vers accueil vers ouvroir-de-pataphysique vers ubu76
geste des opinions du docteur lothaire liogieri
CHEZ LES ORACLES…
décembre 2003 / avril 2004
<…toute cette masse d’impayable sérieux, toute cette inexorable bouffrerie, ce Colisée de blablabla… >
Collège de ‘pataphysique, Cahier 1, 15 Clinamen 77. E.P.
TABLE Mars 2004. La < rené/ssance > ou… les pentecôtistes à la conquête du monde. 2. Un oracle du ‘pataphysicien inexistant. 3. Crucifixion-crucifiction. La Passion du Christ. L’oracle épiscopal plus fort que Cagliostro… 4. L’oracle administratif, l’affaire Chagnon et l’histoire critique. 5. < Les lois de l’univers sont conçues pour aboutir aux hommes >: Oracle cosmologique et ‘pataphysique ( John Leslie/Alain Bouquet, La recherche ). 6. L’oracle astronaute : où est passée la Grande muraille de Chine ? 7. L’oracle acronyme : religion et sociologie du < c.r.i.m.e >. 8. L’oracle interprétatif. Herméneutique cléricale, exégèse critique et silence ‘pataphysique. Spinoza, Autorités théologiques et politiques, 7. 8. L’ oracle électoral. 9. L’oracle dominicain règle ses comptes… 10. La ‘pataphysique comme galéjade… Avril 2004. Dernières nouvelles de la sorcellerie. 2. L’oracle d’avant-hier, la Tradition ou < rencontrer René Guénon… >. 3. Wittgenstein, dandy de l’absolu… |
Relevé d’épiphanies ( exemples ) par Bérenger Premier
ou Malice au pays des merveilles…
*
Epiphanie : du grec, signifiant manifestation, apparition…
Fête de la présentation de Jésus aux Gentils.
Apparition de l’Esprit aux béotiens…
Adage pataphysique : Neige à l’Epiphanie, voiturin à phynances rempli.
La rené/ssance ou… chez les pentecôtistes.
Slimane Zeghidour, Le Nouvel Observateur, dossier. A propos du < Retour de Dieu> (Desclée de Brouwer) par Harvey Cox, professeur de théologie à Harvard.
Les évangélistes : La secte qui veut conquérir le monde
< C’est le courant religieux qui progresse le plus vite aujourd’hui. Ils sont déjà 500 millions qui croient à l’Armageddon, la bataille finale et prochaine entre les forces du Bien et du Mal. Ils s’appuient sur la télévision, internet, les jeux vidéo ou les romans de science-fiction pour convertir en masse. George W. Bush, comme nombre de ses ministres et conseillers, partage leur vision messianique du monde et de l’avenir. Jusqu’à l’extrême? Les croisés de l’Apocalypse. Que faire contre un homme qui dispose d’une ligne directe avec le Tout-Puissant? Qui s’estime investi d’une mission divine? Qui croit que l’apocalypse est proche? Que dire quand cet homme est le président des Etats-Unis? A la fin de l’hiver 2003, quelques semaines avant la guerre d’Irak, George W. Bush tente une dernière fois de ranger le président français à ses arguments, de le convaincre d’admettre enfin que la cause est juste et l’opération Liberté pour l’Irak la volonté de Dieu. Pas moins. Tout à sa démonstration, Bush junior fustige les « Etats voyous », stigmatise l’«axe du Mal», évoque Gog et Magog. Gog et Magog? Jacques Chirac en reste coi, sidéré par l’énigmatique référence. Un conseiller de l’Elysée, prié de décrypter la citation en vitesse, finit par trouver la réponse auprès de la Fédération protestante de France. Il s’entend dire qu’à la Fin des Temps, selon le prophète Ezéchiel, Gog et Magog déferleront de Babylone sur Israël. Or Gog et Magog sont l’incarnation des forces du Mal, et Babylone, qui se dresse dans les environs de Bagdad, a été restaurée par… Saddam Hussein! L’homme le plus puissant du monde n’est ni un exégète de haut vol ni un fou. C’est tout simplement un fidèle d’une curieuse Eglise, protestante, expansionniste, millénariste et apocalyptique. George Bush est un Born Again Christian, littéralement un chrétien né une deuxième fois. Les Born Again Christians sont l’un des mouvements qui composent les très dynamiques et très prospères Evangelical Churches of Jesus Christ, dont les adeptes sont appelés «évangéliques» (1). Ces Eglises, qui par de nombreux aspects évoquent une fédération de sectes, entendent convertir l’Amérique avant de conquérir le monde! Ni plus ni moins. Avec un homme comme Bush à la Maison-Blanche, elles tiennent déjà un bon début. La doctrine évangélique, dont la terre d’élection reste l’Amérique, est aujourd’hui le courant religieux qui progresse le plus dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale. Au détriment de l’Eglise catholique, des Eglises protestantes historiques (baptistes, méthodistes) et même de l’islam. Les chiffres décrivant cet essor colossal donnent le tournis: de 4 millions en 1940 – sur un total de 560 millions de chrétiens -, les évangéliques sont aujourd’hui 500 millions, néopentecôtistes et charismatiques confondus, sur 2 milliards de chrétiens, soit un sur quatre! On estime que 52000 conversions se produisent par jour. Déjà, il existe 14000 dénominations évangéliques, comprenant 1 million d’églises qu’animent 1 million de pasteurs à plein temps. Harvey Cox, professeur de théologie à Harvard et auteur du «Retour de Dieu. Voyage en pays pentecôtiste» (Desclée de Brouwer), prédit que le courant évangélique devrait toucher, à l’horizon 2050, un disciple du Christ sur deux et qu’il deviendra la religion dominante du 21° siècle. Les Born Again Christians, quant à eux, s’appellent ainsi parce qu’ils doivent leur conversion, leur seconde naissance, non point à un baptême classique mais à un contact direct, à une rencontre «d’homme à homme, d’homme à Dieu» avec Jésus. Jésus, George W. Bush l’a rencontré à l’âge de 40 ans, quand il buvait trop, beaucoup trop même, et que sa vie partait à vau-l’eau. Le révérend Billy Graham, le «pape évangélique», a servi d’ambassadeur au Christ et de traducteur au futur président. Celui-ci a cessé de boire et changé de vie. Renaître en Christ lui a donné des ailes et lui a assuré des alliés qui lui ont permis d’accéder au poste de gouverneur du Texas puis à la Maison-Blanche. De là il peut affirmer qu’il se fixe pour objectif de «promouvoir une vision biblique du monde». Mal élu par les électeurs, George W. Bush n’en passe pas moins pour l’élu de Dieu aux yeux des évangéliques américains – dont il a réussi à capter les trois quarts des suffrages. Mi-janvier encore, le pasteur Pat Robertson, fondateur de la puissante Christian Coalition et ex-patron de la chaîne évangélique The Family Channel, annonce: «J’entends Dieu me dire que l’élection en 2004 sera une explosion.» Et que «George W. Bush gagnera facilement. Peu importe ce qu’il fait, bien ou mal, Dieu le soutient car c’est un homme pieux et Dieu le bénit». Auteur d’un manifeste au titre éloquent, «The New World Order», le révérend met en exergue la vocation messianique de l’Amérique en estimant qu’«il n’y aura jamais de paix mondiale avant que la maison de Dieu et le peuple de Dieu n’assument leur rôle de leadership à la tête du monde» (voir p. 22). Cette conviction tranquille, et souvent sincère, d’une «destinée manifeste» de l’Amérique entretient un véritable prurit prosélyte, un désir de convertir autrui. Ainsi le courant évangélique, qui englobe déjà 70 millions d’Américains, soit un citoyen sur quatre, s’exporte aussi facilement que le fast-food, le Coca ou le rap, et s’enracine partout, de l’Amérique latine au Japon en passant par l’Afrique, l’Europe, la Russie, l’Inde, la Chine… Il s’enhardit même à investir avec force l’univers islamique, ultime zone de mission. L’enjeu saute aux yeux: l’Amérique, berceau et terre d’élection de la doctrine évangélique, en serait donc La Mecque. Washington, à l’origine, n’est-elle pas la «ville illuminée sur la colline», la Nouvelle Jérusalem, la Sion du Nouveau Monde? La Maison-Blanche suit avec un grand intérêt l’expansion des Eglises évangéliques. Un bureau spécial, sorte d’observatoire officiel de la liberté des cultes à travers le monde, édite chaque année un annuaire de la «persécution» des religions, où voisinent parmi les oppresseurs l’Arabie Saoudite, la Russie, la Chine et la France, tous coupables de «sévir» contre des obédiences évangéliques. Rien de tel en Amérique latine, continent où vit un catholique sur deux et où les Eglises évangéliques prolifèrent sur des terres interdites aux protestants jusqu’au milieu du 19° siècle. Le mouvement de néo-évangélisation commence vers 1970. C’est l’âge d’or de la théologie de la libération, ce courant catholique marxisant et opposant résolu, y compris par les armes, aux impérialistes yankees. Et pourtant, l’Amérique centrale se laisse gagner par les partisans de la «libération de la théologie» – c’est ainsi que se présente le courant évangélique. Le Guatemala élit ainsi Rios Montt à la tête de l’Etat. Pasteur de l’Eglise du Verbe de Dieu, ce président très croyant n’hésitera pourtant pas à décimer des milliers de paysans indiens. Le pape Jean-Paul II, à peine élu, met à l’index la théologie de la libération et écarte peu à peu les évêques «rouges» au profit de prélats conservateurs. Mû par la volonté d’abattre le rideau de fer, le souverain pontife conclut un pacte avec le président – évangélique – Ronald Reagan, qui accepte en retour, courant 1984, d’établir enfin des relations diplomatiques avec le Saint-Siège. Les courants évangéliques en profitent pour essaimer d’un bout à l’autre du continent américain grâce au zèle missionnaire de milliers d’étudiants américains Born Again parlant, outre l’espagnol ou le portugais, le guarani, l’aymara, le tupi. «Il s’agit, annonce alors Ben Armstrong, le directeur exécutif des Télévisions religieuses nationales américaines, de conquérir un territoire bien défini pour le Christ: l’Amérique latine. La télévision est notre force aérienne, tous les convertis qui vont de maison en maison forment notre infanterie.» Et il émet le voeu de «voir tout le monde uni par le satellite, comme l’annonce l’Apocalypse XIV, 6». Plus d’un prélat latino croit y déceler l’oeuvre de la CIA. Ainsi aura-t-il suffi d’un quart de siècle de mission évangélique pour que l’Amérique latine, pourtant colonisée au nom de la Contre-Réforme, se laisse détourner de l’Eglise catholique. Déjà un Chilien sur quatre est un Born Again. Quant au Brésil, il n’est plus seulement la plus grande nation catholique, il est devenu également le deuxième pays évangélique, juste après les Etats-Unis (voir p. 26). A tel point que, lors du dernier scrutin électoral, même le très papiste Lula da Silva a dû solliciter les suffrages des groupes néopentecôtistes. Y compris ceux de l’Eglise universelle du Règne de Dieu ou l’Universal, dont le fondateur, Edir Macedo, un ancien employé de la Loterie nationale, fait l’objet de procès pour corruption et fraude fiscale. Le Sénat brésilien compte aujourd’hui 60 députés – sur 512 – issus d’Eglises évangéliques! Et désormais le Brésil, avec 30 millions de convertis, «rivalise» avec les Etats-Unis pour diffuser la «bonne nouvelle» évangélique. Surtout en Afrique ex-portugaise – Angola, Cap-Vert, Guinée-Bissau, Mozambique -, où l’Universal recrute à tour de bras. Au Congo, en Afrique du Sud, au Bénin, au Burkina, les sectes néopentecôtistes dament le pion à leurs homologues islamistes. Elles en viennent de plus en plus aux mains (armées, le plus souvent!), causant des centaines de morts, comme au nord du Nigeria. En Côte d’Ivoire, une garde rapprochée d’évangéliques conseille et soutient le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo. Le Maghreb n’échappe pas non plus au zèle évangélique. Environ 150 missionnaires «travaillent» au Maroc, selon un responsable de l’archevêché catholique de Rabat. En Algérie, le mouvement est encore plus visible: des Eglises néoprotestantes ont déjà pignon sur rue. Des pasteurs étrangers, français, égyptiens ou jordaniens se rendent souvent en visite pastorale, surtout en Grande Kabylie. Au grand dam de la presse locale, qui s’étonne non seulement d’une telle liberté de mouvement mais aussi de l’impunité dont jouissent les convertis auprès des islamistes, aux yeux de qui ils sont pourtant des apostats passibles, selon la charia, de la peine de mort. Faut-il expliquer cette étonnante indulgence de la part de l’Etat et des barbus par la protection qu’apporte Washington aux Eglises évangéliques? Quoi qu’il en soit, la Maison de l’Islam – désignation classique du monde islamique – fait l’objet d’une véritable stratégie de conquête des âmes. Ainsi l’Université internationale Columbia, en Caroline du Sud, forme-t-elle des missionnaires de choc. Leur objectif? «Liquider l’islam», si l’on en croit l’imposant dossier que leur consacre, mi-2002, le mensuel américain «Mother Jones». 3000 Born Again relevant de la Convention des Baptistes du Sud – l’unique Eglise à avoir béni l’invasion de l’Irak, contraignant l’ex-président Jimmy Carter à la quitter – s’apprêtent à partir évangéliser des musulmans chez eux, et assument de bonne grâce le risque d’y mourir en martyrs. En Irak, la Convention entretient une ONG évangélique, la Samaritan’s Purse, que parraine le pasteur Franklin Graham, fils du célèbre Billy Graham. Elle y diffuse, entre autres, une Bible dont la couverture imite l’uniforme des GI : un lot de 50000 exemplaires aurait déjà trouvé preneur. De quoi conforter la croyance de George W. Bush en la vocation messianique de l’Amérique. Lorsqu’il clame, au lendemain du 11septembre, que «l’Amérique doit diriger le monde» , il ne réagit pas par orgueil écorné, il réaffirme le credo essentiel du catéchisme national américain: celui de la «destinée manifeste». Un concept dont un sénateur de l’Indiana, Albert Beveridge, résumait déjà l’esprit conquérant lorsqu’il déclarait fin 1898 – l’année où Washington boute manu militari la très catholique Espagne hors de Cuba et des Philippines: «Dieu a fait des Américains les maîtres organisateurs du monde afin d’instituer l’ordre là où règne le chaos.» Le chaos. C’est ce que prévoit Philip Jenkins, auteur d’un ouvrage impertinent sur le phénomène évangélique, «la Prochaine Chrétienté» («The Next Christendom»). Prenant acte du basculement du centre de gravité de la chrétienté de l’Occident au tiers-monde, du Nord développé et libéral vers le Sud pauvre et conservateur, il craint une cassure radicale entre chrétiens postmodernes et néochrétiens ayant renoué, croyances folkloriques aidant, avec l’Eglise du Moyen Age. Pis encore, ces néochrétiens, en proie à la misère, aux passions nationalistes, tribales et messianiques, et qui vivent au milieu de catholiques, d’hindouistes ou de musulmans – au Pérou, au Mexique, en Inde, en Indonésie, au Nigeria, au Soudan, aux Philippines -, ne manqueront pas d’entrer tôt ou tard en guerre totale contre leurs voisins. L’Occident n’y échappera pas non plus, conclut le chercheur, car il incarnera la nouvelle Babylone, la «prostituée» dont l’Apocalypse de saint Jean considère la destruction comme la condition sine qua non du retour de Jésus-Christ, le Messie attendu. ** N.B. Vocabulaire… Evangélique. Terme générique désignant une floraison d’obédiences néoprotestantes se réclamant d’un courant «revivaliste» – volonté de «réveiller» des chrétiens assoupis – apparu il y a un siècle au sein du protestantisme anglo-américain. Armageddon (de l’hébreu Har Megiddo, le «mont de Megiddo» en français). Le livre de l’Apocalypse de saint Jean ainsi que la tradition islamique y situent le combat eschatologique, l’ultime confrontation des forces du Bien contre les légions du Mal, prélude à la conversion des juifs et à l’instauration du millenium. Millenium. Croyance fortement valorisée par les évangéliques selon laquelle le règne de mille ans du Christ glorieux et ressuscité se réalisera sur terre, de manière visible. Pentecôtisme. Courant néoprotestant né au début du xxe siècle aux Etats-Unis. Au nom d’un retour aux sources de la Bible, il met l’accent sur le don divin miraculeux – la «rencontre» avec Jésus-Christ -, la guérison par la prière, l’engagement volontaire du croyant. Il donnera naissance, au milieu du siècle, au courant charismatique. Charismatique. Empruntant au courant pentecôtiste la croyance aux dons miraculeux, il se caractérise par de vibrantes réunions de prière avec des orchestres, y compris de rock ou de rap «évangélique», des pleurs, des transes, des exorcismes publics, des impositions des mains, des guérisons miraculeuses, un grand dévouement aux autres, une disponibilité constante au service de l’Eglise. Un courant charismatique catholique se développe, avec l’aval de Rome, qui y voit un moyen efficace d’endiguer la marée évangélique. >
Slimane Zeghidour.
Comment taire ? jeu…
Succulente pitance…
Les USA dominent la planète ; une secte d’illuminés -et quelle !-, gouverne un président par ailleurs entouré de disciples de Léo Strauss.
Et dont l’idée fixe est de < promouvoir une vision biblique du monde >…
Braves gens agacés par le prurit prosélyte…
Contrairement au pieux adage philosophique, ce n’est pas la < raison > qui fait l’histoire mais bien, -thèse ‘pataphysique des plus banales-… les balivernes et la chimère, quant il ne s’agit pas de simple dérangement mental.
Pour honorer comme elle le mérite cette grandiose épiphanie, rendons-nous donc, en manière de pèlerinage, à Angers ; » décryptons » la Tapisserie de l’Apocalypse ; saluons Ubu-Roi et entonnons l’hymne des ‘pataphysiciens :
< Tout l’univers est plein de sa Magnificence >…
Un oracle du ‘pataphysicien inexistant ( Périphrases et paraphrases, Livre 2 § 17 ).
< Le besoin de croire et d’espérer est plus fort que tout, plus fort que les démentis réitérés de la réalité. >
Comment taire ? jeu…
Fuir la banalité de l’horreur, ne percevoir les choses qu’à une échelle convenue et supportable, s’aveugler délibérément, poursuivre les turlutaines identitaires du moi, du soi, du nous, de la communauté, du peuple, de la nation, de l’humanité, s’abîmer dans la foi, la superstition, l’idolâtrie, valoriser l’épopée du héros et le sacrifice du martyr, s’immerger dans l’idéologie politique, autant de stratégies de défense manifestant la détresse de l’animal humain incapable d’assumer l’inconsistance et l’indifférence des choses.
Idoles, fétiches, cultes, valeurs… nourritures psychiques ( Ruyer ) de l’exaltation, de l’ ivresse, de l’enthousiasme…
L’univers de l’existentiel kitsch.
Patibulaire ordinaire des sotériologies.
Crucifixion, crucifiction ? L’oracle épiscopal plus fort que Cagliostro ( diverses gazettes ).
A l’occasion de La Passion du Christ de Mel Gibson, grand spectacle à costumes suscitant plaisants différends et joyeuses querelles intercommunautaires, ce lapidaire jugement de Jean Paul 2, Pape, après avoir vu le film :
< C’est comme c’était. >
Comment taire ? jeu…
Perplexité : il y était donc ?…
*
Note :
Selon la version musulmane le Christ n’a finalement été ni tué ni crucifié !
Voici en effet la version coranique relatant cet « événement » :
< Ils disent : Nous avons mis à mort le Messie, Jésus fils de Marie, l’apôtre de Dieu. Non, ils ne l’ont point tué, ils ne l’ont point crucifié; un autre individu qui lui ressemblait lui fut substitué, et ceux qui disputaient à son sujet ont été eux-mêmes dans le doute. Ils n’en avaient pas de connaissance précise, ce n’était qu’une supposition.> ( Coran 4 : 156 )
Crucifixion, crucifiction ?…
Question d’un homme de « bonne volonté » : Qui… croire ?…
L’oracle administratif . A propos de < l’affaire Chagnon > -professeur d’histoire blâmé par l’Education nationale française au motif qu’il aurait rapporté sur la vie de Mahomet quelques vérités historiques scientifiquement établies mais pourtant jugées par certains < incorrectes >-, cet extrait littéraire :
Dans Crime et Châtiment ( Pléiade p. 312 ) Dostoïevski fait dire à Raskolnikov soutenant la théorie de l’individu hors du commun à qui tout est permis, y compris et surtout le crime :
« Dans le reste de mon article, j’insiste, si je m’en souviens bien, sur cette idée que tous les législateurs et les guides de l’humanité, à commencer par les plus anciens, pour continuer par les Lycurgue, les Solon, les Mahomet, les Napoléon, etc., tous, jusqu’aux derniers, ont été des criminels, car, en promulguant de nouvelles lois, ils violaient, par cela même, les anciennes qui avaient été jusque-là fidèlement observées par la société et transmises de génération en génération, et parce qu’ils n’avaient point reculé devant les effusions de sang (sang innocent et parfois héroïquement versé pour défendre les anciennes lois) pour peu qu’ils en aient eu besoin. »
« Il est même à remarquer que la plupart de ces bienfaiteurs et de ces guides de l’humanité ont fait couler des torrents de sang. J’en conclus, en un mot, que tous, non seulement les grands hommes, mais ceux qui s’élèvent tant soit peu au-dessus du niveau moyen et sont capables de prononcer quelques paroles neuves, sont de par leur nature même et nécessairement des criminels, à un degré variable naturellement. «
Comment taire ? jeu…
Ce texte, qui range Mahomet parmi… les criminels, est susceptible d’être étudié en classe de français et/ou de philosophie…
Questions voltairiennes :
Faudrait-il y renoncer, ou en expurger le nom de Mahomet, voire expurger de ce nom les éditions successives de Crime et Châtiment ?
L’Islam, à l’instar du judaïsme et du christianisme, relève-t-il ou non de l’ histoire positive, scientifique et critique ?
-Ainsi, le prophète des musulmans a-t-il ou non organisé maintes razzias, pour acquérir du butin au profit de son petit groupe d’Emigrés (les Muhâgirûn) et pour renforcer sa position < politique > ?
(Les premières biographies qui ont été écrites par les auteurs musulmans, dès le 2° siècle de l’hégire, s’appellent < Kitâb al-Maghâzî >, c.à.d. < Livre des excursions militaires > )
-Ce saint illuminé, inspiré par son dieu, a-t-il ou non entrepris de nombreuses guerres ?
( le chiffre oscillerait selon les historiens musulmans entre une vingtaine et une soixantaine )
-Son comportement à l’égard des trois tribus juives de Médine et le massacre de l’une d’elles est-il avéré et, dans cette hypothèse, justifiable ?
De même pour l’assassinat supposé de tel ou tel de ses opposants…
Par extension :
-doit-on passer sous silence l’Inquisition, la Saint Barthélémy pour ne pas froisser les élèves catholiques ?
-doit-on passer sous silence la Shoah pour éviter l’incitation à la haine raciale des Allemands ?
-doit-on occulter le massacre des populations chinoises lors du conflit sino-japonais pour ne pas irriter Tokyo?
-doit-on taire les massacres d’officiers polonais de Katyn pour ne pas chagriner les susceptibilités russes contemporaines ?
etc…
Et enfin : faut-il laisser l’enseignement de l’histoire aux bons soins des ignorants et des démagogues ?
*
‘Patakoans :
-Y a-t-il des vérités… » incorrectes « ? Si oui, qui les déclare telles ? et au nom de quoi ? ( normes, valeurs… )
On notera que cette curieuse expression recèle la confusion du logique et de l’éthique…
-L’histoire sacrée est-elle nécessairement morale ? ( au sens de l’universalisme kantien ).
Cf le Livre de Josué relatant les épisodes sanglants d’une saga nationale et, en regard, les entreprises militaires du Prophète armé.
On notera l’alternative du télescopage ou de la réunion des deux ordres axiologiques de l’éthique et du religieux.
L’oracle cosmologique. Le dessein cosmique : théologie, cosmologie et ‘pataphysique.
< Les lois de l’univers sont conçues pour aboutir aux hommes >, affirme John Leslie ( Infinite Minds, a Philosophical Cosmology, Oxford, 2003 ).
Le philosophe reprend ainsi l’antienne du < Dessein cosmique >, concept jadis critiqué sur le plan épistémologique par Bertrand Russell ( Science et religion ).
Pour la pensée finaliste, ce complexe de « circonstances favorables » qu’ est l’univers serait ainsi la manifestation du plan d’un ingénieur-mathématicien semblable au dieu de Leibniz,.
Dieu logicien dont la puissance de calcul aurait agencé le meilleur des mondes possibles, puisque… seul réel.
Ainsi la complexité du monde supposerait-elle nécessairement un < plan >. La < finalité > en assurerait le fondement métaphysique explicatif.
Alain Bouquet ( Cosmologie ou théologie ?, La Recherche, janvier/mars 2004 ) discute ce détournement du principe anthropique, dévoiement dont la fonction serait, in fine, de fonder la thèse créationniste.
On peut opposer à cette conjecture théologique l’ hypothèse d’après laquelle ce monde est certes le « meilleur des monde » mais pour le motif qu’ il est effectivement… le produit mécanique d’un concours exceptionnel de circonstances qui ne le sont pas moins.
Et l ‘auteur de Matière noire et autres cachotteries de l’univers, d’énumérer l’étonnante série de coïncidences d’ajustement dont l’intégration a constitué et constitue cet univers, le seul dont nous ayons, de fait, l’expérience :
-si l’intensité de l’interaction électromagnétique était plus forte, toutes les étoiles seraient des naines rouges et il n’y aurait pas de planètes.
-si elle était plus faible, les étoiles seraient très chaudes et leur vie très brève.
-si l’interaction forte était plus intense, tout l’hydrogène serait converti en hélium.
-si elle était plus faible, il n’y aurait pas d’autre noyau que l’hydrogène.
-si l’interaction faible était plus intense, les étoiles n’exploseraient pas en supernovae et les éléments comme le carbone resteraient au coeur des étoiles.
-si la charge de l’electron différait un tant soit peu de celle du proton, la matière ne serait pas electriquement neutre et les forces de gravité seraient imperceptibles.
-si la gravité ou la densité moyenne de l’univers étaient plus faibles, l’univers serait vide.
-si elles étaient plus grandes, il se serait déjà effondré depuis longtemps.
-si l’énergie du noyau de carbone était un peu différente, il n’y aurait pas de vie…
Comment taire ? jeu…
Clinamen en acte, dépourvu de < justification >, de < fin>, d’ < origine >, de < cause >, d’ < intelligibilité >, -toutes catégories anthropologiques-, cet « Univers » – à utiliser ce terme grandiloquent- est néanmoins modélisable à l’échelle d’une espèce en quête de sens et de révélation -et au demeurant fort infatuée d’elle-même.
Rappelons pour mémoire ce texte de Nietzsche qui -après Kant – avait parfaitement saisi la vanité récurrente des prétentions cosmologiques ( Gai Savoir, § 109 ) comme le caractère anthroponoïaque des catégories habituellement utilisées :
< … l’ordre astral dans lequel nous vivons est une chose exceptionnelle ; cet ordre et la médiocre durée qu’il détermine ont à leur tour rendu possible cette exception des exceptions. Mais le caractère du monde est au contraire celui d’un chaos éternel, non du fait de l’absence de nécessité, mais du fait d’une absence d’ordre, d’enchaînement, de forme, de beauté, de sagesse, bref de toute esthétique humaine. Jugés par notre raison, les coups de dés malheureux sont de bien loin la règle générale… le mot < coup de dés malheureux > représente lui-même un anthropomorphisme qui inclut un blâme. Or comment pourrions-nous nous permettre de louer ou blâmer l’univers !… il n’est ni parfait, ni beau, ni noble, et ne veut rien devenir de tout cela ; il ne cherche pas le moins du monde à imiter l’homme ! Il n’est touché par nul de nos jugements esthétiques et moraux, il ignore toute loi. Gardons-nous de dire qu’il en existe dans la nature. Elle ne connaît que des nécessités : il n’y a là personne qui commande, personne qui obéisse, personne qui enfreigne. Quand vous saurez qu’il n’est point de fin, vous saurez également qu’il n’est point de hasard : car c’est uniquement au regard d’un monde de fins que le mot hasard a un sens… >
*
Question : la cosmologie -dans la suite de ses épiphanies- a-t-elle jamais été autre chose qu’une expression de la poétique, un genre littéraire -fût-il mathématisé-, bref : une fable positiviste, une fiction de fictions ?
Au sens de Nietzsche, ici authentique ‘patacesseur -à employer le jargon des ‘pataphysiciens. ( Vérité et mensonge au point de vue extra-moral )
L’oracle astronaute: où est passée la Grande muraille ?
Grande Muraille invisible de l’espace: la Chine révise ses livres scolaires.
PEKIN (AFP), le 15-03-2004.
La Chine révise des livres utilisés à l’école primaire après que le premier Chinois à avoir volé dans l’espace eut affirmé que la Grande Muraille était invisible de là-haut.
Selon l’agence de presse Chine Nouvelle, le ministère chinois de l’Education a ordonné à l’éditeur de ces livres d’y éliminer les passages propageant l’idée que la Grande Muraille est si gigantesque qu’elle peut être vue à l’oeil nu de l’espace.
Des dizaines de millions de Chinois ont appris cette notion dans les livres scolaires. Mais en octobre dernier, revenant d’un voyage de 21 heures en orbite autour de la Terre, le premier « taïkonaute », Yang Liwei, avait déclaré: « Le spectacle était très beau, mais je n’ai pas vu la Grande Muraille ».
Cependant, un astronaute américain, Gene Cernan, a déclaré au journal Straits Times de Singapour publié au cours du week-end qu’il avait, lui, vu cette construction de l’espace.
Comment taire ? Jeu…
La Grande muraille comme révélateur de l’ambiguité du concept de < perception objective >…
Allégations, mensonges, affabulations…
Qui accréditer, du propagandiste, du révisionniste ou du visionnaire ?
Le réel -énoncé performatif, speech act- est bien ce qui est déclaré tel… selon tel ou tel…
L’oracle acronyme : religion et sociologie du < C.R.I.M.E. >
D’un correspondant impertinent :
< Qu’est-ce que le « vivre ensemble » sinon un impératif clérical qui ne peut persuader qu’une jeunesse innocente et naïve en sa confiance aveugle en la vie ? Toute société, confessionnelle ou civile, n’est-elle pas, selon l’étymologie et selon Cicéron… religieuse ? Et de ce fait, potentiellement… criminogène -notamment par les exigences impossibles qu’elle implique ou encore par ses débordements fanatiques ? < L’insociable sociabilité des hommes >, dut reconnaître lui-même Kant…
Plus malicieusement : l’acronyme ne renforce-t-il pas cette conjecture d’une mystique et occulte cabalistique raison ?…
Ainsi : < C.r.i.m.e. > = Croyances Religieuses en l’Intelligibilité Métaphysique de l’Etre. >…
Comment taire ? jeu…
Non, Non !… Soyons résolument religieux, sociétaires, républicains et démocrates :
Administrons les cultes, en toute légalité ; gérons les superstitions, en toute égalité ; cultivons les gnoses en toute fraternité… pour la paix sociale, la tranquillité des communautés, le confort spirituel de tous…
Et la plus grande gloire du Père Ubu !
L’oracle interprétatif. Herméneutique cléricale, exégèse critique et silence ‘pataphysique.
Spinoza, Traité des autorités théologiques et politiques, 7.
< Enfin, de même que la nature, l’ Ecriture ne nous donne pas de définitions des choses dont elle parle. De même donc qu’il faut conclure les définitions des choses naturelles des diverses actions de la nature, de même ces définitions que ne donne pas l’Ecriture devront être tirées des divers récits qui se rencontrent dans l’Ecriture à propos de chaque objet. La règle universelle à poser dans l’interprétation de l’ Ecriture est donc de ne lui attribuer aucun enseignement qui ne découlerait pas avec la plus grande clarté de l’enquête historique elle-même. Nous allons dire maintenant quelle doit être cette enquête historique et ce quelle doit principalement faire connaître. 1° Elle doit comprendre la nature et les propriétés de la langue dans laquelle furent écrits les livres de l’Ecriture et que leurs auteurs avaient l’habitude de parler. De la sorte, en effet, nous pourrons examiner tous les sens qu’un texte peut avoir d’après l’usage commun. (…) 2° Il faut grouper les énonciations contenues dans chaque livre et les réduire à un certain nombre de chefs principaux, de façon à retrouver aisément toutes celles qui se rapportent au même objet ; noter ensuite toutes celles qui sont ambiguës ou obscures ou en contradiction avac les autres. (…) 3° Cette enquête historique doit rapporter au sujet des livres des prophètes toutes les circonstances particulières dont le souvenir nous a été transmis : j’entends la vie, les moeurs de l’auteur de chaque livre ; le but qu’il se proposait, quel il a été, à quelle occasion, en quel temps, pour qui, en quelle langue enfin il a écrit. Elle doit rapporter aussi les fortunes propres à chaque livre : comment il a été recueilli à l’origine, en quelles mains il est tombé, combien de leçons différentes sont connues de son texte, quels hommes ont décidé de l’admettre dans le canon, et enfin comment tous les livres reconnus comme canoniques par tous ont été réunis en un corps. Tout cela, l’enquête historique sur l’écriture doit le comprendre. Car pour savoir quelles propositions sont énoncées comme des lois, quelles au contraire comme des enseignements moraux, il importe de connaître la vie, les moeurs des auteurs et le but visé par eux ; outre que nous pouvons expliquer d’autant plus facilement les paroles d’un homme que nous connaissons mieux son génie propre et la forme de son esprit. De plus, pour ne pas confondre des enseignements éternels avec d’autres valables pour un temps seulement et destinés à un petit nombre d’hommes, il importe aussi de savoir à quelles occasions, en quels temps, pour quelle nation et pour quel siècle tous ces enseignements furent écrits. Il importe enfin de connaître les autres circonstances notées plus haut pour savoir non seulement à quoi nous en tenir sur l’autorité propre à chaque livre, mais encore si le texte a pu en être falsifié par des mains criminelles, si des erreurs s’y sont glissées, si ces erreurs ont été corrigées par des hommes compétents et dignes de foi. Il est nécessaire de savoir tout cela pour ne pas céder à un entraînement aveugle qui nous rendrait facilement dupes et pour n’admettre pour vrai que l’indubitable et le certain…>
*
Commentaire.
Le Traité des Autorités théologiques et politiques tire son unité discursive de l’intention première de Spinoza : -dégager les fondements d’une politique rationnelle appuyée sur la liberté de conscience. Ce souci enveloppe une dénonciation : la collusion du politique et du religieux dans sa dimension fréquemment partisane et sectaire.
Menace pour l’exercice de la raison et pour l’équilibre de la république.
Aussi importe-t-il de dévoiler l’illégitimité du discours sectaire en mettant à nue la vanité et la prétention des thèses sur lesquelles il cherche à établir son autorité.
Pour ce faire, le philosophe doit entreprendre l’analyse réflexive des conditions de vérité du discours religieux, définir son sens, sa valeur, sa portée.
La critique impitoyable de Spinoza fait apparaître la confusion de deux genres de discours incompatibles en regard des critères rationnels de l’intelligibilité : l’injonction morale ( il faut aimer son prochain ) et la dogmatique théologique.
Or cette dernière résulte de l’application d’une méthode d’interprétation des textes sacrés dont la pertinence est nulle : l’herméneutique.
Substituant à l’herméneutique biblique traditionnelle une méthode d’exégèse philosophique rationnelle, le philosophe pense faire apparaître l’illégitimité des pseudo-propositions de la dogmatique religieuse.
Celle-ci se voit privée de toute justification ; son » autorité » est ébranlée ; la conscience individuelle, tout comme l’Etat sont alors libérés des pesanteurs de son magistère et de sa tutelle.
C ‘est donc dans le contexte d’une telle stratégie qu’il convient de situer cette page tirée du Chapitre 7 du Traité des Autorités théologiques et politiques.
Ce projet implique que soient dégagées les règles de l’enquête historique soustrayant à l’arbitraire des interprétations ecclésiatiques des textes dont la valeur éthique conserve pourtant une portée significative.
Telle est la thèse de l’auteur : substituer à la lecture naïve ou idolâtre des Ecritures une analyse instruite de l’étude des sources fondée sur un appareil critique exigeant.
*
C ‘est par un parallèle que s’ouvre l’analyse de Spinoza : pas plus que la Nature -ici l’ensemble des modes finis de la nature naturée-, l’ Ecriture ne constitue en elle-même un discours rationnel, un discours de vérité.
Voici le fait -certes scandaleux pour la conscience religieuse.
Le sens n’est pas immanent au texte, il est généré par une activité réflexive.
De cette évidence, le philosophe tire une leçon dont la portée est méthodologique : l’Ecriture suppose qu’on l’interprète certes mais le relevé du sens ne doit pas déborder des conclusions de l’exégèse critique.
L’impératif méthodologique précisé, l’auteur définit ensuite le contenu et le domaine de cette enquête.
Trois types d’exigences complémentaires sont relevées :
-l’approche grammaticale mêlant lexicologie et étude syntaxique permettant l’investigation des textes sacrés sur le plan polysémique;
-la constitution d’un index thématique quadrillant ces textes ; index assorti de l’énumération des obscurités et ambiguïtés des énoncés.
Toutes propositions qu’il convient d’étudier d’après leur sens et non selon leur vérité, la vérité relevant exclusivement de l’enquête philosophique, de la raison explicative et critique.
Marque du partage de l’exégèse, dissociant sens et vérité, de l’herméneutique qui les confond ;
-l’étude du contexte biographique propre à qui la paternité des textes est attribuée. On adjoindra de surcroît l’analyse des buts, des circonstances, des modalités qui ont encadré la rédaction des livres de l’Ecriture.
Les règles de lecture rationnelle des Ecritures étant précisées, Spinoza en donne la raison.
Elles discriminent les énoncés à signification purement circonstancielle -dont on sait par ailleurs qu’il en conteste toute valeur de légitimité et de vérité, les enseignements moraux auxquels il accorde une justification éthique et une fonction exemplaire, du seul et unique commandement plusieurs fois réitéré dans le Traité : < aime ton prochain >.
**
Comment taire ? jeu…
Effectivement, comment lire judicieusement les Ecritures ?
Le lecteur non prévenu se heurte à des textes hétérogènes : récits, narrations, rituels et liturgie, psaumes, énumérations, généalogies, calendriers, poèmes, exhortations, sentences, prophéties, paraboles, abominations… invraisemblable fatras dont la valeur d’authenticité et le sens sont fort énigmatiques…
Certes il paraît bien délicat de percevoir la… « parole de dieu » dans toute cette littérature et l ‘Ecriture n’est pas plus exprimée en langue rationnelle qu’elle ne donne des définitions claires des choses dont elle parle. Elle procède par images plus que par concepts, le style en est poétique, volontiers allégorique, les symboles religieux composent le vocabulaire d’un genre de discours relativement codé.
Moïse, les prophètes, le Messie, n’expriment que le talent d’une féconde et puissante imagination dont ils ont tiré leur prestige et leur autorité sur le peuple crédule et bigot. Aucune idée claire et distincte ne se peut tirer de leurs propositions.
Et « lire » ne signifie pas relever dévotement le sens préexistant à l’exégèse…
**
Quant au ‘Pataphysicien, résolument < athée au logique >, le combat rationaliste contre la dogmatique religieuse lui importe peu, lui semblant aussi vain que temps perdu. La falsification des textes ne le surprend ni ne l’émeut, convaincu du caractère originairement falsifié des « originaux » ou prétendus tels.
Faire du faux avec du vrai, du faux avec du faux, du vrai avec du faux, voire du vrai avec du vrai… est un passe-temps des plus communs où se croisent la malice, les illusions, les fantasmes, les ratiocinations, la propagande, les espoirs et désespoirs les plus insensés d’une humanité (bien) pensante.
En ces domaines, joutes, différends et diatribes, relatifs à une supposée « authenticité « , aucune révélation – émanerait-elle des prophètes ou… des exégètes rationalistes-, ne l’étonne et sa surface d’accueil aux textes les plus sensés, les plus insensés, les plus ambigus ou encore les plus incertains, est indéfinie…
Prétendre enfin établir une « politique rationnelle » -nouvelle eschatologie, nouveau millenium- au motif qu’elle serait fondée sur la séparation des églises et de l’Etat, de la théologie et de la philosophie, est un projet utopique reconduit de siècle en siècle par ceux qui s’affirment « philosophes ».
Quel que soit leur talent ou ce qu’il est convenu d’appeler leur génie.
Innombrable cohorte d’auteurs qui contribuent par leurs prestigieuses tentatives au ( relatif ) succès d’un genre littéraire à ranger dans l’ouvroir de littérature politique potentielle ( Oulipolipo).
*
Cf : Traité clandestin des Trois imposteurs.
L’oracle électoral.
Du ‘pataphysicien inexistant, Périphrases et paraphrases, 4.6. :
Pour honorer la République et saint François de Sales…
< Urne : introduction à la vie des votes >.
Comment taire ? jeu…
Citoyen,
Conformiste irréprochable,
Le ‘pataphysicien,
Tôt matin,
Se rend au républicain scrutin.
Pour accomplir son devoir électoral.
*
Saluant Equivalence,
Dans son enveloppe il insère,
Toutes véraces, toutes sincères,
Chacune des Listes en présence.
*
Car, ainsi que prononçait
Rabelais :
< A culs foirards abonde merde >…
L’oracle dominicain règle ses comptes…
Fr. Michel VAN AERDE, dominicain, »Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas » (A. Malraux)
Conférence donnée à l’invitation du Lions Club de Toulouse-Languedoc, en janvier 2003
A propos de Dieu, un itinéraire :
< « Je n’ai pas de perception de Dieu. J’ai la perception de la façon dont les hommes s’y réfèrent. Je suis un incroyant convaincu qu’il faut croire » écrit R. Debray. Mais, il le reconnaît explicitement : il parle de ce qu’il ne vit pas, de ce qu’il ne ressent pas, de ce qu’il ne connaît pas… Comme Malraux, d’ailleurs ! >
Comment taire ? jeu…
Donc, à suivre le raisonnement implicite, il convient de substituer l’évidence de < dieu > aux multiples variées présentations des dogmatiques et des visionnaires…
Mais délaissons les larges fresques historico-philosophico-biographico… plus ou moins mythomaniaques…
Soyons résolument frivoles !
Voici du vécu…
Refrain :
< Dominique, nique, nique, S’en allait gai et chantant, Gai et chantant… En tous chemins, en tous lieux, Il ne parle que du bon dieu Il ne parle que du bon dieu…> ( soeur Sourire )
La ‘pataphysique < ne serait qu’une galéjade >, selon un oracle radiophonique…
Comment taire ? jeu…
Sans doute, sans doute…
La pointe est vieille qui lui oppose la conviction, la raison, le sérieux, l’utilité, la sincérité …
Religions, gnoses, philosophies, doctes croyances, gloses, idéologies, opinions, visions, cultes subventionnés, superstitions… Tous les entremets de la certitude… peu ragoutante cuisine… sont pain quotidien et, dirait Bardamu, casuel du furtif clandestin discret ‘pataphysicien…
Galéjade la ‘pataphysique ? Ni plus ni moins qu’une autre… mais certainement pas outrée.
Et qui se sait telle…
La sorcellerie au secours de la pédagogie.
Sorcellerie: une Camerounaise tue sa mère pour réussir un examen.
YAOUNDE (AFP), le 10-04-2004
Une étudiante camerounaise a tué sa mère vendredi à Douala alors qu’elle voulait lui prélever un litre de sang à la demande d’un sorcier afin de réussir son examen, a-t-on appris auprès de la gendarmerie jointe par téléphone depuis Yaoundé.
Ayant échoué pendant quatre années consécutives à son examen de licence, Florence, étudiante à l’université de Yaoundé 1, était allée avec une amie chez sa mère à Douala, à 240 km de la capitale, pour se procurer le sang nécessaire à l’élaboration des potions de son sorcier à Yaoundé.
Florence et sa camarade ont ligoté cette femme d’une soixantaine d’année et lui ont sectionné la cheville pour recueillir le sang. Alertés par les cris de la victime, les voisins sont accourus et ont remis à la gendarmerie les deux jeunes filles après les avoir battues.
Ayant perdu beaucoup de sang, la mère de Florence est cependant décédée pendant son transport à l’hôpital.
De telles pratiques sont devenues très courantes dans ce pays d’Afrique centrale de 15 millions d’habitants. Récemment, des jeunes gens ont tué un enfant de quatre ans à Yaoundé et lui ont coupé le sexe à la demande d’un sorcier, avant d’être arrêtés par les forces de l’ordre.
Comment taire ? jeu…
Contri/ubution à verser au « Voiturin à phynances « docimologiques…
Ainsi, dans ce contexte qu’on supposait rationaliste, les incantations magiques charment-elles les examinateurs…
Merveilleuse université où les enchanteurs, magiciens, nécromanciens, astrologues ont… licence d’exercer leur talent, de donner leur mesure !
A quand l’envoûtement et la possession ?
L’oracle d’avant-hier ou < Rencontrer René Guénon >…
Science sacrée, Numéro spécial René Guénon, 2003 : R.G. de la Saulaye.
< Rencontrer un jour René Guénon sur son chemin, selon les mots de Roger du Pasquier, a signifié pour beaucoup un bouleversement des habitudes mentales, un retournement des valeurs. Pour quelques uns, ce fut même une véritable « illumination ». A qui s’est posé une fois la question : « Y a-t-il pour moi un chemin vers la Vie ? » l’œuvre de René Guénon apporte, en effet, une réponse que l’on peut dire « définitive », quelle que soit la voie qu’il empruntera par la suite que ce soit l’ésotérisme musulman ou une autre voie (kabbale, ésotérisme chrétien). La raison en est que René Guénon a été désigné, en quelque sorte, pour revivifier, en Occident, mais aussi en Orient, « l’ésotérisme en soi », révélant l’existence d’une Tradition, primordiale par rapport aux autres traditions, tout de même que la Religion divine, ou métaphysique, est la «quintessence des religions ». Dès lors, que l’on demeure dans une voie du Salut ou que l’on s’engage dans une voie de Délivrance, que l’on s’oriente vers une expérience du Soi ou une expérience des profondeurs de Dieu, on ne peut ignorer, d’une part, les mises en garde de René Guénon quant à l’initiation, la transmission spirituelle dont il est question dans la vraie initiation, et, d’autre part, les connaissances traditionnelles dont on aura besoin pour progresser au delà, vers l’Orient de l’âme. Il est même, en toute rigueur, impossible de ne pas en tenir compte. Difficile également de ne pas adhérer pleinement à sa critique du monde moderne, telle qu’elle est exprimée dans La crise du monde moderne (1927) ainsi que dans Le Règne de la quantité et les signes des temps, à ce terrible constat que l’Occident, mais aussi l’Orient s’enfoncent inexorablement et de manière accélérée vers la fin d’un monde – qui est celui du présent cycle, notre kali yuga. Pour le reste, nul ne peut être « contraint » à devenir un guénonien de stricte observance, ni même à passer à l’ésotérisme musulman. Autrement dit, on peut parfaitement adhérer à l’exposé de la Tradition tel que l’exprime toute son oeuvre, sans renoncer pour autant à se « réaliser » en n’entrant pas dans la voie ésotérique musulmane. Car, René Guénon n’est pas une personnification de la spiritualité tout court, mais bien « de la seule certitude intellectuelle …>
Comment taire ? Jeu…
< Retournement des valeurs >, < illumination > , < y a-t-il pour moi un chemin vers la Vie ? >, < réponse >, < l’ésotérisme en soi >, < Tradition >, < être choisi >, < voie du Salut >, < voie de Délivrance >, < expérience du Soi >, < expérience des profondeurs de Dieu >, < transmission spirituelle >, < initiation >, < vraie initiation >, < personnification de la seule certitude intellectuelle >…
Réalisme nominal, hypostases, métaphores, verbalisme, faux problèmes, exaltation….
Vocabulaire hagiographique habituel de la rencontre de la gnose et du dévot.
Alors qu’il n’y a ici que sémantique, stratégie et piège ordinaires du < prêtre > :
-affirmer la « perdition » ou la « crise » ( de l’individu ou de la civilisation ); susciter le désir de » salut « ; indiquer la « voie de délivrance « ; l’inscrire dans une histoire universelle réécrite…
Bref, < initier > , donner du Sens…
Encore qu’avec son syncrétisme, sa méthode analogique, sa mythologie de l’ < Agarttha, centre de la Tradition primordiale >, ses fantasmes relatifs au < Roi du monde > et à la < Synarchie >, René Guénon ait créé avec érudition un séduisant et fort poétique univers supplémentaire susceptible d’attirer une foule de curieux et … d’adeptes crédules en mal de révélations…
La nostalgie du < Sacré > comme nourriture psychique, remède à la banalité, à l’insatisfaction, au dépit, à l’ennui.
Une manière de Walt Disney romanesque pour intellectuels, pataphysique digne des « fictions » de J.L.Borges.
*
L'< hermétisme >, ou comment, par l’ < Occulte > et le < Secret >, tenter de réenchanter le monde…
( Au jugement profane du ‘pataphysicien, simple particulier, c’est-à-dire, selon l’étymologie, d’un < idiot > )
Wittgenstein < dandy de l’absolu >…
Figaro littéraire, Patrice Botton.
< Il parlait aux oiseaux comme saint François d’Assise… >
Comment taire ? jeu…
Wittgenstein fait partie de cette catégorie de penseurs, tels Pascal, Kierkegaard ou encore Nietzsche, livrés bien malgré eux au romanesque biographique et à l’hagiographie, genres littéraires qui constituent les vecteurs obligés d’une certaine critique.
De cette critique qui brosse sa légende dorée et s’adresse à un public plus friand de confidences psychologiques, d’aveux pathétiques, de pittoresque et de scandale, que d’analyses approfondies.
< Certes ; mais pourquoi pas ? >, concèdera, indulgent, le ‘pataphysicien.
De fait, il faut bien satisfaire public et lectorat.
-Enchérissons à notre tour dans cette veine… et affirmons hardiment qu’à l’instar de Jeanne d’Arc -sainte femme et illustre théologienne du 15° siècle, aux < Ecrits > malencontreusement dispersés par le Tribunal d’Inquisition-, l’ auteur de la Grammaire philosophique, en son chalet norvégien, entendait lui aussi… des voix !
Voix qui lui inspirèrent les développements célèbres relatifs aux thèmes aujourd’hui fort glosés de < jeux de langage >, de < tautologie mathématique > ou encore d’ < air de famille >…
Et… en attendant la révélation « critique » prochaine d’un Lucrèce pré-chrétien, voire d’ un Sandomir harmonien ( leibnizien ) ou augustinien, renversons la fameuse proposition du Tractatus :
Ce qu’on ne peut dire, il ne faut surtout pas le taire…
etc…
Clôture, 25.04.2004.