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Geste des opinions du docteur lothaire liogieri
 
 « Chaque homme doit sortir chaque jour du pays d’ Egypte »
Sentences des Hassidims

Avis de dessein :
« Le docteur Lothaire Liogieri n’ a pas encore fini de sourire.
Celles et ceux qui ont fortuitement croisé sa route et qui désirent suivre sa trace jusqu’ à ce qu’elle se perde, l’ accompagneront dans la mesure de leur patience vers le columbarium de ses vaticinations
»


 
Prolégomènes à toute ‘Pataphysique future
La ‘Pataphysique est la fin des Fins
La ‘Pataphysique est le répertoire des Solutions imaginaires
La ‘Pataphysique est le relevé indéfini des Singularités
La ‘Pataphysique est l’Ascience
 
‘Pata-concepts ( Les mots-les maux-les émaux ) :

  1. Il y a…
  2. Le vide
  3. Le hasard
  4. Le silence
  5. Le changement
  6. L’horreur
  7. La tragédie, l’existence
  8. L’agitation vitale, esclave et sociétaire
  9. Le théâtre du retrait: « je regarde et me garde »
  10. L’art poétique : le haïku, le fragment, l’oeuvre en archipel
  11. L’éthique ( Philosophie du départ )
    L’exil : choisir sa manière de déserter. Indifférence, humour, politesse, lucidité
  12. Le consentement :
    S’attendre à tout, n’espérer rien.

bagatelles pour un désastre

Dédié à la Libre Fraternité de Patagonie
 < Dans cette Comédie sont représentés plusieurs sortes d’esprits Chimériques et Visionnaires, qui sont atteints chacun de quelque folie particulière :
mais c’est seulement de ces folies pour lesquelles on ne renferme personne ;
et tous les jours nous voyons parmi nous des esprits semblables, qui pensent pour le moins d’aussi grandes extravagances, s’ils ne les disent
>
Desmarets de Saint-Sorlin
 *
Bagatelle : Objet de peu de prix ou inutile. Frivolité agréable qui occupe le monde.
Désastre : italien: desastro. Astro: astre, bonne fortune ; Infortune très grave (Littré )
*
 Avis de lecture :
« Hasard donne les pensées… », écrit Pascal.
Le désordre de cette fantaisie étant indifférent, le bienveillant lecteur en prendra connaissance à son gré et selon son humeur.
Une table lui est néanmoins proposée afin de le mieux perdre.


 TABLE

Introduction : situation de la ‘pataphysique

1 Attendre les idées. 2 Antonioni. 3 Techniques de la perception. 4 Passions. 5 Un chevalier, un diable, la mort. 6 Vidéo et temporalité. 7 Philosophie et science. 8 Le mythe de l’intelligibilité. 9. Scepticisme. 10 L’histoire du monde. 11 Vivre une histoire sainte. 12 Taoïsme. 13 Croyance. 14 L’éternelle confusion des choses. 15 Etroitesse des thèses.16 Mythes. 17 Fétichisme de la Vie. 18 Attachement. 19 Ordre et désordre. 20 Altitude et Léviathan. 21 Séville. 22 De l’attracteur et du moi. 23 Psychanalyse et rêves. 24 Les miroirs. 25 Fétichisme sociétaire. 26 Philosophie et société. 27 La trilogie infernale. 28 Jeunesse et avenir. 29 Fétichisme du signifiant et balayette à merdre. Prière: Délivrez-nous du sens. 30 Deux concepts du terrorisme intellectuel : l’Universel / l’Autre. 31 L’être hait le néant. 32 Philosophie. 33 Sceptique. 34 Utilité et futilité. 35 Bestiaire. 36 Connaissance. 37 Fastidieuse intelligence. 38 Humour et amour. 39 Femmes. 40 L’oubli. 41 Education et entropie. 42 Impératif catégorique de la socialité. 43 Le jeu sociétaire. 44 Cynisme et kunisme. 45 Examen de conscience. 46 Le Septième sceau. 47 Jeunes gens. 48 Hauteur. 49 Pensée. 50 Ainsi va le monde. 51 Histoire humaine, nef des fous. 52 Justice. 53 Plaideurs. 54 Amour. 55 Mystification kantienne. 56 L’éthique communicationnelle comme illusion (Habermas). 57 Politique. 58 L’homme. 59 Récréation : jeux de mots… jeux de maux. 60 Ce qui demeure. 61 Vertu de l’hypotypose. 62 La tragédie. 63 L’art et l’illusion. 64 Les illusions de l’amateur. 65 L’égalité, source des conflits. 66 L’existence. 67 Raison et folie. 68 La politique comme remède au tragique. 69 Petite suite inhumaine ou trop humaine.70 Les Atours de la moralité. 71 Le droit. 72 Epistémologie : le réseau des méthodes. 73 Mots cochons. 74 Elèves. 75 Profession de foi : touriste. 76 Aux Amis ‘pataphysiciens. 77 Révision. 78 Impératif hypothétique de l’indifférentiste sceptique. 79 Animaux.


 INTRODUCTION : SITUATION DE LA ‘PATAPHYSIQUE
-J.T. Question topique : quel lieu affecter à la ‘pataphysique en cette fin et en ce début de siècle ?
-E.P. D’un côté la métaphysique, la poésie et la théologie satisfaisant de diverses manières la demande d’un public affamé de sens.
De l’autre côté, la philosophie de la science, dans la tradition du Cercle de Vienne, de l’Epistémologie française ou de la Philosophie Analytique.
-J.T. Le Positivisme et la Phénoménologie se partageraient ainsi le champ d’investigation du discours philosophique dominant…
-E.P. Il y a effectivement une attente et une nostalgie romantique de sens.
La cause en est peut-être le désenchantement suscité par le développement des sciences et des techniques qui engendre un fort besoin de croyances et de superstitions.
-J.T. Le savoir et la vérité sont rarement consolants…
-E.P. Voyez Lucrèce…
On demande de nouveau à la philosophie d’élaborer des illusions crédibles et réconfortantes, des conceptions du monde, des valeurs et des bouées de sauvetage.
Et joyeusement, à la manière d’une brave ménagère, elle se met à la tâche, ravie d’être sollicitée après les années de vache maigre de la déconstruction et de la démystification.
-J.T. Le Structuralisme et la Philosophie du soupçon…vous pensez …
-E.P. …aux gesticulations de la  » Nouvelle Philosophie  » autour des années 80.
La période précédente était marquée par le politisme intempérant. Une pensée était jugée à l’aune de sa portée politique.
Les préoccupations éthiques et métaphysiques avaient disparu. Le climat était au terrorisme « théoriciste ».
-J.T. Je me souviens. Les Althusseriens et les autres… la philosophie était définie comme la lutte de classes dans la théorie.
Puis la disparition…
-E.P. Depuis vingt ans nous assistons à un retournement étonnant. Le discours dominant, par ailleurs tout aussi véhément dans le ton, en est revenu à l’antienne morale.
Toute considération -quel que soit son domaine, relève désormais de l’éthique, dans un climat pesant et inquisitorial d’édification des consciences.
Le critère politique n’est plus juge de la valeur d’une philosophie.
-J.T. Mais il nous faut subir de nouveaux Frères Prêcheurs…
-E.P. Les bien-nommés, les  » penseurs  » de plateaux de T.V. et les vibrions de cafés philosophiques…
-J.T. Les  » enfants de Socrate  » comme ils s’auto-proclament…
Et la ‘pataphysique dans tout ce tohu-bohu ?
-E.P. Quelque peu narquoise elle assiste au spectacle, et à la manière du dieu borgne de Wagner, ayant donné un oeil à la connaissance,
elle s’adapte à l’interminable crépuscule mais aussi à l’inévitable résurgence des idéologies.
-J.T. Doit-on pour autant lui assigner une tâche ?
-E.P. Certainement pas ! Elle se satisfait de réfléchir le monde des extravagances intellectuelles de notre temps mais à la façon d’une glace sans tain.
-J.T. Vivre sans certitude définitive voire même provisoire… C’est là trop demander aux postulants de la croyance…
Le besoin d’illusions est indéracinable.
-E.P. La ‘pataphysique est en effet l’école de la déception.
Le ‘pataphysicien ne possède aucune conception du monde ; ni pour son usage propre, ni à destination d’autrui.
-J.T. Pas le moindre petit os à ronger ?
-E.T. Non. Et qu’importe les fonctionnaires, les missionnaires du concept !…
Qu’importe les Visionnaires créateurs de mythes, et tous ceux, les boutefeux, les nietzschéens, qui déplorent un « déclin » de la culture !
Le ‘pataphysicien est dans la situation d’un opticien modeste.
Il façonne des lunettes pour son agrément afin de mieux regarder le monde, afin de mieux voir les choses, les états de choses, les mélanges de choses et les relations entre les choses.
Mais sans nourrir le moindre espoir de « révélation  » sur l’ « essence » des choses.
-J.T. Un roi sans divertissement est un homme plein de misère…
-E.P. De Pascal à Giono nous sommes en bonne compagnie.
Pour pasticher Wittgenstein, disons que : La ‘pataphysique est l’une des formes de vie possibles.
La plupart n’en éprouvent pas la nécessité. D’autres, plus  » enthousiastes « , plus activistes, sont révoltés par une semblable attitude.  » Il y a tant de misère dans le monde « , hors le divertissement…
-J.T. La ‘pataphysique n’est donc ni une  » doctrine « , ni une  » connaissance  » ; encore moins une tentative de « compréhension ».
-E.P. Qui peut raisonnablement affirmer qu’il y ait quelque chose à  » comprendre  » ?
 


  1. ATTENDRE LES IDEES
    Il faut accepter l’adaptation réflexive au fonctionnement du psychisme. Il est imprévisible.
    Adopter une stratégie de ruse avec cet ami incommode.
    Mais quand l’association survient, ne pas la manquer. L’accueillir, l’étirer, revenir. La reprendre et lui presser tout son suc.
    L’élaboration de l’association heureuse est véritablement alchimique. Elle n’est jamais affaire de volonté.
    Nulle méthode pour susciter une idée; il faut l’attendre (Valéry)
    Le psychisme est capricieux ; aussi primesautier que la chèvre, malicieux, espiègle comme une enfant.
    Il a ses jours et ses saisons. Ne pas s’attarder aux scories. Il convient de se plier au ballet de la « pensée ».
    La matière de l’analyse s’enrichit de l’analyse. Ne pas forcer l’idée, l’attendre et jouer avec elle.
    Patience donc… et « Au hasard Balthazar !..» (Bresson)
    *
     2. ANTONIONI
    Le cinéaste de l’incertitude et non pas de l’incommunicabilité.
    D’où la gaucherie apparente du jeu des acteurs ; le vide, omniprésent au sein des séquences ; l’hésitation permanente des personnages ; le caractère constamment incertain du drame qui se noue : le monde trébuche…
    Il y a peu de l’assurance à la mécanisation. L’artifice n’hésite pas ; c’est pourquoi il est d’essence théâtral.
    La vie, elle, toujours en esquisses, en ébauches, se présente à nous, maladroite.
    L’art « corrige la nature » (Anouilh)
    *
  2. TECHNIQUES DE LA PERCEPTION
    Objectivité scientifique ou représentation romanesque ?
    Quelle est la plus suggestive ?
    *
  3. PASSIONS
    La maîtrise des passions et leur connaissance assurent le pouvoir sur les personnes.
    C’est la clef de la réussite sociale dans le commerce des hommes.
    *
  4. LE CHEVALIER, LE DIABLE, LA MORT
    Albrecht Dürer : il précède le Quichotte.
    *
  5. VIDEO ET TEMPORALITE
    Elle génère par ses effets la relativité. Nul événement n’est simultané.
    Nous ne sommes jamais contemporains de quoi que ce soit, excepté du point de vue de la grossièreté inouïe de nos sens.
    Nous n’avons jamais affaire qu’au passé, au présent passé, à l’événement passé.
    Toute représentation, du fait de l’écart avec l’objet représenté et à distance obéit à la temporelle contrainte de la succession.
    *
  6. PHILOSOPHIE ET SCIENCE.
    Dialogue du Diable et de son ombre :
    -E.P. Dogmatique philosophique : 10% d’analyse critique alliant doute et prudence méthodologique. Et… 90% d’intempérances spéculatives.
    Ceci vaut pour tous les domaines (ontologique, axiologique…) où se développe ce genre de préoccupation.
    Science : 100% de « connaissances » empiriques et d’explications phénoménalistes… suivies d’une incompréhension absolue du « réel ».
    -J.T. Vous êtes implacable…
    -E.P. Voyez Montaigne dans l’Apologie… je cite :
    « Je ne me persuade pas aisément qu’Epicure, Platon et Pythagore nous aient donnés pour argent comptant leurs Atomes, leurs Idées et leurs Nombres.
    Ils étaient trop sages pour établir leurs articles de foi de choses si incertaines et si débattables.
    Mais en cette obscurité et ignorance du monde, chacun de ces grands personnages s’est travaillé d’apporter une telle quelle image de lumière,
    et ont promené leur âme a des inventions qui eussent au moins une plaisante et subtile apparence : pourvu que, toute fausse,
    elle se pût maintenir contre les oppositions contraires
    »
    -J.T… « articles de foi », « choses incertaines », « obscurité et ignorance du monde », invention… notre lampe est tout aussi obscure…
    -E P. … que vacillante et prétentieuse, oui.
    *
  7. LE MYTHE DE L’ INTELLIGIBILITE
    -E.P. Le fantasme de l’ intelligibilité du monde, de l’univers et de l’être n’est somme toute que l’effet de la projection dans les choses de notre psychologie humaine.
    Avatar de l’anthropomorphisme… Exister, c’est faire sens et déchiffrer les intentions d’autrui ; d’où l’erreur d’appréciation selon laquelle l’univers -(in)-humain, ferait sens, signifierait et nous signifierait quelque chose.
    Grave méprise…Le sens n’est qu’une catégorie logique (sens des propositions, à propos de…) ou une notion psychologique (exprimer); bref un outil / mode de l’expérience humaine mais certainement pas une catégorie… de l’être!
    Connaître, ce n’est pas chercher l’intelligibilité du réel mais déplier / expliquer (dans la transposition d’un jeu de symboles) la succession des phénomènes, des régularités empiriques -de simples routines baptisées pompeusement par la grandiloquence scientifique et philosophique :  » lois « .
    L’intelligibilité se dit non pas de l’être mais des discours sur l’être.
    C’est donc un fait, un effet de langage à propos d’autres faits de langage, un métalangage et rien de plus.
    Catégorie logique et non pas ontologique, elle désigne tout banalement la détermination des conditions de sens.
    En conséquence on en déduira l’erreur, la méprise fondamentale de toute gnose : confondre logique et existence, être et sens.
    Rechercher le « sens de l’être » ou dénoncer son « absurdité », c’est donc parler de rien.
    C’est très exactement un projet insensé. C’est s’imaginer que le réel obéit à la grammaire ou que -ventriloque et oracle- il exprime des intentions.
    Toutes les gnoses, religions et la plupart des dogmatiques philosophiques sont ainsi de nature oraculaire.
    Participant de la mentalité magique, elles s’évertuent à faire parler les signes, à dévoiler le sens.
    Ainsi de la phénoménologie.
    Ainsi de la gnose hégélienne aussi puissante qu’abstruse. Le modèle par excellence de la superstition philosophique.
    *
  8. SCEPTICISME
    -E.P. Le « scepticisme » est le vrai.
    Appuyé sur les « connaissances » empiriques, il préserve de toutes les folies, marottes, manies ou autres idées fixes idéologiques.
    Aucun dogmatisme métaphysique n’est tenable.
    Le double du « réel », la représentation, n’est jamais qu’un simulacre pris dans le piège des règles propres au genre et dans le filet de la mise en signes, quels que soient ses modes.
    L’homme peut varier son symbolisme, il ne peut se passer de symbolisme (Cassirer).
    L’idéophobie, l’aversion pour l’ « Idée », en constitue la solution thérapeutique (Lucrèce)
    *
    1O. L’ HISTOIRE DU MONDE
    -E.P. Cinq figures s’y manifestent, s’y rencontrent, s’y enlacent, s’y opposent : le persécuteur, le persécuté, le pitoyable, l’indifférent et le voyeux (par exemple : l’analyste).
    La représentation est monotone…
    Le pire, avec l’horreur renouvelée, c’est que semblable à toute autre espèce de monotonie, elle finit par susciter l’ennui : l’horreur est fastidieuse…
    *
  9. HISTOIRE SAINTE
    -E.P. Vivre une histoire sainte, mettre « du sens » dans son existence comme on verse des épices dans son plat ; situer cette existence dans l’évolution d’une  » communauté  » ; ordonner cette communauté dans le cours de la prétendue  » histoire universelle » avec les ingrédients de la foi, de la souffrance, du sacrifice et du martyre…
    Se donner un fardeau enfin : quel bonheur…
    *
  10. TAOISME
    -J.T. Que faire ? Ne rien faire! surtout ne rien faire! et puis encore ne rien défaire !
    En définitive tout se ramène à un double jeu : de maux et… de mots.
    *
  11. CROYANCE :
    -E.P. L’incroyable est cru, l’invraisemblable est reçu, la probité intellectuelle, méprisée (Hume)
    *
  12. L ‘« ETERNELLE CONFUSION DES CHOSES » (Marguerite Yourcenar)
    -E.P. Sur le point de se délivrer de ses persécuteurs, Zénon ôte ses vêtements et… s’en va prendre un bain!
    Comment mieux signifier la vanité des différends idéologiques…
    La folie des hommes ne résiste pas… au plaisir d’un bain !
    *
  13. ETROITESSE DES THESES
    -J.T. Conférence sur le thème des « personnes déplacées ».
    La présentation est attrayante. La conférencière n’a pas cependant la surface oratoire adéquate.
    A son exposé on sent à quel point l’étude d’un sujet quelconque demeure nécessairement étroite, superficielle et finalement décevante.
    La matière du monde est décidément trop riche. Elle excédera toujours le parti pris des thèses.
    Toute thèse n’est en définitive que le simulacre d’un qu’en-dira-t-on.
    *
  14. MYTHE.
    -E.P. « L’homme est un être rongé aux mythes » ( P.Valéry )
    *
  15. FETICHISME DE LA VIE.
    -E.P. « Aimer la vie me paraît aussi stupide que d’être patriote» (Chaval).
    En effet. C’est adorer sa laisse.
    Faire de la Vie un fétiche, alors que ce concept n’est qu’un terme grandiloquent -surtout s’il est affublé d’une majuscule-, pour une agitation moléculaire à la fois vaine et stupide !
    Mais il faut idolâtrer, prier, s’abaisser, s’humilier. Il faut -n’est-ce pas … » aimer la vie « .
    Le détachement serait-il une question de paresse ?
    Peut-être serait-il plus sensé d’utiliser la vie, de l’employer… « chevaucher le tigre » (Evola)
    Mais dans quel but ? La curiosité. Je n’en connais pas d’autre.
    *
  16. ATTACHEMENT
    -J.T. L’invraisemblable labyrinthe de rites dont nous nous encombrons pour travailler, cuisiner, manger, recevoir, faire l’amour…
    Manifestement les hommes aiment à s’attacher. Ils ont besoin de liens. Et la femme !
    Qui veut réellement de l’indépendance ?
    La fameuse « autonomie  » des libéraux n’est en définitive qu’une autre voie en vue d’asservissements secrètement désirés et chéris :
    « Entreprise », Sainte Entreprise, tu n’es toi aussi qu’un… »divertissement « .
    Un … remède à la mort.
    Prométhée aime-t-il ses chaînes ? Qui sait ? Il est toutefois évident qu’il ne saurait s’en passer…
    *
  17. ORDRE ET DESORDRE
    -E.P. Cadix. Sur la jetée: une épiphanie ou une volupté.
    Réflexion : des mouettes… elles pêchent individuellement, chacune est absorbée à sa propre tâche.
    Nul égard pour les compagnes…
    Puis, soudainement, une onde les traverse.
    Un même mouvement les assemble en un envol gracieux. Elles décrivent des cercles, elles vont et elles viennent.
    Qu’en penser ?
    Illustration d’une possible modélisation informatique du cours habituel de toutes choses.
    D’ un chaos l’autre … par l’ordre éphémère.
    *
  18. ALTITUDE ET LEVIATHAN
    -E.P. En avion à 10 000 m…
    Etrange analogie du réseau interurbain aux réseaux neuroniques…
    Dans ces circonstances on comprend mieux la psychologie des pouvoirs.
    Tout est ramené à la pure fonction de relation. Tout est euphémisé, tout devient dérisoire. Tout se tient sous le regard.
    Pouvoir, c’est voir, mettre à jour, dévoiler, dénuder en toute impunité : légitimement. Posséder c’est tenir l’autre sous le regard, l’observer, l’apprécier, l’évaluer.
    En ce sens, toute connaissance est un viol qu’on s’autorise.
    *
  19. SEVILLE
    -E.P. Vision d’une exposition universelle abandonnée, entre le naufrage, la relique et la friche industrielle.
    Au milieu de tout ce fatras architectural nous nous égarons comme dans un rêve parmi les restes d’une manifestation qui fut prestigieuse et célébrée comme un événement.
    L’incertain le dispute à la mélancolie.
    *
  20. DE L’ATTRACTEUR
    -E.P. La Physique, comme à l’habitude, nous propose l’opportunité d’un modèle explicatif à prétention universelle.
    Tentation de l’extensionalisme… Ainsi de la Psychologie.
    Connaître autrui, c’est mettre à jour son attracteur, c’est à dire dans un langage moins pédant, ses thèmes (Kundera), ses habitudes, sa marotte, bref: sa  » pente ».
    Le paradoxe, c’est qu’il y a attracteur sans rien ni personne qui attire !
    Telle est l’absence radicale de finalité, le hasard de l’attraction. Construction carcérale, prison, elle n’exprime aucune intention.
    Mais le prétendu « sujet » se fonde sur elle pour se composer un soi-disant « destin », « une vocation ».
    L’attracteur génère la » tendance » et crée… la « personnalité ».
    La « substance-sujet » si prétentieuse, si narcissique, n’est donc qu’une fonction d’aléa et de répétition.
    D’où l’illusion de la cure psychanalytique : roman naïf d’un passé reconstruit.
    *
  21. PSYCHANALYSE ET RÊVES
    -E.P. Fétichisme et inflation du sens (« tout » signifie…), magie herméneutique de persuasion (le »dialogue » de l’analyste et de l’analysé) et finalement… banale mystification thérapeutique, la psychanalyse n’est qu’une variété de chamanisme, l’expression contemporaine angoissée des manies interprétatives (Vax).
    VARIATION :
    La prétendue « interprétation des rêves » en est l’illustration saisissante.
    A contrario ce passage de J.Conrad (Au coeur des ténèbres) :
    « Je me fais l’effet d’essayer de vous raconter un rêve -vaine entreprise car aucun récit ne peut communiquer la sensation de rêve,
    cette mixture d’absurdité, de surprise et d’ahurissement, dans un frisson de révolte scandalisé,
    cette impression d’être prisonnier de l’invraisemblable qui est l’essence même du rêve…
    »
    Pour l’analyste, qui par principe refuse l’absurde et le hasard, le rêve ne devrait être qu’un signe, un indice, un «symptôme».
    Il faut qu’il ait une raison et que cette raison lui vienne d’ailleurs.
    L’exigence rationaliste d’intelligibilité à tout prix conteste aux formations oniriques de la vie mentale toute spécificité, toute autonomie, toute forme singulière d’engendrement.
    Il faut passer d’un non sens manifeste à un sens latent…
    L’interprétation est révélatrice, certes, mais non pas de la pertinence de la méthode analytique.
    Elle traduit plutôt la démarche du clerc qui transforme le monde en signe, qui réduit toute chose au signe.
    Ce qui par ailleurs lui permet d’assurer un « savoir » l’autorisant à exercer un pouvoir ( cf les analyses d’Averroès et de Spinoza).
    La suffisance cléricale, en l’occurrence médicale, se nourrit expressément du malade, ce patient docile, cette malléable matière plastique à l’usage du « docte ».
    Ô doux vampire…
    Il est pourtant possible de dénoncer cette stratégie en affirmant avec Ellenberger et Ruyer que les rêves ne sont que des juxtapositions de mémoires incoordonnées ; avec Janet qu’ils ne représentent que des moments de faiblesse psychologique ; ou, tout au contraire avec Novalis et Nerval, qu’ils manifestent la puissance créatrice d’un psychisme inconscient et non pas le «rappel d’événements enfouis dans un passé obscur ».
    L’inquiétante étrangeté de l’imagination -fût-elle  » créatrice » ou chaos déterministe- continue à susciter la peur.
    Et le freudisme, de tendance positiviste, n’est qu’une entreprise de dénégation de cet « étrange » mais incontournable « im/puissance ».
    Pour répondre à la question du sens, il faudrait donc accepter l’idée d’une production d’expressivités manifestes et l’hypothèse d’ un non-sens latent. (Wittgenstein).
    On appliquerait ainsi au rêve l’étalon qui mesure le cours de l’aventure humaine selon Shakespeare, le hasard :
    « une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien ».
    Platon ne l’avait-il pas déjà suggéré ? ( République 10 )
    *
  22. LES MIROIRS
    -E.P. Se rappeler Cocteau: nous ne percevons pas les miroirs comme « ils » nous voient…
    Il faudrait analyser l’énigme poétique du miroir comme une force, un centre d’énergie.
    Au-delà des valorisations les plus diverses -vanité (le Baroque), révélateur ontologique (saint Paul), simulacre des visions (Balthus) ou simple instrument de connaissance (Archimède)-, iconodule il demeure médium de révélation.
    *
  23. FETICHISME SOCIETAIRE
    -J.T. Du Commerce des hommes…
    Pourquoi les hommes s’ associent-ils ?
    -par effet mécanique de répétition ; la coutume, la simple habitude sociale est devenue institution. Ils «vivent en société».
    C’est leur état le plus  » naturel « . Montaigne : on les met «en tas». Grégarité et simple bêtise donc.
    -par vanité (besoin de reconnaissance). Ce qu’ils nomment « réussite sociale » n’est le plus souvent que l’expression d’un désir inavoué d’ être reconnu (Hegel).
    -par peur de la solitude (Nietzsche).
    -par besoin de sécurité, par crainte des autres hommes (composition de ligues, Hobbes).
    -par ennui. Ils se frottent et se repoussent alternativement. Schopenhauer : un homme est d’autant plus sociable qu’il est plus vulgaire.
    Le comble de la vulgarité : « échanger des cartes pour passer le temps ».
    -par intérêt. Le négoce devient l’origine du « commerce » (Adam Smith).
    -par idéologie. Ils sont hantés par une même hallucination idéologique sociétaire, confessionnelle, politique, ou autre… (Pascal).
    -pour des motivations sentimentales ; jeu des prétendues « affinités » (Goethe).
    -par perversion : quel que soit l’objet : tenter, séduire, corrompre… telle serait leur malice (Laclos).
    Ils créent des associations, des clubs et des collèges, des ménages et des entreprises, des nations, des empires et des Etats.
    Cependant < la > société n’est jamais une donnée ( préjugé  » socialiste  » ou communautariste ) mais toujours un effet.
    Il n’y a donc aucune « raison » pour « vivre ensemble » et encore moins pour accepter de se soumettre à cet impératif existentiel.
    *
  24. PHILOSOPHIE ET SOCIETE
    Dialogue « politiquement incorrect ».
    -E.P. Imaginer une société idéale constitue l’un des fantasmes propres à la Compagnie des philosophes.
    La «Cité», la «Communauté», la «Société civile», «l’Etat universel»,  » l’ « Oumma »… autant d’étapes de la manie politique des adorateurs de l’Age d’or et des utopies réalisées.
    «Songes des veillants», comme dit Montaigne.
    -J.T. En effet, la Philosophie politique est par excellence une branche de la littérature… fantastique.
    Ainsi Platon et ses Lois, Spinoza et son Etat rationnel, Rousseau et son Contrat social…
    Les idéologues du 19° siècle, dans le sillage des Condorcet, Saint-Simon, Comte et Durkheim créent de toutes pièces le «problème politique» moderne
    -celui des conditions d’une «société rationnelle» qui n’existe pas et qui n’a jamais existé.
    Autant d’Auteurs, autant de solutions imaginaires à un faux-problème
    Bref, de la pure pataphysique, et de la plus belle eau.
    -E.P. Vous remarquerez, que la critique hégélienne adressée à l’utopie littéraire platonicienne – «l’image proverbiale d’un idéal vide»-, peut lui être retournée.
    Elle s’applique derechef à toute entreprise analogue. Car telle est l’illusion fondamentale de ceux qui ne peuvent se satisfaire d’un réel «sociétaire»…
    -J.T… étranger -comme tout autre aspect du réel d’ailleurs- à la logique et à la «rationalité».
    -E.P. En France où le feu couve, l’obsession pédagogique a succédé aux désillusions politistes. Mais la flamme est la même : goût de l’intervention dans l’existence d’autrui, pour son salut ou son bonheur ! Culte rendu à l’ «Universel» ( E.Weil ), formation des consciences, citoyenneté névrotique, certitude de devoir réformer et régenter le genre humain…
    Gare!
    -J.T. … Gardons-nous à droite, gardons-nous à gauche…
    -E.P. En effet… Les nouveaux inquisiteurs sont arrivés, les régents et les directeurs de conscience…
    -J.T. La belle légion de chenilles processionnaires…
    *
  25. LA TRILOGIE INFERNALE
    -E.P. La Misère, la Maladie et le Crime…
    -J.T. Ajoutons pour faire bonne mesure, la Cruauté et la Sottise.
    *
  26. LA JEUNESSE ET L’ AVENIR
    -E.P. L’avenir des jeunes ?
    Comme il se doit : l’amour, le travail, la souffrance et les maigres joies, la guerre et la mort.
    On ne s’exonère pas du tragique.
    *
  27. FETICHISME DU SIGNIFIANT ET BALAYETTE A MERDRE
    -E.P. La quête -toujours religieuse-, du Sens prend habituellement l’apparence de la recherche du «Signifiant».
    Le «Phallus», cher aux freudiens, n’en représente qu’une expression particulière.
    Dans tous les cas se produit un double procès de réduction :
    1°) de l’être au sens. 2°) du sens au Signifiant.
    On entre ainsi dans la logique poétique-littéraire et religieuse de la «marque», de la «trace», du «substitut» et de l’ «indice» à valeur de «symptôme».
    L’«archive» (Derrida) devient signe de l’«origine absolue» ou événement «fondateur», voire «Conscience» ou «Sujet pur».
    Cette moderne figure du Graal qui hante la «théorie» n’est en fait que l’ultime négation d’une espèce de chaos déterministe qui procède par simples interactions et purs rapports de forces mécaniques (Voir les intuitions de Lucrèce)
    Il faut sourire de l’hypothèse théologique du Signifiant («Origine», «Architrace», «Sujet fondateur», etc.).
    Ce ne sont qu’idoles de la pensée (Bacon).
    Il y a des marques, certes, mais… de rien.
    Des «Plaies», comme écrit joliment Malebranche.
    Il n’y a ni «Sens», ni «Signes», ni «Choses», mais, peut-être, des flux, des répétitions, des indurations et des inflexions d’intensités énergétiques dont tous les êtres sont la manifestation (Klossowski).
    Et encore ne sont-ce là que des «effets de langage».
    La « substance » n’est que le succédané du substantif.
    Notre « adversaire « , à nous autres  » pauvres d’esprit « , c’est la « Poésie » , le kitsch littéraire, cette forme insidieuse de la théologie.
    Chercher le sens dans les choses, derrière les choses, sous les choses, dans les rêves, dans les mots ou au-delà des mots, voilà l’illusion fondamentale et chez les plus avisés -par exemple J.Gracq-, la source de la mystification.
    Non seulement la « chose-en-soi » est inconnaissable, non seulement il n’y a pas de « chose-en-soi » définie comme substance stable, mais le flux d’«énergie ou d’intensités» à laquelle il faut la résoudre n’est affecté d’ aucune charge de «signification».
    Le propre du réel étant… la stupidité.
    Reste donc à faire l’économie du Signifiant, dans la tradition d’Occam : entité inutile qui n’échappera pas au fameux «rasoir» ou, comme on veut, à la Balayette et au Croc à merdre du Père UBU.
    Car le secret, c’est qu’il n’y a pas de Secret.
    L’évidence, c’est que le monde n’est pas un rébus ; et l’énigme c’est que rien d’expressif ne s’offre à notre obsession du déchiffrement (Magritte)
    Le monde n’est pas une bible, ce n’est qu’une manière de délire in-sensé et «in-humain»
    Nous sommes condamnés au plan d’immanence (Deleuze).
    Nous sommes incapables de le comprendre, et moins encore, l’ayant saisi, de le supporter.
    Prière: LUCIFER, GRAND LUCIFER, délivrez-nous du Sens.
    *
  28. DEUX CONCEPTS DU TERRORISME INTELLECTUEL CONTEMPORAIN :
    L’ UNIVERSEL
    -EP: Fondement de la spéculation néokantienne.
    Catégorie logique hypostasiée devenue Valeur et Signifiant majeur de la morale néo ou post-chrétienne.
    Instrument principal du langage des Nouveaux-(Tartufes)- » Philosophes  » et dévots contemporains.
    Socle de l’éthiquement correct d’après les critères de la nouvelle Compagnie du Saint Sacrement.
    L’ AUTRE.
    -J.T: L’autre, autrui … sont devenus l'< Autre >.
    Chapeau bas ! Cette catégorie est le pendant de l' »Universel ».
    Il faut respecter l’Autre, aimer l’Autre, se soucier de l’Autre ! Il y a paraît-il « urgence »…
    En fait, pour le moralisme, l’important ici ce n’est pas l’Autre mais bien le « il faut ». L’impératif catégorique…
    Comme à l’ordinaire, et quelle que soit la morale concernée, les chiens de garde veillent au grain.
    Ils composent des « comités de vigilance » et assurent la police des esprits.
    Les braves gens…
    Relire Dom Juan.
    Rire du dévot ou faute de mieux : rester de marbre.
    VARIATION
    L’ « Autre » n’est qu’une idole; avec ses sectateurs, ses fidèles et ses persécuteurs, surtout ses persécuteurs.
    L’ « amour de l’Autre » n’est que l’envers du mépris d’autrui.
    Je t’aime «toi» mais non pas en tant que «Personne», qui n’est d’ailleurs précisément… personne, c’est à dire : rien d’aimable.
    Cette «Personne» n’est qu’un fétiche verbal.
    «Je t’aime», c’est à dire que je te désire, toi, ta présence et tes « qualités ».
    Et que prosaïquement je leur consacre mon temps, mon énergie et mes capacités.
    Imaginons Roméo se présentant à Juliette… la Déclaration des Droits de la Femme à la main!..
    Une femme veut-elle être respectée comme « Personne » ou être aimée et désirée en tant que cette femme ?
    La réponse ne fait guère de doute.
    Mêler la morale et l’amour : que d’ingénuité !.. Tenter, séduire et posséder…
    Toute séduction n’est pas corruption. Affirmer le contraire, c’est verser dans l’interprétation chrétienne qui a corrompu la séduction.
    C’est pourquoi : « aimer la Femme dans sa femme », c’est ne rien aimer du tout si ce n’est une « Idée », un fantôme, un spectre.
    Un être est un complexe éphémère de qualités variées ( Pascal / Russell ) et de ce fait seules « aimables » et désirables ici et maintenant.
    Par contre, une « Personne » n’est qu’une « idée », et comme telle une illusion transcendantale autoritaire et despotique.
    *
     31. L’ÊTRE HAIT LE NEANT ( Bergson )
    -E.P. Certes… Sauf que le vide, l’oubli, les discontinuités et la mort sont au rendez-vous…
    -J.T. Sans oublier la dissipation et le Deuxième Principe de la Thermodynamique.
    *
  29. PHILOSOPHIE
    -E.P. Si philosopher c’est bâtir un système dans le but aussi vain que fou de ramener la diversité des choses à l’unité d’un principe, je m’interdis la philosophie.
    Si philosopher c’est revenir sans cesse à la vanité des connaissances humaines, je suis philosophe.
    *
  30. LE « SCEPTIQUE »
    -J.T. Seul  » honnête. » Ni croyant, ni sage, ni savant, ni dévot.
    La silhouette d’un point d’interrogation.
    Et inutile de surcroît !
    *
  31. UTILITE ET FUTILITE
    -J.T. Soyez utile ! Mais pour qui donc et dans quel but ?
    La plupart des relations humaines sont fondées sur des quiproquos ( François Mauriac: Le désert de l’amour )
    De plus, excepté les tâches utilitaires, domestiques, ou prosaïques, telles le ménage, les projets de sa Seigneurie l’Humanité -tribulations, turpitudes, chimères- ne sont-elles pas assez généralement de consternantes billevesées ?
    Soyons au contraire estimables, pour ne pas faire pitié, et surtout… indigestes, afin de conserver le bien le plus précieux après la santé : la tranquillité ( Raymond Ruyer )
    *
  32. BESTIAIRE
    -E.P. Parmi les Loups et les Hyènes il faut se faire Renard et parfois Lion…
    Certes, si l’on peut ! Les conseils du grand Florentin gardent toute leur valeur.
    Mais pourquoi s’en mêler ?
    Mieux vaut l’altitude du Faucon et l’éloignement farouche du Chamois.
    *
  33. CONNAISSANCE.
    -E.P. La «connaissance», cette maîtresse dont les hommes tirent tant de vanité, n’est que l’expression… de l’humanité connaissante !
    On ne quitte jamais le terrain de l’anthropologie.
    La métaphysique n’est qu’un théâtre de masques et Salomé restera toujours dissimulée derrière ses voiles.
    Car, à jamais inintelligible, l’ « être » nous échappe.
    Connaître, c’est modéliser et formaliser.
    La «connaissance» ne nous livre qu’une image mathématique de la structure des choses.
    L’«être» reste silencieux et inaccessible (Heidegger)
    Scellé dans son mutisme, les lèvres closes, il nous fait face, énigmatique et dépourvu de la moindre ironie.
    Prisonnier de ses propres symboles, l’homme s’entête, bavard et laborieux.
    Il fait de ses bruits et de ses agitations intellectuelles une «science».
    Pas même des pets ou des contrepets.
    « Caquets et parleries » dit Montaigne….
    *
  34. FASTIDIEUSE INTELLIGENCE
    -J.T. Cette Dame n’a point d’esprit.
    Obstinée servante d’une humanité affairée, elle possède les vertus laborieuses des domesticités : sans cesse au four et au moulin, elle intuitionne, conceptualise, juge, raisonne, infère, doute, analyse, synthétise, énumère et même : «invente» !..
    Elle perçoit et opère, construit des machines explicatives, des schèmes, des graphes, des tableaux…
    Elle se prétend « raison » et de surcroît : « Raison des choses ».
    Prétendre soumettre le réel et l’existences à ses «normes»!..
    Elle se plie aux contraintes de la révision permanente et s’essaie à parachever le projet cocasse, car aussi vain qu’indéfini, de l’Encyclopédie.
    Vaste programme…
    -E.P. En effet, rien de plus accablant que la Somme Encyclopédique d’une époque absolument dénuée d’humour.
    Quelle motivation peut donc animer la fébrilité et l’optimisme scientifiques» ?
    On démontre, paraît-il 100 000 théorèmes de mathématiques chaque année !
    Que faire? s’en soucier ou… bâiller?
    Ô Khayyam, comme tu es loin !
    -J.T. La «variété» et la «richesse» du savoir humain ne sont peut-être que l’expression de l’infernal, tortueux et indéfini Labyrinthe où tous se précipitent et où tous finissent par se perdre.
    Une borgésienne prison à la Piranèse…
    Un piège à la manière d’Escher.
    *
  35. HUMOUR OU AMOUR ?
    -E.P. Attitudes aussi éloignées l’une de d’autre que dans le mariage la carpe l’est du lapin…
    -J.T. L’amour sans humour n’est qu’une manière de dévotion, une façon d’idolâtrie qui nous rabaisse.
    -E.P. Mais peut-on aimer « à distance » ? c’est se moquer et faire affront.
    Il faudrait donc se diviser…
    -J.T. L’amour sans humour est spontané, sincère, brutal et finalement : niais.
    Comment donc se résoudre à faire la bête avec humour ?
    -E.P. Allons, courage…
    *
  36. FEMMES… « tota mulier in utero » ?
  37. EDUCATION ET ENTROPIE
    -J.T. L’Eveilleur,le Pédagogue, le Tyran (le Pédant) de Collège et… le petit chose!
    *
  38. IMPERATIF CATEGORIQUE DE LA SOCIALITE
    -J.T. Je gagne mon pain à la sueur de ton front.
    *
  39. LE JEU SOCIETAIRE :
    -J.T. L’Exploiteur, l’Innocent et le Parasite.
    *
  40. CYNISME ET KUNISME, PARALLELE
    -E.P. Le Cynique est « peu recommandable ».
    Indifférent à la détresse d’autrui, il se signale par son absence résolue de charité.
    Le Kuniste évolue sur un autre plan : celui de la connaissance.
    Il a le tact de la réalité crue. Sa lucidité est froide; elle passe aisément pour cruelle.
    Le Kunisme est l’acceptation sans fard du réel, c’est-à-dire du tragique et de l’horreur.
    Le Cynisme est exploitation de la détresse tragique. Il met « la main à la pâte ».
    Il y a du mépris dans le Kunisme, de la bassesse dans le Cynisme.
    La distinction n’ exprime donc qu’une affaire de goût : «ça ne se fait pas…»
    *
  41. EXAMEN DE CONSCIENCE
    -E.P. On doit au christianisme -grâce lui en soit rendue-, et plus particulièrement aux grands Ordres et courants spirituels du 17°siècle -les Jésuites, les Oratoriens, les Jansénistes-, l’habitude de l’examen de conscience.
    Tout bien pesé, il constitue en fait la tâche essentielle de l’existence quotidienne.
    Au jour le jour, nous tenons le livre de bord d’une vie, quelle que soit l’envergure intellectuelle et la surface sociale du voyageur.
    Et c’est l’ «écriture» qui se voit confier cette entreprise décisive.
    La «conscience» et l’ «écriture» sont les échos, les reflets des pensées et des actions qui ont nourri la traversée d’une journée.
    Comme l’a vu le Poète: le monde est fait pour aboutir à un («beau») livre.
    *
  42. LE SEPTIEME SCEAU
    -E.P. Extraordinaire film métaphysique de Bergman…
    Les personnages sont saisissants de fraîcheur alors qu’ils incarnent des Figures métahistoriques.
    Curieusement, seul le Comédien sauve sa peau. Il échappe à la Mort… provisoirement, en la « jouant »
    On ne joue pas aux échecs avec la mort.
    *
  43. JEUNES GENS
    -J.T. Les Jeunes Gens sont des labyrinthes en formation qui se dessinent et qui se cherchent.
    Précoces, les filles se sont déjà reconnues. Elles sont « fixées » avant que d’être mûres.
    Les garçons sont plus tardifs et plus lents. Mais aussi ils se gaspillent et se gâchent.
    Il n’y a pas de « ratés » à jupons.
    *
  44. HAUTEUR ( Monologue de l’esprit malin )
    -E.P. Certains jours le dégoût va à la nausée.
    La vulgarité des manières et des propos, la bassesse, l’ignominie.
    Et rarement un regard de complicité… le désenchantement est solitaire, vice solitaire: l’écart est… sa « punition ».
    Consolation à la vue de la buse, fière, libre et planante, lointaine et froide, détachée et à distance…
    Etre lucide, c’est nécessairement prendre de la hauteur; au sens propre comme au sens figuré.
    Notre temps n’est pas à la hauteur parce qu’il n’est pas à la fierté.
    La valeur de référence est l’efficacité. On ne peut garder le souci de soi quand on sacrifie à la vitesse et au profit.
    Humanité instrumentale, moyenne et servile.
    Il faut donc subir le devoir de «voisinage» et les pressions de «proximité».
    Nous autres, contemporains, adorons être tenus en laisse ; dans le langage de l’époque: « branchés ».
    Pantins sociaux, marionnettes affairées, nous n’avons de cesse de rapprocher les distances.
    Une nouvelle forme de grégarité nous guette : la chaîne électronique, « la toile », le mirifique « réseau ».
    Beaucoup plus contraignante que les voies désormais obsolètes de la communication de masse traditionnelle.
    *
  45. PENSEE
    -E.P. Perspective synoptique et capacité analytique, c’est la pensée.
    Penser, c’est dominer et maîtriser.
    Embrasser un domaine mais sans aucune connotation érotique ; tout au contraire, le lien affectif, la séduction de l’objet nuiraient à la froide et nécessaire objectivité.
    Contrairement à l’adage populaire et religieux pour comprendre il ne faut donc pas aimer !
    Il y a peut-être de la pitié -mais certes pas de la compassion- dans ce regard qui observe, scrute, perce, dévoile et contemple en silence le spectacle du monde.
    La connaissance est le propre d’un violeur froid.
    Serait elle un « crime contre l’humanité » ?
    *
    5O. AINSI VA LE MONDE
    -E.P. < Le monde est une branloire pérenne > ( Montaigne )
    Rien n’est stable : ni les choses, ni les intérêts, ni les sentiments; encore moins les idées.
    Tout change et tout passe.
    C’est le grand Lieu Commun, le terrible constat, la sentence finale et le trait de sagesse auquel se résout la fameuse « Connaissance» humaine »
    On comprend la moue de dépit du désabusé et qu’il ne s’en satisfasse guère.
    « Ainsi va le monde » ( Dan Rather CBS NEWS )
    On ne saurait mieux dire…
    *
  46. HISTOIRE HUMAINE : NEF DES FOUS (Pascal)
    -E.P. Le monde appartient moins aux cyniques qu’aux fous.
    Et l’histoire de ce monde n’est que la succession des différends, des querelles et des conflits à l’occasion d’hallucinations idéologiques sans cesse renouvelées et plus ahurissantes les unes que les autres.
    A la bourse des valeurs, dernière en date, l’  » Europe « .
    < Histoire du monde, hôpital de fous >
    Et Hegel qui y voit la «main invisible» de la « Raison » !
    La « raison » hégélienne, version idéaliste de la théorie du complot ?
    *
  47. JUSTICE
    -E.P. La justice n’est pas une « Idée ». Elle est parfois un « idéal ».
    Une lubie pour idéalistes.
    Dans le fait il s’agit prosaïquement de réparer un tort, de régler un différend, de venger légalement une partie lésée, bref : d’ apurer une dette.
    Le Mal est donc la source du « Juste ».
    Et c’est le dommage commis qui suscite revendication et désir de réparation. Litige.
    Nous sommes loin des contes bleus du fameux « Droit naturel », cet involontaire oxymoron.
    *
  48. PLAIDEURS
    -J.T. La « justice » est un univers où généralement on se plaint.
    Où, ainsi que de petits enfants, nous prenons les autres « à témoin »
    Elle n’est que le succédané de la fierté qui, elle, se venge en silence ou se tait.
    *
  49. AMOUR ( Dialogue du Dépit )
    -E.P. < Eurydice : -Tu ne m’aimes pas !
    -Orphée: Certes non! Comment t’aimerais-je? Comment pourrais-je t’aimer ?
    Tu n’es, derrière les apparences changeantes que tu m’offres et les images que j’ai de toi, que la banale mystification de nos représentations.
    Tu es une imposture : l’imposture de ton identité supposée, l’imposture de… rien.
    Condamné(e) à « te » fuir, je ne peux donc pas même te haïr …
    Telle est la punition de l’ « amour » : la sanction d’un leurre >
    *
  50. MYSTIFICATION KANTIENNE
    -E.P. Préférer les mensonges qui rassurent aux vérités qui dérangent. Et au nom du rigorisme éthique !
    C’est toute l’essence du kantisme…
    Les hommes détestent la vérité. La mauvaise foi, c’est à dire la foi : tel est leur lot.
    Tertullien le premier a eu l’aplomb de lever le masque et d’affirmer sans état d’âme son Credo quia absurdum…
    On ne peut rien ajouter à un tel aveu. Quiconque a le goût de l’honnêteté intellectuelle en reste sans voix.
    Revenons à Kant.
    A suivre R.Eisler le constat est accablant, ou… réjouissant, c’est selon :
     » Kant adopte souvent le point de vue du « comme si » ( Als ob ) , qu’il a même désigné pour finir « comme le point de vue le plus élevé de la philosophie transcendantale ».
    Reprenons donc dans le désordre le Lexikon :
    -Les idées nous amènent à nous comporter comme si les choses tenaient leur existence d’une intelligence souveraine ;-comme si l’esprit était une substance ; -comme si le monde sensible possédait hors de lui un fondement suprême, unique et absolument suffisant…
    -L’impératif catégorique ordonne d’agir comme si la maxime de l’action devait être érigée par la volonté en loi universelle de la nature.
    -La faculté de juger représente la nature par le moyen du concept de fin comme si un entendement intuitif contenait le principe de l’unité du divers de ses lois empiriques, comme si un entendement divin avait fourni les lois naturelles particulières en vue de notre connaissance.
    -Par rapport au droit, tout citoyen doit être regardé comme si, ayant conclu un contrat avec les autres, il avait donné son suffrage à une « volonté unie ».
    -Croire à une puissance divine de façon morale-pratique, signifie agir comme si un tel gouvernement du monde existait effectivement.
    -Etc…
    -Et pour terminer : la Bible doit être comprise comme s’ il y avait une révélation divine.
    En effet…
    Tel apparaît donc le fameux usage « régulateur » de la « Raison », la production de pures fictions destinées à garantir les « valeurs » théoriques et pratiques.
    Telle est la catastrophe où mène l illusion volontaire d’un idéalisme dont tous s’accordent à reconnaître la puissance et le génie ; génie néanmoins honteux, et qui n’a pu ni voulu mener la critique à son terme.
    Et avec cela un « sérieux effroyable » (Nietzsche) dont la force d’intimidation ne cesse de peser sur nos contemporains, notamment en cette fin de siècle, en France ( cf: le énième  » retour à Kant  » )
    *
  51. L’ETHIQUE COMMUNICATIONNELLE COMME ILLUSION ( HABERMAS)
    -E.P. Illusion de la morale progressiste et techno-scientiste : de ce que les moyens de communication seraient démultipliées, les contradictions entre les hommes tendraient à s’effacer…
    Tel est le mythe des vertus du dialogue.
    Mais il est faux :
    1°) parce que tout dialogue peut amener une opposition irréductible, prélude à la violence nue.
    2°) plus profondément, parce que la source des violences est généralement verbale!
    Le dialogue est par excellence le lieu de l’affrontement des prétendants au «Vrai.»
    Or, dans ce contexte, tout dialogue est… dialogue de sourds !
    C’est en effet à la fois dans et par le discours que les hommes se haïssent le plus (Hobbes).
    Les guerres sont en leur essence : conflits d’idées.
    En ce sens, toute guerre est guerre de religion et donc en pastichant Clausewitz… continuation du dialogue mais par d’autres moyens.
    VARIATION
    Fuir le «dialogue» en bannissant tout échange d’ «idées» permettrait de s’éloigner de la logique du conflit…
    Mais l’illusion intellectualiste, marque d’un désir indéracinable, croit en la vertu des paroles : l’échange verbal et la bonne volonté seraient les conditions de la paix civile (Habermas).
    Ce n’est pourtant qu’une illusion.
    Si la communication dégénère si fréquemment en conflit, c’est qu’il est impossible de s’entendre sur des «idées», c’est à dire sur des spéculations dont par définition on ne peut prouver la valeur de vérité.
    La politique, l’éthique, le sacré, l’esthétique, le droit… bref tout l’univers axiologique, sont, ont été, et seront nécessairement le théâtre de polémiques réitérées et vaines selon le double sens du terme : aussi présomptueuses que vides.
    On mesure alors la naïveté des «Pédagogues formateurs de citoyens tolérants et responsables».
    Leur innocence idéologique les mènera au mieux à un «décervelage» généralisé: au conformisme et à la consensualité propre… au royaume des Palotins.
    *
  52. POLITIQUE ( Monologue politiquement incorrect )
    -E.P. Il n’y a pas de « bonne politique », qui n’est jamais que l’art de se mêler indiscrètement des affaires des autres.
    < La Cité, le Bien commun, l’Intérêt général ou la Volonté populaire … >, ne sont que des fictions idéologiques, « Idées régulatrices », des manières de présenter le prétendu besoin de «vivre ensemble» ; des faits de langage à l’usage des démagogues et des naïfs ; rien de plus.
    La « Politique » n’est donc qu’ une superstition.
    La seule politique dont la réalité soit effective à défaut d’être « fondée » ou « légitime » est la machiavélienne.
    Prendre le pouvoir et le garder. Passion privée, individuelle, familiale, oligarchique…
    Excepté quelques épisodes d’enthousiasme exalté, par ailleurs éphémères, l’histoire politique n’est qu’un « cimetière d’oligarchies » (Pareto)
    Les poussées de fièvre du sublime politique sont néanmoins périodiques.
    Le conflit politique met donc en présence du combustible, les masses ; des politiciens ; et… les « songes des vèillants » (Montaigne).
    La liste est de ces bien-veillants est interminable (Platon, Thomas, Spinoza, Locke, Rousseau, Léo Strauss, H Arendt, J.Rawls…).
    Toute politique est d’essence pataphysique : « solution » fantastique apportée à une aporie notoirement artificielle : la question «sociétaire».
    Car, de ce que les hommes -d’habitudes grégaires-, s’assemblent et « font société », s’en suit-il nécessairement qu’ils doivent composer une « Société » ?
    En réalité il n’existe que des micro-sociétés. Et encore…
    La « Société » est un mythe, un autre fait de langage.
    La « politique » est donc un jeu de rôles : le démagogue, le nigaud et le badaud de la farce… « le mensonge social d’un espoir de bonheur collectif « (Vigny).
    VARIATION
    -J.T. La Politique contemporaine oscille entre la psychologie de l’assistante sociale et les harcèlements de l’affairisme tous azimuts.
    La «société» est ainsi tour à tour une jungle et un hôpital.
    *
  53. L’ HOMME
    -E.P. Cette espèce prétentieuse et parvenue, espèce « élue » pour une « terre promise »… l’espèce sans-gène, la plus criminogène de toutes…
    *
  54. RECREATION : JEUX DE MOTS… JEUX DE MAUX
    -J.T. -‘Patontologie : le calembour au coeur de l’être : le clinamen ( le clean-amen ), l’Ainsi-soit-il, ou perturbation à l’origine des mondes et fond de toute la ‘pataphysique…
    Contingence, hasard et chaos déterministe… Lucrèce revisité par la physique contemporaine… (Serres)
    -Ontologique : honte au logique.
    Ainsi Kant et sa critique de la Preuve ontologique présentée par Descartes dans la Cinquième Méditation :
    Il faut choisir entre la logique et l’existence. Mais le sophisme est reconduit dans l’omose romantique de l’universel et du concret. Hegel passe outre et rétablit par son coup de force spéculatif le logique dans l’existence même. Le sens se mêle alors au sensible et selon la veine johannique la plus classique (J. Boehme)… l’esprit se fait chair.
    Cependant, Kant a posé définitivement le doigt sur le point douloureux : < Si donc je conçois un être comme la suprême réalité, il reste toujours à savoir si cet être existe ou non >
    -La fausse sceptique : le tombeau des idées ( Sextus, Aenésidème, Ménodote, Agrippa, Sanchez…)
    -La mort : ( Torma ) l’ âme hors.
    -Mot le plus pertinent de toute la métaphysique : c’est partout ailleurs comme ici ( Lucrèce )
    -L’humour involontaire de Leibniz : < nous vivons dans le meilleur des mondes possibles >
    Très juste. De fait… il n’y en a pas d’autre.
    -Heidegger pataphysicien : Etre-là, déréliction… cancre-las. Le fait d’être n’importe où ne dispense pas de la nécessité d’être quelque part…
    -Petite ‘pataphysique de la croyance : le croyant ne croit pas mais croit celui dont il croit qu’ il croie quelque chose ( Hume )
    *
  55. CE QUI DEMEURE
    -E.P. Dans la déroute généralisée des projets, des initiatives, des ambitions et des illusions demeurent les modestes mais «réelles» satisfactions du loisir studieux.
    « Au sein de la folie du monde, dans Syracuse en flammes, Archimède trace ses sphères » (Jünger)
    *
    61.VERTU DE L’HYPOTYPOSE
    -E.P. Afin de se prémunir contre le délire spéculatif et les excès de la « théorie », choisir l’esquisse, l’hypotypose.
    Sextus plutôt que Platon ou Hegel.
    Epochè, aphasie, ataraxie.
    Ma devise: taceo.
    VARIATION
    -J.T. « Aller à sauts et à gambades » (Montaigne). C’est faire du vagabondage une méthode.
    Ecarts, digressions, oublis partiels ou définitifs du sujet, évanouissement progressif de la matière pressentie par le titre d’un chapitre, autant de dérobades manifestant le fait que le contenu débordera toujours la forme.
    « Il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel que ne peut en contenir votre philosophie, mon cher Horatio »
    *
  56. LA TRAGEDIE
    -E.P. C’est la représentation de l’ horreur de la condition humaine aussi bien que de tout autre condition.
    Cependant le plaisir du spectacle macabre est véritablement scandaleux, immoral, cannibale aux yeux des dévots (Calvin, Bossuet, Rousseau)….
    Dans ce conflit de valeurs, le Bien se subordonne le Beau.
    La tragédie était exutoire à l’angoisse et thérapie politique selon Aristote.
    Peut-être…
    Il y aurait autre chose à suggérer : ainsi d’une délectation, d’un plaisir cruel dans la jouissance de l’horreur représentée (Sénèque).
    La vision du cauchemar devient alors révélation, reconnaissance et prise de conscience de l’essence de la vie.
    En toute innocence, car, si le théâtre est cruel, c’est que la cruauté du réel est véritablement théâtrale.
    Elle se montre aussi bien sur la scène que dans la salle.
    Le théâtre est ainsi le lieu privilégié d’où l’on assiste impuissant et stupéfait à… l’inépuisable horreur du monde (Artaud / Bataille)
    *
  57. L’ ART ET L ILLUSION
    -E.P. L’artiste sait qu’il « ment ». Il fabule ; supérieur en cela au métaphysicien et à l’homme religieux, voire au scientifique.
    -l’art est une fiction qui se donne pour telle.
    -la science est un réseau symbolique de fictions tenues pour vraies.
    -la religion est une fiction présentée comme Révélation.
    -la philosophie est la fiction au degré second et de loin la plus naïve !.. des pseudo-solutions apportées à quelques problèmes insolubles (Brunschvicg)
    La sémantique est donc la  » clef  » du monde.
    Mais d’un monde… sans serrure.
  58. L’ EGALITE : SOURCE DES CONFLITS
    -E.P. C’est le grand mérite de Hobbes que d’avoir révélé la source des différends, des guerres, des duels et des conflits.
    L’égalité relative des conditions naturelles donne en effet à chacun le costume du Prétendant et pose corrélativement tout autre en Rival.
    La « Conscience démocrate » ne saurait tolérer une semblable démystification d’une des valeurs cardinales fondant les fameux « Droits de l’homme».
    Et de fait, les textes malheureux du Grand Anglais sont généralement passés sous silence par les dévots gênés de la « théorie » du « Contrat social »…
    *
  59. EXISTENCE
    -J.T. L’effort est la loi de l’existence. Thème central des méditations de Biran.
    Percevoir, c’est scruter, palper, sentir, goûter…
    La pensée est, dans son exercice, une torture ; une logique, l’obéissance à une méthode, bref une discipline (cf: Malebranche)
    L’action réussie suppose une attention, une ascèse de tous les instants.
    Nos voluptés mêmes enveloppent une part de douleur.
    Telle est la loi du monde.
    Elle ne nous plaît pas ? une solution: sortir du jeu…
    Mais de grâce, épargnons-nous les fadaises sur la  » bonté de l’existence « .
  60. RAISON ET FOLIE
    -E.P. La  » Raison  » s’efforce de rendre-conte (sic) du caractère incompréhensible mais paradoxalement explicable du réel.
    Parce qu’il est le théâtre de répétitions phénoménales, le pauvre… bégaye.
    La  » Raison  » prétend au contraire en révéler l’  » intelligibilité « .
    Or la « Raison » rend fou.
    Les recherches du « Sens », du «Fondement », de l’ «Origine » suscitent la création des «Indices », des «Signes », des « Symptômes ».
    L’homme est un être créateur de traces.
    Ces avatars du Graal ne sont que les résidus de la « Quête » et du Goût intempérant d’un « Ailleurs » imaginaire.
    Tel est le fond de la Conscience « romantique »
    Les « diaboliques » ( U. ECO ), les « fous de dieu » sont légions.
    On les nomme aussi… les « Intellectuels « .
    L' »Intellectuel  » est le véritable « responsable » de la folie du monde.
    Toutes les guerres sont plus ou moins guerres pour des  » idées « , guerres de  » religion « .
    De surcroît, la soif de  » fondement  » et de  » légitimation  » liée au désir secret du pouvoir, mène inévitablement au fantasme du Tribunal de la Raison » :
    < L’histoire du monde est le tribunal du monde > (Hegel)
    D’où le délire de persécution, la paranoïa et l’hystérie polémiste : le « rationnellement correct ».
    -J.T. Il faudrait selon vous, contre Platon et Kant, penseurs éponymes de l’enthousiasme ou -c’est selon-, de la névrose philosophique, revenir à Pyrrhon et à Sextus, porter la hache à la racine de l’arbre et dissoudre l’hydre ratiocinante dans le bain de jouvence du scepticisme ?
    -E.P. Quelle vigueur baroque dans les images… Mais filons la métaphore.
    Disons que la dogmatique est comme un arbre dont les racines ne sont que de transcendantales illusions, le tronc, l’imposture d’un projet fou, et les branches qui sortent de ce tronc l’ensemble des élucubrations « théoriques », morales, pédagogiques et politiques, les derniers degrés de l’ hyperbole chimérique.
    -J.T. A moi de reprendre cet écho de Descartes ! La philosophie ne serait-elle que le roman du concept ?
    -E.P. Du Lucien dans le jargon de Hegel ! Je vous accorde la paternité de ce mot.
    *
  61. LA POLITIQUE COMME REMEDE AU TRAGIQUE
    -E.P. Le Suédois O.Palme en a donné l’expression la plus claire : L’Etat doit faire le bonheur du citoyen.
    La puissance publique prend ainsi en charge l’existence privée.
    L’optimisme scientiste, la philosophie « rationaliste » et le politisme -ces Trois Grâces- deviennent la panacée, les conditions du souverain bien,
    la thérapeutique sociétaire contre le tragique, fond irréductible de la condition humaine.
    VARIATION
    La morale est protectrice de » l’humaine dignité  » (Kant)
    La politique est technique du Bien-être collectif (Jaurès)
    La Morale et la Politique sont des personnes… grandiloquentes.
    *
  62. PETITE SUITE INHUMAINE OU… TROP HUMAINE
    -J.T. L’indifférence, la méchanceté, la cruauté, le sadisme…
    *
  63. LES ATOURS DE LA MORALITE (Dialogue des amoralistes)
    -E.P. Le souci de soi : fierté, bonheur, vertu, prudence, puissance, éventuellement: apathie et ataraxie. (Aristote, Epicure, Sextus)
    -J.T. Le souci d’autrui : pitié, compassion, tendresse, générosité, amour ( Rousseau, Mill )
    -E.P. Le respect d’autrui : le droit et la morale (judéo-chrétienne ou protestante / kantienne) ; la loi et le règlement : le saint « devoir « .
    -J.T. Le respect de soi : l’intériorisation de la loi, la conscience morale, le sentiment de la faute, la mauvaise conscience , le ressentiment et l’autosadisme…( sainte Moralité )
    -E.P. Concluons. Toute notre  » morale  » se développe dans le cercle étroit de ces pauvres et dérisoires catégories.
    -J.T. C’est à dire selon l’étymologie : de simples « chefs d’accusation »…
    *
  64. LE DROIT
    -E.P. Le tort subi est l’origine du droit, et non « le Droit ». (attribut transcendant de la « Personne humaine »)
    Il ne faut pas confondre la problématique de l’origine avec celle du fondement…
    D’un différend, naît un dommage subi, immédiatement suivi d’une exigence de réparation.
    La justice est toujours et avant toute chose : justice-dette. Il faut de surcroît laver l’affront et « réparer » l’outrage.
    Le droit corrige, règle et garantit. Il protège, formalise et sanctionne.
    Telle est l’origine et telle est l’essence du droit.
    Les conventions, les contrats, les règlements exprimant l’autorisation et la reconnaissance constituent les bases de la vie sociale, en ce qu’ils entendent prévenir les différends.
    Le « Droit » n’est par contre qu’un fétiche idéologique.
    Il n’y a pas de « Droit naturel », cette monstruosité verbale, cet humoristique oxymoron.
    Car, qu’est-ce que « la nature », sinon… le règne de la force.
    Ici comme ailleurs, le fait prime le droit, la généalogie supplante le fondement.
    Schopenhauer et… La Fontaine ridiculisent les rodomontades édifiantes des penseurs idéalistes et de leurs contemporains sectateurs.
    Quant au « Juste  » il se ramène au conflit des critères.
    La recherche des critères de  » l’acte juste  » fait apparaitre quatre opérateurs dont les relations constituent la problèmatique classique de l’enquête sur les fondements de la justice :
  • -le Juste défini par la puissance sacrée ordonne l’exigence de justification au Fidèle soumis à la loi religieuse, -elle même origine du fantasme du prétendu Droit naturel (Tradition judéo-chrétienne)
    -L’opportun signe la vertu existentielle du Pragmatique qui confond justice et justesse, le juste et la réussite (Bentham)
    -Le légal et l’équitable selon que la règle prend ou non en compte la singularité empirique de l’acte (Aristote) expriment la prétention du Politique à l’institution de l’ordre social ( l’univers des Légistes )
    -Le légitime clôt le cercle des catégories. L’ éthique se subordonne le sacré, l’égoïsme et le droit en proposant la réconciliation de l’universel et du particulier par l’hypothèse fantastique d’une utopie idéologique (Kant)
    -J.T. Le Mystique, l’Empirique, le Politique et le Moraliste, ou les quatre mousquetaires de la distribution justicialiste…

  1. LES ILLUSIONS DE L’AMATEUR
    -E.P. -Orphée : Le spectateur, l’auditeur, le lecteur : que voient-ils ? qu’entendent-ils ? que lisent-ils ?
    Quelle commune mesure de ce que Bach écrit -le texte d’une fugue à quatre voix par exemple-, et de ce que perçoit réellement l’auditeur ?
    La ligne de chant du soprano flottant dans l’indistinction d’un brouillard sonore confus et vague…
    Quant à la perception de la genèse de l’oeuvre, l’amateur n’en a aucune idée.
    Les questions morales, les problèmes esthétiques, les difficultés techniques rencontrées, les repentirs et les désespérances du «créateur» habituellement lui échappent.
    Il ne saurait remonter de l’oeuvre achevée à ses prétendues «conditions de possibilité» ( Illusion positiviste justement dénoncée par Bergson)
    Il ne peut que prendre acte du stade ultime d’une histoire celée dans l’état achevé de ce qui lui est présenté.
    Le « mystère Picasso » (Clouzot) est à jamais occulté.
    -Eurydice: La relation de l’amateur à l’oeuvre est donc une grande méprise ?
    -ORPHEE: Elle est une expression du formidable quiproquo de la prétendue « connaissance ».
    *
  2. PETITE SUITE INHUMAINE OU… TROP HUMAINE.
    -J.T. L’indifférence, la méchanceté, la cruauté, le sadisme…
  3. ****
    EPISTEMOLOGIE : LE RESEAU DES METHODES
    -E.P. Toute pensée s’exprime au sein de « l’univers du discours »
    C’est la donnée irréductible qui préside à toute espèce d’expression. Le discours se précède lui même. « On n’échappe pas à l’intertextualité »
    Soit.
    En conséquence, la connaissance réflexive de cette « pensée » se développera donc :
    -dans le corps d’un savoir théorique, d’une doctrine, «naïve» et de surcroît dogmatique (ex : Hegel et sa théologie du « Savoir absolu»).
    -au sein d’une doxographie tout aussi candide car n’interrogeant jamais la vérité de ses principes
    Discours «critique» du premier genre (Vulgarisation et encyclopédies)
    -dans le contexte kantien d’une recherche analytique des fondements( «Tribunal de la raison»)
    Discours critique du second genre.
    -selon les attendus phénoménologiques de la recherche d’un fondement «transcendantal» (Husserl: philosophie du vécu et du «sujet pur»)
    Discours critique du troisième genre.
    -d’après les exigences d’une généalogie soupçonneuse substituant le dévoilement typologique et psychologique des origines de la pensée à la recherche des fondations de la connaissance (Nietzsche). Discours critique du quatrième genre.
    -au sein des préoccupations épistémologiques visant à contenir les prétentions de «l’idéologie» dans le cercle de ce qui est autorisé par la positivité «scientifique» (Carnap et Bachelard)
    Discours critique du cinquième genre.
    -dans le corps d’une Archéologie établissant les conditions de possibilité «épistémiques» de la pensée exprimée( Foucault )
    Discours critique du sixième genre.
    La liste de cette pataphysique épistémologique n’est pas limitative…
    ( Kuhn, Popper, Feyerabend, etc. )
    *
  4. MOTS COCHONS
    -E.P. La grossièreté des « concepts » et la vulgarité des idéologies ne sont -au sens propre- que de la cochonnerie.
    Tel est l’avis d’Artaud et tel est l’avis des « bergsoniens » ( Breton, Gracq, Bataille, Parain, Klossowski…).
    *
  5. ELEVES
    -E.P. « Certains élèves sont comme des vipères que l’ on réchauffe en son sein » (Sa Magnificence).
    Plusieurs de nos  » maîtres  » furent tels des boas, qui nous étranglèrent de leurs concepts.
    Qu’ils n’en soient pas remerciés…
    *
  6. PROFESSION DE FOI : TOURISTE
    -E.P. Fenouillard pataphysicien, voyeur professionnel, entre le Gai savoir et Eumesvil,  » l’oeil du monde  » selon Schopenhauer, touriste et dilettante.
     » Je ne fais pas de l’utile, Monsyeue, et pas même du futile  » (Sa Magnificence)
    *
  7. AUX AMIS ‘PATAPHYSICIENS
    -E.P. Le principe d’équivalence généralisée peut-il être consacré comme le  » postulat fondamental » de la pataphysique consciente ?
    Notons tout d’abord que, sur le plan logique, toute formulation de principe est une pétition de principe obligeant le consentement purement et simplement et sans démonstration…
    De plus, ce postulat, en tant que tel, introduit un partage, donc une inéquivalence de fait, entre ce qu’il autorise et ce qu’il exclut.
    Enfin, sauf à violer la théorie des types ( Russell ), il ne peut s’appliquer à lui même… Stipuler que  » tout est équivalent « , c’est donc énoncer implicitement une réfutation du principe contraire de discrimination. C’est ainsi introduire une exception à l’extension du-dit principe, c’est donc se contredire, ce qui est bien ennuyeux, sauf à faire de la ‘Pataphysique un discours vide de sens …
    -J.T. ou une pataphysique  » amusante « …
    -E.P. C’est cela. Mais quittons le terrain de la logique et revenons à l’expérience.
    Peut-on par exemple mettre sur le même plan le discours de métaphysique comme genre littéraire et la phénoménotechnique scientifique ( Bachelard ) au motif qu’ils procèdent tous deux d’une approche symbolique du « réel » ?
    C’est confondre valeur représentative et valeur spéculative.
    Or la distinction s’impose d’elle-même. Si tout est fait de langage, tout langage n’est pas nécessairement fiction. Le monde d’Uqbar et d’Orbis tertius n’est pas celui de la phénoménologie positiviste. La valeur représentative d’une image du réel n’est nullement équivalente à l’irréalité d’une représentation fictionnelle( Borges) propre à un univers imaginaire -fût-elle à vocation allégorique.
    -J.T. L’Auteur de l’Aleph ne retient d’ailleurs de Schopenhauer que la thèse, certes cardinale, du Livre premier du Monde (  » Le monde est ma représentation  » )
    Or Schopenhauer moins les Livres 2/3/4/ donne…Calderon…
    -E.P. Attention donc à l’idéalisme nominaliste intempérant et réducteur qui, faute de discrimination fine, nous mènera insensiblement sur le terrain du Palotin.
    *
  8. REVISION ( Dialogue des Morts )
    -J.T. Querelle de paroisse…
    -E.P. Indirectement la question délicate, la question scandaleuse est néanmoins posée; question politologique : celle du mythe fondateur des Etats.
    L’horreur trahie et réinterprétée n’est plus alors que le pendant tragique de la « Révolution française » ou du « Baptême de Clovis »
    -J.T. Dans le style grandiloquent du mythe politique, l’Evènement vaut pour Avènement.
    -E.P. Les bons Apôtres… D’où viennent les Capet, les Hohenzollern, les Romanov, les Hohenstaufen ?
    -J.T. L’Origine est une fable ( Marin ), un récit dont la fonction est de masquer la violence fondatrice originaire de tout Etat, y compris et surtout celle, masquée et dissimulée de « l’Etat de Droit », ce Tartuffe aux mille pattes.
    L’institution imaginaire de la société (Castoriadis) est inévitable.
    Il lui faut cacher ses pieds et surtout ses mains sales…
    -E.P. Il n’y a pas que la mort qui soit sale. Toute naissance l’est aussi.
    -J.T. Toute « grande nation » a ses « basses oeuvres ». Ainsi Custer pour les USA.
    Ainsi du «terrorisme contemporain»
    *
  9. IMPERATIF HYPOTHETIQUE DE L’INDIFFERENTISTE SCEPTIQUE
    -E.P. Laissons-les se quereller et se massacrer.
    C’est le prix à payer…
    -J.T. … pour leur sottise ?
    -E.P. Non, pour l’erreur d’exister.
    *
  10. ANIMAUX
    -E.P. Détresse animale, muette, vouée à l’attente, à l’horreur.
    Envers eux l’homme adopte le parti pris des choses.
    -J.T. La « nature » est la cruauté, le mal ; le vivant, l’universalité du meurtre dans un univers livré à une pérenne concurrence féroce, impitoyable, sans pardon.
    -E.P. L’horreur est le fond de la < création > : c’est ici la racine de l’intuition forte du < péché originel > propre à toutes les méditations tant soit peu honnêtes.
    -J.T. Il faut être singulièrement aveuglé ou de mauvaise foi pour ne pas le reconnaître (cf Raspail, Qui se souvient des hommes ?)