la pression de l’ Opinion ou peut-être même pétri de bonnes intentions (au sens kantien), se propose d’ incriminer diverses pratiques de recherche scientifique au motif qu’ elles constitueraient un < crime contre l’espèce humaine > ( sic ).
Est-il toutefois, et… encore, légitime de s’ interroger sur la valeur logique d’une semblable pénalisation ?

Une < espèce >, dans la systématique, est un concept, un mot qui désigne une classe d’êtres vivants, végétaux ou animaux, caractérisés par des formes bien définies et constituant un type héréditaire de fécondité illimitée par croisement.
Soit.
On concédera néanmoins :
-qu’ une < espèce > est un symbole, un être de définition.
Une < classe >, terme de logique, existerait-elle ?
Ce serait là un bel exemple de confusion de la logique et de l’existence… et le retour… à la preuve ontologique :
< Dieu > ou le référent de tout autre concept -le concept d’ < espèce > en l’occurrence- existe puisque l’essence, l’idée envelopperait l’existence.
Magie verbale et antiquité sophistique : le nom appelle la chose.
Or : < L’espèce est un mot qui désigne par convention des relations de ressemblance et d’analogie. Il a valeur d’abrégé. Mais l’ invariant n’est qu’un faisceau de variables. L’essence ne hante pas l’ existant > Dämon Sir.

-qu’en admettant que cet invariant statistique, cette « moyenne  » qu’ est une < espèce >, existât, ne serait-elle pas soumise à… l’évolution, aux mutations naturelles et aléatoires, aux pressions de sélection ?
L’ < espèce humaine >, à l’instar des autres espèces, n ‘est-elle pas -de fait- une fonction temporelle, une < ligne d’univers > selon la métaphore conceptuelle de Whitehead, de Russell ou de Ruyer ?
-En conséquence, faudra-il bannir Darwin et contester la portée de ses thèses pour des motifs assez semblables dans l’esprit à ceux qui interdisent l’enseignement de la < théorie de l’évolution > dans certains Etats des USA ?

Quoiqu’ il en soit, il s’agit là d’ un intéressant et assez inattendu retour au fixisme, à Aristote, aux < espèces intentionnelles > des Scolastiques.
A un fixisme normatif et aussi… prescriptif.
Curieuse et inédite entreprise : incriminer un outrage à… un être de définition !…
Hypostase, régime métaphysique d’intelligibilité des phénomènes imposé, dogmatisme…
Inquisition ?…
Le dominicain nouveau serait-il arrivé ?
*
Quand les < Autorités spirituelles >, l’ Opinion, les moralistes et les juristes prétendent se substituer à la recherche à la science et à la logique… le ridicule n’est jamais très loin. >

Preuves de l’existence de < Dieu>.
En relisant saint Anselme…
Question :
Quel crédit accorder à l’ idée d’ un < Dieu > qui nécessite d’ être prouvé pour exister ?

Sagesse de Remy de Gourmont.
De Pervenche ces deux lectures…

  1. Dialogue des Amateurs, Prédictions.
    < -Il faut vivre comme si rien ne devait jamais changer. Cette maxime fait le pendant de cette autre : Vivre comme si on ne devait jamais mourir. Pourtant nous mourrons, et pourtant le monde reverra des révolutions sociales, politiques et peut-être géologiques. A quoi bon nous troubler soit à propos de l’inévitable, soit à propos de l’incertain ? Le mot de Louis 15 l’égale aux plus fermes philosophes : Après moi le Déluge. -Et le déluge est venu en effet, et il ne manque pas de bons esprits pour penser que ce qui pouvait arriver de mieux à ce moment, c’était le déluge. -Vous savez nager ? -Non, mais je me réfugierais sur les montagnes de l’ironie. Et, de là, je m’amuserais peut-être beaucoup. -J’en doute. -Pourquoi cela ? Je resterais fidèle à ma philosophie, qui est de contempler d’un oeil innocent les mouvements de la vie.>
  2. Nouveaux Dialogues des Amateurs.
    < La pataphysique est une belle chose pour les gens qui s’ennuient.>

Bis. Chacun Sa Chimère.
Baudelaire. Le Spleen de Paris, Petits poèmes en prose.
< Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés. Chacun d’eux portait sur son dos une énorme Chimère, aussi lourde qu’un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d’un fantassin romain. … Je questionnai l’un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu’il n’en savait rien, ni lui, ni les autres ; mais qu’évidemment ils allaient quelque part, puisqu’ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher. … Tous ces visages fatigués et sérieux ne témoignaient d’aucun désespoir ; sous la coupole spleenétique du ciel, les pieds plongés dans la poussière d’un sol aussi désolé que ce ciel, ils cheminaient avec la physionomie résignée de ceux qui sont condamnés à espérer toujours. … Et pendant quelques instants, je m’obstinai à vouloir comprendre ce mystère ; mais bientôt l’irrésistible Indifférence s’abattit sur moi, et j’en fus plus lourdement accablé qu’ils ne l’étaient eux-mêmes par leurs écrasantes Chimères. >
Chimères, visions,
Rêves…
Idylles, utopies…
Fantasmes diurnes, rêveries…
Songes des Veillants, folies,
Fantaisie…
Fantastique transcendantale.

Lexique de la niaiserie.
Entendu…
< La grammaire a pris possession de la littérature, le métalangage du langage, la critique de la vie. >
Et la ‘pataphysique… de la pataphysique…
Lexique de la niaiserie.
Pata ( benêt-béat-béjaune-bête–candide-cave-cornichon–dadais–godiche–jobard-jocrisse–naïf-niais-nigaud–sot-simple… )
Etonnante richesse d’un « champ lexical  » à l’usage fort banalement… démocratique.
La niaiserie serait elle -contrairement à la < raison > selon Descartes- < la chose du monde la mieux partagée > ?

Amour noir…
De Charmante…

  1. Existence : jeu de rôles, de maux et de mots.
    Immense canular.
    ‘Pataphysique : miroir des miroirs de l’existence. Théâtre, théâtre d’ombres, représentation… Vaste canul-art…
  2. Pour honorer les défunts, cette perle recueillie dans un manuel d’instruction civique poldave :
    < Le mort étant bel et bien une personne même s’il perd la personnalité juridique… >
    Les cendres des incinérés et les cadavres pourrissant dans leurs boites et dans leurs trous apprécieront à leur juste valeur ce charabia éthico-métaphysique…
  3. Dans une veine parallèle, cette réponse d’un Patagon à une angoissante question, bien dans la manière de < JulienTorma > :
    -Vous cherchez la Paix ?…
    Rien n’est plus facile : il suffit… d’appuyer sur la détente.
    De Solange…
  4. Cette (in)volontaire, candide et amoristique affirmation d’un personnage – insolite pasteur féminin- de L’amour à mort ( Alain Resnais ): < nous ressusciterons… >
    Curieux fantasme à mettre en regard d’ une péripétie, la seconde tentative de suicide d’un personnage -certes plus décalé -, d’ un autre film du même auteur ( Je t’aime, je t’aime ).
    Et dont l’argument est assez proche : l’irrépressible besoin de rejoindre l’ être aimé à jamais disparu dans la mort.
    Pour se suicider efficacement il faudrait donc s’y prendre… à deux fois.
  5. < Rendre l’âme à Dieu >… Certes, mais comme on rend son tablier ; se déchargeant d’un inutile fardeau.
    < Rendre son dernier soupir > : agonie du musicien.

De la Jalousie politique, du secret et de la Raison d’Etat.
Lecture.
< … la jalousie, simple passion dans le domaine commun, peut être aussi une vertu dans le domaine politique : elle fait partie de la quête du secret inhérente à tout pouvoir absolu bien exercé. Ainsi, le plus célèbre des recueils d’emblèmes diffusés en Europe au cours du 17° siècle, l’ Iconologia de Cesare Ripa (1593) représente la Raison d’Etat comme une femme pourvue de tous les < attributs de la puissance et de la domination, et notamment d’ < une jupe verte toute semée d’yeux et d’oreilles >. Ce que le traducteur français, Jean Baudouin, expliquait ainsi : < Sa jupe pleine d’ yeux et d’oreilles nous représente la Jalousie, qui, pour mieux acheminer ses desseins, et retarder ceux des autres, veut tout voir et tout entendre. >
Il va de soi que la tromperie et la dissimulation sont liées de près à la < jalousie politique >, ce qui autorisera l’abbé de Choisy à parler à propos de Louis 14, du  » talent royal de la dissimulation « … >
Préface au Mithridate de Jean Racine, Georges Forestier.

Maurice Blanchot et la ‘pataphysique.
 De Solange, A l’occasion d’une disparition. Notes pour un parallèle.
( Faux pas / L ‘espace littéraire / La Part du feu / l’ Entretien infini…)

  1. Paradoxe de l’écrivain ou… plaisir de l’ écrit vain.
    < l’ écrivain se trouve dans cette situation de plus en plus comique de n’avoir rien à dire, de n’avoir aucun moyen de l’écrire, et d’être contraint par une nécessité extrême de toujours l’écrire. >
    La ‘pataphysicienne se trouve dans la situation délectable d’avoir beaucoup à dire, d’user de maints procédés pour l’écrire, mais de n’être nullement contrainte de le rapporter.
  2. Le langage, l’absence, la mort.
    < Quand nous parlons, nous nous rendons maîtres des choses avec une facilité qui nous satisfait. Je dis cette femme, et immédiatement je dispose d’elle ( … ). Pour que je puisse dire cette femme, il faut que, d’une manière ou d’une autre, je lui retire sa réalité d’os et de chair, la rende absente et l’anéantisse. Le mot me donne l’être, mais il me le donne privé d’être. Il est l’absence de cet être, son néant. >
    Quand nous parlons nous nous rendons maîtres des signes dans une mesure qui évidemment ne nous satisfait pas toujours. Quand je dis < cette femme > je ne dispose que de son analogon symbolique.
    Dire < cette femme >, c’est au moyen des mots, des métaphores, des images et des tropes signifier sa présence d’être singulier, c’est-à-dire concret, particulier, voire étrange.
    C’est dévoiler une présence.
    Le mot ne me donne pas l’être. Certes. Mais il n’est nullement « anéantissement ».
    Il signifie pour un être, cet être d’os et de chair, l’épiphanie d’une « présence ».
  3. Evanouissement du sujet dans le langage ou génération du sujet par le langage ?
    < Quand je parle, la mort parle en moi… je ne suis plus ma présence ni ma réalité, mais une présence objective, impersonnelle, celle de mon nom qui me dépasse. >
    Quand je parle, la vie s’exprime par moi… je suis effectivement ma présence et ma réalité, une présence subjective signifiée par un nom, celle de ma pensée qui se développe.
  1. < Qui parle ? >… Moi.
    < Elle ne lut que quelques pages et parce qu’il le lui demanda doucement.  » Qui parle ?  » disait-elle.  » Qui parle donc ?  » . Elle avait le sentiment d’une erreur qu’elle ne parvenait pas à situer. >
    C’est bien… moi qui parle. Une coalescence éphémère et précaire de qualités sensibles.
    Sur ce point voir Bertrand Russell et Dämon Sir.
    Je ne suis nullement dépossédée par l’abstrait ; je ne me perds pas dans le langage bien que j’en sois imprégnée dès lors qu’en toute conscience j’ en fais la matière… de ma représentation, de mes pensées, de mes livres.
    Ainsi ce n’est pas < la peur > qui emplit mon univers quand je dis < j’ai peur > ; mais c’est ma peur, le sentiment éprouvé ici et maintenant de la menace, qui colore l’univers de ma perception.
    Le sujet est sa conscience, tout autant « pensée du dedans » que « du dehors » -le domaine neutre de l’ « il y a »-, notamment dans la parole ‘pataphysique, métalangage réflexif, critique et fictionnel.
  2. Effacement ou pilotage ?
    < Je ne suis pas maître du langage. Je l’écoute seulement dans son effacement, m’effaçant en lui, vers cette limite silencieuse où il attend qu’on le reconduise pour parler, là où défaille la présence comme elle défaille là où porte le désir. >
    La ‘pataphysicienne use du langage.
    Elle oriente et guide la venue mentale des signes vers la < présence >, ou plutôt la chose en sa banalité, s’efforçant de maîtriser représentation et affectivité.
    A l’écart de tout pathos littéraire et mystique elle refuse l’ < effacement > et l’ abandon.
    Et elle jouit esthétiquement de la < défaillance >…
    Voir la représentation de l’extase visionnaire de Thérèse par Le Bernin en la Chapelle Cornaro.

Lilith, reine des < démons >.
 De Pervenche, note de lecture.
< Alors il aima Lilith, la première femme d’Adam, qui ne fut pas créée de l’homme. Elle ne fut pas faite de terre rouge, comme Éve, mais de matière inhumaine ; elle avait été semblable au serpent, et ce fut elle qui tenta le serpent pour tenter les autres… >
Lilith, par Marcel Schwob

Lilith, séductrice et rebelle

D’après une ancienne légende hébraïque Lilith est un démon femelle qui séduisait les hommes dans leur sommeil et qui blessait les enfants innocents.
Le tout premier récit traitant de Lilith est un commentaire post-biblique appelé « l’alphabet de Ben Sira » écrit entre le septième et le dixième siècle après Jésus Christ et qui la décrit comme un démon de la nuit et tueur d’enfants.
« L’alphabet de Ben Sira » raconte de quelle manière Dieu créa une femme et son compagnon à partir du même élément et de quelle manière leur couple fut déchiré.
En effet, Lilith, pensant être égale à Adam, étant né de la même source, se rebella contre ce dernier qui essayait de l’asservir, ce qui entraîna entre eux de nombreuses querelles.
Lilith refusa totalement de se soumettre, salit le nom de Dieu et s’envola jusqu’à la Mer rouge.
Dieu envoya alors 3 anges pour tenter de ramener Lilith. Ils la retrouvèrent près de la Mer Rouge où elle donnait naissance à des démons qui étaient appelés les Lilins.
Les anges ordonnèrent alors à lilith de retourner avec Adam mais elle refusa.
Toutefois elle leur promis que si elle voyait l’un de leur noms sur une amulette au dessus d’un enfant par elle mis au monde, elle l’épargnerait.
Les anges acceptèrent ce compromis mais Dieu décida de tuer 100 de ses enfants démons chaque jour.
Tel est le Mythe de Lilith.

Séduire les hommes,  » blesser » les enfants innocents…
Arthur Machen développe le mythe dans sa nouvelle fantastique Le grand dieu Pan où
Lilith, fille de Satan est l’infernale créature qui mène le drame.
-Les hommes qui la rencontrent n’appartiennent plus à la terre… Ils ont ouvert le Livre des mémoires pour prouver l’existence du Diable.
< … la maison de la vie une fois ouverte, il peut y pénétrer ce pourquoi nous n’avons pas de nom ; et la chair humaine devenir alors le voile de l’inexprimable. >
-L’existence du Sans-Nom.
< Nous savons ce qui advenait de quiconque rencontrait le Dieu Pan. Les sages savent que tout symbole est symbole d’une réalité et non pas du néant. Et c’est en vérité un symbole exquis que celui là, sous lequel les hommes de jadis voilaient les forces secrètes et redoutables qui sont au coeur de toutes choses, les forces devant lesquelles l’âme humaine se fâne et meurt… Ces forces ne se peuvent nommer, ni concevoir que sous un voile ; un voile qui apparaît à la plupart comme une fantaisie de poète, à quelques uns comme le conte des niais et des fous. Mais vous et moi, nous avons connu en quelque chose la terreur qui peut habiter les royaumes secrets de la vie, par-desous la chair. Nous avons vu ce qui est sans forme assumer une forme.>
-Ceux qui sont devenus < idiots > après avoir éprouvé l’horreur, les < revenants > à la face de démon, les hommes qui ont vu l’enfer.
< Je n’aurais jamais pu supposer qu’un mélange aussi infernal de passions ait pu luire en des yeux humains… j’avais regardé dans les yeux d’une âme perdue. La forme de l’homme existait encore, mais tout l’enfer l’habitait… il ne voyait rien de ce que vous et moi nous pouvons voir, mais il voyait ce que, j’espère, nous ne verrons jamais. >
*
Lilith : < Une dame qui ne jouit pas de la meilleure réputation >.
Et pourtant…

Un paradoxe ‘pataphysique : < roman réaliste > (G.P.)
De Lucie.
Lu sous la plume d’un critique littéraire à propos des Communistes, d’Aragon :
< Il s’agit d’un « roman réaliste » >.
Catégorie problématique et antique débat… ( Voir… Maupassant ).

  1. Tout oeuvre romanesque ressortissant à la fiction et la fiction étant elle-même un effet de l’art, accoler l’épithète < réaliste > au substantif < roman > relève au premier abord du funambulisme conceptuel le plus audacieux.
    A entendre l’idée de < réalité > d’après les illusions du « sens commun ».
  2. Mais qu’est-ce que le < réel >, si ce n’est une catégorie du jugement, plus précisément de la modalité, à l’instar du <possible> et du <nécessaire> ?
    A ce sujet voir Kant et Michel Alexandre…
  3. En conséquence, on ne s’évade jamais de la < représentation > -fût-elle individuelle ou collective.
    Et tout est psychologique dans l’expérience humaine.
  4. En ce sens, il est possible, et très légitimement, de se demander si le < réel > ne serait pas lui même, toujours et nécessairement… un effet de l’art, donc de la fiction.
  5. < Roman réaliste > serait alors -et paradoxalement- une catégorie pertinente… mais dans une toute autre acception que celle du « sens commun « : l’acception ‘pataphysique.
    Il s’agirait ainsi -toute réel étant d’essence romanesque- d’ un simple pléonasme.

Relations internationales : le Diplomate, le Soldat et… le Père Ubu.
 De Pervenche.
< Oh! voilà du joli, Père Ubu, vous estes un fort grand voyou > Ubu roi, 1.1.
 < 1. Il existe deux issues aux conflits d’intérêts dans les relations entre les puissances, collectivités, communautés, nations, unités politiques : la guerre, la paix.
Selon la logique immanente du Droit naturel : liberté, égalité… rivalité ( Hobbes, Hegel ).
Pas de tierce juridiction. Chaque unité politique, pleinement souveraine jouit du monopole de la violence légitime, recherche le maximum de puissance et de pouvoir.
Puisque dans l’économie du vivant l’existence est à sa racine… exploitation ( Thrasymaque, Nietzsche ).
La puissance est moyen de satisfaction des intérêts privés et levier de l’accaparement ( territoires, matières premières, sources d’énergie, eau, espaces géostratégiques, population, médias, ressources spatiales… ).
Dans la rivalité de tous contre tous l’ expansionnisme est le but.
Mais dans ce contexte nulle incrimination possible du rival.
Car les adversaires s’ estiment également légitimés -par leur droit naturel.

  1. Deux figures métahistoriques interviennent ici : celle du diplomate et celle du soldat.
    Deux rôles, mais aussi deux attitudes existentielles et deux vertus : la politesse et le meurtre légitime, continuation du protocole et de l’étiquette mais par d’autres moyens.
    Les relations internationales sonnent ainsi le rappel du tragique.
    Et la mort -échéance et issue- réapparaît périodiquement comme le < sérieux de l’ Histoire >, la grande affaire…
  1. A contrario, la phraséologie, le discours du pouvoir conçu ou rêvé par les philosophes, les prêtres et le fanatisme idéologique comme support d’ idéaux moraux cosmopolitiques ( Wilson, universaliste kantien et Bush, universaliste chrétien dans leur volonté d’ imposer « au monde » la démocratie et les « éternels principes » … par la force ).
    Pour « réconcilier la société des hommes avec elle-même », cette fantasmatique, irènique, idyllique illusion.
    A noter l’ impossibilité de démêler la sincérité idéaliste de la tartuferie couvrant les intérêts impérialistes de la puissance.
  2. Ainsi vont les relations internationales : théologie du cosmopolitisme éthique contre théologie de la souveraineté politique.
    Une  » Critique de la raison pure politique  » ou encore… de la démence pratique resterait donc à composer. >
    Jarry l’a écrite à sa manière… en son Ubu roi…

Journée des femmes > et Marguerite de Navarre.
D’Odile.
Les rhinocéros au féminin (Voir Ionesco…).
Spectacle télévisuel assez plaisant d’un cortège de bas bleus et de quelques harpies aigres et grimaçantes, certaines les traits déformés par le ressentiment voire la haine.
Je me suis plongée dans Marguerite de Navarre dont j’ ai relu quelques charmantes nouvelles, notamment celle de La pénitence du Cordelier dont voici l’argument :
La nuit de Noël, une demoiselle se présente à un Cordelier, pour être entendue en confession, lequel lui baille une pénitence si étrange, que ne la voulant recevoir, elle se lève devant lui, sans absolution ; dont la maîtresse avertie fait fouetter le Cordelier en sa cuisine, puis le renvoie lié et garroté à son gardien.
< … car, tenant la place de Joseph auprès d’une belle vierge, il voulait essayer à faire un petit enfant, pour jouer au vif le mystère de la Nativité… > Heptameron 41.
Une manière de conseil aux demoiselles donc : si tu fréquentes les religieux, n’oublie pas le fouet !
Ici point de vociférations, mais l’art et l’esprit…

Clôture
De Lucie aux yeux pers…
La ‘pataphysicienne n’a pas de visage.
Ou plutôt, elle les a tous.
Quiconque, dans le sien, son visage reflète,
Derechef, elle / il le perd.


15.03.2003

vers Carnets d’une ‘pataphysicienne-1